Les Monts Ourals, en Sibérie, donnent un
amiante qui paroît dur & compacte comme une
pierre ordinaire 5 mais quand il a été expofé à l'air
pendant quelques mois, il fe gonfle, bc fe divife
en filets aulli fins que.ceux du coton : on le file
en cet état allez facilement, & prefque fans addition.
L'amiante eft de la même nature que Yasbefe,
le cuir 3 le papier , le liège , la chair de montagne :
ces fubftances ne paroiilent guère différer autrement
que par le tiflîi, qui, dans ces dernières matières
, eft plus groffier que dans l'amiante.
L'analyfe de 1 amiante & de l'asbefte, faite par
les chimiftes, a donné de filice , cinquante-neuf }
de magnéfie, vingt} de chaux, neuf & demi} d'alumine
, cinqj de fer , deux & un quart3 qui, avec
un & demi de perte, forment cent parties.
On trouve 1 e liège de montagne particuliérement
dans les roches de ferpentines, & l'on ne l’y rencontre
jamais qu’en veines minces & -en petite :
quantité : il eft fouvent mélangé avec du quartz,
du talc, & c .
- =Qn le trouve en Carinthie, à BUiberg,* dans le
FriouLj à Id r ia en Saxe, à Johann-Georgenjladt,•
en Suède, à Salberg & à Danemora ; en Sibérie,
en Hongrie & en Norvège.
- L 'amiante fe rencontre ordinairement dans les
montagnes primitives, & furtout dans celles de
ferpentine. L ’amiante deCorfe & de la Tarentàife
eft fort beau. Comme nous l'avons dit, l'asbcfie a
le! même gifement que celui de Y amiante : on en
trouve furtout à Zoeb litz , en Saxe : il eft mélangé
avec le talc endurci..
Le bois de montagne a été trouvé au Schnee-
berg, près de Sterkingen, en Tirol 5 il y eft accompagné
de galène à grains fins, & de ftrahlflein
asbeftiforme.
AMIENS, grande & belle ville établie fur la
Somme, & à peu près-au milieu de fon cours :
ellg' çft je chef-lieu du département de la Somme.
D$ïisJ#,partie occidentale du fol fur lequel cette
villeha;èté conikuite ,.o n a trouvé des amas de
tourbes fort considérables , puis des couches de
marne, enfuire du fable & des galets. Il y a grande
apparence que ces dernières fubftances font des
matières -adventices qui y ont été entraînées &
dépofées par tes eaux latérales de la Somme.
. Le fol des ^nyirons & Amiens eft un malïif de
çraie, de terres végétales, grife & jaune
, plus ou moins abondantes.
C'eft au milieu de ce fol qu'ont été creufés des
vallons pont les bords font évafés, & dont les
fonds font comblés jufqu’ à un certain point de
terres, débris des couches fuperficielles qui régnent
le -long des bords.
. Les rivières qui circulent dans ces vallons font
affez fortes , & ont de belles eaux } elles viennent
toutes fe rendre dans la Somme, au deffus & au
délions d’Amiens.
La craie, qui fe trouve à une certaine profondeur
deffous la couche de terre végétale, eft fendillée
par l’effet de la deflîccation : ce font, ces
fentes multipliées qui contribuent à fa décompo-
lition } auffi ne trouve-t-on des blocs d’une certaine
dimenfion & confiftance fufceptibles d’être
taillés, qu'à une grande profondeur. On y voit
auffi des rangées de filex de formes bizarres, variées
& fuivies, fur des lignes horizontales.
Les habitations un peu conftdérables font distribuées
fur les bords des rivières, & dans les
plaines où il y a des eaux courantes & des four-
ces : ce font ordinairement de gros villages,
comme ceux des environs de Paris. La manufacture
de la ville d'Amiens a contribué à cette population.
Il y a très-peu d’habitations difperfées
dans les intervalles des vallées, parce qu'elles y
font réduites à la reffource dès puits, qui y font
en général très-profonds.
