
Les argues - marines diffèrent entr'elles par le
plus ou moins de dureté ou d'iritehfité de couleur.
Les unes font orientales : ce font les berils ,* & les
autres font occidentales : ce font les aigues-marines.
Les premières Tont plus dures; le poli en tft plus
vif ; la teinte bleue, ou domine fur la verte, ou
eft égale en nuance : auffi font el es plus belles,
plus rares & plus chères que les aigues-rmari-es
occidentales. La couleur verte domine fur le bleu
dans ces dernières.
On trouve des aigues-marines fur les bords de
l'Euphrate, au pied du mont Taurus & dans l'île
de Geilan. Les occidentales viennent de Saxe , de
Bohême, de Sicile & de l’île d'Elbe : on en a
découvert en Sibérie, en quilles femblables à
celles du criftal de roche, mais dont les canons
font tronqués.
AIGUES-MORTES, petite ville de France au
département du Gard : elle eft entourée de marais
qui lui ont fait donner le nom qu'elle porte.
Cette ville étoit jadis un port de la Méditerranée,
ou Saint-Louis s'embarqua en 1248 pour paffcr en
Afrique. Aujourd'hui que les aterriffcmens dû
Rhône ont intercepté fa communication avec la
mer fur une étendue d'environ deux mille toifes,
elle n'a plus de port.
AIGUILLAT. Ce poiffon, fui van t la defcrip-
tion qu'en a faite M. Brouffonnet, eft ainfi nommé
dans les provinces méridionales de {a France, à
caufe de deux aiguillons qu'il a fur le dos : il eft
de la feétion des chiens de mer, qui-ont des trous
aux tempes 3 mais fans nageoires derrière t anus. Les
ouvertures des ouïes > au nombre de cinq de part
& d'autre, font placées vers lès n’agéoires pectorales,
dans une direétion un peu oblique. La forme
du corps de l'aiguillât eft prefque cylindrique,&
empêché qu'on ne le confonde avec le lamentin,
qui l’a triangulaire.
On trouve abondamment Xaiguillât dans l'Océan
& la Méditerranée. Fabricius nous apprend qu'on
le prend en Groenland pendant l'hiver, au moyen
des trous qu’on pratique dans la glace : on le voit
dans la mer du- Sud & dans toutes les mers de
T Amérique., On en fait en Ecoffe des pêches très-
confidérables : quand fa chair eft féchée, on la
vend aux montagnards. Le foie des individus les
plus forts fert à faire de l’huile. Sa peau eft employée
par les tourneurs pour polir les ouvrages
en ivoire, en bois & même l'albâtre.
'Uaiguillât fe voit affez fouvent à Paris, & du
tems de Bclon on y en apportoit une affez grande
quantité, fuftOut èn automne 5 mais il y eft actuellement
moins commun. L'aiguillât pèfe jufqu'à
vingt livres1.
AIGUILLE ( Mont).- Cette forme de'montagne
a paffé long-tems pour une merveille du Dauphiné :
c’étoit un de ces phantômes que la crédulité de
nos pères avoit produits. Cette merveille s'eft réduite
à un rocher v if & efcarpé, détaché de tous
côtés & établi fur une bafe ordinaire dans le petit
pays de Trêves , à-deux lieues de Die & à neuf
de Grenoble.
