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A b r i s qui font profpérer un grand nombre de productions.
Autour de la ville de Beiley on voit
pîufieurs h a u t a i n s 3 dont les intervalless enfemen-
cés en grains 3 en fourrages artificiels, préfentent
d'abondantes récoltes.
Les antres vignobles, outre cela 3 font nombreux
& bien cultivés. Effectivement, les vins du Val-
romey èc des environs du Btlley font agréables à
b o ire , Ton diftingue même le blanc de certains
lieux : ceux du Bas-Bugey font d'une qualité inférieure
, mais fort abondans.
On trouve aufll, dans cet arrondiflement, plu-
fieurs belles forêts de fapins , de chênes & d'autres
efpèces d'arbres , tels furtout que des châ- '■
taigniets & des noyers.
Il réfulte de là que cet arrondiflement offre de
toutes parts de beaux villages , des rivières poif-
fonneufes, des fources abondantes, de riches vignobles,
de beaux arbres 8c une végétation vigou-
reufe 5 ce qui annonce un beau climat agraire par
la multiplicité des abris.
Il ne me refte plus qu’ à indiquer des eaux minérales
, ferrugineufes , au village de T h o u i} 8c
à Peyrieu , une fontaine intermittente , donc les
retours méritent d'être obfervés 8c déterminés
avec foin. Enfin , je dois dire que l ’on contemple
avec plaifir, à Glandieu & à Serverieu , deux fu-
perbes cafcades où l'art femble s’être réuni à la
nature.
Arrondijfement de Trévoux.
- Si de ces contrées intéreffantes on paffe dans
la fcCtion fud-oueft de ce département, le con-
tralte eft frappant. De vaftes champs de feigles ,
des bois mal entretenus , beaucoup de terrains
vagues , des étangs très-nlultipliés fur une grande
etendue de terrain j des raffemblemens rares , auxquels
on donne le nom de villages ; des habit ans au
tein livide, vieux à trente ans, cadés 8c décrépits
à quarante, préfentent, dans cet arrondiflement,
une fcène bien affligeante pour les amis de l'humanité
& de l'agriculture.
Cet arrondiflement, placé" entre la Saône &
l'Ain , renferme plus de cinquante lieues quarrées
en étangs. Unmaraisconfîdérab’e nommé les Echecs 3
re fie d*un ancien lac; une plaine caillouteufe, aride
Sc brûlante , font, après cette maffe d’eau Baguante
, les principaux objets fur lefquels s'arrêtent
les méditations Ôc les regrets des obfervateurs.
Les étangs , mis fuccefflvement en eau & àfec ,
fourniffent une grande quantité de poiffons dans
le premier état, & dans le fécond produifent de
l ’orge , de l'avoine 8c d'autres grains. 11 eft mal-
heureufement certain, i®. que cette nature de
propriété donne , dans ces trilles cantons , un-revenu
très-confidérable , fans exiger beaucoup de
foins ni de main-d’oeuvre 4 2°. que fon defleche-
ment total exigeroit de grandes avances pour l’é-
t*U;lIemenc des fermes & des beftiaux } p f que
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ces reffources ne peuvent fe rencontrer en même
te ms fur une grande étendue de terrain qui s'en
trouve dépourvue. L’efpèce de beftiaux qu'on y
vo it, y eft languiff.inte comme celle de s hommes ,
mais celle des chevaux y eft affêz belle.
Les rivages de la Saône confolent'de la trifteffe
de l’intérieur du pays j il eft peuplé , fertile &
rempli de vignobles : le cours de la rivière & les
fuperbes campagnes du Beaujolois achèvent d’embellir
cette grande vallée.
Nous terminerons cette courte notice du département
de l’Ain par quelques vues fur l’hiftoire
naturelle de l’emplacement de la ville de Bourg ,
qui en eft le chef-lieu. Quoiqu'elle ne puiffe rien
préfenter de bien digne d’ attention , le fol eft en
général couvert de cailloux quartzeux, parmi le fquels
on trouve des jafpes rouges & verts, des
poudingues, des variolites, des roches de cornes,
des cailloux micacés, des fchorls verts. 8c autres
pierres roulées : leur transport tient à l’ancien le-
jour de la mer au pied des montagnes contre lesquelles
la ville dè Bourg eft adoffée 5 car les montagnes
de cette contrée , & même des contrées
voifines, n'offrent aucuns rochers femblables à ces
cailloux roulés. ( Voye£ l’article Vallée-Go l fe ,
où nous donnerons la folution de ce problème eu-*
fieux. )
AIR, fluide inodore, mobile, fans couleur, tranf-
parent au point d'être invifible , 8c qui eft répandu
autour de la terre jufqu’à une certaine hauteur.
