
des Quatre-Cantons. Cette rivière eft fujè.te à J
de grands débordemens , furtout au commence- j
ment de Ton cours , comme prefque toutes les J
rivières des Alpes , qui Torrent des glaciers. Elle
caufe fou vent de grands dégâts par les dépôts de
débrs pierreux qiTelle abandonne le long de Tes
bords dans les vallées d’Enge berg, Sec. (Voyei
E ngelberg. )
Nous ne rappellerons pas ici un grand nombre
de rivières qui portent lë nom A'Aa, parce que
nous n’avons aucune particularité phyfique fur
leur cours. Nous dirons feulement que cette dénomination
indique des contrées chargées d’eaux
ftagnanies ou courantes, parce'que aa paroîtêtre
un abrégé du mot aqua. Nous ajouterons enfin
qu’on en compte jufqu’à fept de ce nom dans les 1
Provinces-Unies , trois en Suisse , & cinq en
Weftphalie} au relie, ce font toutes petites rivières^
& dont le cours a très-peu d’étendue. .
A AIN-MARI AM ou Fontaine de Marie-.
Elle eft à deux cents pas du réfervoir de Silcë, >
fous une voûte du Mont-Maria, d’où elle coule
par un. conduit fouterrain.
A A IN -TO G IA R ou Fontaine des Marchands.
Elle fe trouve au milieu des ruines d’ une
ancienne ville de la tribu d’Abfalon, à une lieue du
T ab or , à l’orient. Ce lieu eft le paffage des caravanes
qui vont & viennent d’Égypte & de Jétü-
falem à Damas. Tous les paffaris juifs,, chrétiens &
turcs y paient un tribu qui revient à 20 sous de
France. Dans ces contrées, les fontaines d’eau
vive", ainfi que les puits, font des points remarquables
: c’eft pour cette raifon que nous
avons fait ici mention de ces deux fontaines.
A AM A , province de Barbarie, à quinze journées
de Tunis. On pénètre dans cette province
par une longue digue fort étroite , conftruite
entre deux rivières nommées les Mers de Pharaon.
Le fable mouvant que les vents tirent des
bords de ces rivières, eft fi abondant, qu’ il couvre
fou vent la digue, & la dérobe aux voyageurs:
Ceci prouve que toutes les terres baffes
du royaume de Tunis font expofées à l’inva-
fïon des fables qui gagnent de plus èn plus, ;
& couvrent dans plufieurs contrées les_ champs
cultivés , comme les habitations des cultivateurs. !
Cette invafion des fables eft un fléau qui peu à
peii détruira ces contrées, en les rendant inhabitables.
(Foy. Sables, Inondation des Sables,
T unis. )
A AR ou Ar . C ’e ft, après le Rhin & le Rhône,
la rivière h plus considérable de h Suiffe. Nous ,
diftinguërohs ici trois fources qui concourent à fa
férmation : la première, connue fous lé nom d‘Aar
fupêrieur, fort d’un glacier qui fait partie du mont
Grimfel > elle coule fort long-seras fous la raaffe
énorme du glacier, avant .de paroître au dehors. l a
fécondé fore d’une autre vallée de glace qui eft plus
vers le nord-eft, & qui aboutit aux montagnes du
Schreclchorn, vers.le Grindelwald. La première
fource de l’Aar fupêrieur , qui eft en partie. vifi-
b le , fe nomme Y Aarbach y la fécondé , qui eft
invifible , fe nomme Finjier-Aar ou Aar cache :
on la diftingue ainfi de la troifième fource,
connue fous le nom de Laater-Aar ou Aar apparent.
Les environs de toutes ces fources font
des montagnes toutes revêtues dé purés glaces ,
dont les extrémités laiffent voir les eaux qui
ont couru long-tems fous ces masses, & qui s en
échappent en torrent. On voit auprès de 1 hospice
du Gothard le premiér pont de bois conf-
; truit fur l‘Aar. Ce torrent coule , en écumant,
| dans une vallée'étroite, fauvage, & d’ une pro-
1 fondeur effrayante : il s’y précipite par faut s ,
avec grand fracas, durant un efpace de fept à
huit lieues j il fe grollit d'un nombre de courans
d’eau qui affluent de droite & de gauche èn caf-
cades très diverii fiées. Lorfque les neiges & les
glaces fondent , Y Aar roule de groffes pierres
mêlées de plus petits fragmens 5 & enfin, après
plufieurs enutes, ce torrent, moins tourmenté,
perd peu à peu de fa rapidité 3 & commence
vers Guttamen, à couler un peu plus lentement..
