
qui aboutit aux limites d’Efpagne , à la montagne
de la Garencée, à une heure de chemin d’Orif-
fon , une mine de fer en filons, avec pyrites &
blende. A la montagne de Beharabia, à trois lieues
d’Oriffon, font plufieuvs veines de mines de cuivre
, & près du château Pignon, une ttutre mine
de cuivre 3 dont le filon , d'une puiffance extrême
au jo u r , s'eft réduit à fix pouces en s'exploitant.
ARNHEIM, ville de la Gueldre hollandaife,
fur les bords d’un des bras du Rhin. Le terrain le
long du Rhin eft de bonne qualité & fubftantiel, 1
chargé d'argile dans une proportion qui le rend
propre à la fabrication des briques j auffi en fait-
on ufage dans les manufactures des environs. On
trouve j dans le trajet de Zutphen à Arnkeim3 des ;
•pâturages ceints de digues , ainfi que des cultures
de feigle, de pommes de terre 3 de farrafin ou blé
noir., de froment, de fèves & de trèfles. Le terrain
s’élève un peu à deux lieues de Zutphen, &
là on commence à voir la continuation de la chaîne
de dunes qu’on a lai (fée à Loo & au village â‘Appeldorn.
Elle fe‘ dirige vers Doësbourg &. Derem.
Ün peu avant Derem , les quartz & les autres
pierres, dont nous avons rendü'compte à l’article
Appeldorn , ’fe montrent dans le fable du fol,
& plus abondamment à une certaine profondeur.
L'on y trouve auffi les cultures de tabac , qui y
font allez bien établies. Les dunes changent en-
fuite de direction de l'eft à l'oueft , & courent en
fuivant à peu près le canal du Rhin , jufqu’à Arnheim.
Il n'y a que les parties baffes & les prémières
croupes de la vallée du Rhin, qui.foient
cultivées comme nous l'avons dit : outre cela, on
y remarque quelques plantations de chênes & de
hêtres par petits bouquets ifolés, & en allées le
long de la route.
L'importance dont me paroi (Toit être la dune
fit que je m'attachai à fuivre l ’emploi des matériaux
finguliers qu'on en avoit tirés ; ainfi, je remarquai
qu’à Derem &. au milieu des villages
avant & après, on trouvoit dans les pavés les gra-j
nits , les quartz bîancs-grifâtres, avec des tathes,
& des bandes blanches i des fchiftes bleus infiltrés
j quelques laves fort compactes , & même'
des tronçons de bafaltes prifmatiques. On nous
affura que tous ces gros morceaux , la plupart un
peu ufés par le frottement, fe trouvoienc dans,
l’ intérieur des dunes incultes , dont nous n'avons1
vu que les bords ; ce qui d'ailleurs paroît pró- !
bable, parce que nous en avons vu de femblabîes j
à Appeldorn & à Loo , où l'on remarque aufli de
petits débris de ces matériaux de l’ancienne terre,
que je préfume avoir été voiturés par le Rhin depuis
les environs d’Andernach, ou font de fem-
bîablès produits des feux fouterrains. - ■
icDans tout ce trajet ces mêmes dunes ou dépôts
fe -continuent jufqu’à la ville à‘Arnheim ; _ainfi
l'on ne doit pas être étonné que tous les pavés,
tant de cette v ille, que ceux des maifons ifolées
qu’on trouve fur la route de Zutphen à Arnheim s
loient formés de ces mêmes pierres qui font au
pied des dunes, & tonftamment enfevelis dans
les fables du Rhin.
On ne peut pas confidérer ces gros débris de
l’ancienne terre comme appartënans au-fol de la
Gueldre. M.Brugman s'eft donc trompé en jugeant
fur de paréils monumens, que le fol ancien de la
Frifie & de la Drenthe a fait partie de l'ancienne
terre. Pour décider ce fingulier problème , il -au-
roit fallu remonter le Rhin jufqu’aux environs
d'Andernach : on auroit vu que le fol naturel de
cette contrée offroit les mêmes matériaux : d-où
l’on auroit conclu que le torrent du Rhin avoit
pu les entraîner le long de fa vallée, 8f les dé-
pofer fous forme de dunes, lorfqu’il a été re-
pouffé fur ces rivages*'par les flots de la mer, qu'il
a rencontrés dans ces parages. Il eft donc prouvé
par les dépôts de granits roulés, & furtout par
les fragmens de bafaltes prifmatiques, que tout
s'eft opéré ainfi que nous l’avons dit. D’ailleurs,
on en fera encore plus convaincu pour peu qu on
ait obfervé la marche des eaux du Rhin aux environs
de Zutphen & à3Arnheim. Voici les détails
que nous avons pu recueillir fur la diftribution de
ces eaux.
