
d*u«e hauteur confidérable. Entre cette île & le
cap Farewcl , qui font éloignés l’un de l’autre de
quatorze ou quinze lieues dans la direction de
I oued quart nord-oued , & de l’eft quait fud-eft,
la côte forme une autre grande baie profonde,
dont on peut à peine appercevoir le fond pendant
qu’on cingle en droite ligne d’ un cap à l’au-
tr?- Il eft cependant probable que fa profondeur
ed moindre qu’elle ne paroît êtrej car, comme on
trouve l’eau plus baffe que dans aucun autre endroit
fi tué à la même diftance de toute autre partie
de la cote , il y a lieu de fuppofer que la terre, au
fond de.laquelle elle fe trouve placée , eft baffe ,
& qtte par confequent on' ne peut pas la diftinguer
aitément.. C ’eft pour cela que le capitaine Cook
lui a. donné le nom de baie d'es Aveugles, 6c il penfe
que,c*eft la même qui a été nommée, par Taiman,
baie des Ajfajfins. K N
Toute ia côte qui fe trouve près de la baie de
l’Amirauté préfente le tableau le plus trifte : celle
du cap oueft eft balle, & s’élève doucement & pat-
degrés julqu’au pied des montagnes ; ia plus grande
patrie en eft couverte de bois. Depuis la Pointe des
cinq doigts jufqu’au 44e. degré 20 minutes de lati- :
tude, il y a une chaîne étroite de collines qui s-’élè- i vent directement de la mer, & qui font couvertes
de forêts. Derrière & tout près de ces collines on
voit des montagnes qui forment une autre'chaîne
d’urie élévation prodigieufe , & qui eft compofée
de rochers entièrement ffcériles & dépouillés, ex- .
cepté dans les endroits cù ils font couverts de .
neige, qu’on apperçoit fur la plupart en grandes
malles. Il n’eft pas pofiîble d’imaginer une perfpec-
ûve plus fauvage, plus brute que celle de ce-pays,
lorfqu’on le contemple de la mer ; car dans toute
II portée de la vue, l’oeil napperçoit rien que les
fommets des rochers , qui font fi près les uns des
autres, qu’au lieu de vallées-il n’y a que des fïf-
fures entr’eux. Depuis le 44e. degré 20 minutes ,
jufqu’au 42e. degré 8 minutes de latitude, ces montagnes
s’avancent bien avant dans l’intérieur. La
côte de la mer eft compofée de collines & de
vallées boifées, de différens degrés de hauteur &
d’étendue, & qui paroiflent fertiles ; la plupart des
vallées forment des plaines d’une étendue confidé-
rable , & entièrement couvertes d’arbres; mais il eft
très-probable que le terrain, en plufieurs endroits,
eft marécageux & entre-mêlé de lacs ou d’étangs.
Du 42e. degré 8 minutes, au 4 1 e. degré 30 minutes
de latitude , la terre ne fe fait diftinguer par rien
de remarquable : elle s’élève en collines directement
de la mer'7& elle eft couverte de bois; mais
. cette partie de la côte ayant été examinée pat un
tems brumeux, on apperçut à peine l’ intérieur. I l ,
faut en excepter feulement les fommets des montagnes
, qui s’élevoient par-deffas les brouillards
qui en cachoient le bas ; ce qui confirme dans
l’opinion qu’une chaîne de montagnes s’étend d ’une
extrémité à l ’autre dans la Nouvelle-Zélande.
En débarquant fur une pointe de terre au côté
oueft de la baie de l'Amirauté, on gravit une co!^
lme, & l’on voit le bras occidental de cette baié
s étendre fud-oueft quart oueft, à environ cinq
lieues plus loin ; cependant on ne peut pas en
appercevoir l’extrémité. Il paroît qu’ il y a plufieurs
autres entrées , ou au moins de petites baies entré
celle-ci & la pointe nord-oueftdu canal de la Reine
Charlotte ; & comme elles font toutes à couvert
des vents de mer par les îles qui font en dehors,
il-paroît certain qu’il y a dans chacune un mouillage
& un abri. La furfacede la terre, aux environs
de cette baie, autant qu’on a pu l’appercevoir, eft
remplie de collines, & couverte prefque partout
d arbres, de buiffons & de fougère qui en rendent
l’accès difficile & fatigant : on y trouve plufieurs
plantes nouvelles : on rencontre auffi quelques
huttes, qui femblent avoir été abandonnées depuis
long-tems. Si l’on avoit eu occafion d’obfervet
les rochers nus, peut-être auroit-on remarqué
quelques fubftances minérales précieufes. Comme
la latitude de cet endroit correfpond avec celle de
l’Amérique méridionale , il eft probable qu’après
des recherches fuffifantes on y en découvriroi’t
d’utiles.