Cependant comme il reçoit encore plusieurs tor-
rens et ruisseaux dans le pays d’H a fli, il a un
cours précipité avant de fe jeter clans le lac de
Brientz. Jufqu’ à ce lac ses eaux font troublés,
& fes bords jonchés de débris de rochers &
de terres qu’il y dépofe à la fuite de fes débordemens
produits par la fonte des neiges. Après
avoir traverfé lé lac de Brientz dans fa longueur,
Y Aar en fort pour fe jeter de nouveau dans le lac
de Thoun. En franchiflant la digue du premier
la c , il-réunit fes eaux à'celles du Getlauderr,
torrent long & impétueux, qui m’ a paru avo-ir
formé les dépôts du pays d Interlaken. C ’e ft,
comme on v o it , dans la vallée de Y Aar que fe
trouvent les baffins des deux lacs de Brientz &
de Thoun. Dans ces lacs, & furtout dans le
premier, les eaux de ce torrent s’éclaircif-
fent, &.dépofent le limon, dont elles font chargées
, comme toutes les eaux des ruisseaux et
rivières qui prennent leurs fources dans les glaciers.
C ’eft au fortir du lac de Thoun que Y Aar
commence à être navigable. La suite de son cours
n’a rien de remarquable qu’une grande, vitesse»
Je ne m’occuperai ni du pays qu’il arrofe, ni
des villes qu’ il baigne, ni des autres rivières qui
s’y réunifient jufqu’à ce qu’il fe jette dans le
Rhin. U Aar eft poiffonneux ; il roule des fables
aurifères, mais fi pauvres, qu’ il s" ne paient pas
fouvent les frais du lava-ge. Sa navigation eft affez
dangereufe, à caufe des rochers qui fe trouvent
dans fon l i t , & dés tourbillons d’eau qu’ils, o c -
cafionnent. (lFoye^ Suisse , Hyd r o g r a ph if . )
La vallée de Y Aar eft une de celles où fe trou-.
vêtit des lacs qui ralentiffent la vîteffe des eaux '
courantes & les éclairciffent : leurs baffins font
aufli partie de ces vallées, comme je l’expliquerai
au mot Lac.
AB A , grande montagne de la Haute-Arménie,
à douze milles d’E'rzemm. L’Eupharte y a fa
fource, aufli bien que l’ Araxe. Cette chaîne de
montagnes a différens noms chez les auteurs anciens
& modernes. Les habitans des environs
la nomment aujourd’hui Caicol. oy. Euphrate
& A rménie , où toute l’hydrographie de ces
contrées fera décrite, & enfin notre A tlas, où
tous ces détails feront figurés & .décrits avec
foin & d’après les cartes de Danville. )
ABAISSEMENT des mers. Pour expofer
bien en détail ce qu’il importe de favoir fur
Ydbaijfemeht des mers & fur l’augmentation des
contînens en conféquence de cet abaijfement, il
eft néeeflaire de fuivre & de difeuter deux considérations
également importantes -, la première
aura pour objet l’étendue des anciens féjours de
l’Océan à la furface des terres fermes actuellement
découvertes, & celle des retraites qui l’ont
concentrée dans le baflin qu’il occupe. La fécondé
confidération fera connoître les principales ob-
fervations qui ont été entreprîtes pour déterminer
les démarches les plus récentes de la mer,
relativement à'fes rivages ; les opinions de certains
naturaliftes fur leur direction & leurs progrès ;
enfin, je terminerai le tout en montrant le peu de
méthode & d’analyfe que ces favans ont mis dans
l ’examen & la difeuflion de ce dernier objet.
