
reculés , fi fa pofition dans l'intérieur des terres
en avoit rendu l’accès difficile. «.Peut-être, difoit
3> Strabon, d’après le phyiîcien Straton , le temple
w d’Ammon , jadis fi tué fur le bord de la mer, ne
fe trouve aujourd’hui dans l’intérieur des terres
» que depuis l’écoulement des eaux de la mer :
35 il ajoute qu’on était d’autant plus fondé à le
>> conjecturer , que vraifemblablement ce devoir
» être cette fituation fur le bord de la mer, qui
» dans l’ origine avoit contribué à rendre l’oracle
» d’Ammon fi célèbre & fi fréquenté. »•
Pour terminer cet article,, nous croyons devoir
reprendre tous ces faits & ces conjectures , pour
les difcuter très- fuccinClement en les réduifant à
leur jufte valeur.
La formation des pierres coquillères, que les-
voyageurs modernes ont trouvées non-feulement
dans les ruines du temple de Jupiter Ammon, mais
encore dans les couches-des montagnes qui fc-nt-
dilperfées en plufieurs lieux de l’Afrique fepten-
trionale qu’ils ont parcourus, eft1 d’une époque
tellement anterieure à la conftruCtion de ce temple,
& même à tous les-fÿftèm&s de fupetftition qui
ont rendu l’Egypte & ces contrées célèbres, qu'on
ne peut lier cette première opération de la Nature
à ces événemens moraux & modernes j par confé-
quent on n’a pu conclure des amas de coquilles
ÖC des pierres coquillères- qu’on a trouvés dans
l ’oafis de Jupiter Ammon , que fon temple avoit
d’abord "été conftruit fur le bord de la mer, ni
que la retraite de la mer, qui a quitté le dépôt'
qu’elle avoir formé dans les contrées qu’occupe
l’Afrique, comme tant d’ autres dépôts femblables
qu’on obferve le long de toutes lés-côtes de la
Méditerranée, foit poftérieure à la conflruCUon de
ce temple, parce qu’il fe trouve dans l’intérieur
des terres.
Il me femble que-Strabon & Straton ont très-
mal apprécié les époques de toutes les opérations
de la Nature-, dont les réfuîtats fe trouvent aux
environs de l’oafis d’Ammon : cependant il étoit
néceflaire de faire cetre analyfe préliminaire avec
le plus grand foin , pour rendre - rai fon-, tant de
l’état ancien des chofes, que des-accidêns poft'é-
rieurs , vdont les doubles réfuîtats s’obfervent dans
les oafis.
- On voit d’abord que les couches de pierres fo-
lidés, coquillères i ont été formées-dans l’Océan,
puis abandonnées par fa retraite j qu’enfuite les
chaînes de montagnes ont été tracées par l’appro-
fondifiement des valons, lefquels ont été comblés-
par l’invafion des fables. C'eft alors que les oafis-
de tout genre & de routé étendue-ont été diftin-
gués, parce que les fables n’ont pu s’ introduire
dans dès territoires abreuvés par des fources-rrml-
tipliées & plus ou moins abondantes: Dans cet état,
les premiers habitans s-ÿ font in t r o d u i t s y on*
fait des établiffémèris. On peut préfumer-que c’eft’
à cette époque, bien éloignée fans doute de la^
fqrmatipn des dépôts fouraarins & de-leur déccuverte
par la retraite de la mer, que l’on peut
rapporter la conftrudlion du temple de Jupiter
Ammon, qui fuppofe l’exiftence de; l’oafis au milieu
des terres & des fables, par les circonftances
que nous avons expofées, & nullement par celles
qivexigeroient les rivages de la mer.
J’ajoute ici une confidération générale, c’eft
qu’ il eft très - probable que tous les oafis ou lies
ont dû perdre chaque jour de grandes parties de
leur fuperfîcie première pat l'invafton & l'in—
trodudlion des fables 5 ce qui par011 une fuite né-
: Ccflaire de la marche de cette fubftance mobile ,
- & de l'aélion des vents très-fui vie-au milieu des
plaines de l’Afrique- f@ptentrio.nale. On doit donc
penfer que les habitations fe font reflerrées de plus
j en plus, & que la population a éprouvé des dir-
: minutions auffi confidérables.-
Je crois avoir indiqué, par des caractères'
i très-fi'mples & très-précis, l’ordre & la fuite des
f opérations de la Nature dans ce que nous offre
; l’Afrique feptentrionale, ainfi que les dîfférens
progrès des établiflemens humains , de manière
qu’on ne peut raisonnablement intervertir eet
ordre & ces progrès fins manquer à l'hiftoire na-
: turelle & civile de ces contrées.. ( Voyei^ O a s i s ,
| Sab les,S ources & Pierres coquillères. )
Appendice. A trois lieues avant d’arriver à
Syoüah^ on rencontre au pied d’une colline un
lac de fept à huit milles de circonférence , qu’ont
f formé le concours de plufieurs fources & la réu-
; nion d’un grand nombre de mares groffies à la fuite
- des pluies de l’automne.