Le Vahal eft digue plus fortement à fa droite ,
que le Rhin qui paffe à Arnheim, Outre cela , le
Vahal paroît auffi fort à lui feul, que les deux bras
du Rhin, dont l'un paffe à Zutphen, de l’autre à
Arnheim; il a outre cela bien plus de vitefîè. Le
canal d’Arnheim en a un peu plus que celui de
Zutphen. Le bord élevé du Rhin s ’abaiffe & finit
à trois lieues au deffous A‘Arnheim ; il fe termine
auffi tout de fuite au deffous de Nimègue.
-Ceci femble prouver que la pente eft plus favorable
vers Utrecht & Wercum, que vers Hat-
ten & Campen, & vers Gorcum & Rotterdam,
que vers Utrecht, Naerdam & Leyde, puifque le
canal à3Arnheim defeend plus abondamment par
le Leck que par le vieux Rhin. Il y a eu du côté
d'Utrecht un principe d’obftruétion plus confidé-
rable que vers Rotterdam, & encore plus puiffant
vers Zutphen que vers Arnheim. Il eft donc vifibie
que ce font les dépôts qui fe font formés dans
ces différentes.parties des embouchures du Rhin,
qui ont produit les obftruétions , les déplace-
mens & les divifions des fleuves.'
Si nous remontons au deffusde Nimègue, nous
trouverons le canal du Rhin tout entier , & dans
rintervalie de ce canal & de l'embranchement de
Zutphen on voit un cap qui confticue ie bord
droit du Rhin ; c'eft ce bord que l'on apperçoit
dans le lointain de Derem. Il ell aifé de voir que
l'embranchement de Zutphen éprouve ün détour,
& fe replie pour gagner Doësbourg , & courir
entre deux côtes affez remarquables.
' Après Nimègue on trouve des fables mêlés de
quartz Sc de débris de fchiftes, jufqu'à une demi-
lieue, fur une hauteur qui fert de bords au Vahal,
après
apres quoi on retombe dans une plaine baffe,
qui eft au même niveau que celle au Rhin. On
marche ainfi jufqu'à la citadelle de Grave, au milieu
des fables inondés d'abord & coupés de canaux
& de petites digues, & affez bien cultivés
en feigles, en pommes de terre, en blé noir ,
en fromens, en rêves, en trèfles, en lins :1e feigle,
les pommes de terre & le blé noir dominent : il y a
auffi de fort bons pâturages. J’ajoute qu’après ces
cultures on ne trouve plus que des quartz blancs
mêlés aux fables.
La Meiife a fenti à peu près les mêmes obfta-
cles qqe le Rhin j ils l’ont forcée de courber fon
cours dans les mêmes directions que le Rhin,
puifqu’elle s'eft écartée du bord elevéau defïous
de Nimègue, car à en juger par la difpofition du
fo l, ces deux fleuves s'y font autrefois réunis ;
ils ont été féparés par des dépôts fort plats, &
ne fe font réunis qu'à Voorn. Les côtes qui réparent
le Vahal de la Meufe fe continuent depuis
Nimègue jufqu’à Clèves, & même au-delà. Mais
je crois devoir terminer des obfervations qui n’entrent
point dans mon objet principal, qui font les
dunes de Welaw. ( Voye[ les articles AmERFORT,
Appeldorn , &' dans notre Atlas la carte où font
figurés tous ces objets d’hiftoire naturelle.)
ARNO, fleuve d’ Italie, qui traverfe laTofcane
depuis l’Apennin jufqu'à la mer. Çë fleuve , fujet
à des débofdemeüs qui ont’ fouvent donné l'alarme
à Florence , s'alimente principalement du trop
plein des marais de la Chiane & des eaux de la
Siève, avant que d'arriver à Florence. S'il couloit '
en ligne droite, fon cours n’auroit pas plus de
dix-huit milles de longueur du levant au couchant
j mais il fait tant de circuits, qu’il alonge
fon cours d’à peu près neuf milles. Il y a plufieurs
caufes de ces ofcilladons de 1 ‘Arno g les : deux
principales font : i° . le peu de déclivité des.plaines
qu’ il traverfe, & où il ne peut acquérir affez
de vireffe pour defeendre en ligne droite j l’autre,
que fes eaux , même dans les crues médiocres,
font, à la fin de fon cours , prefqu’ au niveau de
celles de la mer , & trouvent quelque réfiftance à
l’entrée dans fon baffin. Le petit effort que fait
YArno pour entrer dans' la mer eft fouvent balancé,
& quelquefois furmonté , par la réfiftance
de fes eaux , q u i, outre leur gravité fpécifique,
plus grande que celles de YArno, font fouvent
pouffées par les vents avec tant d’impétuofité,
qu'elles heurtent & retiennent celles du fleuve.
