
des limites de la nouvelle terre dans le Bas-Limou-
fin. Ain f i , avant d'arriver à Beaulieu, en partant
d'Argentac, on trouve fur les hauteurs des couches
de pierres calcaires qui couvrent la pierre de fable
, laquelle s'enfonce infenfîblement fous ces couches
calcaires, & de telle forte qu'on ne peut plus
reconnoître l ’épaifleur des bancs calcaires qui régnent
& qui dominent à la furface de la terre.
Il en eft de même aux environs de Juffat, d'Ayen
& de Saint-Hilaire. On vo it, en partant de ces
différens villages, l'extrémité de la pierre de fab
le , dont la furface baiffe infenfiblement, & eft
couverte par des bancs calcaires qui gagnent une
grande épaifleur : c’eft là qu'on peut obferver la
limite de Y a n c ien n e & de la n o u v e lle te r r e , qui offre
d'un côté le granit en mafle, & de l'autre un bra-
fier compofé de débris de granit entraînés dans la
mer, & nullement de pierres calcaires, lefquellês
ne fe trouvent qu'à un certain éloignement du
granit. On voit par-là que c'eft moins la nature
différente des fubftances, que leur éta t, leur or-
ganifation, leur difpofition intérieure ou relative,
qui annoncent deux ordres de chofes contigus, &
qui font les caractères de ce que j’ai toujours confédéré
comme les limites de Y a n c ie n n e & de la no u v
e l le te rre .
N e u v i è m e c o n s i d é r a t i o n f u r le s l im i t e s de
l* a n c ien n e & d e la n o u v e lle terre , d 'u n e c e r ta in e
é tendue.
Il y a une grande confédération qui doit naturellement
fe préfenter à ceux qui ont fuivi les limites
de Y ancienne terre, & qui ont déterminé
l'étendue des parages de la moyenne & de la nouvelle
, diftribués comme de grands badins dans l'intervalle
des maffifs de Y ancienne. Cette confédération
confifte àr enlever , par la penfée, les dépôts
des moyennes te nouvelles terres, te de reconnoître
enfuite quel étoit l’état du fond qui leur fert maintenant
de bafs, te qui ne peut être que de la nature
du maffif de Y ancienne terre. Il y a , ce me
femble , plufieurs moyens de reconnoître l’exif-
tence de cette bafe, fi l'on s'attache à certaines
parties des limites. C ’eft là , i°. que la moyenne
ou la nouvelle terre eft établie d’ une manière fort
apparente fur Y ancienne, dans toute l'étendue des
limites qu'on peut fuivre* c'eft là que Y ancienne
terre- paroît s’enfoncer fenfiblement fous ces affem-
blages de dépôts. 2°. Il eft naturel de penfer que
la nouvelle terre ou la moyenne, qui eft un dépôt
de la mer, a été formée dans un baffin de même
forme que fes bords. 30. Il feroit facile de trouver
une correfpondance entre les parties apparentes
de Y ancienne terre, qui font fe parées par les traétus
calcaires. Effectivement, proche dés limites, lorf-
que les torrens ont détruit les dépôts fuperficiels,
on rencontre plufieurs têtes de granit qui font
île s , & qui fe montrent à découvert d'intervalle à
autre, fuivant que les approfondiifemens des val- r
Ions font parvenus jufqu’à la bafe primitive, &
alors ils la font voir régnant conftamment deffous
des couches calcaires qui font établies deffus.
Si l'on retrouve dans les environs des limites
une correfpondance entre deux parties de Y ancienne
terre, on pourroit fe flatter que c’ eft la continuation
du meme maffif qui a été recouvert par
la nouvelle dans les intervalles.
En s’attachant à la même confédération, on
pourroit conclure de même un bel enfemble dans
les filons des charbons de terre, dans ceux des
mines qui font peut-être moins fuivis, & enfin
dans l’allure des granits à bandes : on remonteroit
par cette marche jufqu'à l'état primitif de Yan-
cienne terre avant qu'elle eût reçu aucun dépôt qui
fît partie de la nouvelle. Le réfultat de ce grand
travail fourniroit peut-être allez de lumière pour
tenter d'alfigner les circonftances qui ont pu concourir
à l’organifation des ardoifieres, des charbons
de terre, des filons des mines & de certains
gneifs ou talcites , phénomènes qui me femblent
avoir entr'eux une correfpondance d’effets parallèles,.
