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En lui van t les plans inclinés & les bords efcarpés
des vallées de ces rivières , on peut contempler à
Ton aife tous ces phénomènes j & comme fou vent,
dans les intervalles des angles correfpondans, il y
a des efearpemens des deux côtés, on y voit des
deftruéiions çonfidérables, produites par la rapidité
dés eaux courantes. Il eft aifé de remarquer
dans toutes ces vallées , que les éboulemens & les
decompofïtions s’opèrent par de très-gros trapé-
zoëdres j où les faces aplaties des plans inclinés,
& leurs revers un peu alongés, fe dillinguent au
premier coup d’oeil. .
Ce maffif de granit, mis à découvert par les
vallées des rivières qui l’ arrofent, fe prolonge jufqu’
à-la-plaine du Rhône, &:les collines qui bordent
fur la droite cette belle & large vallée, font'
de Ce granit.
H y a trois vallées principales, diftribuées à la
Superficie du plateau d’Annonay } celle du bourg
d’Argentai ou de la Diaume, celle de la Cance,
& celle de Santillieu ou la Day, lefquelles reçoivent
beaucoup de vallons latéraux, inclinés vers
les ouvertures ou débouchés de chacune d'elles,
& pour lors ces vallons affluent fous des angles
d’autant plus aigus, que leurs pentes font plus
rapides.
Les ruiffeaux ou rivières latérales tombent dans
les rivièrès principales de Cance & de Diaume par
des vallons auffi approfondis, au point de leur
affluence, que les vallées des rivières principales,
pourvu que ces rivières aient un cours un peu
étendu. En conféquence, ces vallons ont été dé-
barrages à leurs embouchures de tous les dépôts
qui s’y feroient formés.
En quittant le plateau graniteux d’Annonay, on
trouve 4 Andance des couches horizontales de la
derniëré époque, qui font adoffées contre les parties
intérieures des croupes de granit, depuis An-
dançe jufqu’àChâteaubourg, & même au-aelà : ces
dépôts appartiennent à la vallée-golfe du Rhône j
ils prouvent par leur difpofition, que la mer n’a
pu les former qüe depuis i’approfondiflement de
la grande vallée du Rhône , où elle a fait une in-
vafiori allez remarquable.
Hydrographie du département de IIArdèche.
Il me refte à faire connoître l ’hydrographie de !
ce département, & les diverfes pentes des terrains
dans les principales contrées dont j’ai fait
mention jufqu’à préfenr. Je commence par faire
remarquer d’abord que i dans cet ancien Vivarais,
les fommets des montagnes qui régnent & dominent
entre les revers à l’eft & à l’oueft, donnent
des eaux à l ’Océan & â la Méditerranée j & pour
defeendre de ces hauteurs , les eaux qui coulent
vers l’orient n’emploient, pour arriver au Rhône,
principal canal qui les reçoit, les conduit & les
verfe a la Méditerranée, qu’ un très-petit rfajet de
huit à dix lieues, & que de l’autre c ô té , yers
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l’occident, les éaux parcourent un fort long ef-
pace de terrain pour arriver à la Loire & à l’Allier
, conducteurs principaux de ces eaux courantes.
Je fuis maintenant l’Ardèche, qui a donné fôn
npp! au département. Je m’ attache a la pente qu’elle
m indique, qui eft dirigée du nord au fud, & en-
fuite vers l’eft, pour fe réunir à l’égout général,
qui eft le Rhône : c’eft auffi la marche de la Borne,
qui, après un trajet confidérable, fe réunit i l'Ardèche.
Je décrirai plus bas les diverfes rivières que
1 Ardèche embraffe dans fon baffin, &r q u i, après
un trajet plus ou moins long, fe jettent auffi dans
le Rhône ^ ces eaux courantes arrofent les contrées
méridionales du département.
