
de certains cara&ères & circonftances , peut encore
être déterminée par les fofliles-qui fe trouvent
dans les différentes couches dés départemens
de la fuperficie de la terre, que j'ai défïgnées
comme appartenantes à ces deux terres.
Ainfi, je crois qu'il conviendroit de rapprocher
fous un même point de vue les caractères de ces
deux terres, qui m'ont fervi à les diftinguer, &'
qui m'ont donné la folution de plufieurs problèmes,
dont les données ont été jufqu'ici aufli mal
expofees que les (blutions; car effectivement , ce
qui concerne les foffiles de ces deux terres n’a été
expliqué que par des hypothèfes vraiment bizarres
, parce qu'on a confondu les deux terres en
une feule. Il eft cependant fort facile de fe convaincre
que ce qui appartient à l’une ne peut convenir
à l’autre, & faire partie de fa compontion.
. ANE T. Pour faire connoître la contrée dont
l'emplacement de cet ancien château peut être
eonfidéré comme le centre, je vais commencer
par décrire les parties de la route qui y conduit en
partant de Ver failles.
Le plateau de Verfailles eft fort élevé, & au
niveau de la forêt de Meudon, dont le fol offre la
pierre meulière. Il en eft de même de Trapp , du
terrain qui contient l ’eau de ces étangs, & de
toutes les hauteurs qui dominent Pontchartrain &
Neaufle. Après une baffe affez large, les mêmes
fommets élevés & plats fe retrouvent à l'oueft de
la Queue, & furtout dans la forêt de Saint-Léger,
ou eft un partage des eaux, affez remarquable.
Toutes les vallées de cette contrée font éva-
fées , & fe terminent, à la partie fupérieure de
leurs croupes, par des plateaux qui font tous au
niveau des meulières. Les autres plateaux inférieurs
offrent, ou la pieire calcaire d’un tiffu fort
fin, & qu’on nomme clïquart dans le pays, ou la
terre jaune qui recouvre immédiatement le maflif
de la craie, où l'on voit plufieurs bandes fuivies &
horizontales de filex-
On ne peut prendre une idée complète du travail
des eaux dans ce canton > d’après la carte de
France ; car , en général, on n’y a figuré proprement
que les lits des eaux courantes, foit fous
formes de rivières ou de (Impies ruiffeaux j'mais
les pentes des croupes , & toutes celles qui pou-
voie nt annoncer la profondeur des vallées, ne s’y
trouvent point figurées. Ces formes cependant,
lorfqu'on a fu les étudier & les fuivre, font très-
importantes pour préfenter plufieurs anecdotes de.
l'hiftôire du glo be , & furtout celles qui appartiennent
aux dernières opérations de la nature.
Le canal de l Eure, dans les environs d'Anet &
de la papeterie de S au fa y e ft bordé par des croupes
qu'ont figurés les eaux courantes de cette
rivière, à mefure qu'elles ont approfondi la vallée.
On y remarque auffi des dépôts latéraux qui fe
font formés à la fuite des inondations, lefquelles
ont eu lieu dans les premiers rems, & qui s'étoient
renouvelées à la fin de l'hiver de 1784. D ’après ce'
fyftème, j'ai trouvé partout les effets des eaux qui
affluent dans les canaux des rivières principales à
différentes époques. On peut, fur de pareils erre-
mens 3 remonter des tems modernes aux tems anciens,
& parcourir ainfi, par une analyfe fûre,
toutes les opérations des agens qui ont concouru
à un réfultat quelconque.
Parmi ces réfui rats , il eft vifible que c ’eft à la
même marche des eaux vagues latérales qui ont
agi le long des croupes , qu’on doit attribuer les
rempliffages des vallées'’, & furtout ceux du canal
de l ’Eure , dans ces contrées où les eaux ont rencontré
des matières tendres & crayeufes ; car il eft
aifé de reconnoître les anciens gîtes de ces matières,
& les lieux d'où elles ont été tirées.