Les montagnes que l’on fuit depuis Syoihh jufi*
! qu’ à la fertile vallée de Chiakhah s’élèvent bruf-
quement au deffus de la plaine. La forme> ex té rie ure
i descroupes de ces montagnes, compofées de bancs
| calcaires- horizontaux , indique que ces chaînes ,
j qui-règnent fur une vafte étendue de terrain, ont
j été formées dans le baffin de la mer j & ce qui le-
i confirme-, c’ eft que la plupart des bancs offrent
I dans- leur conftitution les débris de coquillages'
! marins calcinés*
[ Outre cela, on a rencontré au nord-oueft de
\ Syoiiah une-couche de fel-qui s’étend à un mille,
; &-qui fe-préfente à la.furfàce de la terre en petits
! matons. Dans la même contrée, on; trouve uni
grand nombre de fources, dont les unes donnent
dé l ’eau-douce- dans le voifiaage d’une eau falée.
AMMONIAC {Sel). Nous devons diftinguer
\&fél ammoniac des Anciens, de celui qui eft connu
actuellement'parmi nous. Autant que nous pou vons:
en juger.anjourd’hui, il paraît que ce fel étoit allez-
femblable-à notre fet gemme. Les Anciens lui ont
donné le nom àt-fel-ammoniac 3 parce qu’on lerrou-
1 voit enLybie-3 aux environsdu.temple de Jupiter
Ammon/On ne'fait pourquoi tant d’écrivains ont
dit que ce-fel venoitde l’ urine des chameaux,
laquelle étant defféchée-par l’axdeur du foleil, laif-
A M M
foit un fel fublimé fur les fablesbruians de l’Arabie,
& fur-les autres lieux arides de l’Afrique & de
l’Afie, où il paffe beaucoup de chameaux pendant
les longs voyages des caravanes. Cette opinion
eft peut-être fondée fur ce que l’on a dit que l ’urine
des chameaux entroit dans la compofition du
fel ammoniac, mais ce dernier fel n’a de commun
que le nom avec le fiel ammoniac des Anciens.
Nous connoifloris aujourd’hui deux fortes dit fel
ammoniac , !e naturel & 1 q faftice,. Le naturel fe tire
des foufrières de Pouzzol : il y a des fentes dans
quelques endroits de la Solfatare, d’où l’on voit
fortir la fumée le jour, & des flammes la nuit. On
entaffe fur ces fentes dès monceaux de pierre. Les
évaporations falines, qui font continuellement
élevées par les feux fouterrains, paffent à travers
ces moncèaux, & laiffent fur les pierres une fuie
blanche, qui formé après quelques jours une croûte
de fel : on ramaffe cette incruftation fous le nom
de fe l afnmoniac. Cette fuie ou ces fleurs Ont réellement
un goût de fel : elles fë fondent dans l’eaü.
Breislak nous apprend qu’on a trouvé, parmi lès
.produits de l’éruption du Véfuvè de 1794, du mu-
riate d’ammoniac çriftallifé, ou én rhombes, ou
en dodécaèdres, à faces rhomboïdales. Il ajoute
que quelquefois ce muriate d’ammoniac eft coloré
parle fer en beau jaune, brillant & tranfpàrent,
comme celui de la topaze.
Il a reconnu qufli que les deux plus grandes &
plus fortes fumeroles de la Solfatare étoient celles
qui donnoient le fe l ammoniac , & qu’ il y étoit
quelquefois configuré en croûtes tiffues par fila-
mens parallèles , femblablés au muriate d’ammoniac
du commerce, 8c d’autres fois en maffes
granulées & criftallifées en cubes.
