
cette différence eft la confiance avec laquelle les
vents & les courans fe, dirigent de l’eft à l’oueft
dans tout le golfe de Lyon.
Guilléminstdans fes Mémoires fur Torigine du
apurant littoral de la Méditerranée, 8c d’autres encore,
ont recueilli beaucoup d’obfervations fur
ces circonftances, d’où ils ont déduit toutes les ;
Caufe^ qui concourent a produire les effets qu’on
éprouve chaque jour fur les côtes du Languedoc.
Audi eft-ce une chofe’reconnue, que les ports
de toute cette mer, litués à l'eft des fleuves, tels
que Toulon & Marfeille à l’eft du Rhône, fe réparent
& s’entretiennent1 avec' beaucoup mcrins
de machines, de peines 8c de dépenfes, que les
ports fitués à l’oueft de.l’embouchure de ce même
fleuve, tels que lé port de C e t te , à l’oueft
de l’embouchure du Rhône. Ces inconvénient fe
firent fentir à Cette après la conftruélion de ce
port, qui n’eft pas d’une date fort ancienne.
Quand Narbone & Aigues-Mortes eurent ceffé
d’ êtré des îles , on- fentit vivement le befoin d’ un
féfuge dans cette partie d’un golfe qui feroit ex-
trêmehîènt redoutable par les vents de fud-eft, fi
les vaiffeaux qui paffent le détroit de Gibraltar
pour aller en Italie, en Provence ou au Levant,
he trouvoient pas de ports depuis Rofes en Catalogne
, jufqu’ à Marfeille. .
’ On voit par les détails précédens, qu’entre les
côtes de la Méditerranée on doit dillinguer celles
du Bas-Languedoc, qui font les plus expofées aux
^atterrijfemens : c’èft pour cela que les ports y font
fôrt rares, car ils s’y trouvent la plupart du tems
comblés par les courans, qui rejettent le long des
côtes les fables & les cailloux de diverfes natures,
Voiturés 8c dépofçs par toutes les- rivières côtières',
8c principalement, par le Rhône.
L’ irrimefifité de cailloux roulés qui fe' trouvent
difperféfc dans cette grande, lifière, octupée par
t’es enibôuchüres'de ces rivières, a de tout tems
occupé l’attention dès obfervateurs qui ont été
conduits'pat la reconnoi fiance des premiers phé-
îlOntënèç qùî *fe montrent le long de la côte , à
ïëmontéî jhfqu’ à Nîmes, Avignon, Orange. On
poiVrrdit dire fans exagérer les effets des eaux du
Rhône, qtie lui feul pouvoir opérer les atterrïjfe-
mens qu,’on rencontre dans les environs dê les
bords affiné fort grande diffincé. La première difficulté
feulement qui fe préfente, c’eft'fkxplica-
tion do:mélangé des dépôts du- Rhône avec ceux
<fe la Durante' j qu’ il né reçoit qu’à une lieue au
defibai d’ À;vi gnonj mais on né peur fe diffnnuler,
pour jpéù qu’on y réfléchi ffe-, qu’un gr arréragent,
te l que la mer, n’ ait contribué , noir-feuiemé-nt
à mélanger ces divers cailloux 8i à les dëpofer à
plus de îix lreues: au déffus de là joftétion d:e ces
deux rivières, mais-encore à les dëgroflîr 8c'a ies
arrondir dans fêtât où ils fe trouvent aéhielte-
Hient. 1 ,
' One autre' difficulté qui fe préfente à coté de :
celle-* ci-. tné pàfojà'ôévcMr recevoir là* même fdlùtion.
C ’eft aux mêmes circonftances qu’ on peut
attribuer les dépôts de cailloux fur. les plateaux &
fur les plages, qui font beaucoup au deftus du niveau
de la mer aétuelle. Il eft bien prouvé que,
quoiqu'elle làifie chaque jour des terrains à fec ,
fon niveau refte , depuis un tems immémorial,
conftamment le même. Marfeille a depuis plus de
deux mille an$ un port dans lequel la mer eft au
même niveâu ; mais on doit convenir'aufii que,
dans la vallée tîïêmé du Rhône, la mer a fait des
dépôts à différentes hauteurs , nommément dans
les parties de cette vallée que je nomme vallée- .
golfe , 8c dont j’ai fuivi les preuves inconteftables
aux divers points de la vallée > preuves qui fe trouvent
indiquées dans quelques articles de ce Dictionnaire
, 8c furtput dans les parties de la vallée
du Rhône, qui font aux environs de Setrières &
d’Andance , à-la hauteur d’Annonay.
