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dant elle a fon origine dans la partie occidentale du
plateau de Langres, & a un niveau aufli élevé que
la fource de la peine. Elle raffemble au deffus d’Au-
berive l’eau de fix ruifleaux fournis par fix petits
vallons , diftribués en patte d’oie. Le produit de
cette première ramification de valions fe trouve
enfuite grofli par fept autres ruifleaux, diftribués de
même fous des angles, fort aigus, ce qui annonce
que ces eaux coulent fur un terrain très en pente.
11.’Aube continue à fe porter au nord-oueft jufqu’à
Veuxaulle j & reçoit dans cet intervalle le ruif-
feau de l’Aubette : au-delà de Veuxaulle, V Aube
a fon cours droit au nord jufqu’ à Çlervaux , où
elle reçoit l’Aujon. Je confidère cette dernière
rivière comme une fécondé branche de Y Aube.
.Effe&ivement , l’Aujon prend fa fource fur le
même plateau que Y Aube 3 reçoit à fon origine les
eaux de ruifleaux femblables, & qui font affem-
blés fous les mêmes angles aigus } puis viennent
les eaux de deux ruifleaux intermédiaires qui pa-
roiflent modifier Con cours, lequel étoit d’abord
parallèle à celui de Y Aube , & qui finit par être
déterminé vers cette rivière 3 dans laquelle l’Aujon
fe-jette. Il paroît que l ’Aujon lui-même.,
par fa jonction avec Y Aube 3 fait fléchir fon cours
vers le nord-oueft, l ’engage à couler parallèlement
à la Seine, depuis Bar-fur-Aube jufqu’ à Lef-
mont i c’ eft là qu’elle reçoit les eaux des deux rivières
réunies 3 celle de Sommevoire & celle de
Soulaines 3 & qu’elle commence à diriger fon
cours vers l’oueft pour aller gagner la vallée de la
Seine. C ’eft à Lefmont que Y Aube commence à
entrer dans le maflif de la craie j mais c’ eft entre
Jefleins & Jouvanze que commencent les grands
amas de grèves plates calcaires 3 qui non-feulement
fe rencontrent fur les coteaux voifins du lit
a&uel de la rivière , mais encore font difperfés
dans une large plaine en face de Dienville, de
Brienne -la -Ville, de Brienne-le-Château, de
Perthes & de Saint-Chriflophe : ces dépôts s’étendent
aufli fur la partie de la vallée de Y Aube 9
qui eft creufée dans la craie y & même jufqu’ au
confluent de la Seine.
: C ’eft en fuivant le cours de Y Aube que j’ ai retrouvé
la même &ftribution de matériaux que j’ a-
vois.obfervée le long du cours de la Seine & de
fa vallée. D’abord une pierre à grain fin ou de
cos-> puis des pierres de taille à gros grain, offrant
des débris de coquilles} puis l’amas des huîtres ,
des bélemnites, des comes-d’ammon, des nauti-
litesy des gryphites, au milieu d’une pâte grof-
fièré de pierre à chaux } puis l’amas des argiles &
des terres à pots ; enfin, la bordure de la craie.
Ces détails ont déjà paru dans quelques articles,
& furtout dans celui Argile.
J’ai remarqué de même que des fources abondantes&
d’ un grand produit fe montroient fur la
même ligne, c’eft-à-dire, à l ’extrémité de l ’amas
des huîtres} ce qui donne nai flan ce à des rivières
d’un certain ordre, & i une. même, hauteur, corxef-
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pondante dans les deux vallées de la Seine & de
Y Aube : telles font les fontaines de Laignes & de
Vandoeuvre pour la Seine } de .Trannes, de Soulaines
& de Sommevoire pour l'Aube. Je renvoie tous
ceux qui voudront fuivre ces détails, aux planches
de la carte de France, où ils font tracés avec autant
de foin que d’intelligence. (Voyel lesplanches
de L angues , de T onnerre 6* de T r o y e s .)
AUBENAS, ville du département de l’Ardèche
, & fituéê fur cette rivière. On voit près de
cette ville une grotte méphitique, femblable à
celle du Chien près de Pouzzole : outre cela, il y
a dans la même contrée deux puits, au fond desquels
les animaux qu’on y defeend, perdent la
vie. Ce méphitifme paroît, comme à Pouzzole,
avoir fon origine deflous d’anciens courans de laves.
