
répugnance à vendre leurs terres. Les pays qu’ils
réclament fe bornent au nord par le 34e. degré de
latitude, & à l’oueft par la Mobile. Ce font des
voifins très - incommodes aux cultivateurs des
frontières.
Les Chacia-ws ou Têtes plates font établis dans
un pays montueux ta fertile , entre Laiabanva &
le Milfifîipi. Cette nation pofféduit, il y a quelques
années, quarante-trois villes ou vidages en
trois divifîons, contenant douze mille cent vingt-
trois individus, dont quatre mille quarante-un
guerriers.
Les Chicajfaws habitent les fources de la Mobile,
& errent fur les frontières nord-oueft de la Géorgie
& dans le gouvernement de la Teneffée. Leur
ville centrale eft fous le 34e. degré 23 minutes de
latitude nord, & le 14e. degré 30 minutes de
longitude oueft de Philadelphie. On compté dans
cette tribu mille'fept cent vingt-cinq individus,
& cinq cent foixante-quinze guerriers.
Il eft bien à defirer qu’une paix folide mette un
terme aux incurfions des fauvages, & pour lors
la Géorgie pourra le difputer avec les autres Etats
du fud, en population & en richefies.
A M É R I Q U E S E P T E N T R I O N A L E .
Hydrographie.
Aucune contrée du Monde n’ a furies Etats-Unis
l’avantage des facilités du commerce par eau. La
grande étendue de là cô te , qui fait participer tous
les Etats aux avantages de la mer, rapproche, par
la navigation , les extrémités nord & fud : outre
cela, î’intéfieur eft tellement arrofé par les lacs &
les rivières de toutes les grandeurs & dans toutes
les directions, que la riature femble avoir deftiné
à une communication intime toutes les parties de
cette république importante.
Lacs.
Les lacs qui en occupent la partie feptentrio-
nale reffembient plutôt a des mers d’eau douce,
puifque ceux de la fécondé & même de la troisième
grandeur offrent plus de furface que les plus
grands lacs de l’ancien continent 5 ceux qui font
le plus au nord ne font encore que peu ou point
connus : tels font le lac des Bois, le lac Winnepéek,
le lac Bourbon, 'le lac Long & un grand nombre
d’autres plus petits, qu’on trouve à J’oueft du lac
Supérieur. Ce dernier , fitué entre le 46e. & le
jOe. degré de latitude nord, eft la mer Cafpienne
de t Amérique. Les cartes françaifes iui donnent !
cinq cents lieues de circuit. Environ quarante rivières
, dont quelques-unes très-confi'déràbles, y
portent le tribut de leurs eaux. Je citerai celles
qui abreuvent le lac Alemipigoh , dont le trop
plein va joindre, par des fauts multipliés, 1 c lac I
Supérieur. Il en eft de même dé la rivière Kama-
niftigoyan & de celle du Fond du Lac.
Il renferme un grand nombre d’ile s , dont une
en particulier, nommée lie royale, formeroit à
elle feule une grande province. Les tempêtes du
lac Supérieur font éompa'rabléS à celles dè l’Océan :
il décharge fës eaux dans le lac Huron par le détroit
de Sainte-Marie, qui offre un courant allez
rapide pour que les'canots ne puiffent le remonter.
On évalue la quantité d ’eau qui fort par ce détroit
à environ la dixième partie de celle que les rivières
y verfent 5 le furplus doit fe dilîiper par évaporation.
Le lac'Huron, le fécond en grandeur, eft fitué
entre le 43e. degré 30 minutes, & le 46e-. degré
30 minutes de latitude nord : il a environ mille
milles de circuit, & communique par le détroit
dé Michilli-Mackinak, de fix milles de long, au
lac Michigan : celui-ci eft fitué entre le 42e. degré
10 minutes, & le 46e. degré 30 minutes de latitude
nord. Sa longueur eft de deux cent quatre-
! vingts milles , & fa largeur moyenne foixante-
! cinq milles. La profondeur de fon baffin le rend
; navigable pour les vaiffeaux de toutes grandeurs :
11 eft lurtout remarquable par la groffeur & l’excellence
des poiffons qui y abondent, & en particulier
des truites : on en a péché qui pefoient
quatre-vingt-dix livres. Ce lac reçoit à l’eft dix-
huit rivières , & à l’oueft , dans des baies fort
longues, environ dix à douze autres d’un cours
plus alongé.