La baie de l'Amirauté offre l ’avantage bien utile
aux navigateurs , de pouvoir s’y approvifionner
d’eau & de bois.
AMIS (Iles des'). Ces îles compofent un archipel
fort vafte dans l’Océan pacifique : les naturels
n en comptent pas moins de cent cinquante, dont
quinze font élevées & montueufes ; trente-cinq
d’une affez grande étendue , & le refte doit être
compris au nombre des terres baffes, fi communes
dans ces parages."
Il faut comprendre fous la dénomination générale
d'Iles des Amis , non-feulement le groupe
d'Hapnée > mais auffi toutes les terres découvertes
au nord, à peu près au même méridien, & d’autres
qu’aucun navigateur n’a apperçues jufqu’ ici.
Chacune d’elles dépend à quelques égards de Ton-
gataboo, q u i, fans avoir la plus grande étendue.,
eft la capitale & le fiége du gouvernement.
Il paroît . fur que les îles du prince William, découvertes
& ainfi nommées par Tafman ; les îles
Keppell & Bofcawen, reconnues par le capitaine
Wallis en i-j6$, font comprifes dans cet archipel,
non-feulement parce qu’elles font connues aux
Iles des Amis, mais parce qu’elles dépendent du
même fouverain.
Hamoa, Vavaoo & Feejée font les îles les plus
confidérables de ces environs ; elles font plus
grandes que Tongataboo. ( Voye^ ce qui eft dit fut
ces différens cantons. )
La richeffe des productions , leurs variétés, la
beauté des campagnes, rendent toutes les terres
connues de cet archipel précieufes à l’obfervateur
qui les parcourt. La nature, aidée d’un peu d’art,
ne fe montre dans aucun pays avec plus de fplendeur
que fur ces îles fortunées. Partout on apperçoit
une force de végétation qui étonne & enchante.
De fuperbes plantations ou jardins, enfermés
par des haies de bambou ou des haies «
vives de la belle fleur de corail ; des fentiers char- j
mans, où l’on voit des ignames 6c des bananes ;
plantés des deux côtés, avec autant d’ordre & de ,
régularité que dans nos jardins ; des plaines cou- :
vertes de riches pâturages, des promenades déli-
cieufes, entouréesde plufieurs rangs de cocotiers ; 1
des bocages agréables, des.chemins coupés avec 1
intelligence, & à l'abri d’un foleil brûlant par
les arbres fruitiers qui y étendent leur favorable
ombrage : tel eft le magnifique fpeClacle qui
frappe les regards, & partout la feène eft également
rianre. Un printemscontinu y entretient une
verdure confiante : chaque feuille qui tombe, eft
remplacée par une autre qui lui fuccède; & les
heureux habitans de ces belles contrées trouvent,
fous, uncielfi avantageux, les agrémensde la v ie ,
un bonheur tranquille, & toutes lesreffources de
l’abondance. On ne voit ni bourg, ni village; la
plupart des mai Ions font bâties dans les plantations,
fans autre ordre que celui qui eft preferit
par la convenance, & prefque toutes font entourées
d’arbres ou de buiffons en fleurs qui parfument
l ’air qu’on y refpire.
La fertilité la plus abondante éclate de toutes
parts ; les lieux abandonnés aux foins de la nature,
annoncent la richeffe du fol, auffi bien que les dif-
triéls cultivés par les infulaires. On apperçoit un
nombre infini de cocotiers, des palmiers, dont
deux efpèces font rares'; des arbres de différentes
elaffes, forts & vigoureux; des cannes à fucre
excellentes, des gourdes, des bambous; des plantes
diverfes, les unes cultivées avec foin, les autres
venant naturellement; des fruits extrêmement
variés,comme des bananes, dont on compte quinze
fortes ; le fruit à pain, un autre qui eft de la nature
de la prune, &c. 5 des ignames noires & blanches,
des racines, & beaucoup d’autres productions
utiles, dont l’énumération feroit trop longue
dans cet apperçu.