& s'annoncer avec des caractères du même
ordre de chofes : fans cela on pourra courir les
rifques de ne voir fur le globe que le défordre
apparent qu’il préfente, fans démêler toute l'éten^
doe des révolutions qui l’ont défiguré. Remettez-
le au point où il étoit avant les dépôts de la moyenne
& de la nouvelle terre, il vous offrira peut-être encore
une complication d’effets difficiles à analyfer ;
mais il n’eft pas douteux qu’on l’appercevra fous un
point de vue beaucoup favorable à l’étude qu’on
en peut faire. Un obftacle de moins fait démêler"
une correfpondance qui échappeit, & la découverte
d’une correfpondance nouvelle eft une fource
de lumière qui rapproche plufieurs objets intéref-
fans j car fouvent le dénoûment des difficultés
qu’oppofoient des objets ifolés , fe trouve dans
leur rapprochement : de là je vois qu’ un travail
qui nous feroit connoître les différens maffifs ,
leurs limites & leurs correfpondances, jetteroit
beaucoup-dé jour fur l’hiftoire du globe.
D i x i é m e c o n s i d é r a t i o n f u r le s n iv e a u x a p p a -
r e n s d e l ' a n c ie n n e , d e la m o y en n e & de la n o u v e lle
terre.
J’ai confédéré les vaftes maffifs de Y ancienne terre
en Lîmoufin &fen Auvergne. J’ai reconnu que ces
maffifs dominoient au deffus du fol de leurs enceintes
, qui n’ offrent que des couches horizontales
j mais en me rapprochant, par le Forez te le
Vélay, de la vallée du Rhône te du Dauphiné, j'ai
trouvé des couches inclinées, enfuite des granits
qui fe montroient à travers ces couches, ou bien
qui leur fervoient de bafe. J’ai vu même cëtte
difpofition relative dans la tête des vallées de la
Loire en V é la y , de l'Ailier en Auvergne te de la
Dordogne en Limoufin. D’où vient une telle dif-
tribution de maffifs ? Pourquoi les granits font-ils
à découvert dans une fi grande étendue de la fur-
face de la terre en France, fans qu’il paroiffe qu’ils
aient été recouverts d’une manière fuivie par la
moyenne terre , comme dans les Alpes.
Si c’eft un dépôt de là mer que cette moyenne
terre, ne femble-t-il pas néceffaire que la mer ait
recouvert les granits au Limoufin, de l’Auvergne
te du Vélay , te y ait formé les dépôts de la
moyenne terre? Je ne fais pas pourquoi cette différence
dans les niveaux, car il n'y a aucune def-
truélion poflible qui ait dû faire difparoître totalement
ces dépôts s'ils euflent exifté fur une telle
bafe. Les pluies, le feul agent qu'ait la nature pour
opérer cette deftruétion, n’auroient pu la faire : il
ne pleut pas plus dans les montagnes du Limoufin
que dans les Alpes. Les dépôts de la moyenne terre
n'ont donc pas recouvert les granits du Limoufin
feulement : je les trouve à côté & dans des vallées
aflez profondes, où il eft vifible que la mer,
qui a formé la moyenne terre, a fait une invafion.
Par conféquent le niveau du bàflin de cette mer a
été inférieur au fommet graniteux dii Limoufin,
de l’Auvergne & du Vélay. D’ailleurs, les bords '
de tous ces maffifs de granits font conftamment
élevés au deffus des couches horizontales de la
nouvelle terre, de telle forte que les extrémités de
ces couches font bien régulièrement dépofées fur
le granit. Il n’y a donc rien eu d’intermédiaire
entre le granit & les couches horizontales dans
toute l’étendue de cette enceinte, au lieu qu’aux
environs du Jura te des Pyrénées, les couches
horizontales ne font point appuyées fur le granit
dans toute l’étendue des limites de l’anciènne
mer, où s’eft formée la nouvelle terre. Ainfi, voilà
deux difpofitions relatives bien différentes, celle
des couches horizontales appuyées immédiatement
fur les granits, te celle des mêmes couches
horizontales appuyées fur les couches inclinées :
voilà donc deux ordres de chofes que préfentent
deux contrées très-voifines. Pour réfoudre cette
queftion, il faut décrire les limites & les niveaux
différens où fe trouvent les maffifs de la moyenne
terre, & pour lors il faudra dire pourquoi la moyenne
terre, qui occupe une partie des fommets des Pyrénées
& des Alpes , n’a pas été formée fur des
bafes de granit inférieures en Limoufin, en Auvergne,
en Vélay , en Forez, & c. &c.