M. d ’Herbelot rapporte, dans fa Bibliothèque
orientale 3 que dans le petit pays de Boton, en
A fie , il y a une grotte où l’on voit de la.fumée
pendant le jour, & des flammes pendant la nuit,
.& qu’ il fe condenfe fur les parois de cette cavité
un fel ammoniac que les habitans appellent nufeha-
der. La vapeur qui forme ce fel eft fi pénétrante ,
que les ouvriers qui travaillent dans'cettegrotte, y
péri fient lorfqu’ils y féjournent trop long-tems.
Nous avons deux fortes de Jel ammoniac fa ftice :
l’une vient des Indes ; elle elt de couleur cendrée
& en pains de forme conique, comme nos pains
de fucre.Nous tirons l’autre d’Egypte & de Syrie
par la voie de Marfeille : elle eft en forme de pains
ronds & plats, d'une palme ou deux de diamètre,
& de trois ou quatre doigts d’épaifleur. Ces pains
font d’ une couleur cendrée au dehors, & blanchâtres,
tranfparens & cannelés au dedans : leur
goût eft falé, âcre & piquant.
Il y a eu plufieurs opinions fur la formation &
la compofition du fe l ammoniac faftice ; mais nous
nous bornerons à rapporter ici les procédés de la
préparation de ce fe l, tels que le Père Sicard nous
les décrit dans les Nouveaux Méritoires des mijfion-
A M M 487
narres de la compagnie de Jéfus dans le Levant ,
tome -II.
« On fait du fel ammoniac dans plufieurs lieux
55 d’Egypte, comme Damaier & Mehaliéej mais
55 furcout à Damaier, qui eft un village dans là
55 partie de l'Egypte, appelée Delta 3 aux environs
55.de la ville de Manfoura. On met une certaine
55 fuie dans de grandes bouteilles dé verre, d'un
35 pied & demi de diamètre, avec un peu de fel
« marin, difibus dans de l'urine de chameau ou
33 d’autres bêtes de fomme : on remplit les bou-
53 teilles, jufqu’à la moitié ou aux trois quarts, &
33 on les range, au nombre de vingt ou trente,
53 fur un fourneau bâti exprès pour cet ufage. On
33 entoure les bouteilles avec de la terre glàife,
33 de façon que leur col ne paffe que d’un demi-
» pied au deffus de la terre : alors on met le feu
33 au fourneau, & on l’augmente par degrés, &
33 lorfqu’il eft pouffé à un certain point ôn l’en-
33 tretient pendant trois jours & trois nuits ; pen-
33 dant ce teins il fe fublime une matière qui V at-
33 tache au col des bouteilles, & il refte au fond
>3 une maffe noire : la matière fublimée eft le fe l
33 ammoniac. 11 faut, pour la préparation de cè le l,
33 une fuie qui ait été produite par les excrémens
33 des animaux & fürtout des chameaux. 33 Cette
faie eft fort commune en Egypte j car le bois y
étant fort rare, on brûle les excrémens des animaux,
mêlés avec la paille : on en fait de petites
malles femblables à celles que les tanneurs font
avec le tan, & qu’ils appellent mottes a brûler. En
Egypte on donne le nom de gelées à celles qui
font faites avec la fiente des animaux.
On a établi en France de grandes manufactures
où le fel ammoniac eft fabriqué de toutes pièces
fa r les procédés fondés fur les connoiffances chi-,
miques. C ’ eft furtout dans le-s grandes villes ’
comme celle de Paris, qué l’on peut ramaffer les
principaux matériaux qu’on emploie à cette fabrication.
On fait brûler, dans des fourrîaux à longs
tuyaux, ces matières animales ou qui ont fervi
aux animaux , lefquelles fournirent de l’alkalt
volatil : on y mêle du fel marin avec des matières
vitrioliques, qui dégagent fon acide j & celui-ci,
en fe combinant auflitôt avec l’ajkaü volatil, forme
le fel ammoniac, qui fe dépofe fur les parois des
tuyaux. Unefimple fublimation fuffit enfuite pour,
l’avoir parfaitement pur.
Nous finirons par définir le fe l ammoniac Ou
le muriate <f ammoniac, un fel neutre, formé par
la combinaifon de l’acide muriatique avec l’alkali
volatil, jufqu’ au point de faturation , & nous di-
rpns que ces deux fubftances y entrent en quantité
à peu près égales , & retiennent environ le douzième
de leur poids d’eau de criftallifation.
Am m o nia c ( Gomme réfine) , qui vient d’O-
rieht, & qui coule par incifion d’une plante du
genre des férules. Ce fuc concret eft tantôt eh gros
morceaux formés de petits grumeaux remplis de