Le long de la rivière de Dom, on voit de grands
amas de terres jaune & grife, & deffous le mafiif de
craie dont j’ai parlé, avec des rangées de filex, dont
il a été auffi queftion. Le fond de cette vallée, qui
eft fort large & fort plat, offre un lit de tourbe ,,
qui produit peu en pâturages. La rivière eft forte à
Boves ,011 elle reçoit, par plu fi surs canaux, celle de
Noyé. Ve 15 l'embouchure de la Dom dans la Somme,
il y a plufieurs foffes à tourbes, qui font garnies de
rofeaux de diverfes efpèces , particuliérement le
long des bords de ces trous pleins d'eau. Il eft
vifible que c'eft par ces circonftances que s'opère
la régénération annuelle & fucceffivè des rofeaux}
ainfi la fimple infpe&ion de ces foffes à tourbes
fuffit pour prouver que cette fubftance fe repro'-
duit partout où l'on voit des rofeaux qui font en
pleine végétation : c'eft là qu'on peut fuivre les
progrès de ce travail de la nature, ancien & moderne.
Au refte, il eft affez difficile d’expliquer
, quelle a été la marche de la nature dans le rem-
pliffage du fond de la vallée de la rivière de Dom,
comme de celle de la Somme} ce qui a mis de
niveau la furface de ce fond, comme ce qui T a
recouvert de terre végétale non tourbeufe. Il fau-
droit une fuite d'obfervations pour donner la fo*
;• lution de tous ces problèmes.
! Je ferois cependant très-porté à croire que c’ eft
! aux avalaifons des terres fuperficielles par les eaux
latérales, que font dues la plupart de ces difpofi-
tions de fubftances adventices} car ces terres font
de nature à pouvoir être entraînées facilement}
& d'ailleurs les rempliffages ne nous ont offert
1 que de ces fortes de matériaux.
D’après les principes que j'ai développés, tom. I,
! §. V , des Confdérations fur la Géographie-phyfique,
l & qui ont pour objet Y hydrographie des rivières
latérales, les vallons fecs & abreuvés, enfin l’étendue
des plateaux unis qu'on trouve entre ces vallons
, je vais préfenter ic i, pour rendre cet article
plus intéreffant, l'énumération des rivières des
environs d'Amiens, qui fe rendent à la Somme de
droits, depuis Corbie jufque vers Abbeville , & de
gauche, depuis l’embouchure de la rivière dé Dom
julqu ’à celle à‘ Avraines , &rc.
Rivière d’Encre'.
En commençant par la droite, je trouve d'abord
la rivière d‘Encre ou de Miraumont, qui a deux
fyftèmes de vallons fecs au deffus de Miraumont,
où eft la fource de la rivière d‘Encre. Ces deux
fyftèmes ont des ramifications fort étendues} car
il y en a qui Te diftribuent jufqu'au-deià dé Ba-
paume. ƒ - j , ■
Si l'on fuit maintenant le vallon abreuvé, on
trouvé, de chaque c o té , de {impies vallons fecs.
Seulement à la hauteur de Meaulte règne un fyf-
tème de vallons fecs avec plufieurs ramifications,
mais dont les principales pentes font dirigées,
comme celles de l'eau courante, du nord au fud.
Cette fource débouche affez près du point de
partage des eaux, qui fe trouve vers Bapaume,:
Monchy, la Herliére & Saulty.;
Je ne parlerai pas ici des beaux dépôts àlofiéo-
cole qu’on a trouvés dans les caves d’ Albert, &
dont j'ai donné la defeription à l'article de cette
ville. Je ne doute pas qu'il ne fe loit formé de
femblables dépôts dans le fond de là vallée qui fe
trouve au défions de Meaulte. Seulement je ferai
obferver que l'eau courante fe trouve diyifée vers
Bonnay en deux embouchures, dont l’une, fous
le rrorn d'Encre, pafie à Neuville, & l’autre, fous
celui de la Boulangerie, travèrfe la ville de Corbie
avant de fe jeter dans la Somme.
