
AB 3EVILLË, ville, du département de h Somme,
& fur cette rivière. La Somme , avant d'entrer dans
Abbeville , fe divife en deux bras qui fe réunifient
après avoir traverfé cette ville. Lé lit de ce
fleuve, de même que celui de tous les autres dans
lefquels les eaux de la mer rémontent , eft occupé
par une' barre un peu au deflous d’Abbeville , visa
vis le village de Lavier. Depuis cette barre juf-
qu’à la mer ce lit eft fujet à de fréquentes variations
, parce que toute cette partie du canal eft
expofée à l ’a&ion dès flots dans tous ,les mouve-
mens des marées. Tels font les phénomènes qu'on
peut voir à la furface- du fol aux environs à'Abbeville.
Mais fi l'on'parcourt avec attention les environs,
dans l’intention de reconnoître les ater-
ïiffemens fur lefquels cette ville & fa banlieue
font établies, on s’ affure‘ aifément que ce font
des dépôts formés par. les eaux courantes de la
Somme, la plupart du tems refoulées par les eaux
de la mer. C ’eft dans ces fédimens que les fouilles
faites à différentes époques ont mis à découvert
des tourbes, puis des oftéocolles, & enfin des
lits de coquillages.
Les lits de tourbes, alternant Wec des couches
de fables & d’argiles , fe trouvent fous le fol de
la partie àl Abbeville bâtie dans la vallée : de même
on rencontre , à dix pieds de profondeur environ , s
des bancs de coquilles de mer, alternant aufiî avec
le fable de mer. Il paroît qiie les fables & les argiles
ayant été entraînés dans la vallée par les
eaux latérales , ces matériaux ont fervi de bafes
aux tourbes, ou les ont recouvertes fuivant les
époques où les tourbes fe font formées.
On a découvert aufli, fous le fol àl Abbeville ,
des oftéocolles aflez remarquables : feulement le
grain des tufs qui les ont formés, étant très-grof-
fier, les/blocs d’oftéocolles font friables & dépourvus
de folidité. En cela ces dépôts diffèrent
la Somme, aux environs d Abbeville. Tous ces
phénomènes feront préfentés en détail à l’article
Somme. ( Voye%_ cet article , ainfi que ceux d’O s -
téocolles , de V allée & d'Amiens. )
ABCASSES. Peuple d’Afie, fi tué entre la Cir-
caflie , la Mer-rNoire & la Mingrelié. Ils font,
comme les Circafliens leurs voifins , adonnés au.
brigandage & au vol. Les Abcafes donnent en
échange des marchandifes qu’on leur porte, des
hommes, des fourrures, du lin filé, du buis, de la
cire Si du miel, tous objets produits de leurs vols,
de leur induftrie ou de l'éducation des abJlles.
des oftéocolles d’Albert, dont le grain eft très-
fin & très folide. Il eft probable que la différence
dans l’état a&uel des deux amas d’ofléocolles
vient de la différence dans les matériaux de tuf
qui fe font aflembiés autour des roféaux, & des
pofitions où fe font trouvés ces fédimens lorfqu’ ils
ont reçu l’infiltration de l’eau des pluies ou de
la rivière à travers les couches fuperficielles qui
. les ont recouverts.
Toutes les''chauffées jetées â travers la vallée
de la Somme, dans les premiers tems de l’habitation
de ces contrées , font encombrées par
un lit de tourbes de fix pieds d’épaiffeur , foit
celles qui fe trouvent entre Amiens. & Abbeville,
foit celles entre Abbeville. & Saint-Valéry. On a
de même rencontré une de ces jetées encombrée
fous les fables , en creufant le canal à.'Abbeville à
Saint-Valéry, Il eft inutile de citer encore d’autres
ABER. Ce mot, dans l’ancien breton , fignifie
la chute d’ un ruifleau dans une rivière. Telie eft
l’origine dés noms de plufieurs confluens de cette
nature, & de plufieurs habitations & villes qui
ont été établies dans ces pofitions. ( Voye% A ber->.
deen, A b er co nw a y , A ber-Yswith. ) Cette
dernière eft voifine de l’embouchure de 1 Yfwith*
objets appartenans à l’hiftoire naturelle &
aux arts , lefquels ont été trouvés au milieu des
sourbes, des-fables.& des argiles dans la vallée de
XBER, nom que les nègres du Sénégal "donnent
à un petit coquillage du genre des jambo-
neaux dans les familles.des bivalves.. Ce coquT-
lage eft fort commun autour des rochers de 1 île
de Gorée.