On a donné ce mont, jufqu'au commencement
du fiècle dernier, pour une pyramide ou cône
renverfé : l'on aff iroit pour lors très-ferieufement
qu'il étoit beaucoup plus large par le haut que par
le bas : cette opinion même fut prefqu'autorifée
par X Hifioire de l'Académie royale des sciences,
année 17005 car on y lit que la pyramide n'avoit
par le bas que mille pas de circuit, & qu'elle en
avoit deux mille par le haut. 11 eft vrai que l'hif-
torien ajoute que cette pyramide fe feroit peut-
être redreffée fi elle avoit été examinée par
M. Dieulamant.
On fut bientôt après, c'eft-à-dire en 1703 , qué
rien n’étoit plus faux que cette prétendue figure
extraordinaire d’un cône renverfé, qu'on donnoit
à ce mont, & que fa bafe é to it, comme elle de-
voit naturellement être, plus large que fon fom-
met. Comme ce mont étoit à la vérité fort efcarpé,
& qu'il ne.préfentoit de tous côtés que le roc nu
& dégarni de terre & d’arbres, il étoit affez difficile
& fort inutile d’y grimper ; mais il s'en falloir
beaucoup qu'il fut inacceffible. Les payfans des
environs y montoient tous les jours, & il y avoit
plus de deux cents ans qu'ils le pratiquoient. Aimard
de Rivail, confeiller au parlement de Grenoble,
auteur d'une hiftoire manuferife du pays des Allobroges,
& qui écrivoit en 1520, le dit formellement
: Hodié frequens eft in - eum montem afeenfus.
Ce font les termes cités par M. Lancelot, de
l’Académie des inferiptions. Quel cas doit-on faire
après cela de l’hiftoire de dom Julien, gouverneur
de Montelimar, qui y monta le premier par ordre
de Charles V I I I , le 26 juin 1492, avec aix*autres
perfonnes ; qui fit dire la meffe fur fon fommet, &
qui manda au premier préfident du parlement de
Grenoble, que c'étoit le plus horrible & le plus
épouvantable paffage qu'on pût fe figurer? En
conféquence ce gouverneur enthoufiafte* y fit
planter trois croix, qu'on n'a pas vues depuis. On
ne fait pas encore affez, remarque Fontenelle,
jufqu’où peut aller le génie fabuleux de l'homme,
& furtout des gens qui reffemblent à dom Julien,
gouverneur de Montelimar.
Aiguilles. Ce font des fommets de montagnes
en pointes aiguës & Taillantes , lefquels appartiennent
aux maflifs granitoïdes, où le gneiff domine.
Telle eft l'aigüille du dru ou du midi, qui eft à la
droite du .glacier des bois, aux environs de Cha-
mouni 4 & dont la bafe eft auffi environnée de
glaciers. Ces aiguilles font des formes qu'ont prifes
& que prennent chaque jour certaines parties de
montagnes, les plus élevées & du premier ordre.
L’examen de ces formes- & des circonftances
qui y ont concouru, entre comme partie effentielle
dans l'étude des montagnes} auffi les indiquerons- :
nous feulement ici, en attendant que nous puil- j
fions, en joignant les aiguilles aux autres fommets,
en préfenter un enfemble'intéreffant.
. Nous réduirons donc ici les diverfes formes des
cimes à trois efpèces ; lavoir : aux dos larges &
alongés, aux arêtes longues & efearpées , & enfin
aux pics aigus ou aiguilles droites & ifolées. Ces
derniers fommets nous paroiffent compofés de
lames ou feuillets verticaux. Ainfi c'eft à la nature
des fubftances & à la ftruêture des couches qu'elles ;
doivent leurs formes. D'ailleurs, comme les roches
feuilletées font moins dures que les grani-
teufes, mais plus dures que les autres fortes de
pierres, il n'eft pas étonnant que les maflifs des
aiguilles fe foient prêtés facilement à l'aétion fui vie
des eaux pluviales ou de la fonte des neiges , &
que de là les démolitions extérieures fe foient
opérées affez régulièrement, pendant que les centres
fe font confervés très-folidement.
Nous devons dire ici que c'eft dans ces fommets
que certains obfervateurs ont cru voir des
formes fartichaux, & ont voulu nous les faire en-
vifager comme les formes primitives des rochers
des Alpes. Cependant il y a grande apparence que
çe font les réfultats des deftru&ions des maffes
graniteufes , rayées ou talcites, découpées en
partie par l'aéiion des eaux & la fonte des neiges .
au retour de la belle faifon.
A iguilles (Cap des). l\ eft à. l'extrémité la
plus méridionale de l'Afrique, au trente-cinquième
degré de latitude auftrale. Il y a devant ce cap un
grand banc de fable connu fous le nom de Banc du
cap des Aiguilles. Ce cap a reçu cette dénomination
, parce que c'étoit uu des points remarquables
faifant partie de la ligne le long de laquelle l'ai*
guille aimantée n'avoit point autrefois de décli-
naifon. jj
AIGUILLON, petite ville de l’ancienne, province
de 1 Agénois > fituée au confluent de la Garonne
& du Lot, dans une vallée très-fertile.
