
dans la mer du Sud, eft celui de Kamtchatka &
des îles Kuriles : on y trouve un grand nombre de
volcans, dont les uns font éteints, & les autres
brûlent encore. Ceux qui font de formation moderne
ont de fréquentes éruptions : tel eft celui
qui, le 8 janvier 1780, éclata dans File de Rach-
koke. L’éruption fut accompagnée d'un tremblement
de terre fort défaftreux.
y Les Kuriles femblent tenir par le nord-oueft au
Kamtzchatka, & par le fud-eft au Japon. L ’ infpec-
tion de toutes ces contrées fur la grande carte du
dernier voyage de Cook fait préfumer que la def-
tru&ion d’une grande partie des terrains qui for-
i^oient la réunion de ces îles, a été produite par
i’àétioh des feux fouterrairis.
Le volcan d’Avatcha eft le plus remarquable de
ceux du Kamtzchatka. Sa bafe s’étend prefque juf-
qu à la baie de ce nom : il eut une de fes plus violentes
éruptions dans l’été de 1737 : fa durée ne
fut que de vingt-quatre heures, mais fes effets furent
terribles. Le tremblement qui l’accompagna,
ht éfcrouler un grand nombre d’yourtes kamtz-
chadales. Pendant ce tems la mer, agitée avec un
bruit effroyable, quitta fes bornes ordinaires, s’él
e v a tout à coup fur le continent à la hauteur de
dix-huit pieds, & enfuite fe retira à une- très-
grande diftance.
Il y eut bientôt une fécondé fecouffe : alors la
mer déborda avec autant de violence que la première
fois j puis, dans fa retraite, elle recula fi.
loin, qu’ on ne pouvoit plus l’appercevoir.
Il faut.remarquer que Je feu volcanique fit les
plus grands-ravages à la pointe méridionale desKu- i
riles 5 en fécond lieu, que la retraite de l ’Océan fit :
apercevoir dans un détroit des chaînes de mon- 1
tagnes : d’où l’on peut conclure que les volcans
des Kuriles ont une communication avec ceux de
Kamtzchatka.
Des yingt-deux îles confidérables des Kuriles,
Mat/nai, la plus méridionale, eft fi proche du Jar
pon, qu’elle eft regardée comme’ faifint partie des
terres de cet Empire. Le détroit intermediaire n’a
pas trente lieues de largeur,
Second archipel.
Tout indiqué au Japon les traces du feu volcanique
: cette terre èft très-fujète aux tremble mens
dé terre. D’ un autre cô té , les volcans font très- !
jnomb.reux dans cet archipel :: on y voit deux î'és',
dont les montagnes jettent du feu par intervalles.
'JF eri eft de même du pic d’Afo & de celui de Fefi,
dont la hauteur eft fort confidérable. Le volcan
d ’Unfén , dont lefomme>offre des maffes brûlées,
lance Couvent des tourbillons de fumée & d’exha-
Jaifons fulfureufes. Noolçiindes montagnes ardentes.
fon’t quelquefois dés'volcans éteints, tels que
çeUii de F ig o ,, préfentai^ encore à fa cime une .
immenfe ouverture, monument d’un ancien inçen-
^W Tl/fe trouve auffi' cjan$ cette: contrée iine ilë"
où l’ on a obfervé une foufrière qui contient du
foufre propre à être recueilli. Cette île a été reconnue
dans la navigation de C o o k , & on y a
remarqué un cratère de volcan qui a confervé fa
forme de coupe} preuve de la fraîche date des
éruptions de ces volcans.
Troifième archipel.
Les Marianes forment une longue chaîne d’îles,
d’environ cent cinquante lieues , entre le Japon &
la Nouvelle-Guinée : Gemelli Carreri y a trouvé
quatre volcans allumés. 11 femble qu’on peut conclure
de ces faits, qu'il y en a beaucoup d’autres
dans les îles qui font plus au fud.