Ce qui confirme cette difpofition des chofes,
c’eft une cave connue fous le nom d'Eftoufy 3 dont
les exhalaifons méphitiques fortent de deflous un
courant de lave qui vient fe terminer au château
de Montjoly, proche Clermont-Ferrand en Auvergne.
Aubenas, village du département des Baffes-
Alpes, canton de Forcalquier. On trouve près de
ce lieu un filon de mine de foufre très-pur.
AU B E T IN , rivière du département de Seine-
&-Marne, dont le cours eft à une lieue & demie
à l’oueft de Coulommiers j elle a fa fource près
du village de Fontaine, & fe jette dans le Grand-
Morin au deflous du village de Pommeufe. On
voit d’abord à cette confluence, que la quantité
d’eau courante qui en différens tems a creufé le
vallon de YAubetin, en a mis le fond de niveau
avec celui de la vallée principale du Grand-Morin.}
en fécond lieu, que les dépôts formés enfuite dans
la plaine voifine de cette confluence par YAubetin,
ont été aufli confidérables que ceux du Morin. En
conféquence, l’une & l’autre rivière paroiflenc
ofciller au milieu des dépôts qu’elles ont formés,
& finir par fe réunir fous un angle droit.
C ’eft originairement par un plan incliné que
YAubetin a gagné infenfiblement le fond de la
plaine du Grand-Morin. Effectivement, en examinant
les environs du village de Pommeufe, on
reconnoît fur la coupe du bord oppofé, la marche
fucceflive de YAubetin. ~
D'un autre c ô té , il eft vifible que le Grand-
Morin a creufé fa vallée par de femblables progrès.}
ils font marqués par tous les. points de dégradation
du plan incliné qui domine le village de
Pommeufe} en forte que les deux rivières, pendant
l’approfondiffement_de leurs vallées refpec-
tiv e s , fe font trouvées toujours aux différens niveaux
correfpondans de ces plans inclinés, à la
bafe defquels leurs lits aCtuels fe trouvent maintenant.
C ’ eft ainfi que le Grand-Morin a gagné le
pied du coteau qui eft au deffus de Pommeufe,
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pendant que YAubetin circuloit dans la prairie t[ui
eft au deflous de ce village, & qui eft fort éva-
fé e , en conféquence du double travail de YAubetin
& du Grand-Morin. Je me fuis plu à fuivre
toutes ces formes du terrain, parce qu’elles m’ont
paru décider une queftion très-importante fur les
confluences des rivières principales & latérales.
Tous les villages en face de Pommeufe font
abreuvés de belles fources, & il en eft de même
entre Pommeufe & Mourou : outre cela, toutes
les maifons habitées le long des croupes du vallon
de YAubetin , tant celles qui font expofées au
midi , que celles qui font placées au pied de la
croupe oppofée, font tournées au midi & au
nord, & le principal afpeêl, c’eftrà-dire celui dé
1 entrée & des fenêtres, regarde le midi.
Les prairies qui bordent cette rivière des deux
cotés font fujètes à être inondées après de fortes
pluies. Des fources nombreufes fortent du pied
d. s croupes par des épanchemens très-^abondans ,
furtout au deffus de Saint-Obierge, & même aux
environs de Màuperuuis : aufli les eaux de YAubetin
font-elles vives & belles, parce qu’elles font
prefque toutes le* produit de ces fources. Son
cours eft peu rapide, & en conféquence la rivière
contribue à la formation de beaucoup d’étangs,
a;r moyen de digues élevées qui traverfent le fond
d± fon canal. Cette même difpofition a donné la
plus grande facilité d'établir , le long de fon
çours, beaucoup de moulins qui nefont pas fujets
à chommer, pour peu qu’on ait un peu élevé leur
chauffée.
- La rivière ofcille dans la plus grande partie de
f-onepurs : aufli les croupes de fa vallée offrent-
elles les formes correfpondantes des bords efcar- 1
pés & des plans inclinés. Ainfi, aux environs du '
moulin de Maupertuis;, on y remarque d’abord
un plan incliné & un bord efearpé. Il en eft de
même au deffus de la plaine des Boulets : un plan1
incliné s’en détache, & s’avance en face d’un
bord efearpé oppofé. Enfin, deux autres plans
inclinés partent, le premier de la ferme de la
T o u r , & le fécond de Butrel, en face de leur
bord efearpé correfpondanc.
