
les plus belles cornalines blanches orientales ; mais
ils font très-mous, 6c l'acide le plus foible les dif-
fout. Il y en a moitié blancs & moitié couleur de
cire y &: de différentes couleurs. La propriété que
ces albâtres ont de fe dilToudre dans les acides,
fait douter que les vafes dans lefquels les Romains
confervoient leurs baumes, fuffent de ces
fortes d'albâtres ; car comme quelques-uns de ces
baumes renfermoient des acides, & qu’en .confé-
quence ils auroient dû diffoudre ces vafes, on
préfume que la plupart de ces vafes étoient formés
d’albâtres gypfeux couleur de c ire , allez durs,
& tels qu’il s’en trouve en différens endroits de
l'Efpagne & de quelques autres contrées de l’Europe
& de i’Afîe.
Une plaine un peu inclinée, d’environ dix lieues
de contour ,arrofée par-différentes eaux courantes,
forme la fertile & délicieufe campagne de Grenade.
Il y a au milieu de cette plaine un bois formé
d’ormeaux, de peupliers blancs.& de frênes, accompagné
de quelques métairies-& de terres bien
cultivées. C et elpace, avec la maifon royale qui
s'y trouve, a le nom de Soto di Roma. On tire de
ce bois , des ormes pour le fer vice de l’artillerie.
En fortant de Grenade pour fuivre le cours du
Xenil 3 on eft long-tems dans une belle plaine; à
l ’extrémité de laquelle on trouve une. montagne
de grès, (uivie d'une vallée dont les croupes font
couvertes de terres calcaires, & d’une petite
plaine où l’on cultive du b lé , du lin, du chanvre
& des légumes. Loxa vient enfuite : c ’eft une petite
ville fituëe fur une très-haute colline de"pierres
arrondies & conglutinées, qui forment une brèche.
Elle eft au milieu d'un bois d’oliviers,d’un très-grand
rapport, quoique le terrain foit élevé, froid & fec.
En fortant de Loxa & en dirigeant fa marche
vers l’occident, on traveife des collines calcaires,
& chargées de terres femées de blé & d’orge : on
voit que la terre de ces collines eft produite par la
décompofition des roches des anciennes montagnes.
Il y a même quelques-unes de ces roches
qui font entières , & à côté l’on trouve dçs preuves
évidentes de leur décompofition dans des fragmens
prefque diffous. On peut croire que les montagnes
qui fubfiftent encore fe réduiront en débris avec le
tems, comme les autres.
Cette partie orientale du royaume de Grenade
eft couverte de montagnes élevées & de collines
baffes & terreufesen couches, qui font les produits
de la décompofition dont j’ ai parlé. On y rencontre
auffi des coteaux ifolés, qui n’ont aucune
l’Efpagne, c’ eft-à-dire^ des cailloux roulés, calcaires
communication avec les montagnes., & qui font
reftés dans leur état primitif, parce que la matière
a réfifté à tous les principes de deftruCtion.
En traverfant un territoire inégal, calcaire &
cultivé, on arrive à Herrera, où l'on voit des terres
rouffes & blanches, qui font très-fertiles. On n’ y
rencontre point de pierres détachées ni aucune I
des trois efpèces de gravier que l’on aiieu d’ob- I
ferver fort fouvejit dans les autres contrées de |
& non calcaires, ou bien un mélange des
uns &■ des autres. La terre blanche dont on a parlé
eft de la marne, ainfi que la terre rouffe , toutes
deux également productives.
A une lieue de Herrera on trouve Eftepa, fitué
fur une colline arrondie, entourée d’oliviers & très-
fertile en grains. Les olives d'Eftepa font petites,
mais elles donnent une huile auffi claire & auffi
délicate que celle de Valence.
Des terra ins fablonneux, remplis de cailloux roulés
, occùpent à peu près, tout l’efpace qui s’étend
depuis Aadujar jufqu’à Cordoue. Près de cette ville
il y a des montagnes de marbre : on croit même
dans le pays, qu’il s’y trouve des carrières de porphyre
& des mines de cuivre bleu & vert.
