
fonds ; de forte que ceux qui font fort bas, ont
vingt de même trente pieds dans cette dimeniîon.
C e font communément ceux qui fe délitent avec
plus de facilité ; ils font aufïi d'une pierre dont le
grain eft plus fin , de par conféquent plus homogène.
Ces bancs font rarement féparés les uns des autres
par des lits de matières étrangères ; mais s’il
arrive qu’on y en trouve un-, il eft conftamment
incliné, fuivant le fyftème général des bancs, de
ordinairement fous un angle de quarante-cinq degrés
Plufieurs endroits des carrières d‘ardoife dont
i i s a g it, mefûrés exactement,. ont annoncé fix
pouces de retraite, fur fept pieds & demi de hauteur
verticale. Sur les coupes intérieures de ces
rochers :> les lits de matières intermédiaires forment
en quelque forte des V conformes alternativement
étroites & renverfées. Cette matière eft
ordinairement une forte de beau fpach blanc, appelé.
cJta^ par les ouvriers., & qui eft mêlé quelquefois
ae parties d'ardoife , & de petits points
d* une-pyrite-jaunâtre &r de couleur changeante.
Outre ce fpathr, qui fe trouve quelquefois dif-
perfe dans le coips de l’ardoife même,,-on ren-
€«itre-et3core. foulent, ainfi difperfées, des.pyrites,
cubiques blanches ou jaunes, 8c cte différentes
grcffeurs il. y. en. a depuis une ligne ou deux en
route dimenfion * jtifqu’ à quatre, cinq ou fix.
Quelquefois la ma aère qui forme ces pyrites n’a
pas pris de forme régulière-^ elle s.’efi étendue fur
les faces des feuillets , & y a formé des plaques
irrégulières..,
Au lieu de ees pyrites, ce font fouvent de petites
étoiles blanchâtres, de plus ou moins régulières.
Dans les,unes, les rayons font en plus grand
nombre d'un côté que d’un autre j.dans d’autres ,
ces rayons fe répandent également en tout fens
autour d’un centre.commun, d’où ils partent en
divergeant : ces rayons font de petites lames plate
s , arrondies ou. coupées carrément par leurs
extrémités, Les accidens- les plus curieux qui fe
rencontrent dans les ardoifières ,. font làns contredit
les empreintes des plantes, des poiflbns &
des, animaux.marina ; mais.comme cec objet eft le
principal que l’on fè propofe d’èxaminer dans cet
article, on a cru devoir faire précéder» cette ex-
polît ion de. la deicription a de la-manière dont on
exploite ces carrières , afin qTon coiinoiffe mieux
les mafllfi des fchs fies & leur formation.
Q^iand^on veut faire l ’ouverture d’une andoi-
fièra,_oncommence par déblayer tout ce qui peut
encombrer la.fnpeificie du mafitfqu'onTe propole
d!explokcr. Qn la. néroie exactement :: en. trace
enfui te fur cette fijperficie quatre lignes,, deux: !
dans la( direérion (tes lits diardoifè, c’efoà-dire , I
de- l’cft àvKouefo, & lès. deux autres du nord au
fud. Les deux premières-forment talangueur de la.
Cjwrièjse > elfes ont o.rdînaircment oenncinquante
pjfedst. L,vs fecorrdr S WE.rqoecm.la largour.' : on Jaujr
«fe$ae|tkux e a i i i piè ésu £âcfc for- ces. der-uièfesqu’on
bâtit les machines qui doivent fervir à l’exploitation
de la carrière. A cet effet on coupe la-
pierre dans la longueur de ces lignes, de l'on dirige
cette coupure fuivanc une perpendiculaire :
on l’ouvre par le milieu delà carrière, de l’ell à
l’oueft j on enlève à mefure lès quartiers d'ardoife
qu’on détache, & les eaux qui fe raffembient, au
tond de la. tranchée j: on l’élargit peu à peu , en
dilatant de parc & d’autre les bancs d3 .ardoife ,, jufo
qu’ à ce que toute la fupeificie de l’ardoilière foie
bien nétoyée. On donne à cette tranchée neuf
pieds de profondeur, & on l’appelle la premie/e
foncée.
