
la zone torride..io°. Il y a dans certains endroits
un automne continuel 3 en d’autres, il y en a deux
dans l'année, & dans les auties on en a deux une
partie de l’année feulement.
E f f ets de la retraite de la mer.
Il ne me refte plus qu’à fuivre les traces d’un
événement très-iîngulier, qui confifte dans 1 écoulement
des eaux de la mer lors de l’apparition de
nos continens. Les diverfes directions fuivant lef-
quelles les eaux fe font retirées, ont dû encore
vraifemblablement dépendre de plufieurs mouve-
nvens, les uns généraux autour du g lo be, & les
autres particuliers dans chacun des baflins des
grands fleuves. Pour en découvrir les empreintes ,
rien ne nous les repréfente plus parfaitement que
la direction des eaux courantes actuelles, & c’eft
aufli dans ces vues que je me fuis attaché adonner,
le plus exactement qu’il a été poilïble, l’hydrographie
des deux Amériques; ainfi, depuis les grands
fommets des Andes , des Mato-Grcffo, jufqu’aux
rivages de la mer, nous pouvons fuivre ces diffé-
rens écouîemen?des eaux, les uns dans la direction
de l’oueft à f e f t , les autres de l’eft à l'oueft 3 enfin
ailleurs , du nord au midi, & du midi au nord. 11
n'y a pas de doute que toutes les vallées qu’on
rencontre à la furface de la terre ne foient les
effets naturels, non-feulement de la première mar- *
che des eaux, mais encore de celle qui ad û fuivre
la découverte entière des deux continens. C'eft
ainfi que les pentes font courtes & rapides vers de
cet tains afpeCts de l’horizon , très-alongées & fort
douces vers d’autres afpeCts. C ’eft aufli pour cela
que nous avons réuni fous le même coup d'oeil les
différens fommets qui ont donné la direction aux
grands fleuves , & que nous avons indiqué la dif-
pofition générale des terrains. 11 eft aifé de comprendre
que f i , dans certaines contrées, les rivières
& les fleuves „coulent d’occident en orient,
les parties les.plus élevées des contrées qu’ils tra-
yerfent'Tont à l'occident de leur cours, & qu’ainfi
ces fommets doivent avoir leur dire Ction, non de
l'occident vers l’orient, mais du nord au midi,
comme ils l’ont effectivement. C ’eft pour faire
connoître les principes de cette hydrographie phy-
fique, que nous tracerons fur le globe les fommets
de tous les continens découverts, & que nous
ferons figurer les pentes qui vont fe terminer aux
différentes mers.
Effectivement, m l'on confidère Phémifphère
terreftre dans tout fon enfemble , on voit qu’il eft
bordé du fommet de toute l’Amérique, qu’ il n'a
qu'un revers très-court jufqu'i la mer du fud , &
qu’ il eft hériffé des plus hautes & des plus longues
montagnes du Monde. Il n’y a pas, comme nous
l’avons déjà d i t , un fleuve & une rivière notable
qui fe rende de ce côté dans cette mer. L’on n’y
voit que des eaux courantes courtes & rapides , :
qui nous démontrent l’efcarpement générai de tout ‘
l’hémifphère terreftre à l’occident. Il n’en eft pas
de même dans la partie orientale. Nous renvoyons
à l’article H y d r o g r a p h i e p h y s i q u e , où nous
développerons toutes les circonftances de ces dépolirions
des fommets par rapport aux mers orientale
, glaciale , des Indes, &c.
Dans l’Amérique méridionale, cette pente rapide
côtoie la mer du fud , & les points de partage
des eaux font toujours plus près des mers
de l’oueft que des mers de l’eft ; ainfi les revers
des montagnes qui ont une marche très-confiante
comme elles, font toujours beaucoup alongés vers
fe f t , & raccourcis à l’oueft: On voit que les mers
des rives occidentales font toujours plus profondes
& bien moins peuplées d’ües que les orientales ,
& qu’enfin tout reprélente fur la furface de la terre
l’empreinte d’un écoulement général d’occident en
orient, lequel, comme fait le moindre ruifîeau , a
raccourci tous les revers fur lefquels il tomboit,
& n'a fait aucun tort à ceux qui ne lui étoient pas
oppofés.