Cordoue eft à une lieue de la Sïerra-Morena. On
y voit un très-grand nombre de moulins conftruits
lur des batardeaux qui traverfent le Guadalquivir ,
pour donner d’un côté plus de pente à l’eau, 8c
qui de l’autre laiflènt un paffage de vingt pieds
pour la liberté de la navigation. Comme le Guadalquivir
ne charie pas de pierres arrondies , il
n’arrive jamais que ces batardeaux fe comblent. ;
; Conftantina , ou comme, les Efpagnols difent,
Cojiantina , eft à une petite diftance de Cordoue.
Ce village a donné fon nom à une mine qui s’exploite
dans une montagne affez élevée, que l’on
appelle Fuente-de-la-Reyna. Cette mine renferme
dans, fa partie fupérieure, des pyrites, une bande
de plomb, & de l’argent dans du fpath. Plus bas
elle renferme de l’ argent minéralifé, & une mine
de plomb diftribuée par petits carrés & mêlée d’argent.
Lè filon s’étend du nord au fud , & traverfe
des ardoifes.
' On voit enfiiite de tous côtés , dans les en-
1 virons, des feories qui indiquent d’anciens ravages
î des feux fouterrains , dont il feroit à defirer qu’on
Cuivît les traces avec une certaine attention.
En remontant à deux lieues de Ca^ala , vers le
couchant, on trouve une mine de cuivre. Le filon
eft placé dans du quartz pyriteux, & s’étend du
nord au fud. A Ca^ala même eft une mine d’argent
vierge dans du fpath, & de l’argent minéralifé
dans des pyrites de cuivre, mêlées de quartz &
d’ un peu de fer.
Mais la mine la plus confidérable & la plus
anciennement connue de cette contrée , eft celle
qui fe trouve à une demi-lieue du petit bourg de
Guadalcanal, & qui en porte le nom. Les cimes
des montagnes qui entourent Guadalcanal, font
toutes arrondies comme des ballons , & tiennent
les unes aux autres en confervant entr’ elles une
grande égalité dans leur hauteur : elles diffèrent
en cela des Pyrénées, qui fe terminent en pointes.
Ces montagnes font partie de la Sierra-Morena. Les
pierres qu’elles renferment, font très-dures, & ref-
femblent aux pierres de Turquie, efpèces de grès
fin , qui fert à aiguifer. Celles-ci ont cela de particulier
: i °. Que
î°. Que leur forme eft feriiblabié, à celle de
l’ardoife, puifque leurs fentes font perpendiculaires
& s’étendent de l’oueft à l’eft.
2°. Que ,ni l’eau ni l’huile ne pouvant y mordre
, elles n’ont pas été employées comme pierres
à aiguifer.
Guadaîcânal eft fitué dans un pays fec : deux petits
ruiffeaux qui manquent d’eau pendant l’été ,
coulant de l’eft à l’oueft aux pieds de deux coteaux
oppofés & éloignés l’un de l ’autre d’environ trois
cents pas, femblent être les limites de la mine.
Elle fe trouve au milieu du quartz, du fpath mou
de couleur grife , d’ une ardoife ferrugineufe, accompagnée
de pierre de corne ou hornfiein ë elle
offre un peu de plomb & beaucoup d’argent. Cette
mine fut exploitée autrefois ayec grand avantage.
C ’eft d’après l ’efpérance de pareils fuccès, que
quelques étrangers avoient entrepris d’en reprendre
.les travaux $ mais nous favons que des dé-
penfes exceffives ont été inutiles.
En defeendant au fud on entre dans la belle
plaine où eft Sêyille. On ne trouve point de pierres :
dans fes environs : de là vint que les Romains qui j
l ’habitèrent fous le nom d’Hijpalis, en firent les ;
murailles d’une efpècë de mortier qui.s’eft tellement
durci, qu’il eft aujourd’hui comme de la
pierre : dé là vient auffi que cette même ville n’eft
pavéë que de cailloux roulés qu’on tire de grands
amas fort éloignés de cette ville.
Le Guadalquivir , en continuant fa route par le
fud-oueft & formant un grand nombre d’îles alon-
gées, va fe rendre à la mer par une embouchure
fort large. A quelque diftance, au fud-eft, on
trouve la ville de Cadix 3 fituée d;ans une prefqiî’ ïle
& fur les rochers contre lefquels la mer vient fe
brifer. Ces rochers font compofés de différentes
matières , telles que le quartz , le fpath, accompagnés
de cailloux roulés, au milieu defquels l’on
voit des coquillages amalgamés avec le fable.