Il y a beaucoup a’ïles dans le canal de YAubetin
3. furtout vers' les pointes des plans inclinés,
que l’eau courante a coupées fur une grande largeur.
v
Le maflif des bords de la vallée fe montre entièrement
à découvert , & paroît compofé de
meulières fort dures & à moitié infiltrées : il y a
aufli des.grès fort arrondis, & c’ eft pour cela que
la plaine1, à la furface de laquelle ils le montrent"©n
t-rès-grand nombre & en gros volumes , eft connue'
fous le nom de P laine, des Boulets» Au deflous ce-'
pendant.de ces grès' arrondis?, il y en a qui font
plats & par bancs.
ï En général j les fols les -plus élevés des environs
de la vaHée de YAubetin font couverts-de meulières
enfevèlies dans des terres^ qui tiennent d’eau à
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un certain point, mais qui s’en laiffent cependant
pénétrer : témoins les fources fréquentes qui fe ;
montrent à certaines profondeurs, comme nous
l’avons remarqué ci-deflus.
Je terminerai ce qui concerne YAubetin par
deux réflexions que je fuis tenté de généralifer,
& d’appliquer à d’ autres contrées qu’ à celles de la
Brie, aux environs de Coulommiers.
Je remarque d’abord que toutes les rivières
dans la dénomination defquelles entre le mot
d3Aube, renferment des eaux très-claires & très-
limpides : tel eft YAubetin, auquel j'ajouterai
YAubette, rivière du département de Seine-&-
Marne, canton de Magny, & qui fe jette dans
l’ Epee} enfin,; Y Aube y qui donne fon nom à un
; département.
La fécondé réflexion a pour objet de faire con-
noître que , dans plufieurs contrées de la France,
on peut vo ir , comme en Brie, près de Coulommiers
, des fources & des fontaines à côté de tous
les villages & habitations un peu confidérables,.
les befoins de l’eau ayant furtout déterminé, primitivement
le choix des premiers habitans de ces
contrées.
AU BR A C , montagnes faifant partie du département
de l'Aveyron. Cette contrée, la plus fep-
tentrionale de ce département, eft vifiblemenc
formée par les prolongerions des montagnes du
Cantal & des Çévennes.
I En entrant dans: ce pays p3r le nord, la pre-
; mière ville qu’on y rencontre, eft le Mur-de-Bar-
! rez, où l’on trouve un climat très-vif & du lai—
i tage en abondance.
En allant de cette ville versde fud-eft, on voit
| la vallée de la Trueyre : c’eft à' cette rivière que
i commence une longue chaîne de montagnes qui
j s’étend jufqu’au L o t, fur une longueur de onze à
; douze lieues. Pendant le tems des neiges, les che-
’ minsn’y font marqués que par de longues pierres,
: drèffées de diftance ett diftance, & qui fervent de
i balîfes. Les harheaux y font rares , Ôc fi mal bâtis,
que , par le vent du nord , la neige .pénètre à tra-
\ vers les1 murailles*, & couvre' ce que renferme
| l’ intérieur des-habitations*
; Dans ce pays la verdure ne commence à fe moii-
I trer qu’aux premiers jours de mai} mais bientôt
j les montagnes offrent la végétation la plus bril-
î lahtey & fe! peuplent de nombreux troupeaux raf-:
I fèmblés de teutesdés parties du département, où-
i l-’on éprouve la pénurie des" fouràges.
Les pâturages font divifës par montagnes. Pour
en faire c-onnoître les1 différentes étendues, on
dit que c’eft une1 montagne de trente, de quarante
I vaches1.
’ Le fromage dè; ce pays paffe ’dans les, départe-
| mens méridionaux foteS le notn'’ fromage de là
I ,• il eft d^urie très*bonne; qnaiitéw: ; 1
• Cette- partie de' l ’Aveyron ne produit1 que du
fe ig le , de l ’aVoitie &-dü farrâfin:i:les moiffÉ>ris né
Qqqqq Z