
R o a , O t a ï t i , M a r q u i s e s , D o m i n i q u e ,
A n A MO o k a , T o o f o a , T o n g a t a b o o , H e- j
B AIDES y 7 ANNA, NOU VTLLE-ZÉLANDE > Mo-
e u q u e s , M a c i i i a n , A m b o i n e , TERNATE,
J a v a , M a l d i v e s , Ii e s d u c a p V e r t , C a n
a r i e s , M a d è r e , T e y d e , A ç o r e s , T é n é -
R i f f e , A n t i l l e s , M a r t i n i q u e , J a m a ï q u e ,
S a i n t ■ D o m i n g u e , l a G u a d e l o u p e , l 'I r l
a n d e , l ' I s l a n d e , St a l im è n e , l ’ A r g e n -
•TicRE, S a n t o r i n , I s c h i a , l e s îl e s L i p a r i ,
E o l i e n n e s , S a i n t e - H e l è n e , A s c e n s io n ,
l ' I l e - B o u r b o n ou d e l a R é u n i o n , A m s t
e r d a m . )
Archipel volcanique des Antilles.
Nous avons confidéré les Antilles fous différens
points de vue. Nous allons main ter a >t les faire
connoître comme archipel volcanique.
Les Iles-du-Vent étant expofées aux exceflives
chaleurs de la zone torride , fer oient inhabitables
f i, deux fois le jour, l'air n’étoit rafraîchi par des
vents d’ eft qui régnent a fiez conftamment dans ce
climat, excepté depuis la fin de juillet jufqu'au i ƒ
du mois d’o&obre, tems auquel l’air eft fujet à de
grandes variations, qui produiront fouvent d’horribles
tempêtes, nommées owagans. Cette faifon,
connue fous le nom d’hivernage, fe termine ordinairement
par des pluies abondantes, auxquelles
fuccèdent des maladies opiniâtres. Outre ces incommodités
, les Antilles font fujètes à de fré-
quens tremblemens de terre, & cela n'eft point
furprenant fi l’on confidère la forme du terrain,
. compofé de très-hautes montagnes entrecoupées
de vallons, de ravines & de falaifes efearpées, où
l’on apperçoit les couches de terres, de pierres
& de fables, le plus fouvent confondues & fans
ord re, renfermant, à des profondeurs inéga’es,
plufieurs fortes de minéraux, parmi lefquels on
trouve une grande abondance de fer.
La quantité de foufre, naturellement fublime
au fommec des plus hautes montagnes & dans
quelques vallées -, les laves, les eaux thermales ,
les nombreux amas de pierres-ponces, les pitons
fous formes coniques , prouvent évidemment
l ’exiftence des volcans qui ont ravagé très-ancien-
- Renient ces îles.
Malgré ces dangers, ces îles font extrêmement
peuplées & bien cultivées. Les habitans y jouif-
fent, entr’autres avantages, du plus beau ciel du
monde } ils n’y éprouvent ni hivers ni frimats. Les
montagnes y font en tout.tems couvertes de verdure,
& les vallons arrofés de fources & de rivière
s , dont l'eau eft claire, limpide & très-falubre
en plufieurs endroits. Les beftiaux y multiplient
à merveille. La terre y produit des arbres d’une
énorme grofleur, dont le bois incorruptible s’emploie
très-utilement aux ouvrages de charpente ,
de menuiferie, de marqueterie j d’autres font propres
à la teinture $ enfin, quelques-uns portent
d'ejrçellens fruits. Les bananes, les patates ^ le
r manioc & plufieurs autres racines font la prfnci-
| pale nourriture des habitans, qui recueillent auflï
beaucoup de riz & de mais. Les plantes, tant potagères
que médicinales, naturelles au pays, y font
fort abondantes, & les exotiques s’y naturalifent
parfaitement bien.
Autour de plufieurs de ces îles, & dans les cu’s-
de-facs ou baies , . la mer fournit des tortues &
beaucoup de bons poifions, dont les efpèces font
. inconnues, en Europe.