Cette dénomination indique la forme que les lits
des deux rivières ont prife lors de-leur réunion.
Ce qui me paroît fingulier dans l'article Aiguillon,
au Supplément de X Encyclopédie, c'eft qu’il n’y
eft queftion que des établiflemens politiques, qui
ne donnent aucune idée de la fituation naturelle
de cette ville, & de l’angle de confluence des
deux rivières, qui a dû cepèndant frapper les premiers
habitans qui ont donné à c elieu, auquel la
ville a fuccédé, le nom & Aiguillon.
AIMANT, Magnes, mot tiré de Magnéfie,
lieu de fa découverte, pierre ferrugineufe qu'on
trouve affez ordinairement dans les mines de fer.
Sa couleur n'eft pas partout la même. Dans les
Indes orientales, à la Chine, & dans toutes les
contrées du nord, l'aimant eft de couleur de fer
non poli. En Macédoine il eft nôirâtre. Dans le
midi de l’Europe fa couleur tire pour l’ordinaire
fur le noir. Celui de Devonshire eft d’un brun
rougeâtre} celui de Lorraine eft gris; celui de
l’île d’Elbe eft brunâtre. L'aima*t eft plus abondant
en Norwège qu'en tout autre pays de l’Europe.
Nous favons d'ailleurs qu'une montagne qui
fait partie de la Cordillière, & qu’on nomme
Cerro de Santta Innés, eft prefque toute compofée
d’aimant. Il y a , fuivant M. Gmelin, dans la Tar-
tarie libérienne, une montagne dont le fommet
eft une efpèce de jafpe d'un blanc jaunâtre. A huit
roifes au deffous on trouve des pierres d’aimant
de trois cents livres, qui, quoique couvertes de
moufle, attirent un couteau par fa lame à un
pouce de diftance : çe qui eft expofé à l’air a plus
de force que ce qui réfide dans l’intérieur de la
terre, quoiqu'il foit plus tendre. M Gmelin.ajoute
que ces pierres font compofée s de plufieurs aimants
qui agiffent fuivant différentes directions.
Ce n'eft que depuis le treizième fiècle qu'on
connoît la propriété qu'a l’aimant de fe diriger
vers les pôles du Monde. Quelle révolution n'a
pas fait, dans le Monde, la découverte de cette
propriété ? L'aimant a établi une communication
entre les différentes parties du globe; c’eft par
ce fecours qu’on a fait la découverte du Nouveau-
Monde & d’une nouvelle route aux Indes orientales,
&c.
L’acier s’aimante beaucoup plus facilement que
le fer. Une aiguille d’acier aimantée, fufpenduè
fur un pivot, tourne toujours conftamment une
de Tes pointes vers un des pôles : tel eft le guide
qui conduit tous nos navigateurs au milieu des
mers.
Direction de l'aiguille aimantée.
L’aiguille aimantée ne pointe droit au nord que
dans très-peu d’endroits & en différens tems -, elle
a décliné tantofsà ? eft & tantôt à l’oueft, & même
avec beaucoup de variations- : ainfi elle ne montre
jufte ni le nord ni le fud.
A l’utve des Açores, appelée Corvo, il n’y avoit
point autrefois de déclinaifon, .& l'aiguille poin-
toit fort exactement au midi. Il en eft de même
de quelques autres endroits, mais non pas dans
toutes les parties de leurs méridiens. Dans les
lieux fitüés a l’eft de Corvo, jufqu’au promontoire
d’Afrique, nommé Capdes Aiguilles, à peu de dif-
tanee du Cap de Bônne-Efpérance, l'aiguille décline
à l’eft très-inégalement : de forte qu'aux îles
dè Triftan dAcunha, & à foixante-dix degrés au-
delà , la déclinaifon augmentoit jufqu'à environ
treize degrés, & enfuite elle diminuoit jufqu'aux
lieux voifins du Cap des Aiguilles y où il ne fe trou-
voitplus de déclinaifon. En allant de ce Cap aux
Indes, la déclinaifon avoit lieu vers l’oueft. À
Hambourg elle étoit de neuf degrés, à Amfter