M. Bowles attribue aux vagues de la mer l'union
intime que l’on remarque entre les différentes
fortes de décombres jetés habituellement en cet
endroit, foit briques, fables, plâtres, coquilles,
& c . & c . } en forte qu’après un certain tems elles
paroiffent ne faire qu’un bloc de pierres, il paroît
cependant que la mer s'avance un peu de ce c ô té ,
puifqu’ejle couvre d’anciennes ruines que l’on ap-
perçoitdans les baffes marées.
Le vent du fud , fous le nom de folàno 3'produit
fur cette côte des effets auffi dangereux que
le firoco en Italie. S’il arrive qu’il fe faffe fentir
feulement pendant huit du dix jours, il enflamme,
comme on dit,, le fang de manière que les femmes ;
en font très incommodées; Les accidens qu’elles
éprouvent pour lors ne ceffent • guère qu’après
que des vents frais font, venus diffiper les mauvais
effets du fàlano. &
Je terminerai la defeription de ce que j’ ai pu
recueillir fur le baffin du ^Guadalquivir, par que}-
Géographie-Phyjîque. Tome IJ.
i qtfès remarques inréreffantes fur. les lieux de la
gauche du ]k d e ce fleuve.
Le Guadalquivir, au fud de Linares, reçoit à
fa gauche les eaux de la Bravatà3 qui vient d e l’eft
& qui a fa naiffançe dans une chaîne de montagnes
dont il a été queftion ci-devant. Cette rivière
eft groffie des eaux qui s’y rendent de la Sierra-
Nevada.
Jà'èn eft fitué plus à l’oueft fur la petite rivière
de Guadalbulloti. C ’eft par ce nom qu’elle eft dé-
fignée fur la carte de Danville : il y a quelques
mines dans le voifinage de la fource ; mais on ne
doit pas omettre une obfervation fur les cailloux
qui te trouvent dans cette contrée, & dont M.
Bowles nous a fait part. Dans le royaume de Jaën3
près de Linarès, il y a un coteau prefque tout
compofé de pierres liffès , de la forme & de
la groffeur d’un oeuf. Leur poli 8e leur arrondiffe-
ment ne peuvent être attribués aux pluies ", parce
que ces pierres n’y font pas expofées aéluelîemen r,
& qu’elles ne font pas répandues à la furface de
la terre, mais amoncelées dans le corps du coteau
probablement lors de fa formation.
Au fud-oueft de Jajên on trouve des- collines
compofées de marbre & d’autres pierres calcaires.
Il y en a auffi de terreufes , mais elles font moins
élevées. Prefque partout dans cette contrée lé
caillou eft détaché, au lieu de former des poudings
comme il le fait dans beaucoup d’autres endroits.
De l’autre c ô té , c’eft-à-dire, dans la partie du
baffin, à la droite de Guadalquivir, eft la petite
rivière de Tinto, qui mérite de trouver place ic i,
i ° . Parce qu’elle a donné fon nom à un viilagë-
où il y a une riche mine de cuivre, qui eft un peu
au fud de Niebla ;
2°. Par la propriété qu’ont fes eaux, qui font
de couleur jaune, de répandre cette même couleur
fur fes bords ;
3°. Par la propriété non-moins remarquable
d’agglutiner les cailloux roulés après les avoir humectés
pendant quelque tems}
4q. Parce qu’ elle flétrit les plantes qui croiffent
fur fes bords î
5°. Enfin , parce que les animaux n’y peuvent
vivre, & qu’aucun n’en veut boire les eaux, excepté
les chèvres j dont la chair-:eft cependant d’une
excellente faveur.
M. Bowles remarque que le Rio-Tinto n’ a ces
propriétés que depuis Niebla. On ne peut pas douter
qu'il ne les reçoive de quelque principe aifé à
diffoudre , & qui fe rencontre dans le.lieu où eft la
mine.
AND AMAN ( Iles d’ ). Ces îles font fituées
dans la baie de Bengale, depuis le dixième degré
trente-deux minutes, jufqu’au treizième degré
quarante minutes de latitude fud , & depuis le
.quatre-vingt-dixième degré fix minutes, jufqu’ au
quatre-vingt-dixième degré cinquante-neufminutes
longitude eft. Elles font une continuation de l’ar