
drai, non-feulement l'indication des moeurs, dés
caractères des peuplades diftiibuées le long des
bords de l’Océan , & toutes les preuves que nous
y trouverons de leur introduction commune dans
le continent, mais encore les diverfes formes de
terrain & les dentelures de la terre ferme, comme
promontoires y caps , havres 3 leurs entrées, ports ,
& c . & pàrmi les formes du terrain j’indiquerai
les montagnes de l’ intérieur3 les collines, les vallées
& les eaux courantes, fournies par les pentes ;
enfin les rivières & leurs embouchures, & les effets
des marées dans ces embouchures.
Au refte, je crois devoir renvoyer à notre Atlas,
où l’on trouvera des développemens plus étendus
fur plufieurs points géographiques, qui feront figurés
en détail fur les cartes.
Je commence par la Californie, la partie la plus
méridionale de cette côte nord-ouelt. C ’eft,
comme nous l’avons déjà' d it, la plus grande des
peninfules : elle s ’étend du cap Blanc jufqu’ au cap
Saint-Lucas, latitude 32? elle eft bornée par un
grand golfe appelé la mer Vermeille3 qui eft abreuvée
par les vaftes & impétueufes rivières de Cole-
rado & de Cocal. La côte occidentale eft couverte
de fables ftériles, & de chaînes de montagnes,‘au
milieu defquelles font des volcans, tant dans la
terre-ferme que dans les îles. Le côté oriental
offre plufieurs plaines étendues, & des vallées ar-
rofées par un grand nombre de ruiffeaux. C ’eft à
la faveur de tous ces avantages naturels, que cette
contrée eft peuplée d’arbres qui donnent des fruits
de diverfes efpèces.
Les naturels, avant l’arrivée des Européens,
alloient prefque nus,fans aucun fentiment de leur
nudité : la tête étoit la feule partie du corps à
laquelle ils donnaffent quelqu’attention ? ils 1 en-
touroieift fi-’ un réfeau orné de plumes, de fruits
ou de nacre de perles. Les femmes portoient un
tablier natté, très-propre, qui leur tomboit fur
les genoux : elles jetoient fur leurs épaules la peau
de quelque quadrupède ou de quelque grand oi-
feau, & fe coiffoient à peu près comme les hommes.
Leurs armes étoient l’arc, les flèches, les
javelines, les dards barbelés, qui leur fervoient,
ou pour la guerre, ou pour la chafle.
Dans l’art de la navigation, ils n’ont pas été
au-delà de certains bacs formés d’un petit nombre
de troncs d’arbres, liés parallèlement enfemble,
Ôc avec lefquels ils ofoient braver les flots de
l’Océan qui baignoit leurs côtes. Ils n’avoient
point de maifôns. Pendant l’ été ils fe garantif-
foiént des rayons du foleil fous l’ ombrage de leurs
arbres, & la nuit ils dormoient fous un toit de
branchages, fufpendu au deflus d’eux. Dans l’hr-
Ver ils habitoient dans des fouterrains qu’ ils fe
creufoient, à Limitation des animaux. Tel était
du moins leur état en 1697. Mais nous devons
croire qu’ il a éprouvé de grands changemens ,
furtout depuis que les Jéfuites y ont formé des
établiïfèmens & des miflions aflez étendues, qui
y ont eu quelques fuccès. Le fol 8k le climat, furJ
tout ceux deMonterey , à 36 degrés de latitude,
font propres à tous les végétaux, & il s’y fait de
très-bon vin dans les vignes plantées par les colons
qui s’y font établis.
Les naturels forment une belle race d’hommes
grands & bien faits, avec de beaux cheveux noirs;
flottans fur leurs épaules , & font vêtus de peaux
couleur de cuivre.Nous n’avons qu’un détail très-
imparfait fur les animaux de cette péninfule : il
eft certain néanmoins qu’elle poffède, foit en quadrupèdes
, foit en oiféaux , tous ceux qu’ on a
trouvés dans le Nouveau-Mexique & la Nouvelle-
Efpagne.