J'ajoute que, même dans les vallons fecs, on
peut obferver, lors des inondations, les,progrès
des excavations & des deftruélions par les eaux
courantes torrentielles ; en un mot , leurs ravages
anciens & modernes. J’infifte fur ces remarques,
parce qu'elles nous éclairent fur les agens qui ont-
concouru à l'approfondiffement de ces vallons ,
qui ne reçoivent des eaux que dans certaines cir-
conlfances affez rares, mais malgré cela affez fen-
iîbles pour nous faire voir le travail des eaux. Quoiqu’
on ne puiffe l'attribuer à une marche accidentelle
, je l’ai reconnu de manière à pouvoir le
joindre à la théorie générale de l'approfondiffe-
ment des vallées.
Je terminerai ces notes en parlant des caves
d’Eyfy , creufées dans le maffif de la craie. On y
voit trois rangées horizontales de fi!ex. Ces caves
fervent à la confervation & à l’amélioration des
vins de cette contrée, qui ont quelque réputation
, & qui la méritent. J’ajouterai comme une
circonftance remarquable de cette production ,
que les vignes où l'on recueille ce vin font établies
fur un fol de craie, & fumées par la terre
jaune qui le recouvre : culture parfaitement fem-
blable à celle des bons crûs de la Champagne, aux
environs d'Epernay & d’Ai. ( Voye^ l’article A i.)
ANGARAEZ. Entre les différens phénomènes
que l'on peut obferVer dans cette province, phénomènes,
qui font d'autant plus étonnans & variés,
que les contrées font plus fpacieufes & plus étendues
, on remarque une particularité intéreffante
pour un obfervareur curieux; elle confifte en ce
que les ouvertures par où les eaux fe déchargent
dans la partie haute, ont plus de largeur que dans
la partie baffe : les pentes que fuit l'eau font aufli
plus profondes que dans les bas.
Cette province, qui eft du département de
Guancavelica, renferme différens diftridts, parmi
lefquels nous diftinguerons celui de Conaïca. Il y
a une bourgade appelée Vignas, diftante de neuf
lieues de Conaïca. A cinq lieues fur la route de
celui-ci, on trouve un monticule nommé Coro-
funiat Au pied de ce mont on entre dans une oùverture,
par laquelle s'écoule un ruiffeau connu
fous le nom de Chaplanc&s : ce ruiffeau a un débouché
entre deux parois de roche, éloignées
l’une de l’autre à la diftance de fix ou huit varas,
fur une hauteur de quarante ; en forte que cette
ouverture, n’ eft pas plus large en haut qu'en bas.
Lorfque le fond de la vallée fe refferre un p eu ,
Teau courante en recouvre toute la furface : c'eft
néanmoins le long du cours de cette eau qu'eft
dirigé le chemin qui conduit à Conaïca; mais toutes
les fois que le ruiffeau 11’a plus que huit varas
, de large, on eft obligé de* paffer d’un bord à l'autre
; ce qui a lieu jufqu’à neuf fois pour aller chercher
le chemin du côté du bord, où l ’eaU s’en
trouve un peu éloignée. Ces paffages s’exécutent
furtout dans les parties où la vallée & le lit de
l'eau éprouvent des efpèces d’ofeiHâtions 8c de
détours; car toutes les fois que le lit eft dirigé en
droite ligne, il n'a de largeur que ce qu’il en faut
pour l’écoulement de l'eau courante.
Ce ravin, fi l’on peut l’appeler ainfi, eft creufé
dans la roche même, & avec tant de régularité,
que les bords rentrans correfpondent aux bords
faillans. On dirait que le travail de l'eau a été
exécuté avec fes finuofités & fes angles , pour lui
donner paffage entre les deux parois qui en forment
l’enceinte : tout y eft fi égal , fi uniforme ,
que fi les deux parois étoient rapprochées, elles
fe réuniroient l'une à l’autre, de manière, à ne
plus laiffer le moindre intervalle entr’eiles.
Au refte, ce chemin ne préfente aucun danger :
c'eft une roche folide, dont il ne peut fe détacher
aucune partie pendant le paffage des voyageurs.
D'ailleurs, l'eau n'y eft pas affez rapide pour donner
aucune crainte bien fondée; malgré cela, on
eft faifi d'effroi lorfqu'on fe voit enfermé dans ce
ravin étroit, dont les bords s’élèvent à cette hau-‘
teur en confervant partout la même difpofition
verticale, & la mutuelle correfpondapce des bords
faillans & rentrans ; de forte qu’ils fembient avoir
une certaine tendance à fe rejoindre à chaque inftant
pour rétablir l’ancien état primitif des enofes.