Les marins nomment cette efpëce de tempête
traverfia , & la trayerfia de l'embouchure moderne
de YArno y c'eft le libeccio gagliardo. Il faut encore
compter la réfiftance que peut faire aux eaux
de YArno le courant continu de la mer,, qui va
du midi au nord , & qu’on nomme vulgairement
mouvement rafant, de même que celle que peut
oppofer le flux & reflux quoiqu’il foit petit. Mais
l’obftacle que la mer oppofe à la décharge des
Gcographie-Phyfique. Tome II,
eaux de YArno eft bien plus grand quand elle
fou lè ve , dans les tempêtes, le fable de fon fond,
& que fes flots le portent dans l ’embouchure de
ce fleuve, ôc y forment comme une barre dont
l'effort du courant de YArno ne peut opérer- la
deftruétion que lorfqüe la mer eft tranquille. On
peut y ajouter encore, ce que de fortes raifons
phyfiques nous perfuadent, que le niveau de la
mer eft préfentement un peu plus élevé qu’ il ne
l’étoit anciennement, comme le prétend Zeudrini ;
ce qui augmente la difficulté que trouve Y Amo à
entrer dans la mer, difficulté que rencontrent con-;
féquemment auffi, pour fe décharger dans ce fleuve,
les torrens &: les îivières qui s’y réunifient. Cette-
caufe, quoique foible à la vérité , favorife les
fréquentes inondations des plus fertiles plaines de •
la Tofcane. D'ailleurs, nous y joindrons d'autres
confidérations importantes.
Les rivages de la mer, qui fervent de limites
entre la terre ferme & l'eau , font de différentes
natures , & fe préfentent fous différentes formes.
Les uns s'avancent en pente douce fous les eaux
de la mer ; d’autrès font taillés à pic , comme le
Monte-tfero , le Monte- Crifio , & la partie de Gor-
gona, qu’on nomme les Précipices. L'Arno dépofe,
lorfque ia mer eft baffe & tranquille, une grande
quantité de fable, qui s’étend fur ie fond de fon
baftin & y forme un dépôt. La mer, agitée par la
traverfia 3 tourmente ce dépôt, & pouffant, avec
une grande facilité, le fable dont il eft compofé
fur le rivage, y forme des iomboli ou dunes ( voye£
ces mots') 3 & fait des atterriffemens à l’embouchure
de YArno ; ce qui n'arriveroit pas fi le rivage
de la mer étoit taillé à p ic , & fi le fable de
YArno fe dépofoit dans un baftin profond.
Corneille Meyer , hollandais, que Corne III
fit-venir en'1604 pour reconnoître l ’état de YArno,
attribue l'exhauftèment du lit de YArno au peu de
pente qu’ont fes eaux; ce qui les oblige à dépofer
fur le fond du lit où elles font contenues , les
fables & les te-rres qu'elles charieor. 11 rapporte,
dans fon livre intitulé Arte di reft.tuire a Roma la
tralaficiata navigatione del fuo Tevere , qu’en enfonçant
dans le lit de YArno une pique pour prendre,
la hauteur de l'eau, il rencontra un fable engagé
un peu dans la fuperficie du fond, & qu'en enfun-
; çant davantage cette pique il fentit qu’elle pafioit
dans un terrain plus mou & moihs refiftant que ie
premier, & que continuant d’enfoncer cette
pique., elle entra dans un autre terrain peu différent
du fécond. Cette diverficé de matières ter-
reufes , de qualités différentes , pofées les unes au
; défi us des autres , indique affez que les eaux de ce
fleuve ont dépofé, en différens tems, ces terres
& ces fables dans le lit où elles coulent. Un ex-
hauffement femblable du fond de ce fleuve a été
trouvé très;-eonfidérable vérs la mer, où les bancs
de fables fe font confîdérablement élevés......
Si l’on confidère attentivement l’activité des
j caufes dont nous avons fait mention , ainfi que la
I i i i i