Cette contrée fut découverte fous les aufpices
du grand Cortès & de dont Antonio de Mendofa,
vice-roi, en 1539, par François d’Ulloa, & en
1540 par Fernando Alarchon, qui connurent bientôt
la prefqu’ ïle & les autres régions voifines, lesquelles
offrirent aux Efpagnols différentes fources
de richeffes. Les navigateurs decestems modernes
ont pénétré jufqu’à la latitude 42 , & ont nommé
en l’honneur du vice-roi, le point le plus reculé
de leurs découvertes , Cap de Mendoza,
En 1578 le célèbre navigateur François Drake,
anglais, toucha d’abord fur cette même côte à la
latitude 43 ; mais la rigueur du froid, quoiqu’au
y juin -, le détermina à defeendre à la latitude 38,
ou il jeta l’ancre dans une très-belle baie : il trouva
que les habitans étoient une belle race, comme
les Californiens, nus comme_eux, & portant les
mêmes coiffures? que leurs femmes étoient habillées
comme celles de la prefqu’île. Drake nomma le
pays dont il prit poffeflion Nouvelle-Albion 3 à caufe
de fes rochers blancs : il vit cette contrée comme
une vafte garenne de ce qu’il nomma une étrange
efpéce de lapins, dont la tête étoit femblable à celle
des nôtres, avec les pieds d’ une taupe & la queue
d’ un rat. Ils ont fur chaque côté de la mâchoire
inférieure un fac où ils font revenir leur nourriture.
Le menu peuple fe nourriffoit de ces animaux
, & là cafaque du chef de la contrée étoit
faite de leurs peaux. Il faut rapporter cette efpèce
à la claffe des rats qui ont des poches à chaque
mâchoire.
Deux fièclés après cette date, la côte a été de
nouveau vifitée par un autre Anglais qui, du côté
des talens, peut être comparé à Drake. Le capitaine
C o o k , le 7 mars 1778., eut la vue de la
Nouvelle-Albion à la latitude de 44 degrés 33 minutes
, & à environ huit lieues de diftance. Là,
ainfi que dans toute la route, à partir de la Californie
, la mer a de foixante-treize à quatre-vingt-
dix braffes de fond ; la terre eft d’ ufie hauteur
modérée, & diverfifiée par des collines & des vallées
s & partout couverte de bois qui s'étendent
jufqu’au bord de la mer. Au cap qu’il vit le plus
au-rnidl il donna le nom de Càp Grégoire 3 lu,titude
43 degrés 30minutes, & celui de Cap Perpétue au
fnivant, latitude 44 degrés y y minutes, & la première
terre qu’il apperçut il la nomma le Cap
Foui- JVeatherow (du mauvais Tems). Toute la côte,
fur une grande étendue, eft à peu près uniforme,
prefque droite m fans havres, ayec une grève
blanche, qui forme le rivage. Tandis qu’il longeoit
la côte il vit, une terre vers la latitude de 43 deg.
10 minutes, prefque dans la fituation du Cap Blanc
de Saint-Sébafiien, découvert par Martin d’Aquilar
en 160.3, un peu au nord de Y Oregon ou la grande
rivière de l’oueft, qui fe décharge dans la Mer
Pacifique.
Le capitaine Cook continua fon voyage vers le
nord ? mais les raffales & les brouillards qu’ il ef-
fuya dans le trajet de quelques degrés, depuis la
latitude yo jufqu’à celle de y y , l’empêchèrent de
faire les obfervaticns qu’il defiroit. A la latitude
48 il chercha en vain le détroit de Juan de Fuca.
C ’ eft une fiétion que le prétendu pailàge de l’amiral
de Fuentes en 1A40, qu’on place à la latitude
de yo degrés 1 minute, q ui, fuivant une carte,;
rend dans celui de Fuca, & , fuivant une autre
carte, dans une vafte mer méditerranée, appelée
la Mer de l'Oueft. On a fait des recherches exaétes
fur ces paflàges dans l'expédition efpagnole de
*775» & Ie réfultat a été un démenti à ces étranges
fiélions. Mais du moins le fruit qu’on en a tiré,
c ’eft de remplir un vide dans les cartes, .en nous
procurant la découverte de cette étendue de côtes
que le capitaine Cook fut obligé d’abandonner.
Au refte, nous la retrouverons dans notre Atlas,
d’après Vancouver.
n o o T K A.