L’étendue des anciens féjours de la mer doit être
naturellement déterminée par les dépôts, en couches
régulières, inclinées & horizontales, qu’elle
îi formés & qu’on peut reconnoître & diftinguer,
d’après les principes de la Géographe-Phyfique,
par les amas différens des coquil ages, fofliies &
des autres dépouilles des animaux marins. Ces
produits immenfes des anciens féjours de l’Océan
fur nos contînens font conftatés par des observations
multipliées que les naturaliftes de diverses
contrées &: les voyageurs ont faites & décrites
avec foin j ainfi l’ on ne doit avoir aucun doute fur
Y abaijfement des mers y & , quoiqu’ on ait trouvé des
difficultés corifidérables à expliquer cette marche
de l’Océan, ce fait n’en a pas moins été envifagé
comme une des opérations de la Nature les plus
certaines & les plus remarquables.
Ce n’eft pas feulement quant à l’étendue de
la fuperficie découverte, qu’on doit confidérer
Y abaijfement des mers & s’occuper de cet événement
important fuivant les principes de la Géo-
g aphie-Phyfique, .^convient encore d’en déterminer
les circonftances fes plus curieufes, en fixant
les limites des hauteurs & des points extrêmes
de l’ancienne élévation de l’Océan, défignes parle
« bancs de coquilles qui ont été trouvés fur les
fommets de certaines montagnes, jufqu’à quinze
cents & deux mille toifes d’élévation. On peut
aufli confidérer comme les limites de cette élévation
& comme des plateaux que la mer n’a pas
couverts, ceux d’un niveau fupêrieur. où l’on ne
trouve aucunes coquilles ni autrés productions
marines, ni enfin aucunes couchas horizontales
ou Inclinées, mais des granits & autres matières
vitrefcibles. 11 eft vrai cependant que certains
fommets où l’on ne rencontre point de coquilles,
& qui font entourés de chaînes couvertes de ces
produits de l ’O céan, indiquent feulement, par
ce dénuement, que les animaux à coquilles ne
s’y font pas habitués, & que les mouvemens de
la mer n’y ont pas amené .les débris de leurs
dépouilles,comme dans d'autres partiés du baflin.
de l’Océan.
D ’après ces principes on a donc des preuves
évidentes & inconteftables que les mers ont couvert
le continent de l’Europe jufqu’à quinze cents
toifes au deffus du niveau de la mer aCtuelle,
puifqu’on trouve des coquilles & d’autres productions
marines dans les Alpes & fur les Pyrénées,
jufqu’ à quinze cents toifes de hauteur au
deffus du niveau de la mer aCtuelle j car on ne
peut douter que les eaux de l ’Océan , dans le
tems de la formation de ces coquilles , ne fuite nt
de quinze cents toifes plus élevées qu’elles ne le
font aujourd’hui. ( Voye^ P yrenees , Mont-
Perdu, & c .) >
On a les mêmes preuves pour les contînens de
l’Afîe 8c de l ’A frique, & même dans celui de
l’Amérique , où les montagnes font en général
beaucoup plus élevées qu’ en Europe. On a trouvé
des coquilles marines à plus de deux mille toifes-
de hauteur au deffus de la mer’du fud. C ’eft dans
un banc fort épais, dont on ignore l’étendue, que
D. Ulloa a découvert ces coquilles, .lefquelies
font du genre des peignes ou des grandes pélerines;
& à l’ appui de cette obfervation , faite dans
les Cordiliières, à Cuenca-Velika , nous pouvons'
encore rapporter le témoignage d’Alphonse Barba
, qui nous apprend qu’au milieu de la partie
la plus montagneufe du Pérou, on trouve des
coquilles de toutes grandeurs, les unes convexes,
les autres concaves, & très - bien imprimées >
, ainfi nous indiquons ces bancs élevés de coquilles
, comme les anciennes limites de la mer
fur le fol Au Pérou , & fervant à déterminer
l ’étendue de la defeente des eaux de l’Océan
& fon àbaijfement au deffous de fon plus ancien
niveau.
Comment des changemens aufli confidérables
fe font-ils opérés ? Plufieurs naturaliftes fe font
plus attachés à recueillir les faits qui pouvoient
concerner ce problème important, qu’ à en ha farder
l ’explication} mais d’ autres, plus confians
dans les moyens que Leibnitz a imaginés, ont
adopté l.’ affaifl’ement des voûtes des Cavernes,
qu’ils qnt fuppofé exifter dans l’ intérieur du
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