On partage ainfi la carrière par foncées égales &
femblables r ies deux côtés de ces foncées s’appellent
bancs. Il eft prefqu impoffible de pouffer une
carrière au-delà de vingD-cinq/«/2céej,ç’eft-à-d ire,
; de deux cent vingt-cinq pieds r on en eft empêché
par la crainte de la chute des piercés , qui pour-
r oit avoir lieu fouvent dans les dernières-
Ordinairement la pierre des dernières foncées
eft la plus parfaite : il n'y a pas cependant de rè-
| gle fibe à-ce. fujtt. Quelquefois la pierre que l’on,
i tire après la première découverte, fe trouve de
\ borne qualité pendant deux ou trois foncées;e lle
fe dément enfuite pendant quatre ou cinq : d’autres
fo is , la carrière ne donne de bonne pierre
, qu’à la quinzième ou la feizième. C ’eft alors huit
ou dix.ans après le.commencement du travail, 8s
après les plus grandes dépenfes, qu’on- a un péin-
fuccès. D ’autres fois, la carrière continue à ne-
rien valoir; ce qui caufe des pertes confidérâbles,
aux entrepreneurs.
Il e ft,. comme on v o it , très-fâcheux de ne-
pouvoir trouver dans les premières foncées aucune
marque décifive fur la qualité des foncées plus pro*
fondes : ce n’ eft que par la fuite du travail qu’on,
peut s’en affiner.
Un point fort intéreffant dans l’ouverture des-
foncées eft de détacher les lames dés bancs d’une
manière bien uniforme de façon qufelles- aient,
une égale épaiffeur dans toute leur étendue. Pour
les avoir telles, ou du moins le plus exactement
qu’ il eft pcflîble,. les ouvriers qui-font employés,
à cette partie de travail fe rangent quinze, dix-
huit ou même plus fur une même ligne ; ils enfoncent
dans la pierre dont ils veulent enlever une
partie, chacun un coi-n de fer à- une certaine dif-
tance l'un de l'autre, & ifo frappent avec une-
greffe maffe de même métal fur ces coins, de manière
que les^coups ne portent à l’oreille qu’um
feul ât même fai»,. de c’eft en'.cela- que confiite le
grand talent de ces ouvriers-
La façon dont les bancs d’ardoife. font compo-
fés, facilite cp travail : ce font des affemblages de
grands- feurJlets appliqués les uns> fur les autres
, & pofes de champ; Ainfi les ouvriers les,
écartant perpendiculairement1.au moyen de-leurs
c ia o f , cette- p«fitjow dak.faire,qug îes^quartiers
que l’on veut détacher ne réfiftent pas beaucoup
«rtix effort« êes ouvriers. Lors donc qu’ils font féparés
de la maffe , on1 les débite fur le plancher de
4a foncée où l’on travaille, & on les monte au haut
de la carrière au moyen des machines qui y font
établies.
Ces machines font des efpèces de treuils qui
font defeendre & remonter, par des cables, des
caiffes carrées , qu’on emplit d3 ardoifes ou de l’eau
qui fourcille perpétuellement à travers les fentes
des mafftfs : cette eau eft le grand inconvénient
de ces fortes d’exploitations. Les travaux fe trouvent
quelquefois noyés quoique l’on puife tous
les jours , & alors il faut tout abandonner pour
un tems.
- Les ardoifes fe délitent en feuilles, de fe taillent
au haut de la carrière. Ces deux opérations
fe font d’une manière très-fîmpje & très-prompte,
de par conféquent nous n’entrerons dans aucun
détail à ce fujet.
On diftingue communément onze fortes dW-
■ doifes : on les a dénommées, ou d’après la.figure
que les ouvriers leur donnent en les taillant, ou
d’après leur couleur naturelle, ou bien d’après
leur grain ou tiffu.
Toutes ces ardoifes ont un grain ou un tiffu
d’une fineffe qui varie quant aux taches & à la
couleur furtout. Celles qu’on appelle poil noir,
poil gros noir de poil taché, ne portent ces dénominations
que parce qu’elles ont des teintes pareilles
ou de certaines taches d’un blanc-fale, qui
s’enlèvent aifément par le frottement. Les taches
qui ont fait donner le nom de poil roux à celle qui
eft ainfi défignée, font d’une autre nature } elles
font d’un jaune-bronzé, & produites par quelque
teinture martiale, différente de celles qu'on ap-
pellè-îa carte, la dandelle, îe taillet & la cofine .* i! n'ÿ
a que cette dernière qui préfente quelque fingu-
larité, laquelle confifte en ce que cette forte d’ar-
doife eft courbe j ce qui peut provenir de l'in-
troduâion de quelque corps étranger parmi les
feuillets.