- Les oifeaux font nombreux, leurs couleurs éclatantes
; mais on ne fe permettra aucun détail fur
cet objet.
Peu de quadrupèdes fe rencontrent dans les îles
de cet archipel : beaucoup de cochons, un petit
nombre de rats , & des chiens qui vivent dans
l’état de domefticité 3 tels font les animaux dont
•n peut parler.
Des volailles d’une grande taille & excellentes,
une mer abondante en poiffons, ajoutent aux ref-
fources infinies des habitans de ces lieux.
Le fol dans les parties baffes eft fablonneux, ou
plutôt de corail trituré ; ce qui ne l’empêche pas
cependant de produire des aroriffeaux vigoureux,
& d’être cultivé avec fuccès. Dans les cantons
plus élevés , quoique le corail s’élance en beaucoup
d’endroits, au deffus de h furface du terrèau,
le fol eft en général d’une profondeur eon-
fidérable , & femble s’être accru du détriment
des végétaux. 11 eft probable qu’il fe trouve ait
deffous une couche argileufe, qu’on rencontre
même dans les terrains bas lorfqu’on le fouille ;
il paroît quelquefois rougeâtre, mais plus ordinairement
brunâtre & compacte.
Ces îles étant peu éloignées du tropique, le
climat y eft plus variable que dans les endroits
plus près de l’équateur. Lorfque les vents du fud
6c de l’ eft font modérés , on a ordinairement un
ciel pur ; quand ils deviennent frais , l’atmof-
phère eft chargée de nuages ; mais elle n’eft point
brume ufe, & il pleut fou vent. Les vents du nord-
e ft, du nord-nord-eft , & même du nord-nord-
oueft, ne font jamais de longue durée, & ne fouf-
flent point avec fo rc e , quoiqu’ils fe trouvent accompagnés
d’une groffe pluie & d’une chaleur
étouffante.
La mer de prefque tous ces parages offre une
navigation extrêmement difficile par les bas-fonds,
les écueils, les bancs d’algue-marine & l’inégale
profondeur de l’eau. Un moment la fonde rapporte
foixante brafles , l’ inftant d’après elle n’en
donne que fix , & quelquefois il eft impoflîble de
trouver fond. Les côtes environnées de récifs
fouvent efearpés , le reffac qui y bat avec violence,
les rochers de corail qui les précèdent 6c
les environnent, rendent une grande partie de
ces îles d’ un abord dangereux. Cependant on y
rencontre des havres fuis & bien abrités : celui
de Tongataboo eft fans contredit le meilleur, tant
à caufe de fon< étendue que par la bonté de fon
fond. Mais fi cet endroit offre le mouillage le plus
fur, Annamooka, île voifine, fournit une eau plus
falubre pour les équipages qui y abordent. En
général, elle èft rare fur les terres de cet archipel :
on en trouve, il eft vrai, fur chacune, mais en
des lieux trop incommodes pour les navigateurs.
Du refte, ils s’y procurent des provifions diverfes,
& furtout des noix de cocos en abondance.
La marée eft plus forte fur ces îles que fur aucune
des terres fituées en dedans des tropiques.
La mer eft haute à Annamooka : fur les fix heures,
à l’époque des pleines & des nouvelles lunes, elle
y monte d’environ fir pieds. La mer eft haute dans
le havre de Tongataboo .* à fix heures cinquante
minutes, aux pleines & aux nouvelles lunes, elle
y monte de quatre pieds neuf pouces à ces deux
époques, & de trois pieds fix pouces au tems des
cadt attire s.
Dans les canaux formés par les îles qui fe trour
vent dans ce havre, le flot dure environ neuf
heures ou une marée & demie, c’eft-à-dire que
la mer continue à monter dans ces canaux environ
trois heures après qu’elle eft étalée fur la c ô te ,
& le juffant y continue de même trois heures
I après que le flot a commencé a la côte. C e n’eft
que dans ces canaux & dans quelques autres en-
[ droits près des côtes, que le mouvement des eaux