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fréquence de leurs accès? Partout nous pouvons 1
invoquer à notre fecours la,lumière de l'analogie,
qui peut nous guider bien furement 8c nous convaincre
que, dans toutes les parties du Mon.de, la
mer a fuivi la même marche dans fes retraites, 8c
que l'extrémité de la ligne où l'Océans'elt arrêté,
offre les mêmes niveaux 8c les mèmès natures de
fols.
. Dans la détermination des différentes époques
des vallées.que nous avons reconnues en Europe ,
& qui doivent; avoir également leur application
«dans les autres parties du Monde, il me paroît
qu'on doit employer trois- élémens-, dont les premiers
appartiennent à l’ancienne.terre ,:les ièçontis
à la moyenne;, 8c les troifièmes à la nouvelle
voici comme je crois qu'on en doit iùivre l'appréciation*
D'abord je mets dans le premièr rang les
vallées qui, ont étéj approfondies dans les maflifs
de l'ancienne terre,, comme étant inconteftable-
ipenc les plus anciennes} puis je confidère les dépôts
;de la mer i.qui ont dufuccéder à ces premiers
vides qui appartiennent, aux différens maflifs
de la moyenne te r re , doubla plupart font en
couches inclinées. En troilïème lieu, les vallées qui
ont été creufées à ces deux premières époques
ayant été examinées, on a reconnu aifément que
artiesdes vides en ont été remplies par les couches
prizontales de la nouvelle terre 8c par l’ intro-
duéfion de l'Océan, qui eft revenu dans les contrées
même qu'il avoit abandonnées d'abord après
la formation de la moyenne terre.
: Si cette fuite devajlées ou d’àpprqfondiflemens,
ainfi que les rempliflagesiqui leur ont fuceédéy.fe;
ce trouve dans les continens d'Afie 8c d'Amérique,,
comme ils font en Europe , comment a-t-on pu
fuppofer quê tout ce qui confiitue les différentes
parties du.Monde ne date pas des mêmes terns,
car on, ne peut fe diflimuler que chacune des opé-
rations.de la nature exigeant-üe longues périodes,
elles ont dû fe correlpondre di.ns chacun des con-
tinens, dès qu’on lait que la dernière, produite
par le dernier niveau de l’Océan , s'y montre fur
toute l'étendue des côtés actuelles ?
- L’anci nne terre qui fert de bafe à tous les dépôts
additifs dont nous avons parlé à l'article
A dditions fucceffives du globe , doit être la même
en A fie comme en Amérique, & furtout préfenter.
les mêmes variétés dans tous fes maflils. Elle. fe
montre fur les.hautes montagnes comme furies;
bor ds dé la mer, tant en Europe qu’en Amérique.
Par des renfeignemens correfpondans, je fais que
dans ces deux parties du Monde on a reconnu
non-feulement des approfondiffemens confidéra-
bles àumiiiieu des granits dans les fommets élevés
, mais encore fur les bords de la mer, où les
templiffages femblables des. couches horizontales -
font compofés des mêmes efpèces de coq'uillàges;
... Je pour fois en dire de même de la moyenne- 8c
4e la nouvelle terre, dont j’ai pu recueillir les
échantillons.' Ainfi J’oji peut aiïùrer que.toustce$l
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maflifs appartiennent laux mêmes époques / non-
feulement quant à leur'composition, mais encore
quant à leurs deftruétions. Si nous paflbns maintenant
aux retraites delà mer, quoiqu'on n'en puifle
indiquer ni les caufes ni les époques , on ne: doit
pas pour cela douter de fes differens retours,
quoiqu'un grand nombre de naturaliftes, bien loin
d'avoirlïïppofé des retours dans les démarches de
l'Océan, comme je les ai reconnus'mob même en
plufieurs contrées de la France, n’aient penfé-qu’à
une feule marche déterminée par la diminution
abfolue de l’eau de la mer. En cela ils fe font
trompés , comme je le ferai voir dans d’autres
articles. Buffon 8c Bourguet ont regardé comme
la clé de la théorie de la terre les angles faillans
Sc rentrans, & dans ces vues ils ont généralifé ces
formes fans aucun fondement & fans en avoir
indiqué les vraies circonftances ni les avoir àna-
lyfées. Aujourd’hui je termine cette difeuffion fur
Yâge des continens par renvoyer aux vallées-golfes ,
quifont d’une toute autre importance, relativement
^au travail des eaux, à la fuperficie du globe. C ’eft
dans les vallées-golfes que l’on peut trouver tous
les détails les plus intéreffans fur l’approfondifTe-
ment des vallées dont j’ ai parlé ci -deffus, 8c fur
les rempliffages qui leur ont fuccédé par la double
invafion.de l’Océan dans les vides de ces vallées,
pouflèe jufqu’à un certain point.'
