
Dans la pierre calcaire des couches fupérieurês
on voit des empreintes de fucus très-nettes &
bien confervées : on y remarque les articulations
avec les efpèces de femences qui les accompagnent
: on y diftingue même les fibres longitudinales.
Des collines calcaires des environs de Chaumont
fortent plufieurs fources, dont l’eau eft tellement
chargée de principes calcaires, qu’elle les dépofe
à peu de diftance des fo.urces, fous forme de tuf
gtoflier, fut tous les corps qu’elle baigne pendant
quelque tems.
Ma r y & Lis y , département de Seine & Marn
e , offrent, quant a la pofition des coquilles fof-
fîles qui s’y trouvent abondamment,& en grand
nombre d’efpèces, les mêmes circonftances que
nous avons expo fées ci-deffus, relativement aux
amas de Grignon & de Chaumont.
C ’eft furtout à la montagne de Lorrain qu'on
peut ramaffer, dans des couches particulières qui
ont plus de quarante pieds d’épaiffeur, ces coquilles
fofliles. Ces couches font formées de débris
de coquilles & de fable fin > elles font aufli recouvertes
par d’autres couches de pierres calcaires
affez dures.
Ce qu’ il y a de particulier dans cet amas, c’ eft
qu’on y trouve des cailloux roulés, femblables à
ceux qu’oa obferve en Picardie, aux environs de
Crévecoeur : ce font des filex bien arrondis &
polis.
En fuivant le bord efcarpé de la Marne, au dèf-
fus de Mary jufqu’ à Chivres, on rencontre un j
vallon profond, fur les bords duquel on retrouve
une coupe correfpondante du. banc de coquilles
fofliles de Mary, enfévelies dans des fables, des
grais , des débris de coquilles, avec leur couverture
de couches de pierres calcaires dures.
En général, on peut dire que dans tout ce trajet
les collines les plus élevées préfentent à leur fur-
face un lit de meulières, auquel fuccèdent, dans
les parties inférieures, des labiés, des grès, des
couches de pierres calcaires coquillières & dures,
& enfin l’amas des corps marins fofliles, dont la
plupart font de la plus belle confervation.
Damery , département de la Marne. La partie
du cours de la Marne , qui m’a paru ja plus inté-
reffante, eft cette belle vallée comprife entre Dor-
mans & Epernai d’ un coté , Vinceiles & Damery
de l'autre.
Le fond de la vallée eft la craie qui s’enfonce
à mefure qu’on fuit cette vallée vers^Dormans :
for les deux côtés font les fyftèmes ae couches
qui recouvrent la craie. C ’eft d’abord la terre jaune
marneufé, puis le banc de coquilles fofliles , qui
règne probablement avec quelques interruptions,
depuis Mary & Lify , jufqu’ à Damery & Courta-
gnon , qui en font vifiblement les limites orientales.
C ’eft furtout à Damery que l’on peut prendre
une idée deTépaiflfeur de ce dépôt dans cette contrée
, & reconnoïtre aifément qu’ il a de trente à
quarante pieds d’épaiffeur, comme à Mary. C ’eft là
aufli où l’on peut faire une colleélion de coquillages
de la famille des v is , ces coquilles étant enfévelies
dans un fable formé en partie de tritus de coquilles
& d’autres débris mobiles. Outre cela, au deffus
dé ce banc font des couches de pierres calcaires,
recouvertes d’un lit de pierres meulières , empâtées
dans une argile qui tient l’eau : ce lit eft-très-
épais, & les meulières paroiffent avoir reçu dif-
férens degrés d’ infiltration.