Si nous reprenons maintenant toute l’Amérique
d’après ce même point de v u e , nous verrons qu’il
n'eft point de partie du Monde où cette admirable
régularité (bit plus confiante. L’ on v o it , en Amérique
, le fommet des continens fuivre êr côtoyer
prelque toujours la grande mer du fud, & s’éloigner
des rives orientales. Cette chaîne, qui fort
des contrées inconnues du nord, y laifle à l’orient
les vaftes revers arrofés par le Saint-Laurent, le
Miffiflipi & le Rio-Salado, pour traverfer le Nouveau
Mexique , & s’approcher de la mer Vermeille
: outre cela , elle traverfe enfui te la Nou-
velle-Efpagne, dont le continent eft fort étroit 5
mais néanmoins elle en laifle à l’ orient la plus
grande partie, & il eft à croire que les eaux du golfe
du Mexique l'ont bien entamée & raccourcie.
Les fommets, après avoir paffé Panama, régnent
d ’une façon furprenante, fous le nom d’Andes &
de Cordilliéres, tout le long du Pérou, du Chili &
des terres Magellaniques, en côtoyant fans cèffe
la mer Pacifique, & laiffant à l'orient les grandes
terres arrofées par l'Orénoque, l’Amazone & la
P lata.(P o y^ / 'Hy d r o g r a p h i e p h y s i q u e , R et
r a i t e d e s m e r s , A p p a r i t i o n d e l a t e r r e -
f e r m e . ) .
C o n s i d é r a t i o n s g é o g r a p h i q u e s .
Je crois qu’il convient de terminer ce que j’ai à
dire fur l’Amérique, par les confidérations géographiques
de Buffon fur cette partie du Monde,
& d'y joindre les réflexions que ces confidérations
doivent naturellement infpirer.
Buffon fait envifager !’ Amérique ou le nouveau
continent comme une bande de terre, dont la plus
grande longueur doit être prife depuis l ’embouchure
du fleuve de la Plata»jufqu’à cette contrée
qui.s’ étend le long des bords du lac des Afliniboïls.
Suivant lui, la fuperficie de la terre-ferme que traverfe
cette ligne, peut avoir deux millions cent
quarante mille deux cent treize lieues carrées, ce
qui 11e fait pas la moitié de l’ancien continent 5 car
toutes les terres réunies enfemble, tant de l'ancien
que du nouveau contnent, font environ, fi 1 on
s’en rapporte aux appréciations oe Buffon, fept
millions quatre-vingt mille neuf cent quatre-vingt-
treize lieues carrées ; ce qui n’eft pas à beaucoup
près le tiers de toute-la furface du globe, qui en.
contient vingt-cinq millions.
Buffon obferve que les deux continens font des
avances oppofées., & qui fe correspondent & fe
regardant 3 favoir, les côtes d’Afrique,depuis les
îles Canaries jufqu’ aux côtes de Guinée, & celles
de l’Amérique, depuis là Guiane jufqu’ à 1 embouchure
de Rio-Janeiro. Nous verrons, en décrivant
Y Océan atlantique , les conféquences qu on
peut naturellement tirer de ces formes coriefpon-
dantes.
Enfin, Buffon ajoute à ces obfervations deux
faits qui font affez remarquables 3 d abord il nous
fait confidérer l’ancien & le nouveau continent
comme étant prefqu’oppofés l’ un à l’autre : 1 ancien
étant plus étendu vers le nord de 1 equateur
qu'au fud , & au contraire le nouveau étant plus
prolongé au fud qu’ au nord de l’équateur. De même
le centre de l’ancien continent eft à 16 ou 18 degres
de latitude nord, pendant que le centre du nouveau
eft à 16 ou 18 degrés de latitude fud, en forte
que ces terres fermes & fèches femblent devoir fe,
co'ntre-balancer à un certain point.
Buffon ne fe borne pas à ces confidérations.
Dans l’article VI des preuves de fa Théorie de la
terre m relatives à la géographie, il hafarde une
fuppofition qu’ il eft facile de démentir & de détruire
par l’ obfervariorv, furtout guidée fur les
principes de Rouelle, relatifs aux cataéleres de
[’ancienne & de la nouvelle terre. Buffon voudroit
nous faire croire que les pays les plus anciens du
globe doivent être les plus voifins des deux lignes
qu’il a tracées au milieu des continens terreftres ,
& qui les divifent à peu près en deux parties égales;
& , par une fuite de cette prétention, il.ne doute
pas que les terres les plus nouvelles doivent être
[es plus éloignées de ces lignes, en même tems
qu'elles font les plus baffes.