On y verra les témoins de toutes les opérations
de la nature, dont nous avons préfenté l’ordre &
[la fuite dans cet article , deft-à-dire, les vides
ique les eaux pluviales 8c. courantes y ont opérés,
i& les dépôts fucceflifs formés par l’Oeéan, qui
[s’y eft infinué en y formant de grands golfes. (Voye-^
[Golfe, V allée-Golfe. )
; Age des continens.
Cor: efpondance des differens maffifs renfermés dans
les continens , quant aux dates fucceffives de leur
formation & à. leurs niveaux.
■ Si l’on part du niveau de l’Océan , toutes les
! côtes à couches horizontales annonceront incon-
: teftablement les produits du dernier féjour de la
mer à la furface de tous les continens, 8c parti-
•culiérement leur date, qui doit être partout la
j même. Voilà le premier ordre analytique.des maf-
;fifs auxquels je crois qu’bn doit s’attacher dans
; l’étude de l’ hiftoire naturelle de la terre. On voit
î aifément que cette difpofition des dépôts foufma-
jrmsj comme leur examen, doit embrafler toute
l ’étendue des côtes de la mer. Quelle inftruêtion
ne réfulteroit-il pas d’un périple général formé
; fur ces vues ?
Si l’on examine enfuite la conftitution phyfique
: des contrées qui fe trouvéroient placées a des ni-
\ veaux fupérieurs, il n’y a pas de doute qu’elles
i n’otjfrifFenr des maflifsd’uneorganifation différente,
[lèfquels dateroient de tems plus reculés 8c corref-.
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pondans d’ une contrée à Vautre. Après la déter- j
mijnation de ces deux réfultats, on verroit que ;
c’ eft à tort qu’on a ofé avancer que l’Europe étoit »
d’ une conftitution plus moderne que 1 A fie , 8c |
que l’Amérique étoit d’une époque de beaucoup i
poftérieure à l’Europe, comme fi la formation de
ces continens fuivoit le même ordre que leurs découvertes
8c leur habitation. >’ • ' - ,
Lorlqu’on a hafardé.ces affertions, on ne (avoir
pas ou l'on s'étoit dilfimulé qu’on trouvoit fur les
côtes de l’Océan atlantique, en F rance , des amas ^
de coquilles des mêmes efpèces que fur les côtes i
de la grande mer.., de la mer du Sud, en Chine ‘ a
quoi nops. ajouterons que nous avons reçu desEtats- ;
Unis de l'Amérique leptentrionale, une lifte de .
coquilles foffiles, aufli complète àpeuprès que celle
qu’on tire des amas des villes desenvirons de Paris.
On ne peut douter que ces dépouilles des animaux
marins n’aient été formées dans la même mer, 8c
qu’elles n’aient été dépofées dans des badins placés
à peu près au même niveau au deffus de la mer
atlantique-aéluelle. Oryces amas établiffent entre
les côtes de l’Amérique feptentrionale 8c celles
de France une correfpondance très-importante a
eonnoïtre pour écarter les affertions dont nous
avons pari3 ci-devant,8c replacer a la même époque
la conftruêtion de-ces parties de nos,continens
d’Europe 8c d’Amérique. - A à
Je ne doute pas qu’on ne rencontrât d autres
femblables amas de coquilLs fur les mêmes cotes
correfpondantes, 8c qu’ ils ne ferviffent a établir
la même vérité 8c à détruire les mêmes erreurs.