; Toutes ces ardoifes, tant les plus fines que les
plus gvoffières, font voir à la loupe de très-peti-
tfes paillettes blanches ,. & brillantes comme les
paillettes talqueufes. Plus Vardoife a, de fineffe, de
moins elle a de ces paillettes. Le poil roux eft celle
qui femble en avoir le plus : auffi eft-ce celle qui
a le moins de qualité, qui eft la moins propre à
fe déliter, la plus chargée de matières étrangères,
& la plus pefante. Au contraire j la carrée fine eft
la plus mince 8<r la plus légère } ce qui la rend la
plus propre aux couvertures des maifons, qui font
par-là moins chargées. Il eft vrai-que cette fineffe
du tiffu & ce peu d’épaiffeur font qu’ elle eft plus
fujète à s'imbiber en tems de pluie, & à fe rétrécir
par l’a&ion de la chaleur ; ce qui peut être un
affez grand inconvénient pour leur ufage dans les
couvertures. Au refte, ces ardoifes ne different
qu’accidentellement les unes des autres , & c e font
•des variétés fimples de la même fubftançe pierreufe.
Outre iés propriétés dont ois a parlé , elles
conviennent er>t«xre (celles d’A » g e r s ) 'e n ce
qu’elles ne.fe diffolveor .pas dans les acides minéraux.
D ’autres ardoifes, comme quelques-unes de
Mézières, d’autres de Béziers, font quelque ef-
fervefcence avec les acides ; ce qui annonce dans
la compofition de Yardoije une certaine quantité
de matière calcaire.
Tontes les ardoifes de Fumai ne font point d’ef-
fervefcence avec les acides : il en eft de même de
celles des environs de Pouillaven en Baffe-Bretagne.
On doit en dire autant de celles de Château*
Lin, de Barneton ; de celle de la Ferrière proche
Alençon, & de Mézières.
Il paroît par les différens morceaux d'ardoife
qu’on a reçus de Béiiers , qu’il peut Ce faire
qu'une même carrière donne des morceaux fur
lefquels les acides agiffent, pendant que d’ autres
éludent leur a&ion.
Ce feroit ici le lieu de rechercher quelle peut
être la caufe de ces différentes compofttions d’ar-
doifes, dont les unes font effervefcence avec les
acides minéraux, pendant que d’autres y réfif»
tent. ll>j£ a grande apparence que la fubftançe ar-
gileufe qui fait le fond de Y ardoife, fe trou ve mêlée
à une certaine quantité de fubftançe calcaire :
auffi dans ce dernier cas les ckaç, cette fubftançe
qui, par l’effet d’une infiltration générale que reçoit
la maffe de l ’ardoifière, remplit les vides de cette
maffe, fon t, ou calcaires j ou quartzeux, fuivant
que les ardofes font effervefcence avec b s acide«
ou ne la font pas.
Ainfi Y ardoife eft une pierre feuilletée, opaque,
vitrifiable en tout ou en partie, & dont les maf-
fes , tant grandes que petites, afférent la figuré
rhomboïdale.
Cette dernière propriété eft trop fingnlièrë
pour ne pas entrer dans quelques détails à ce fu-
jet. C ’eft ordinairement dans les petits fragment
qui compofent le banc le plus près de la fut face *
& qu’ on appelle coffe, que ce,tte figure rhomboïdale
fe remarque le mieux. Ces morceaux forment
des rhombes , des paralléiipipèdes, dont la bafe
e f t , ou un carré long, ou un carré parfait, des
rhomboïdes, & très-peu de figures irrégulières ,
mais approchantes de celles-là. On ne diftingue
pas également bien ces différentes figures dans les
quartiers des grands bancs; cependant, par l’examen
des parties qui entrent dan-s leur compofition
il eft inconteftable que ces bancs dolyent
avoir des figures rhomboïdales fem'bUbk s.
Effectivement, lorfqu’on obferve exactement
une carrière d3ardoife qui eft naturellement à d é couvert,
Se qu’on jette les yeux fur k ;s bancs de
coffe de la furface , on trouve que ces bancs font
compofés de petites pierres, pofees obliquement
les unes fur les autres, qui fe détachent très-fack
j lement, & qui toutes atteCtènt la figüre de paral*-
J lélipipèdes obliqviangles. Leurs faces font unies,
1 & ordinairement bien planes ; ce qui fait que