Si je remonte jufqu’au-delà des fources de Y Ardèche
, je me trouve fur le plateau du Mezen,
nouveau centre éjevé d’ une distribution d’eaux
courantes , auffi importante que finguliérement
variée. Je trouve d’abord la pente étendue qui fert
de lit à la Loire, dont la fource fe trouvé fur les
limites du département, & verfe fes premières
eaux dans une direction de l’eft à l’oueft, lefquelle
s, après un long détour yers le nord, embralfent
toutes les rivières qui fortentdu plateau du Mezen
vers 1 oueft & le nord-oueft. J'ajouterai maintenant
que l’état des matières volcanifées du pla-
|| teau, lequel les difpofe à recevoir & à conferver
les eaux pluviales, eft une des circonftances qui
contribuent le plus à groffir les premières eaux de
la Loire. Le refte de l’horizon du plateau élevé du
Mezen vers l’eft & le nord, eft arrofé par des ri-,
vières dont le cours, dirigé vers la vallée du
Rhône, s y termine. J’ajouterai qu’à une certaine’
diftance du Mezen, & fur les limites du département,
fe trouve auffi la fource de l’A ilie r , dont
rt-C0 rFS Paro^ en général affujetti à des pentes
afiez femblables à celles du lit de là^Loire. m
. Si je prolonge mon examen jufqu’aux environs
d Annonay, j'y retrouve les rivières d’Argentai,
de Diaume & de Cance> qui coulent du nord au
fud, & enfuite gagnent la vallée du Rhône.
li en eft de même des rivières qui tombent à
Tournon & à la V o û te , & de la rivière de Da y,
qui coule dans l'intervalle de la contrée d’Afi-
nonay.
A rdèche , rivière dont le cours embraffe, dans
fa direction du nord au fud-eft, la plus grande partie
méridionale de l’ancien Vivarais 5 eile prend
fa fource aux environs de Mirabel. C eft là qu’ un
grand nombre de ruiffeaux qui fe précipitent de
cafcade en cafcade des montagnes voifines ,• forment
les branches lès plus éloignées de cette rivière.
Toutes cês ramifications fe réunifient en-
fuite dans les fonds de'cuve des vallées, comme à
Burzet, ou la rivière de ce gros'village, alimente6
par fept ruiffeaux, parcourt les vallées les plus
efearpées avant de fe réunir à Y Ardèche, ainfi que
les riyieres de Montpezat, de Jaujac, &c. qui
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n4en font plus qu’ une vers le pont de la'Baume.'
C ’eft dans cet état q u eY Ardèche continue fon
cours aù milieu d’un fol granitique, s’avançant
vers la maffe calcaire, q u i, fous Aubenas, pré-;
fente une face remarquable de couchés verticales
calcaires. L’Ardèche fe trouve enfuite à Vogué, ref-,
ferréè entre la fuite des murailles verticales des.'
mêmes roches calcaires : plus bas, la vallée de
Saint^Alban- donne à Y Ardèche les eaux de Chaf-.
fezac. Munie de ce nouveau fecours, Y Ardèche
pénètre à travers des roches vives & calcaires de
Sàmfori.
La comparaifon du lit de Y Ardèche ± tel qu’on
l’obferve de nos jours, avec celui qu’elle avoir en
1629, démontre que les rivières détruifent à la
longue les fdrrnes des terrains quelles baignent*,
& que cette deftiuêlion eft feufible lorfque la
pente de leur lit eft confidérable, tandis qu’ii faut
une fuite de plusieurs fiècles pour opérer tous ces
changemens lorfque le lit des fleuves eft très-peu
incliné.
Au deffous dé la tour de Salavas, où.ces def-
truétions fe remarquent j l’ Ardèche s’avance vers
le pont d’A r c , monument du travail de la nature.
Pour avoir une idée de ce pont naturel > il faut fe
repréfenter deux hautes montagnes coupées à pic,
qui bordent le lit de Y Ardèche à droite & à gauche
: ces •montagnes font l’office de>forte culée à
cet oûvrage majeftueux, qui s’élève.près.de deux
cents pieds1 au !deffus ’dés eaux, qui. eft;formé
d’une feulé roche. L’ouverture du pont d’Arc o ffre
tiilè' Voûte de qüatre-vingt-dix pieds, depuis la.
clef jufqu’au nivéaü moyen des eaux de la rivière
fa largeur , prife d’üne pile à l’autre vers leur bafe,
êft de cent’foixante^trôis pieds. Il eft aifé de comprendre
que toutes ces aimenfions doivent former
un ouvragé impofant j & quoique cette voûte
foutiennel une énorme montagne, les proportions
fupportent tout ce fardeau, qu’elle a confervé
jufqü’à nos jours pôur l’étonnement des natura-
liftes* I -
lie pont d’Arc: & cette montagne qui lui fert à
gauche de forte culée, offrent le fyftème d’un angle
failiant fort aigu , qui s’avance dans l’angle rentrant,
creûfé" jadis par Y Ardèche dans un rocher de
marbre compacte.