À la latitude 49 le capitaine Cook trouva un
abri fûr dans un navre qu’il nomma le Détroit du
roi Georges, & qui eft plus connu fous le nom de
Nootka, que les naturels lui ont donné. Les rivages
font pleins de rochers, & d’ailleurs, dans le détroit
même paroît l’extrémité d’une des branches
de la chaîne dont nous avons fait mention eide
ffus : elle fe termine ici en hauteurs inégales,
efearpées, avec collines diftribuées en filions mon-
tueux , & des fommets fous formes de cônes tronqués.
En général, toutes ces maffes font revêtues
de bois juiqu’aux fommets : s'il y a des exceptions,
la nudité de ces parties de côtes met à découvert
les matériaux qui les compofent: ce font des rochers
& , dans certains endroits, des couches j
accidentelles de moufles & d’arbres pourris.
Ces arbres étoient le pin de Canada, le pinus
filyefiris| pin de Genève ou d’Ecofle, & deux ou
trois autres efpèces j 1 ecuprejfus thyoides ou le cèdre
blanc. Les pins de cette contrée font d’ une grande
forte ? car quelques-utis ont cent & cent vingt
pieds de haut, & paroiffent fort bons pour les
mâts & pour la conftruétion des navires.
Les dimenfions de quelques-uns des canots du
détroit de Nootka démontrent bien leur énorme
grofleur. Effe&ivemenr, ces canots, faits d'un feul
arbre creufé, peuvent contenir vingt personnes,
& ont fept pieds de largeur fur trois pieds de profondeur?
c’ eft à peu près la même forme que les
monoxyla des anciens Germains & Gaulois? mais
ils font beaucoup mieux faits & mieux travaillés.
Les anciens Européens étoient contens dès que
leurs canots pouvoient flotter. Les canots du détroit
de Nootka fe rétréciffent vers la tête, & forment
une proue très - alongée, & à la poupe ils
décroiffent fubitement en largeur, & fe terminent
par une tranche carrée.
Les marées de jour , deux ou trois jours après
la pleine ou la nouvelle lune, montent de huit
pieds neuf pouces, & celles de nuit s’élèvent de
deux pieds plus haut.
Les habits de laine font très-communs chez les
habitans de ce détroit, & font fort bien manufacturés
par les femmes? ce qui prouve qu’ il fe
trouve dans cette contrée des animaux de l’elpèce
des moutons. Mais d’ailleurs, les matières de la
plupart des autres vêtemens paroiffent tirées du
renard & du lynx ou panthère? d’autres, dont le
duvet eft de la plus grande finelfe, ont é té pris
probablement du boeuf mufyué. Le feul animal qui
foit particulier à cette contrée eft la loutre de
mer : elle s’étend d’ailleurs au midi le long de la
cô te , jufqu’à la latitude 4 9 , & remonte au nord
jufqu’à celle de 60. Les autres quadrupèdes ob-
fervéspar les navigateurs qui ont vifité cette côte,
lui font communs avec ceux de la côte orientale
de l ’Amérique feptentrionale.
On pourroit faire mention de ces petits perroquets
& cricks à b e c , pieds & gorge'rouges, qui
ont été vus par M. Maurelle vers le port de la
Trinité, latitude 41 deg. 7 minutes, & de grandes
volées de pigeons dans le même voifinage : c’ étoit
au mois de juin ? peut-être étoient-ils dans le cours
de leurs migrations, & lorfque les navigateurs ont
atteint les côtes : c’étoit le 29 mars. Quant aux
grands perroquets, il eft poflible que ces efpèces
ne s’étendent pas vers le nord & jufqu’ à Nootka;
car fur la côte orientale du continent ils ne remontent
pas plus haut, même l’é t é , que la province
de Virginie, latitude 39 , & dans le milieu
des terres à la latitude de 41 degrés l y minutes,
où ils fréquentent par légions les bords méridionaux
des lacs Erié & Michigan.
On a vu aufli dans cette contrée, par légions,
un autre oifeau délicat, une forte de fuce-miel
ou hummingbrid. Parmi les aquatiques on y a ©b-
fervé le pétrel noir ou brife-os des Efpagnols,
qu’on rencontre depuis les îles KuHles jufqu’ à la
terre de Feu, ainfi que le plongeur du nord ? enfin
une efpèce de grands canards à bec rouge, & des
cignes retournant au nord vers les lieux de leur
ponte. Les cormorans communs s’y voient aufli
fréquemment.
Les habitans de ce détroit ont une phyfionomfo
& une eonftitution différentes de ceux qui vivent
dans les contrées plus méridionales : ils font en