
onyx & les plus belles agathes de tout l'Orient. Il y
îi dans ce pays une montagne nommée Sckibum,
•d'où l’on tire ces précieufes productions naturelles.
On nomme pierres de Moka de belles agathes
herboiifées j.qui font prefqu’auflî claires & tranf
parentes que du criftal de roche; çe qui fait que
l ’on y diftingue paifaitement les buiflons & les
branches d’arbres que ces pierres renferment.
On connoît fous le nom de léontésere une dès
plus variées de toutes les agathes des Indes orientales
8c des plus rares. Son fond eft jaune, veiné
d ’un rouge dè flamme, de blanc, de noir & de
vert. Ces deux dernières couleurs gjy trouvent
ordinairement difpofées en cercles excentriques :
quelquefois auffi toutes ces couleurs y font femées
fort irrégulièrement.
\yoodward appelle nicomia une efpèce d’agathe
grifâtre avec des veines rouges : elle eft irès-dure,
demi-tranfparente. On en trouve dans la province
cTYorck 8c en plufteurs autres endroits d’Angleterre
: elle eft par couches.
On connoît les agathes A’ Oberflein 3 toutes agathes
occidentales. D’après les différens renfeigné-
piens que j ’ai pu recueillir de l’examen des échantillons
de ces agathes 8c des carrières d’Oberflein,
il m’a paru que ces pierres fe trouvoient dans un
fol argileux q ui, en recevant, l’impreffion d’une
chaleur fouterraine, a éprouvé de cer tames refaites 3
defquelles il eft réfulte des vides la plupart arrondis}
que des -infiltrations poftérieures ont rempli
ces vides & y ont formé des efpèces de géodes ,
au milieu defquels font des criftallifations de la
nature des agathes.
Il fuffit d’examiner avec attention la pâte argi-
leufe au centre de laquelle fe rencontrent les géodes
pleines des criftaux qui conftituent les différentes
formes d’agathes, pour être convaincu que toute
cette malle a été chauffée dans les premiers tems
par les feux foucerrains.
Je dois faire remarquer d’ ailleurs que cette cir-
conftance des vides occafionnés par le degré de
cuiflon qu’avoit fubi ia mafle argileufe, nefuffiroit
pas pour expliquer le phénomène de la formation
des àgathes aux environs d’Oberftein ; qu’il eft né-
ceflaire de fuppofer en même temps dans cette
mafife cuite un dégagement & une préparation par
l’aélion du feu, des matières propres à cette formation;
dégagement qui a été te l, que l'eau infiltrante
qui a pénétré les maffes.cuites, s’eft chargée
aifémant & abondamment de ces matières pour les
dépofer dans les différens vides.
C ’eft d’après ces mêmes principes que j'ai cru
pouvoir expliquer la formation des agathes 8c des
chalcédoines de toutes formes, telles que je les ai
obfervées dans plufieurs endroits volcanifés de
l ’Auvergne & du Velay.
Je vais plus loin encore, & je dis que cette
.théorie me paroît devoir être appliquée à tous les
fols qui n’ont été que cuits. & chauffés par une
chaleur intérieure qui a pénétré les mafles fans les.
pôuflèr à un degré de fufion , laquelle les autoit
réduites, ou à l’état de feories 8c de laves fpon-
gieufes, ou bien à celui de laves compactes 8c de
ba faite.
Je le répète ; cette contrée eft un ancien fonds
de terre argileufe ou de fehifte, qui a été chauffé
allez vivement pour avoir éprouvé une retraite
confidérable en eonféquer.ce de cette cuiflon. L ’e f fet
principal de cette retraite a été de produire
dans toute cette mafle plufieurs cavités qu’une
infiltration a remplies de principes propres à la formation
des agathes en lames & en géodes. Lorfque
l’on a faifi la fuite de toutes ces opérations de la
nature, tous les phénomènes que préfentent les agathes
d’Oberftein s’expliquent aifément, & furtout
leur forme arrondie , ainfi que l’état de cuiflon de
la pâte au milieu de laquelle ces criftaux fe trouvent
difperfés. Nous devons nous borner ici à ces
confédérations.