L’autre extrémité du lac Huron communique au
lac Sainte-Claire, placé a égale diftance entre le
premier & le lac Erié, auquel il communique par
le détroit : il a quatre-vingt-dix milles de circuit.
Dans fa partie feptentriohale, le lac Huron a
beaucoup d’ îiés & une large baie, laquelle reçoit,
d’un côté , les eaux de la rivière des Français,
abreuvée par le trop plein du petit lac des Sorciers
, dont les eaux font fournies par plufieurs
flaques d’eau ; de l ’autre côté la même baie reçoit
les eaux du lac Oentaronck & de plufieurs autres,
difperfés le long de fes bords. C ’eft là qu’on voit
plufieurs égouts d’eau, donnant naiffance à pareil
nombre de ruiffeaux.
La latitude du lac Erié eft entre le 41e. & le 43 e;
degré : fa longueur eft de cent milles, Sf-fa plus
grande largeur de quarante. Sa navigation eft da;-
gereufe : fes eaux, jufqu’ à une grande diftance des
bords, font couvertes des feuilles du lis des étangs
( nymphéa alba ) , fur lefquelles des milliers de fér-
pehs prennent le foleil d;ans la belle faifon.
Les eaux du lac Ef-ié s’écoulent dans le lac Ontario
par la rivière'de Niagara, dont la direction
s’étend vers le nord l’efpâce de frépte milles, ta
eft célèbre par la cataraéfe de cent cinquante pieds
de chute, connue fous le nom de faut de Niagara.
Les rapides qui fe trouvent entre; ce faut &
l ’entrée du lac Ontario font eftimés donner encorè,
fur une étendue de dix milles, une pente cbnfidérable.
La maffe prodigieufe des eaux raffemblées
dans un efpace de près de fept cents lieues, & la
grande hauteur perpendiculaire, offrent aux natu-
raliftes & aux phyficiens un des fpeétacleS les plus
impofans de la nature. Le bruit de cette cataraète
s/entend quelquefois à plus de quinze lieues.
Le lac Ontario eft fitué entre le 43e. & le 45e.
degré de latitude nord : il a environ fix cents
milles de circonférence, ta il abonde en poiffons
excel-lens de diverlès efpèces. Ce lac termine la
grande chaîne des lacs, & décharge fes eaux dans
le fleuve Cataracoui, qui offre un canal rempli de
lapides & d’îles, jufqu’à Mont-Réal, où ce fleuve
prend le nom de Saint-Laurent. C ’eft plus bas que
fe trouvent le lac Saint-François celui des deux
Montagnes, formés par l ’embouchure d’un courant
de.chaque État. Mais il faut obferver en general
qu’à la diftance de ceut trente à deux cents milks
j delà mer, on trouve dans prefque toutes le mén e
! genre d’obftacles à la navigation , favoir : des rapides
d’eau latéral, qui eft un affemblage de lacs ;
& de flaques d’ eau de diverfes formes & pofî-
tions, & abreuvés par diverfes rivières affluentes
très-multipliées, & difttibuées furune longueur de
cent foixante lieues.
Enfuite on voit au milieu du fleuve le lac Saint- '
Pierre j au deffus duquel vient fe réunir une rivière
confidérâble, formée par le trop plein des deux
lacs Georges & ChampLain , ainfi que d’autres affluences.
Le lac Champlain a environ quatre-vingts milles
de longueur fur quinze de largeur , au lieu que le
lac Georges n’a guère que trente-fix milles de long
fur une largeur moyenne de trois milles. On
compte, dans ces deux lacs, plus de deux cents
îles de diverfes grandeurs.
Si nous revenons maintenant au lac Ontario ,
nous trouverons qu’oytre le produit de la cataracte
il reçoit, fur fes trois bords du nord, du fud
& de l’e lt , un grand nombre de' rivières , dont
fept ou huit font plus confidérables que les autres,
& ont pour origine plufieurs lacs qui s’y déchargent.