Je dois ajouter ici que depuis Miraumonr, où
eft la fource de cette rivière, le fond de fa vallée
eft marécageux, & qu'à en juger par le nom de
Moulin des Tourbes, que l'on a donné au moulin
qui eft au deffus de cette partie de la vallée, il y a
grande apparence qu’elle eft auffi tourbeufe. Je
paffe enfuite à la rivière d’Hallu, qui nous pré-
fentera à peu près les mêmes formes de terrain &
les mêmes phénomènes que la précédente.
Rivière d'Hallu.
Cette rivière, dont la tige abreuvée, qui ne
s’étend que jufqu'à Vadencourt, où eft fa fource,
& par conféquent beaucoup moins avant dans les
'terr.es que celle de Miraumont, eft furmontéepar
.deux fyftèmes de vallons fecs, dont Us extrémités
font dirigées de manière qu’elles partent du point
de partage de femblables vallons fecs fort étendus,
qui font à la tête de YAuthie. (.Voyeç A u th ie.)
En defeendant le vallon d’Hallu, depuis la fource
jufqu’ à Frechencourt/on le trouve marécageux}
outre cela, bordé à la droite de .trois vallons fecs,
Tort fimples & très-peu étendus : Te fond de la
vallée d’ailleurs, au deffous dp Ftechencoixrt,
paroît un peu comblé jufqu'à la Somme, à en juger
par les différentes îles alougées qui partagent
j le lit de la rivière en deux bras, comme dans te
vallon,de Miraumont. Le dernier vallon fe c , qui
aboutit à Frechencourt, offre une fource qui fe
rend fort rapidement à la rivière.
J’ajouterai maintenant qu’entre l'embouchure
des deux rivières dont je me. fuis occupé jufqu’à
prêtent, il y a fur les bords de la Somme un efear-
pement qui donne naiftance à quatre fources, dont
les produits fe réunifient immédiatement à la
Somme. ~ T ,
Entre la chauffée .& Brailly font deux vallons
qui fe réunifient à la Somme, & n'y verfent de
iteau que dans le tems des pluies. Ces vallons ont
très-peu ci*étendue : il eft vifible qu’ ils {ont trës’-
peu ap p rofon d isa peu près comme les autres
vallons fecs, qui les âvoilinent dans l'intérieur
des terres.
Rivière de Saint-Ouin.
La rivière de Saint-Ouin a deux embranche-
mens abreuvés : l’un, à droite , fe prolonge jufqu à
Saint-Hilaire, & fes parties fupérieures font deux
vallons fecs , qui font parcourus feulement par
l'eau pluviale & torrentielle. Dans ce mêmefyf-
tème d’embranchement il fe détache un vallon
également fec , & qui, depuis Longvilliers jufqu'à
Domart, ne reçoit que l'eau pluviale. C 'e ft à
Domart que l'embranchement abreuvé de Saint-
Hilaire fe trouve groffi par l’eau d’unefource.
' Si nous remontons de même le fécond embranchement
de la gauche, nous trouverons qu'il eft
abreuvé de trois fources : deux de ces fources ,
aux environs de Canaples, font placées chacune^
l'embouchure d'un vallon fec3 dont celui de la gauche
offre plufieurs ramifications très-étendues.
La troifième fource fe trouve au deffous de
Montrelet, dans une partie du vallon qui n'eft
furmentée que de trois ramifications de vallons
fecs, fort courtes.
Si nous revenons à là tige principale de la rivièr
e , nous trouverons fon lit encombré de plantes
marécageufes, depuis Saint-Ouin jufqu’ à Flexi-
court. Je dois faire obferver que, dans tous les
vallons fecs qui furmontent les deux embranche-
mens abreuvés, on y a figuré, par une Tuite de
points, la trace du cours des eaux pluviales ; ce
qui annonce un certain approfondiffsment dans
cet ordre de vallons. Je terminerai ce que je me
propofe de faire connoître fur les riviè'res hu'on
rencontre à la droite de la Somme, par celle de
Saint-Riquier.
Rivière de Saint-Riquier.
Cette rivière, qui fe jette dans la' Somme £
Abbeville , & dont la tige abreuvée, après avoir
parcouru jufqu'à Gaux une vallée marécageufe #
fe divife en deux embranchemens, dont l'un s'é^
tend un peu au deffus de Drucat, où eft fa fource.