Ainfi en Amérique, fuivant cette fuppofition,
la terre Magellanique, la partie orientale du Bréfil,
du pays^es Amazones, de la Guiane & du Canada,
font des'pays nouveaux. Une des preuves qu’ il
nous en donne, c’eft qu’en jetant les yeux fur les
cartes de ces contrées, on y remarque que les
eaux y font répandues de'tous côtés ; qu’ il y a un
grand nombre de la< s & de très-grands fleuves. Au
contraire , il regarde leTucuman , le Pérou & le
Mexique comme beaucoup plus anciens que ceux
dont on vient de parler, parce qu’ils font des pays
voifins de la ligne qui partage le continent de
l ’Amérique.
Mais les inégalités de la furface de la terre dans
cette vafte partie du Monde donnent d’autres détails
pour décider que telles contrées doivent être
rangées parmi les terres anciennes ou nouvelles.
Voilà quelle étoit la manière de raifonner de
Buffon, lorfqu’il s’agifloit de fe décider fur les
points les plus importans de la Géographie-Phyfi-
que. Ôppoîbns à cet échafaudage vague & fans principes
la lumière que nous offrent les découvertes de
Rouelie & de fes difciples fur la diftinltion de l’ancienne
& de la nouvelle terre , & fur la méthode qu’il
1 convient de fuivre pour les rcconnoître àdescarac-
1 tères invariables & très-apparens. Pour peu que
nous réunifiions les obfervations des naturaliftes
| éclairés, nous verrons qu’un grand nombre de pays J fitués dans le voifinage de la ligne tracée par Bnf-
I fon n’ont aucun des caractères qui déterminent
leur diflribution parmi les terres ancienne# dans
aucune partie du Monde. Ces mêmes obfervations
prouvent en particulier que, foit dans te Tucuman y
je Pérou ou lé Mexique , il y a des contrées qui
appartiennent à la nouvelle terre , quoiqu’elles
foient affez élevées, fort montueufes, & voifi-
nes enfin de la ligne qui partage le continent de
l’Amérique en deux parties égales, fuivant le cadre
imaginé par le Pline français. Au contraire , nous
lavons, par des rapports exaCts, que la terre des
Amazones, la Guiane & le Canada, que Buffon
place parmi les terres nouvelles, renferment des
contrées, dont les unes appartiennent à l’ancienne
terre graniteufe ou fehifteufe, & les autres à la
nouvelle, adoflees contre des noyaux de l ’ancienne.
Au refte, nous renvoyons .aux articles
C a n a d a êc G u i a n e , ou nous ferons connoître
en détail leur fol. Nous avons déjà indiqué de
grands amas de granit réfidans fur les bords de la
mer aux environs de New-York, & qui prouvent
que de grandes étendues de parties baffes & maré-
cageufes appartiennent inconteftablement à l ’ancienne
terre recouverte parla nouvelle. C ’eft ainfi
q u e , d’après les obfervations dont l’ufage a été
dirigé par les principes de Rouelle , les échafaudages
& les meprifes de Buffon difparoiffent entièrement.
Je conclus encore de cette diicuflîon, que
c’eft en s’attachant à cette double, bafe qu’on
i pourra éviter de pareilles meprifes, & qu’on écartera
toutes les fuppofitions aufli hafardées, répandu:
s avec profuuon dans les ouvrages qui traitent
de l’hiftoire naturelle de la Terre , & qui en ont
grofli le volume fans en avancer les progrès. ( Voyeç
ci-après G é o g r a p h i e des majfifs.)
AMERSFORT, ville des Provinces-Unies dans
la feigneurie d’Utrecht ; elle eft limée fur la rivière
d’Em. Le terrain qu’on trouve entre Utrecht &
âmtrsfort eft fort plat, & le fol en partie fablon-
neux. Les eaux courantes qui l’arrofent font fort
claires : l’on rencontre dans ce trajet des pâturages
, des cultures confidérables en blé noir, 9c
I quelques-unes en feigle & en avoine. En approchant
d'Amersfort on voit , à l’occident, une