ABER, lac d’Ècoffe dans la partie occidentale
de la province de Lach-Aber. On le nomme aufli
Amplement Loch,,comme fi on le confidéroit comme
le lac de la contrée par excellence. Il a quinze à
feize milles de longueur ; il eft fort étroit. Son
baflin paroît être une ancienne vallée creufée par
des eaux courantes avant que fa digue ait ete
formée. Il communique à la mer d'Irlande par un
canal fort long, qui à fon embouchure prend 1$
nom de Loch-i-oÙ. C& canal eft creufé dans toute
l’étendue de la digue du lac. (Voye\, par la fuite,
au mot La c , ce que je dis des.lacs du nord de
l’Ëcoffe. )•
ABERBROTHIE CK, village d’Ëcoffe furie Tay ,
célèbre par fes eaux minérales, qui ont beaucoup
de conformité avec celles de Spa & de Pyrmont.
On les prend ordinairement pour les maladies qui
proviennent d’un acide dominant.dansles premières
voies-
ABERDEEN , ville maritime de l’Écoffe fep-
tentrionale, diviféeen deux. La vieille ville, qui eft
à l’ embouchure de la Done , eft confidérable par
fon commerce, & furtoutpar la pêche dufaumon.
IL y a. une fontaine d’eau minérale dans la nouvelle,
ville & Aberdeen.
A B EX , contrée maritime d’ Afrique , a 1 occident
de la Mer-Rouge, au midi de 1 Egypte & au
nord de la côte d’Ajan. Le pays eft aride & fablo-
. neux, & ne produit guère que de l’ébène.
(!
ABIAD , ville d’Afrique fur la cote d’A b e x ,
remarquable par fon trafic en coton, en ébène
& en plantes aromatiques. Elle eft fituée fur une
haute montagne , & au milieu d’une atmofphère
fans ceffe parfumée des odeurs les plus douces &
les plus agréables.
ABIME, forte de cavité fort profonde, ou
pleine d’eau ou fans eau. Les Septante fe fervent
particuliérement de ce mot pour defigner l’amas
d’eau que Dieu créa au commencement avec la
terre, & c ’eft dans ce fens que l'Ecriture nous dit
que les ténèbres étoient à la furface de Y abîme.
On fe fert aufli de ce mot pour marquer le
réfervoir imrnenfe qu’on a fuppofé creufé dans
la terre, & où Dieu ramaffa toutes les taux le troi-
fièmà jour ; réfervoir qu’on défigne dans les livres
fâints par le grand abîme.
Les fontaines & les-ri vif rés , au fentifnent des
Hébreux , & même de plufieurs philofophes anciens,
ont leurs fources dans Y abîme ou dans la
mer. Elles .en fortent par des canaux fouterrains,
& s’y rendent par des lits qu’elles fe font formés
fur la terre. Au tems du déluge, les abîmes rompirent
leur digue, les fontaines forcèrent leurs
fources , & fe réunirent aux eaux fournies par les
cataractes du ciel pour inonder le Monde.
On voit ici que je rends compte d’ un fyftème
dont je ne puis me difpenfer d’expofer la fuite.
Uabîme qui couvroit la terre au commencement
du Monde, & qui étoit agité par l’efprit
de Dieu ou par un vent impétueux , eft ainfi
nommé par anticipation 5 car il compofa dans la
fuite le baflin des mers , ou fi l’on veut en croire ;
à certains commentateurs, la terre fortit du milieu
de cet abîme, comme une île qui fortiroit
du milieu de la mer aétuelle, & qui paroîtroit tout-
à-coup après avoir été long-tems cachée fous les
eaux. ( Voy. le Dictionnaire de la Bible de Calmet,
au mot Abîme.)