Un de mes amis, à qui j’avois communiqué les
réfultats de mes obièrvations fur les amas de coquilles
fofliles que javois diftingués , d’après les
principes de Rouelle & de Juflîeu , dans les différentes
contrées de la France que j’avois parcourues
, & qui fut frappé en même tems des eonfé-
quences que j’en avois tirées relativement aux di-
' verfes circonftances de la formation des dépôts
fous-marins , mit à profit les premiers loifirs dont
il put jouir dans la Caroline & la Virginie, provinces
dés États-Unis, où ces fofliles fe trouvent
abondamment, & s’eft attaché fans relâche à raf-
fembler tous les individus des efpèces de coquilles
qui compofoient l’amas qu’il y rencontra. Il nous
en f it , à M. de la Rochefoucauld & à moi , des
envois qui renfermèrent le plus grand nombre des
genres &c des efpèces correfpondans aux genres
& aux efpèces que nous ramaffons chaque jour
dans les gîtes des environs de Paris, que je viens
d’indiquer ci-deffus.
Nous avons conclu , dans le tems, de la com-
paraifon que nous fûmes bientôt eft état d’en faire,
que les dépôts de coquilles faits par l’Océan dans
certaines contrées de l’Amérique feptentrionale ,
étoient compofés des mêmes individus & des mêmes
familles que nous trouvons en Europe $ que
les uns & les autres dépôts qui font à découvert en
Amérique & en Europe, doivent être confédérés
comme Us produits de mers qui ont appartenu aux
mêmes climats, qui travaiiLoient fous les mêmes
époques , enfin qui ont dû faire leur retraite dans
le même tems. Effectivement, les mêmes familles
d’animaux marins réfidans dans différens parages ,
annoncent les mêmes circonftances que je viens
d’expofer. En conféquence , les contrées du continent
de l’Amérique, qui renferment les dépôts
du premier amas , correfpondent pour tous les cas
à celles qui le renferment en France. Comment ,
d’après ces faits, ne rapporterions-nous pas, fur-
tout aux mêmes époques , la formation & la découverte
des deux parties de continens dont le
le même Océan atlantique baigne les bords ? D’après
ces faits précis, ne fommes-nous pas auto-
rifés à écarter les obfervations vagues & mal ana-
lyfées que certains écrivains ont alléguées pour
reculer la formation & la découverte de l’Amérique
feptentrionale à des tems plus modernes
?
Lfi second amas eft, comme nous l ’avons dit
ci-deffus, celui des bélemnites, des ammonites ou
cornes d’ammon, des nautilites, des gryphites ,
des doubles vis & des huitres. Il occupe les li-
mites.de l’ancienne terre du Morvan & de la nouvelle
terre du Nivernois. C ’ eft là que j aj trouve
abondamment les bélemnites, les èornes d’ammon
dépofées fur le maflif du granit qui fervoit de bord
à l’ancienne mer, dans le baflin de laquelle la nouvelle
terre à couches horizontales calcaires fe for-
moi t. .
Outre cela , ce même amas fe continue le long
de la bordure orientale de la craie fuperficielle de
Ja ci-devant province de Champagne, & fe prolonge
jufqu’ à la ville de Mézières , aux environs
de laquelle cet affemblage de corps marins fe rer
trouve très-abondant en nature ou en noyaux.
, C ’eft furtout à Soulaines 3 département de l’Aube,
que j'ai eu la facilité d’obferver cet amas , ainfi
que fes produits en couches de pierres, au milieu
defquelles les huitres dominent en parcourant les
vallées où l’eau a mis a. découvert les bancs les
plus .chargés de fofliles : on peut étudier leur com-
pofition formée de débris d’huitres , de buccins ,
de boucardites, de poulettes, de nautilites & de
noyaux de-ces coquilles. Les débris des huitres
font les mieux confervés & ceux qui dominent fur
tous les autres , parce que leur conftitution naturelle
eft la plus folide. Il y en a de différens vo-
-lumes, & même de très-petites liées enfemble par
une pâte fort dure, très-infiLtrée, en forte que leur
enfemble préfente des portions de marbres louma-
chelles très-fufceptibles de prendre le poli.