Je ne me bornerai pas dans cet article, où je
m’occupe principalement des atterrijfemens , à con-
fîdérer d’ une manière générale les fimples tranf-
ports, 8c les dépôts des divers matériaux qui k s
forment. J’aurai foin furtout de faire mention de
la nature de ces matériaux, & dans cet examen je
ferai connoître en même tems les époques auxquelles
il convient de rapporter ces tranfports >
époques que j ’ai cru devoir déterminer, non-feulement
d'après la nature de ces matériaux, mais
encore fur leur difpofition & leur arrangement,
qui indiquent les eaux courantes qui ont opéré
ces tranfports, formé ces dépôts , ou feules , ou
conjointement avec les flots de la mer, qui les ont
tourmentés ou repouflés dans des efpèces de
dunes.. ,
J’ai cité ae même certaines invafions de la n-ier
dans la vallée-golfe du Rhône, comme pouvant
fervir à rendre raifon de' quelques diftributions
des matériaux qui ne peuvent appartenir qu'à de
très-anciens atterrijfemens, 8c que i’éiat aétuel des
chofes ne pourroic pas expliquer.
La dernière époque, l’époque actuelle, fe trouve
bien marquée par les atterrijfemens qui bordent les
: étangs du Bas- Languedoc, & qui couvrent une
partie de la Provence, le Comtat-Venaiflîn , les
environs d’Orange, les collines de Villéneuve-lès-
A vignon, Remouiin, les environs de Nîmes, de
Lunel, de Montpellier. Tous ces atterrijfemens ,
que nous pouvons appeler anciens , & que je da-
' terois volontiers du tems de l’invafion de la mer
• dans la vallée-golfe, font au deftus. du niveau de
la mer actuelle , 8c n’ont été dépofés que par les
! eaux courantes aduellés , fans avoir été façonnés
j autrement que par l’ancienne mer : ces atterrijfe-
| mens outre cela diffèrent, des nouveaux, en ce
qu’ ils font difperïés irrégulièrement. On voit dans
les contrées qu’ils occupent, des collines d’un volume
confidérable , remplies de cailloux roulés,
parmi ie.fqüels le trouvent des huîtres à. bec , qui
font étrangères à la Méditerranée aétueile.
Les"cailloux, quoique les mêmes que ceux de
là nouvelle plage, y font beaucoup pIus>gros‘; ils
y ont fubi la plupart des décompofitions plus ou
moins avancées. D'ailleurs, on n’y voit poist certaines
natures dê pierres que les courans de la
Méditerranée rejettent ftir fes bords , & qu’ on
.obferve affez, fou vent dans les maffifs des plages.
Nous croyons donc devoir défignej fous le nom
de nouveaux atterrijfemens cette lifière de terrain
qui règne entre les étangs dii Bas-Languedoc & la
mer, depuis Cette jufqu’à Aigues-Mortes, & la
vafte étendue fur laquelle fe prolongent les environs
de cette dernière ville, ceux de Franque vaux
& de la Camargue, où l’on a recueilli tous les
cailloux des anciens atterrijfemens, & de plus, des
porphyres , des ferpentines, &c.
il paroîtdéfiio'ntré par une fuite d’obfervations,
que ces atterrijfemens ont commencé par être fouf-
marins, & que, dès qu’ils eurent atteint une certaine
lifière, ils contribuèrent à former la plage
que nous pouvons parcourir aujourd’hui. Pour ce
qui concerne des parties de cette plage , il eft facile
d’expliquer .comment elles ont pu acquérir
urfe certaine élévation au deftus du niveau ordinaire
de la mer : ces mouvemeris peuvent fè remarquer
tous les jours,.
On voit effectivement la mer, dans, fes mouve-
mens ordinaires, dépoter fur fes.bords, d’abord
des fables i enfuite, dans une agitation plus forte,
ce font des mélanges de fables ,, de graviers, de
coquilles qui font rejetés plus loin. Dans les tempêtes
elle lance outre cela des cailloux qu’elle
balptte long-tems, 8c qu’elle amoncèle à un niveau
plus élevé & à.des diftances plus considérables
; de telle forte que les entaffemens de cailloux
roulés qu’on retrouve dans les dunes peuvent
être confîdérés comme déterminant la ligne à laquelle
atteignent les vagues de la mer dans les
plus gros tems,
Ces mouvemens progrefllfs doivent former,
comme on voit, fur le rivage de la Méditerranée,
une pente dont la furface eft fans ceffe recouverte
dé nouveaux matériaux > de forte que la mer, fans
uitter fon niveau ordinaire, s’éloigne ainfi de fes
épôts. Si fur cette plage fe trouvent de petits
amas de matériaux mobiles plus élevés, ce ne
font que des fables, au milieu defquels on ne rencontre
aucune pierre.