En confidérant la fluidité de l’air , fa mobilité|
fon expanfiori ( lorfqu'il eft expofé à l’aôVion de la
chaleur), onconçoitaifémentque la nature produit
fur cette maffe qui enveloppe notre glo be, une
circulation dont il importe de connoître la marche
& les circonftances. L ’a ir, échauffe entre les tropiques
, s'élève à une certaine hauteur, 8c fa place
eft remplie par les vents du nord 8c du fud, qui
1 viennent des régions plus froides. L'air plus léger,
parce qu’il elt plus échauffé, flottant au aeffus d'un
autre air plus froid 8c plus denfe, doit fe répandre
vers le nord d’un c ô té , & vers le fud de l'autre,
& defeendre près des deux pôles, pour remplir
la place de celui qui s'eft porré à l'équateur : les di-
reélions différentes 8c même oppofées des nuagès
démontrent celles des airs de différentes pefanteurs.
( Veye^ Vents.)
Air ( Température de V ). La température de
l'Amérique a beaucoup changé depuis que les
Européens ont commencé à s'y établir, au moins
dans l'étendue des plantations angloifes. C e changement
, attefté par tous les colons , eft attribué
généralement, 8c non fans raifon, à la diminution
des forêts, dont on a abattu une grande quantité ,
8c au défrichement des terres. Cependant la température
d'Irlande a aufll changé confidérablement,
fans que ces mêmes caufes y aient influé ; ce qui
prouve que le changement arrivé en Amérique ne
vient
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vient pas des caufes auxquelles on l'attribue , ou
bien que d fférentés caufes peuvent produire les
mêmes effets ; car s’il eft vrai, comme pîufieurs le
prétendent, que l'Irlande étoît plus peuplée 8c
mieux cultivée avant la dernière guerre, qu'elle
ne l’eft à préfent, elle devroit, fuivant le raifon-
nement qu’on fait fur le changement de la température
de l ’Amérique , être, devenue moins tempérée
par le défaut de culture > mais on obferve ici
le contraire, 8c tout le monde commence à s'ap-
përeevoir que ce climat devient chaque année de
plus en plus tempéré.
On n’examine pas fi l'Irlande eft en effet moins
peuplée qu'elle ne l'étoit j mais on eft fur au moins
que depuis feize à vingt ans, ni l'augmentation
du nombre des habitans ni les progrès de l'agriculture
n'ont été tels qu’on puiffe leur attribuer le
grand changement de température dont on s'apper-
Çoit. Il n’étoit pas extraordinaire, il y a quelques
années, de voir la gelée 8c une neige épaiffedurer
jufqu'à trois femaines de fuite , 8c cela deux ou
trois fois 8c même plus en hiver : on a vu même
de grandes rivières 8c des lacs entièrement gelés j
mais en dernier lieu , 8c furtout depuis deux ou
trois ans, on n'a prefque point eu de geléës ni de !
neige dans ce royaume. On ne peut attribuer ce
changement au concours fortuit des circonftances !
requifes pour produire le beau tems j car le changement
s’ eft fait graduellement, chaque année
ayant été plus tempérée que la précédente.
En Irlande, le vent eft ordinairement entre le
nord-oueft & le fud , rarement à l’eft, 8c plus rarement
au nord ou au nord-eft. Pîufieurs perfonnes
âffurent que pendant les trois quarts de l'année au
moins le vent eft ici à l’oueft.
A ir . On diftingue, dans cette maffe, trois
fortes de régions prifes dans fa hauteur, la première
ou la plus baffe eft cèlle que les hommes
8c les animaux habitent j la fécondé ou moyenne
èft celle où fe forment les nuages, la grêle, la
heige 8c la pluie j enfin, là troifième ou la plus
élevée commence depuis l'extrémité Tupérieure
de la moyenne région, jufqu'au haut de l’atmof-
phère : c'eft la plus froide.