Je dois faire remarquer que nulle part on n’ob-
ferve plus aifément les principes de la compétition
des couches de ces pierres coquillières, que fur
le fond du rut de la foffe aux chats. Comme l’exCa-
vation de ce rut montre les extrémités de ces couches
, on peut y diftihguer une petite pente du
fud au nord, mais cependant moins rapide que
celle du fond du rut. Au moyen de cette difpofi-
tion , les différentes parties de ces couches fe détachent
très-aifément comme des fragmens de pâtes
aplatis & appliqués les uns fur les autres , & les
uns à côté des autres. La plupart de ces fragmens
font diftingués les uns des autres par des principes
terreux vifiblement les mêmes , qui contribuent
à la féparation dès couches de quelque nature
qu’elles foient. ( Voye^ Soulaines & Ba r - sur-
A ube. )
C ’eft à la fuperficie de ces couches coquillières
empâtées , comme je l’ai di t , que fe trouvent les
corps marins bien confervés ,& comyohmlefécond
amas, ainfi que leurs noyaux. Une grande partie
d’ ailleurs de ces fofliles eft enfévelie au milieu du
banc d’ argile qui fépare le mafftfàe la craie fuperficielle
du traâus des couches coquillières dont je
viens de parler. Outre cela, ce même amas s’ étend
au fud dans le baflin de Bar-fur-Aube, en forte
qu’ il occupe , dans cette contrée, plus de quatre
à cinq lieues de largeur. ( Voye% les articles Ba r -
sur- Aube & Fossiles. )
Je ne puis quitter ce fécond amas fans faire ob-
ferver qu’il m’a paru avoir encore deux gîtes ierrt
fuivis j le premier , le long de la bordure de l’ancienne
terre du Bas-Poitou, département de la
Vendée, dans le Voifinage de Fontenay, & le long
des bords occidentaux de l ’ancienne terre des
Vofges. C ’eft dans ces deux gîtes furtout que j’ai
reconnu, comme fur les limites du Morvan, combien
étoit peu fondée la prétention de ceux qui
diftinguent les fofliles en littoraux & enpélafgiens3
& qui mettent dans la fécondé claffe les bélemnites
& les cornes d’ammon 5 car ces fofliles re-
pofent exactement fur les rivages de l’ancienne
1 mer, qu’on peut reconnoïtre le long des Vofge s,
du Bas-Poitou , de la Vendée & du Morvan , &
à une très - petite profondeur. D’ ailleurs , leurs
dépouilles occupent la ligne précife que fuivoit le
bord de la mer.
Le troisième amas dont j’ai reconnu les
gîtes, ainfi que,les limites, renferme des oftracites
chambrés , avec fyphons, arêtes longitudinales intérieures
6* extérieures , & enfin cannelures circulaires.
J’ai fait une nombreufe collection de toutes les
efpèces variées de ces fofliles dans les ci-devant
provinces de PérigOrd, d’Angoumois & de Sain-
tonge, département de la Dordogne, de la Charente
& de la Charente-Inférieure $ j ’âi mis d’autant
plus de foin dans ce raffemblement^que leurs
analogues marins ne font pas plus connus que les
fofliles eux-mêmes.
On en trouve furtout des fuites confîdérables
aux.environs de Barbefieux & d’Angoulême. Les
collines de cette dernière ville font compofées,
dans une grande partie de leur épaiffeur, des débris
des plus petites efpèces.
Nous donnerons ici des notes fuccinCtes fur la
difpofition de ces fofliles, tels que nous les avons
recueillis dans la Saintonge, l’Aunis & l’Angou-
mois. On jugera d’abord par ces notes, de l’étendue
de terrain que cet amas occupe, & des premiers
phénomènes qu’ il peut offrir aux obferva-
teurs. Nous donnerons plus de développement à
ces obfervations aux articles Fossiles & An-
GOUMOISDans
le trajet de Châteauneuf à Jarnac, or*
trouve des couches de pierres formées des débris
des oftracites de l’ Angoumois.
Près de Bourg, oftracites de Barbefieux fort
abondans j enfuit© dans un village qu’on rencontre
avant l’Efchaflier, & enfin aux environs de
l’Efchaflier, grand débris des oftracites d’Angoulême.
Entre Cognac & Saintes,. ces oftracites
offrent des couches de quinze à vingt pieds d’épaiffeur.
Plus loin on retrouve ces mêmes fofliles
à Charente : il y en a même en fpirales avec des
cannelures fingulières ^ & dans l’intérieur defquek