Si nous fui vous maintenant le fleuve Saint-
Laurent , nous y-trouverons , jufqu’à Quebec ,
beaucoup de rivières a f f lu e n te s u n canal d’une
largeur moyenne, puis plus bas es canal élargi en
baie, dans laquelle lé flux & le reflux fe font l'entir
atfez fortement.
Rivières des Etats-Unis.
La chaîne de montagnes, qui court prefque parallèlement
aux bords de l’Atlantique dans un
efpqée de neuf cents milles, divife les eaux des
Etats-Unis en orientales & en occidentales. Les rivières
navigables , comprifes fous la première dénomination
, font en très-grand nombre. La direction
générale de leur cours, depuis les montagnes
où elles ont leur four ce. jufqu’à la mer, eft du
nord-eft au fud-oueft : cette dernière dire d’bon fe
remarque furtout à l’embouchure de toutes ces
rivières. L’examen des prodigieufes facilités de
communication & de commerce qu’elles donnent
tîouvera fa place dans la defeription particulière
ou chutes plus ou moins confidérables, qui
obligent à des portages plus ou moins longs.
On doit coofidérer comme un avantage tres-
remarquable des Etats-Unis, quant à la navigation
'& au commerce des contrées de 1 e ft, le
nombre de grandes baies & de rades commodes
qui échancrent la côte dans toute Ion étendue. La
feule baie de Chefapeak reçoit les eaux de cinq
grandes rivières qui arrofent la Penfilvanie , le
Mai il and & la Virginie ; ce qui établit ainfi entie-
ces divers Etats une navigation qui offre tous k s
avantages de l’O céan, quant au port des vaiffeaux,
. fans en avoir les dangers.
Le MiJfiJJipi eft le fleuve le plus important de
l’Amérique leptentrionale, tant par le volume de
fes eaux, la longueur de fon cours, le nombre des
rivières qui s’y jettent, que par fa direction du
nord au fud, qui facilite la communication de
tout l’intérieur de ce continent avec le golfe du
Mexique. "
Sa four ce eft inconnue. Mais les conjectures for*
ruées d’après les rapports des fauvages la placent à
plus de mille lieues de fon embouchure. Son cours
n’eft bien connu que depuis le 45e. degré, où fe
trouve le faut de Saint-Antoine. De la jufqu au-
38e. degré, où il reçoit du côté de l’eft la riyière
xdes Illinois, fon cours eft égal & fes eaux limpides.
'Quelques lieues plus bas le Miftouri, qui coule
de l'oueft, vient y mêler fes eaux bourbeufes, &
fait plus que doubler fa maffe : cette dernière rivière
a été remontée par des Fiançais à plus de
mille trois cents milles de fon confluent, & leiu-
bloiVannoncer encore, par fa largeur & la pro-
fondeur de-fes eaux, la poffibilité d’ une navigation
beaucoup plus étendue. '
Vers le 37®. degré-le Miffifïipi reçoit, de l’eft,
la belle rivière.de l’Ohio , qui en accroît eonfidé-;
rablement les eaux. Un grand nombre de rivières
de la fécondé & de la troifième grandeur augmentent
la majefté de fon cours, qui fe prolonge vers
le fud au travers d’épaiffes forêts & de prairies
immenfes, jufqu’ au golfe du Mexique, dans lequel
ce fleuve le jette fous le 29e. degré de latitude
nord.
Dans les inondations du prinrems le courant
du xMiffiffipi eft d’environ cinq milles à l’heure,
& ne peut être remonté qu’avec peine. En automne
la viteffe du courant, qui n’eft guère pour
lors que de deux milks à l’heure, excepté dans
les détroits entre les îles ou les bancs de fable,
permet à des bâtimens de quarante tonneaux ,
pourvus de vingt rameurs , .de remonter, depuis
la Nouvelle-Orléans jufqu’ à la rivière des Illinois,
dans huit à dix femaines.
I Toute la dernière partie du cours du Miflîffïpi,
» depuis la rivière d’Iberville, traverfe un pays plat»
D d d 2