Je ne puis féparer ici des détails qui ont pour
objet les atterrijfemens de la côte du Bas-Languedoc
, les faits que nous a préfentés la ville d’Ai-
gûes-Mortes, éloignée de plus d’ une lieue de la
mer, entourée de fables, de petits cailloux & de
coquilles, exactement les mêmes que celles de la
plage. On voit à côté de cette ville une lifièrè d’un
;tiet$ de lieue, où l’on a trouvé les mêmes cailloux
, les mêmes coquilles, qui n’ont pas éprouvé
une décompofition bienfenfible, dans les fouilles
qu’on a faites pour le canal de la province : c?eft
a ufli vis-à-vis de ces lieux, proche la Tour dé An-
glas, que coa^jience une longue chaîne de col*
ltnes /of nées de cailloux, qui borfie à l ’eft le fertile
bafîîn des environs de Nîmes jufqu’à Remou-
lin. C ’eft à quelques pas de diftance qu’on trouve
des différences confîdérables entre la régularité
.des atterrijfemens 8c leurs produits , du ,moins
quant aux coquilles j à certains cailloux à leqr
volume & à leur état de confervation.
Nous ayons trouvé afie^ fingulier que.la mqr
rejette aujourd’hui des’ pierres, telles que des
porphyres & des ferpentines, & c . qu’on ne cor>
noît pas dans les atterrijfemens de première date.
11 eft à préfumer que quelques rivières ont,changé
de cours, ou mieux ençpr-? , qu’en craufant leur
lit elles auront rencontré des maftifs de pierres de
nouvelle nature. Quant à la différence de groffeur
dansie.s cailloux , il eft aifé d® fentir qu elle dépend
de Ja longueur, du tranfporc qu’ils ont ef-
fuy é , foit par les.eaux courantes, foie par le^s
vagues de la Méditerranée.
; Je me fuis furtout attaché à reconnoître les
altérations que diverfes natures des pierres des
.atterrijfemens ont éprouvées par un long féjoirr
dans ces dépôts. En général,, j’ai vu, ;i°. que ces
décompofitions avOient lieu furtout dans.les lieux
humides j 2°. que les quartz pifrs & les. pierres
calcaires pures n’ annonçoient nulle y a rt d’altérations
5 .3®.. que toutes les pierres décômpofées
contiennent du fer. ou de l ’argile 3 40. qu’en s’approchant
de leur entière décompofitioD, ces pier-
res^perdent de leur couleur, de leur dureté & de
leur pefanteur fpécifique , & c . Dans ces mêmes
contrées, la nature opère fur de grandes ma.fteé
les mêmes décompofitions que préfentent les cailloux
roulés i f o l é s ceux-ci font, il eft vrai, plus
expofés à l ’aélion de l’air & des météores 3 mais
quant aux réfultats, ce font les mêmes circonftanf
ces à peu près, & furtout des agens femblables.
Atterrijfemens du Rhône & des côtes du Bas-
Languedoc.
Les atterrijfemens du Vidourle & du Viftre font
encore augmentés par les dépôts du Rhône , à
caufe de leur proximité, au lieu que ceux des
autres rivières plus éloignées en ont moins participé,
à proportion de la diftance de leur embouchure
à celle du Rhône. Les matières que ce fleuve
charie de tous les tems font fi confidérables, qu’il
n’eft pas étonnant qu’il en ait tant fourni fur toute
la longueur de la cote du golfe de Lyon : il lui en
fournira cependant de moins en moins, à mefure
que fon lit avancera dans Ja mer, 8c il pourra fe
faire, mais à des époques éloignées , qu’il n’en
portera plus fur elle, tandis que le même courant
d’eft , qui commence d’en porter au-delà du cap
de C re u x , fur la côtexd’Efpagne, continuera.
Nous croyons qu’alors les premières côtes du golfe
de Lyon n’en recevront plus.
Il faut parler des, atterrijfemens que ce fleuve a
faits entre ju i & Aigues-Mortes^& qui fe font