Cette excavation eft en petit un modèle des
vafteç quebradas ou vallées profondes dont nous
aurons occafion de parler (voyeq Quebradas),
& donne lieu de comprendre toutes les cir.conf-
tances de leur origine; elles ne po.uvoient être
que femblables à celles-ci : tout s’y eft paffé de
même, foit plus tô t, foit plus tard. Les flancs en
ont été plus ou moins verticaux, jufqu'au moment
où ils ont formé des plans inclinés, lorfque l’eau,
en faifant de grandes ofcillations, fe détoumoit
d’un coté pour aller miner la bafe du côté oppofé.
Ne pouvant plus refter dans leur premier état, les
terrains ont, éprouvé de grands éboulements, &
ont pris l'inclinaifon qu'ils ont confervée depuis.
La même chofe arrivera méce flaire ment à ce p affilage
de Conaïca lorfqiue, par le laps du tems, les
effets des pluies , des gelées, des rayons fo lai res,
auront foit tomber en mine ces parois, quoique
de roche v ive ; car ces agens puiffansfont fentir
leur énergie aux corps les plus durs. Ainfi, les
bords du Ckaplancas perdront iftfenfiblement la régularité
des diftances de leurs côtés faillans & rentrans,
après l'avoir confervée plus long-tems que
d’autres excavations, parce que c'eft une pierre
dure, qui n'eft mêlée d’aucune veine de terre tenr
dre. C e n’eft au refte que par la feule action de
l'eau, que ce lit a été excavé jufqu’ à la profo-ru-
deur qu'il a; mais le tems, qui décompofe les roches
les plus dures, élargira les parties inférieures
par fon action continuelle & infenfible. Aufli voic-
on ce ruiffeau rouler de petits débris qui fe détachent
fous les eaux, comme on en apperçoit dans
la plaine, où il les entraîne en fortant de la montagne
, pour fe décharger dans un terrain plus
fpacieux.
Que ce canal ait été excavé à cette profondeur
par l'effet continuel de l’aCtion des eaux, on n’en
peut douter; car c'eft ainfi que ces énormes que”
bradas de la partie méridionale de l’Amérique fe
font formées, avec le tems, par le cours rapide
des grandes eaux. En effet, on obferve que la
force avec laquelle s’écoulent toutes les eaux de
cette partie.du globe, fuffk pour arracher des roches
d’une maffe extraordinaire ; c ’eft pourquoi
l'on voit en certains parages, des marques évidentes
de leurs profondes excavations, au milieu
même des lits de ces eaux : ce font des cubes d’ une
grandeur énorme, qui n'ont pu être détachés avec
la même facilité que les parties contiguës.
La rivière d’Ifcuchaca, qui coule près d'un hameau
du même nom, préfente dans fon lit une
de ces malles dont la forme eft précifément celle
d'un cube. Lorfque l'eau eft baffe, ce cube s'élève
à fept ou huit varas au deffus du courant, chaque
côté portant douze vares de face.
Mais ces maffes, & autres de moindre volume
qui fe trouvent dans les eaux, ne peuvent être
1 arrivées à cet état fans que l’eau courante les ait
détachées peu à peu des couches & des fables qui
| les enveloppoient, & elles fe maintiendront dans
i cette pofition jufqu'à ce que les eaux, creufant de
: plus en plus, rencontrent à leur bafe des lits de
matières friables & tendres, qu’elles pénétreront
en détruifant la bafe fur laquelle ces maffes repo-
| font. Une crue d’eau confidérable', qui ne laiffera
* plus paroître qu’une vare de ces maffes, pourra
les déplacer; mais ces mouvemens, & les chocs
I qu'elles éprouveront de la part des maffes moins
groffes, futfiront pour en brifer les parties fail-
lantes. C'eft à ces caufes qu’on doit attribuer ces
I «quantités prodigieufes de pierres répandues çà &
là fur les bords des rivières , de même que ces
roches énormes qu'en y voit ifolées, & q ue jamais
les hommes n’auroient pu tirer de leurs anciens
; gîtes.
Pour donner une idée de ces excavations, relativement
au terrain ou au fol habitable de la paître
haute de l’Amérique, il faut entrer dans les détails
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