Quatrième archipel
Les Philippines, fi l’on rempliffoit les détroits
qui les féparent, formeroient un maflif de cent
quatre-vingt-dix lieues de l’oueft à l’eft, & trois
cents du nord au fud. C ’ eft un amas d’ïles qui
femblent jetées fans aucun ordre apparent au milieu
de la mer, & dont les hauteurs principales fe
perdent dans les nuages.
Les eaux chaudes y font fort communes, & les
volcans nombreux. Ûn des plus a&ifs de cet archipel
fe trouve dans l’ île Manille ,• il fume continuellement,
& jette des flammes par intervalles»
Les plaines voifînes font couvertes de fcories com-
minuées, fous la forme de fables & de pierres,
débris de laves.
Le 20 juillet 1767 il éprouva une éruption remarquable
, & il en foi tit des courans de laves.
Le volcan de Tarai a eu de même diverfes éruptions
mémorables , & , peu d'années- après , la
montagne même a difparu ,, & une lagune en a pris
la. place»
Nous devons de même citer parmi, les phénomènes
les plus terribles, une éruption qu’éprouva,
le volcan de l’île de Mindanao en 1640..
Cinquième archipel..
Si de la plus feptentrionale des Philippines on
prolonge à i’ett une ligne dans la mer du Sud ou
Océan équinoxiaL, on tombe dans-Xarchipel Sandwich
, qui offre un amas d’îles incendiées. L’île
à’ Owhyhée3 par fa forme, & furtout par le fom-
met tronqué qui s’élève vers fon-centre , eft l’ouvrage
du feu ; il-.fe nomme Roa. Son pic a deux
mille fix cent foix ante-dix toi fes d’élévation : il y
a d’ ailleurs des traces d’incendies volcaniques depuis
le Roa jufqu’aux bords de la. mer.. La petite
province de Kaoo préfente un fol entrecoupé par
des bandes noires qui femblent marquer le.cours,
d’une lave fortie du. cratère de la montagne de
Roa }, & qui eft prolongé jufqiià la’ mer. La pointe.1
fàiilante , formant un promontoire, eft compofée
de rcdiês brifécs. & pleines de fentes 3. elles font
amoncelées les unes fur les autres, pour fe terminer
en colonnes prifmatiques. ( Voye1 C o o k .)
Sixième archipel.
En defcendant au midi, vers le tropique du
Capricorne, on y trouve les îles de la Société, qui
font volcaniques, fi l’on en juge par Ota'iti, dont
il paroît que les rochers ont été brûlés, ainfi que
ceux des autres îles. D’ailleurs, cet archipel eft
prefque partout environné de récifs brifés, informes.
Il paroît affez vraifemblable qii Ota'iti s ainfi
que les îles qui l’entourent, font les débris d’un
continent que le feu volcanique a bouleverfé ,
parce que le fol, tout brûlé qu’il eft dans les montagnes,
eft encore vierge dans les plaines.
On peut croire que le groupe des Marquifes,
qui avoifine ce premier amas d’îles du coté du
nord-eft, eft auffi un archipel volcanique. Une de
ces îles, lu Dominique y & la plus confidérable,
offre vers fon centre des pics excavés au fommet
par des cratères, & lejefte de fa furface bouleverfé.
Septième archipel.
1Yarchipel-des îles des Amis fe dirige à l’oueft
de. ceux d’ Ota'iti & des Marquifes , & fe trouve
le centre de la bande des terres volcanifées, qui
occupe dans le grand Océan équinoxial un trajet de
quinze cents lieues. Le groupe des îles des Amis
renferme un amas prodigieux d’ îles, qui embraffe
près de trois degrés en latitude, & deux en longitude.
Cook en a défigné cinquante-un dans fa carte
géographique, & les naturels du pays lui ont af-
furé qu’ il y en avoit plus de cent cinquante.