Woodward nous a donné des conjectures fur '
la formedu grand abîme, dans fon Hiftoire naturelle j
de la terre. Il voudroit nous perfuader qu’il y a
un grand amas d’eaux renfermées dans les entrailles
de la terre, lequel forme une maffe ronde , occupant
les parties intérieures ou centrales du globe ,
& que la furface de cette eau eft couverte & enveloppée
par les couches terreftres.
Le même auteur prétend aufli que l’eau de ce '
vûifte abîme communique avec celle de l’Océan,
par le moyen de plufieurs ouvertures qui font
au fond du baflin de la mer. 11 croit de plus que
cet abîme & l’Océan ont un centre commun , autour
duquel les eaux de ces deux réfervoirs font
rafl’emblées , de manière cependant que la fur-
face de Y abîme ou du réfervoir intérieur n’eft pas
de niveau avec celle de l’Océan, ni à une aufli
grande diftance du centre de la terre, étant en
partie refferrée & comprimée par les couches folié
e s de la terre qui l’enveloppent -, mais partout où
ces voûtes font crevaflees ou aflez poreufes pour
abforber l’eau , celle de Y abîme y monte, remplit
les fentes où elle peut s’introduire , imbibe tous
les interftices où elle pénètre, s’ irifinue dans tous
les pores des terres & des pierres, jufqu’à ce
qu’elle fe réunifie à la maffe des eaux de l’Océan.
On voit que cette hydraulique de Woodward
n’eft fondée fur aucune obfervation, & que fon
abîme reftera toujours au rang des hypothèfes,
malgré fes explications & peut-être a caufe de
fes explications.
Ce que nous dirons par la fuite fur les pluies,
fur la circulation de l’eau dans les couches de la
terre , voifines de fa fuperficie, & fur les fources ,
fera fondé fur une fuite de faits qui feront dif-
pavoîcre tout ce que Woodward a cru devoir
imaginer pour expliquer ce que la Bible nous
dit du grand abîme. Depuis Woodward, les physiciens
& les naturalifl.es ont fuivi les phénomènes
de la Nature- les plus propres à nous faire
connoître, avec une certaine précifion, la marche
de l’eau pluviale dans l’intérieur de la terre ,
jufqu’à ce qu’elle reparoiffe par les fontaines &
par les fourc es. ( Voye^ Fontaines, Sources ,
Puits, & c .)
On peut mettre avec plus de fondement au
rang des vrais abîmes, certains amas d’eaux qui
fe trouvent au-fond J'e cavités plus ou moins profondes,
plus ou moins étendues, d’où l’eau fa
dégorge, ou continuellement, ou par des accès peu
durables, & rejette en même tems une quantité
confidérable de poiffons. Telle eft la fontaine da
Sablé en Anjou. (Voye% Sablé. ) On voit aufiî
dans les environs de Narbonne, dans le ci-devant
Languedoc, un grand nombre üabîmes dont nous
ferons connoître les fingularités les p-ns remarquables
dans des articles particuliers. ( Voyeç aufli
Arriennes, Arne, Dégorgeoirs & G o u -
fres.) On ne fauroit douter qu’ il ne forte des
vents de certains goufres ou abîmes. Pour comprendre
comment fe forment ces vents , on peut
comparer les cavités fouterraines à la cavité d’ un
éolipyle j les chaleurs intérieurès de la terre , à
celles du feu fur lequel on met l’éolipyle 5 les
fentes de la terre, les antres , les ouvertures par
où les vapeurs peuvent s’échapper, au trou de
l’éolipyle. Mettez fur le feu un éolipyle qui contienne
un peu d’eau , bientôt l’eau s’évapore ,
les vapeurs fortent rapidement j forcées de paf-
fer en peu de tems d’un grandefpace par un petit,
elles pouffent l’air , & cette a&ioo brufque &:
fubite fait fentir une forte de vent & une fuite
de vapeurs & d’exhalaifons.
Ces exhalaifons , ces vapeurs élancées violemment
chaffent l’air félon la dire&ion qu’elles
ont reçue en fortant de Yabîme. L’air chaffé communique
fon mouvement à l’air antérieur : de là
ce courant feniihle d'air en quoi confifte le vent.
En donnant cette explication, je ne doute pas
que d’autres circonftances ne puiffent contribuer
B z