Cependant il ferbît curieux de voir s’il n’y au-
roit pas des centres d’éruption autour defquelles
le feu, fe développant au dehors, auroit donnéune
forme de laves, foit compactes, foit trouées 8c
fpongieufes, aux matières à travers lefquelles le feu
fe feroit fait, jour. Pour appuyer convenablement
cette nouvelle confédération, il faudroit obferver
toute la contrée fous ces différens rapports, et il
en réfulteroit des conféquences très-inltrudtives
fur la marche des feux fouterrains 8c fur celle des
infiltrations qui ont eu lieu inconteftablement au
milieu de tous les maflîfs ou amas fournis à ces
feux , fuivant les différens degrés de leur aêtion.
Agathes. Après ces diverfes confidérations fur
les agathes, nous croyons devoir faire l’énuméra-’*
tion fuccinte de ces fortes de pierres, fuivant le
plan particulier de cet ouvrage , en parcourant
leurs diverfes efpèces colorées 8c les lieux qui
nous les fourniflent.
Nous défignons donc ici par le nom .général
à agathes toutes les pierres filiceufes à grain fin 8c
à poli brillant, connues dans le commerce fous les
divèrles dénominations de chalcédoines, cornalines»
fardoines , prajes, opales , &c. fuivant les couleurs
donrelles font ornées.
L‘agatne chalcédoineÇe trouve ordinairement dans
les anciennes laves dont elle remplit les vides; elle
y eft fous forme de géodes, dont l’intérieur eft ta-
pifîe de criftaux quartzeux : elle fe rencontre en
morceaux de dix à douze livres dans les couches
calcaires des environs du Havre.
L’Iflande & les îles de Feroé font lés contrées
de l’Europe qui fourniflent les chalcédoines les plus
fines & en même tems les plus volumineufes.
Elles fe trouvent, comme nous l'avons die ci-
deflus, en grande quantité dans les collines volcaniques
A' Oberfiein 3 au ci-devant Palatinat. ( Voye^
l’article G berstein. )
Lesnombreufes collines de la Daourie 3. aux environs
du fleuve Amour, fourniflent abondam,-
.ment des chalcédoines demi-tranfparentes comme \
.•de la gelée. « « • ; ■ , : :: • ' ' ;
Dans-les memes contrées on rencontre des chat-,
cédoines ious forme de géodes, dont l’intérieur;
jjeft rempli de imite ou poix minérale,
> Nous avons en Auvergne un canton bitümîneux;
■près le Pont-dû-Château, où l’on réneontfe fousi
différentes formes des morceaux nombreux de
chalcédoine. (Voye^ dans l ’article Auvergne la def-
cription de ce canton bitumineux. Voyeç auflî les;
Mémoires de l’académie des fciences pour l’année’
.1.773, pages 633 & luivantes, où l'es agathes ou
chalcédoines renfermées dans les laves fe trouvent
indiquées & décrites. ) Ces détails réparoîtront à
d’article Lave.
On trouve dans le ci-devant Dauphiné & dans ;
le Velay de petites chalcédoines dé formé lenticulaire
, qu’on a nommées pierres d'hirondelles, parce'
u’on en a vu , dit-on, dans les nids d’hiron--.
elles. ‘ ; • # .. j
On voit dans le Vicentin de petites géodes qui ;
renferment dès gouttes d’eau, & qui font de la na-j,
ture des chalcédoines, fi friables & fi poreufes , \
qu’elles reflemblent à un tuf volcanique, & qu’on
connoît fous le nom d’enhydres. ( Voye\ ce mot.)
Les agathes de couleur rouge ont reçu celui de :
cornalines. Les plus belles fe ramaflent fur les bords
de l’Euphrate, près de l’ancienne Babylone, ainfi
que dans l’Arabie heureufe, le long du golfe Per-
lïque & de la Mer-Rouge : on en trouve auffi fur j
les bords du fleuve Amour en Daourie , avec les
chalcédoines dont nous avons parlé.
Les agathes de couleur orangée portent, comme
on fait, le nom de fardoines : elles viennent dès j
mêmes contrées que les cornalines. On nous dit
que les anciens en faifoient grand cas, car on nous
apprend que Mithridate en ayoit quatre mille variétés*
On appelle onyx un mélange de diverfes fortes
d’agathes,dontles couleurs font difpofées en bandes
ou en couches parallèles Ou concentriques. Les
anciens tiroient les onyx de l’Egypte : elles viennent
maintenant par lecommerce de l’Afie mineure
& de l’Arabie.