Je place au même rang les couches de pierres calcaires
à grain feriré 8c inclinées, qui fe retrouvent
également en Europe 8c en Amérique, meme le
long des côtes. On ne peut fe dilfimuler cjue 1 examen
de ces mêmes maffifs ne concourut à faire
placer l’Amérique dans le meme ordre de conftitution
8c de formation que l’Europe. On voit parla
que le périple dont j’ ai parlé ci-deffus, & dont
je crois avoir tracé le plan de manière à fguider
lesobfervateurs dans ces circonftances, nous pro-
çureroit les moyens d'affurer à l’hiftorre naturelle
du globe des points de Vue précis , 8c furtout les
grandes lumières qu’ on pourroit tirer de l’obfer-
vat-ion des côtes de la mer. Il nous offriroit incon-
tefiablement la première bafe de l’enfemble qui
doit réunir 8c éclairer les obfervations de détail
dans l’intérieur des terres, 8c conftater la correfpondance
de Xâge de tous les Continens: ( Voye%
CONTINENSi)
AGGRÉGATION. Il y a plufieurs fortes dé
pierres qui font formées par agrégation ; telles'
font les pierres de fables, les grès, les poudin
gués, les pierres coquillières, les marbres coquil
. liers 8c furtout les brèches : elles font compofées
de fragmens de pierres d’une nature 8c d’une texture
différentes , qui faifoient autrefois partie
d’autres tous homogènes. Ces fragmens ont été
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détachés de ces nvrffes 8c f ms reliés ejifemble pdf
des cirriens plus ou moins lulides, en forte qu’il y
a tv lie de ces pierresqui porte l’empreinte de piu-
fieurs changemens arrivés à la furface du globe ï
ce font furtout ces divers monumens, aufli intéreffans
que remarquables, qui nous occuperont dans
cet article. • ■ -
Les différentes contrées de la furface du globè
annoncent des révolutions bien marquées par les
maflifs qui s’y rencontrent , 8c par les refultatS
des opérations fucceflives : telles font l’anciennè
terre graniteufe 8c fehifteufe, la moyenne argi-
leufe 8c calcaire, & enfin la calcaire nouvelle, 8c
’eft dans çes maflifs que kcnature a pris les diffé*
rens fragmens dont elle a compofé les pierres aggrê*
gées. Par l’examen que l ’on peut faire des différentes
matières renfermées dans les couches qué
’ancien féjour de la mer a confinâtes, on y recon-
noït que l’ancienne terre qui a précédé la moyenne|
n’étoit ni plus fimple ni moins compofée dans
les fubftances dont elle a été formée. Il en eft
de même de la moyenne fehifteufe, & c . Si nous'
analyfons une infinité de pierres■. aggrégées, nous y
trouverons parmi les matières qui les compofent,
des fragmens de granits , de talcites , de ferpen-
tines, d'ophites 8c une multitude de jafpes, de
pierres calcaires dç divers grains, noyées dans un
Hmon qui n’en a fait qu’ un tout. O r , il n’y a pas
de doute que comme la conftruétion de ces brèches,
qui forment la maffè de plufieurs grandes
contrées, eft due à la deftruélion de terrains plus
anciens, toutes les pièces détachées 8c indépendantes
autrefois les unes des autres, dont ces
brèches font compofées, n’àient été chacune auparavant
les parties d’ un tout de même nature
qu’elles, c’eft-à-dire, les diverfes parties d’an-»
ciens terrains démolis maintenant jufqu’à un certain
point.
Si nous examinons maintenant chacun de ces
fragmens féparément, le jugement que nous en
porterons fera de même le jugement du tout dont
il fubfifte des parties plus ou moins confidérablesi
Nous voyons, par exemple, que quelques-uns dé
ces fragmens font des pierres rayées qui ont les
veftiges de leurs feuilles de leurs lits } qu’elles
font les réfultats de dépôts fucceflifs de terres
& de vafes cbloréesr. Nous y trouvons lès mêmes-
principes que dans les pierres modernes î 8c comme
elles ne font ni plus fimpies ni plus compbfées *
tout y eft placé avec la même apparence de fuc-
ceflion. Il eft vifible que la nature dès fragmens
de telle ou telle pierre briféê eft aufli étrangère
au tout 8c indépendante du to u t , que la pierre
brifée eft elle - même indépendante du banc 8c
étrangère par fa nature au banc où elle fe trouve
comprife avec beaucoup d’autres.
Cette pierre n’a vifiblement pu être conftruite
ailleurs que dans la mer, dans l’eau 8c par l’eaij.
Mais l’analyfe de la partie étant aufli I’analyfe de
la maffe totale qui n’eft plus, les maflifs autrefois