Je pourrai par la fuite étendre cette comparaison
des niveaux des trois maffifs dont je me fuis
occupé ic i, te furtout en difcutant les phénomènes
des vallons-golfes, où fe rencontrent des matériaux
de ces trois maffifs. J’y renvoie. ( Koye^
aujft l'article MASSIFS. )
O n z i è m e c o n s i d é r a t i o n fur les limites de C ancienne
6* de la nouvelle terre.
Je ne crois pas qu’il y ait des paflages infenfîbles
de l1 ancienne terre à-la moyenne, ou même de la
moyenne à la nouvelle, furtout fi l’on fixe bien
exa&ement les caractères de ces maffifs, qui appartiennent
inconteftablement à des époques fuc-
ceffives. Les oblèrvations m’ont appris depuis
long-tems que les lignes de féparation, leurs limites
, font fort nettes & précifes. S’il y a cependant,
dans certains cas, quelques exceptions,
c ’eft-à-dire, que fi certains maffifs font peu fuivis
dans leurs bordures, on ne peut fe diflimuler que
la nature des matériaux change bien vifiblement
leur organifation , te que, s’il y a quelques mélanges,
ils n’ occupent que des efpaces peu remarquables.
, Un voit en général que l ’ordre de chofes qui a
préfidé à la formation de chacun des deux maffifs
contigus, eft auflî décidé fur les limites que dans
les differentes parties de l’intérieur & du centre ;
que, dans les limites de l’ancienne terre, il n’y a
rien de commun avec l’ordre de chofes qui a formé
le maffif voifin, contigu te poftérieur de la moyenne,
car on peut fuivre en même tems dans celui-ci
toutes les circonftances, tous les agens qui ont
pu l’amener j mais on n’y découvre rien qui au-
roit pu y conduire infenfiblement, par un fimple
dérangement de l’ ordre antérieur, dont les effets
iroient, fuivant des nuances aifées à fuivre, fe
réunir aux effets de cet ordre poftérieur. A confi-
dérer, dans un grand nombre de ces effets, la
marche de la nature, qui marque fes pas par des
progrès infenfîbles, on pourroit croire qu’elle
l’auroit fuivie dans la formation, la difpofition te
l’organifation des différens maffifs fuperficiels te
intérieurs du globe* mais je n’ai rien trouvé qui
autorifât ces aflertions , que plufieurs naturaliftes
ont hafardées lorfque les obfervations leurman-
quoient. Cette prétention de la marche de la nature
par des progrès infenfîbles eft la fource d’ une
infinité d’erreurs où ces naturaliftes font tombés.
Puifque nous avons eu le dénoûment d’un grand
nombre de phénomènes en féparant les maffifs &
leurs époques, il faut nous défier de cette dégradation
d’effets, qui lieroit ces maffifs par une correfpondance
ingenieufe, il eft vrai, mais gratuite.
En adoptant ce plan que l’obfervation détruit,
on retomberoit dans la confufion & le défordre.
11 eft impoffible de faire exécuter par le même
agent, alfujetti aux mêmes lo is , les différentes
opérations de la nature, dont les réfuîtats fubfif-
tent encore dans chacun des maffifs que j’ ai distingués.
Bien loin de pouvoir admettre cette dégradation
d’effets d’un maffif à l’autre, par des paffages
infenfîbles fur leurs limites, je fuis fondé à croire,
au contraire, que c’eft fur les limites que le con-
trafte eft le plus marqué & le plus propre à décider
les cara&ères diftin&ifs des maffifs : c’ eft là
où je les ai étudiés avec le plus d’avantage te avec
la plus grande facilité. Comment concilier ces
réfuîtats avec l’hypothèfe de la généraiïfation du
même agent ? J’avoue que cette méthode de gé-
néralifation eft très-utile pour développer toutes