La moyenne région eft: fort froide auffi dans la
partie la plus élevée : elle paroît fe terminer à la
ligne neigée, c'eft-à-dire, au point où la neige ne
fond jamais fous l’équateur, & même au tems où
le foleil eft vertical. Au refte, toutes ces difpofi-
tions varient beaucoup fuivant la marche du foleil
8c la fituation des lieux.
" Ainfi plus un lieu eft voifin du pôle ou éloigné
du tropique, plus la région où fe forment 8c ré-
fident les neiges eft proche de la terre : il en eft
de même de la grêle & de la pluie} car les rayons
du foleil tombant plus obliquement fur les lieux
fitués vers les pôles, que fur ceux qui approchent
de l’équateur, les échauffent moins; Sc y laiflent
fubfifter un certain froid. Nous développerons
Géographie-Phyjique. Tome IT
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ces vérités plus en détail à l'article Atmofphere.
Il y a de certains lieux fur la terre où 1 air, foie
dans la première ou la fécondé région , a offert des
effets remarquables aux voyageurs & aux obfervateurs.
Ainfi, par exemple, il ne pleut jamais ou
prefque jamais en Egypte, 8c fi par hafard il y
tombe un peu de pluie en certains tems, cette
pluie occauonne des maladies, telles que ues ca-
tarres, des fièvres, des afthmes, 8cc. L inondation
du Nil & les gelées blanches du matin fup-
pléent au défaut de la pluie. De meme on n a
prefque jamais vu de pluies d'un autre coté dans
certaines contrées du Pérou j mais il y a pîufieurs
provinces dans ce royaume, 8c furtout celles qui
font fi tuées fous l'équateur, où il pleut pendant
fix mois entiers, & où il fait un tems clair les fix
autres mois de l'année. (V^oye[ l’expofition de tous
ces phénomènes vraiment remarquables a 1 article
Pérou & à celui de Saisons fous la %ônetorride.)
L'air eft fort mal-fain dans les îles de Java 8c
de Sumatra, 8c furtout à Batavia, a caufe de plu-
fieurs lacs d’eaux dormantes qui s'y trouvent. Il
en eft de même dans pîufieurs lieux, tels que Ma-
Iacca dans le Nouveau-Mexique.
L’île de Saint-Thomas, fituée fous 1 equateur,
eft de tous les pays celui dont l'air eft le P^us
chargé de vapeurs & le plus mal-fain. Il en eft de
même dans pîufieurs îles voifines de l’embouchure
du Sénégal j cependant leur fol eft fort fertile, 8c
donne des récoltes abondantes en toutes fortes
de productions végétales.
Les vents font fi violens aux Açores, 8ç l'air y
eft fi chargé de vapeurs acres, qu'il ronge en affez
peu de tems les plaques de fe r , & réduit en pouf-
fière les tuiles qui fervent à couvrir les toits.
Au contraire, l'air eft fi pur & fi fec dans le
Chili, que les lames de fer p o li, expofées à cet
air, ne s'y rouillent pas. On cite même une lame
d'épée qui, quoique mife long-tems à l’air, n'y
prit aucune tache de rouille.
L’air, fuivant qu'il eft chargé d'exhalaifons,
qu’ il eft chaud, froid & plein d’humidité, produit
différens effets fur le corps humain : d'où l’on peut
inférer que la première attention qu'on doit avoir
en choififfant les emplacemens des villes 8c en
traçant leurs rues, eft de procurer la circulation
de l'air, telle, qu'il foit facilement dégagé de
toutes les vapeurs qui peuvent l ’altérer.
On fait que le fer 8c le cuivre fe rouillent à l'air
de certaines contrées. Ainfi Acofta nous apprend
qu’au Pérou l'air diffout le plomb.
Lorfque les Hollandois eurent fait abattre les
gérôfliers dans l'île de Ternate, il en réfulta un tel
changement dans l’air, qu’on lie vit que maladies
dahs toutes les parties de l'île ; ce qui fait voiç
; combien étoient falutaires les corpufeules aromatiques
que répandoient dans l’ air les gérôfliers.
On ne fauroit nier que la très - grande fé-r
chereffe ou une humidité foutenue ne produife
des effets remarquables dans certaines, contrées.