La plupart de ces îles font volcaniques , & Cook
a reconnu le cratère d’Anamooka : il a vu fortir
de la fumée & des flammes du pic de Toofoa; il a
auffi obfervé que la pointe feptentrionale de celle
d’Amfterdam, nommée par les infulaires Tonga-
taboo, eft excavée 3 il a reconnu de même que le
fol de n ie d’Amatajfoa ëtoit couvert d’un fable
noir, & en s’approchant de la montagne du centre
il a vu fortir de fa cime des tourbillons de
fumée.
Huitième archipel.
Il y a dans les Nouvelles-Hébrides\ cinq îles qui
vomiffent des feux. L île de Tanna furtout eft re- j
marquable par un volcan d’ une grande activité, i
Autour de la montagne ardente, il y a dans la i
plaine,, des efpèces de fol fat ares qui exhaloient des
vapeurs fulfureufes, abondantes, lors de l’éruption !
du volcan. La Nouvelle- Calédonie eft une bande de :
terre affez étroite : les colonnes de bafaltes prif- !
matiques qu’on voit au promontoire de la Reine- \
Charlotteprouvent que les- feux fouterrains ont
ravagé cette île»
[ Je dois dire auffi que Cook a trouvé des pier-
; res-ponces & des bafaltes fur la côte de la Nou-
; yelle-Zélande.
Neuvième archipel.
Nous revenons maintenant aux îles de la Sonde
& aux Moluques, pour fuivre les traces des feux
fouterrains. L’île ae Sorca étoit autrefois une des
plus peuplées de cet archipel : une montagne ardente
s elevoit à fon centre, & n’occafionnoit
pas de grands défaftres par fes éruptions 5 mais en
1693 le cratère du volcan vomit du bitume & des
fubftances inflammables en fi grande quantité,
qu’il s’en forma un lac ardent qui s’étendit peu à
peu, jufqu’à ce que l’île entière ait difparu.
L’an 1646, au rapport d’Argenfola, le volcan
de l’ ïle de Machian s’ouvrit par une grande fente,.
& il en for tit tant de matières enflammées, que
plufieurs négreries furent confumées.
Les navigateurs de la compagnie hollandaife
nous repréfentent l’ île d’Amboine comme dévaftée
fans ceffe par les feux fouterrains. En 1672 plufieurs
montagnes ardentes éprouvèrent des érupotions,
i la fuite defquelles plufieurs villages furent
abîmés. Les contrées où s’exercèrent ces ravages
du feu, offrent encore des cratères qui ont jufqu’à
cent cinquante pieds de profondeur.
C ’eft;à Ternate qu’on trouve le volcan le plus
fameux des Moluques. Au centre de l 'île , fuivant
le rapport d’Argenfola, il y a une montagne qui
a deux lieues de hauteur : le cratère, dont l’ouverture
eft au fommet, a deux mille cinq cents
pieds de profondeur. C e volcan jette dans fes
éruptions beaucoup de foufre mêlé avec de la-
terre cuite & des pierres rouges. Si l ’on doutoit
de la hauteur du volcan, on pourroit fe rabattre,
en confidérant que, du bord de la mer au haut
de l ’ouverture du cratère on monte l’efpace de
deux lieues.
_L’ïle de Java, qui a deux cents lieues de l’eft
à l’oueft, fur une largeur de vingt à quarante,,
n’offre pas d’autre montagne ardente que celle de
Paranucan : il n’y a pas eu d’éruption conr.ue avant
x j86 : il eft vrai qu’elle fut terrible.
Sumatra eft coupée dans toute fa longueur par
une'chaîne de montagnes, à laquelle eft adolfe le
volcan de B a la tam peu redoutable dans fes e x -
plofions»
Dixièrne archipel.
S i , au fortir des Maldives y on prolonge fi navigation
vers l’Afrique , & qu’on double le cap
de Bonne-Efpérance, on ne rencontre dans cetté-
vafte étendue de mers aucun archipel avant le cap.'
Vert. Les dix îles moyennes & les quatre écueils*
qui forment Y archipel du cap V e r t , font volcaniques.
D’abord on y trouve l ’île de Feu3 qui nous eft.
repréfentée comme une feule mafiè montueufe .