Les plus belles agathes herborifées fe tirent de
Surate, dans le golfe de Cambaye; elles y font
apportées par les vailTeaux qui fréquentent les côtes
de Moka en Arabie.
■ On nomme ckryfoprafe une belle forte d’agathe
de couleur verte , qui fe trouve près de Kofmitz
en Siléfie, & dans le duché de Munfterberg., au
milieu d’une lave qui eft totalement décompofée ^
8c qui fert de gangue à plufieurs variétés d’agathes
& même à des opales.
Les opales font des calcédoines prefque tranf-
parentes, qui reflètent les couleurs dé l’iris : elles
fe trouvent, comme lès chalcédoines, dans lés anciennes
laves décompofées, en Saxe, en Chypre,
en Arabie, dans les Indes ; mais lds plus belles
viennent de la Hongrie dans une fuite de collines
volcanîfées, au pied du mont Krapach, près du
village dè Czarnifka, à quelques milles d’Eperies,
capitale du comté de Saros dans la haute-Hon-
Bî-ié. M . • ’ ' / 8 , ,
Vhydrophane ne paroît etre qu une opale peu
tranfparente &. qui a perdu la propriété de réfracter
les couleurs de l’àrc-en-.ciel, mais qui a
acquiis celle de devenir tranfparente dans l’eau:
elle fé trouve aux mêmes endroits que les opales.
Sauffure a parlé des hydrophanes de Mufinet, à
deux lieues à l’oucft de Turin pelles avoient é té
découvertes par le doêteur Bonvoifin.
A G D E , ville fituée fur la rivière d’Eraut : fon
territoire produit du vin, du b lé , de l’huile, de
la foie & du falicot, herbe dont les Cçndres font
dè la foude. Ses environs offrent des vertiges de
volcans éteints & des produits du feu très-variés
8c de formes d fférentes. Toute la contrée eft remplie
de laves, principalement depuis le capd’Agdè,
qui eft lui-même un volcan éteiht,julqu’au piedde la
mafle des montagnes qui commencent à cinq lieues
au nord de cette côte, & fur le penchant defijuell .si
font finies les villages de Livran, Peret, Fontèsl,
Nefiez, Gabian & Faugères.On trouve,:en allant
du midi au nord, un cordon fort remarquable, qui
commence au cap d’Agde & qui comprend les
mortts de Saint-Thibcry 8c de Gaufle, le pic de
la tour de Valros, le pic de Montredon & celui
de Sa/nte-Marthe auprès.de Caflan, dans le territoire
de Gabian. Ce canton a cela de remarqua:r-
b le , qu'il n’eft pfëfqùe qu’une mafle de lave, 8ç
qu’on obferve au milieu une bouche ronde d’environ
deux cents tbifes de diamètre. Si c’eft cellè
d’un volcan, il eft bien ancien. On trouve dans
tous ces lieux de la lave & des pierres-ponces.
Prefque toute la ville dePézenaseft pavée de laves.
Le rocher d’Agde n’eft que de lave très-durë, 8c
toute cette dernière ville eft bâtie de cette lavé
compaôte, qui eft très-ncire. Prefque tout le territoire
de Gabian , où l’on voit la fameufe fontaine
de Pétrole ( voye^ Gabian ) , eft parfème
de laves compa&es & de pierres-ponces.
On trouve auffi au Caufle de Bafan & dé Saint-
Thibery une quantité confidérable de bafakes,
qui font ordinairement des prifmes à fbf faces ^
de dix à quatorze pieds de long. Çés, ba faites fe
voient dans un endroit où les vertiges d’un ancien
volcan font on ne peut pas plus reconnoif-
fables. '
Les bains de Balarùc nous offrent partout les
débris d’un volcan éteint. On n’y renedntre què
des pierres-ponces de différentes grofléurs.
Dans tous les volcans qu’on peut obferver aux
environs d’Agde , on a lieu de remarquer que les
pierres qui font forties dè çes foyers ont diffé-
J rentes formes ; les unes font en fhàffes, contigiies,,
j très-dures & pelantes , comme le rocher d’Agde;
j d’autres ne font point ën maffé ce font des
{ pierres détachées , d’une pefanteur d’uné du