Dans les fortes erûes d’eaux, Y Ardèche regagne
encore de nos jours Cet ancien l i t } mais à force
de minér'Tângie failiant qui fé piéfentoit en face
au courant de fes eaux, cette rivière fe fit une
petite ouverture, qui s’agrandit enfuite à mefure
que la bafe du terrain, peu folide dans cette contrée,
fut mife à découvert. J’ai cru devoir indiquer
ce premier moyen qu’a rencontré, la nature
pour fè faire jour à travers cette matfew :( Hoyèç ;
l'article A b s o r S a n t . ) D ’ailleurs-, on obferve.à ^
coté; de la maffe du pont quelques cavités où les ;
eaux fouterraines ont pénétré, & ont fait des dé- \
pots de ftalaêlites, &c. Ce s circonftances peuvent •
nous donner une idée nette & précife de la mar-
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che de là nature dans la formation des’ Ponts
NATURELS.. .
La roche du pont d’Arc eft une forte de marbre
grifâtre. fort dur : il y a plufieurs fentes dans la
maffe, où l ’on diftingue d’ailleurs trois ou quatre,
traces dé couches horizontales.
Les eaux de YArdêcjte, après avoir paffé le pont-
d’Arc j fe dirigent vers le.Rhône j elles.fe répan-;
dent dans la plaine de Saint-.Juft, fbrmant.des. ma*
} rais, des aterriffemens confidérables & de nou-;
veaux lits , qui renverfent fpuvëfu les digues &
les obftaçles. qu’on lui oppofé fur. ce fo l, formé,
de cailloux roulés mobiles.
U Ardèche reçoit dans fon lit divers: ruiffeaux,.
remarquables par leur paffage du fol.granitique au
fol calcaire, & parles vues qu’offrent ces paffages!
différens. •
i° . La Lehde, qui defeend de Chazaux , parcourt
des terrains granitiques jufqü’ à la Cairié,
où cette petite rivière pénétré entre la maffe gra-
niteufe» à .droite^, & la maffe calcaire à gauche.^
Le ruiffèau de Id'Lende mine de préférence la pre?-
mière maffe, parce qu’elle eft dans un état fingu-^
lier de détompofition.
Arrivé à Rouftany, le ruiffèau de la Lende entre
pour toujours dans le terroir calcaire , prolongé
jufqu’ à la mer.
, 2°v La L:gne , ruiffèau qui fort des montagnes
de Pruneùs traverfe jiifqù’à l’Argeritière des fols
granitiques.'Arrivée fous le Mont Bedéret, éllè
fèriçontre lés couches calcaires horizontales. La
Ligne divife/enfuitè dès fchiftesr à couches hori-
zpntales , qui font effervefeencé avec lés acides ,
& reçoit le ruiffeaû de Rombreu ; qui fort du fol
grafiitiquë, & celui des.Fées, qui a creufésun lit
bordé par deux chaînes de montagnes , dont la
partie fupériéure eft granitique, & la partie infé-
rieure ëft calcaire.
3°. U lb ie , torrent dangereux, parce que la
pente de fon lit eft rapide, & parce que fon cours
eft en ligne droite, prend fa fource vers Saint-
Jean avec le ruiffèau de YAdvegne & une branche
de la rivière d’Ecoutay j il ne pénètre dans aucun
terrain calcaire j il offre dans fon lit quelques cail-r
loux bafaltiques.
. 49. La rivière d'Ecoutay eft remarquable en ce
que du côté droit elle ne. reçoit aucun ruiffèau,
tandis que fur la gauche elle : en-reçoit. un grand
nombre qui defeendent des hauteurs volcaniques
du Coiron. En fuivant. fon cours, on reconnoîc
que fon baffin eft horizontal, fehifteux & fuccelfir
vement calcaire, tandis que ce baffin fe prolonge
fur les croupes du Coiron, dont la pente rapide,
outre qu’elle ne fe pénètre que .fpiblement des
eaux pluviales , verfe tqut abondamment dans la
rivière j qui fert .d-égoût naturel. La rivière d’E-
coutày fe jetter dans le Rhône à Viviers, roulant
:des caillpux de bafalte arrondis, & d’autres laves
moins compa&es.
y 9. Les rivières de Lave^on & de Peyre fe jetr