Ce. que l’on a dit des Iles-du-Vent convient
également aux Iles de de {fou s le Vent : celles-ci
font plus grandes, & ficuées à l’occident des premières
j elles font au nombre de quatre principales,
diltribuées dans le même golfe du Mexique,
qui (ont Cuba, la Jamaïque, Saint-Domingue &
Porto-Ricco.
Dans cts îles, la partie de terre qui regarde le
levant eft toujours rafraîchie par les vents alifés,
. qui c ourent depuis le nord jufqu’à l’eft-fud-eft, &
qu on nomme Çabcfterre. ( Voye^ ce mot. ) La balle
terre eft la partie oppoiée : les vents s'y font moins
fentir, & cette partie eft plus chaude parce qu'elle
eft moins rafraîchie : outre cela , la .mer y étant
plus tranquille, elle eft plus propre pour le mouillage
& le chargement des vaiffeaux. D’ailleurs,
lés côtes y font plus baffes que dans les Cabejlerres,
où elles; font ordinairement .hautes & efearpées,
parce que les flots, qui font prefque toujours agités
, les attaquent violemment.
Ce qu’il y a de plus remarquable dans l’intérieur
j de ces îles, ce font de grands pics ou hautes montagnes
ifolées, terminées en pain de fucre, & dont
, le fommet fe perd dans les nues : on les.nomme
pitons; elles font pour la plupart inacceflïbles. Ces
ma fies énormes, entourées de précipices, ne pro-
duifent point d’arbres, & font couvertes feulement
d’une forte de moufle fort épaille, & comme
fri fée.
Les pilons les plus renommés dans les îles font
ceux de la Martinique, qu’on appelle pitons du
Çarbet • celui de la montagne pelée dans la même
île ; celui de la foufrière à la Guadeloupe, & ceux
de Sainte-Lucie. Ces derniers font remarquables,
en ce qu ils prennent naifiance au bord de la mer,
3c qu’ils paroiffent détachés des autres montagnes
y mais il s’en faut de beaucoup qu’ils foient
aufii élevés que les précédens. Au refte, il parole
qu’en général ce s pitons font des culots immenfes
d'anciens volcans. ( Voye^ C u l o t s . )
Nous ne devons pas omettre ici les falines des
îles Antilles : ce font des étangs d’eau de mer ou
grands réfervoirs formés par la nature au milieu
des fables, dans des réduits entourés de rochers
& de petites montagnes, dont la pofition fe trouve
ordinairement dans les parties méridionales de
prefque toutes ces îles. Ces étangs font fouvent
inondés par les pluies abondantes, mais ce n'eft que
dans la faifon fèche, c’eft-à-dire, vers les mois de
j^nyier & de février, que le fel fe forme dans ces
. ' *étangs 3
étangs : l’eau de la mer étant alors très-baffe, &
celle des étangs n’étant plus renouvelée, il s’en
fait une fi prodigieufe évaporation par l'exceflïve
chaleur du foleil, que les particules falines n'ayant
plus la quantité d'eau néceffaire pour les^tenir en
diffolution , font précipitées , au fond & fur les
bords des étangs, en beaux criftaux cubiques très-
gros, un peu tranfparens, & d'une grande blancheur.
11 fe trouve des cantons où l'atmofphère
qui environne les étangs eft fi chargée de molécules
falines, qu'un bâton planté dans le fable à
peu de diftance, fe trouve couvert en vingt-quatre
heures de petits criftaux brillans, fort adhérens :
c'eft ainfî qu’on forme avec le fel marin des couronnes^
d’autres petits ouvrages curieux.
Les îles de Saint-Jean de Porto-Ricco, de Saint-
Chriftophe,de la Grande terre de la Guadeloupe,
de la Martinique & de la Grenade ont de très-
belles^ falines, dont quelques-unes pourroient
fournir la cargaifon de plufieurs vaiffeaux. Le fel
qu'elles produifent, eft d'un ufage journalier} mais
il n’eft pas propre aux falaifons des viandes qu'on
veut conferver long-tems.
Les penchans des montagnes qui fe regardent,
formant des vallons profonds de peu d’étendue,
& qu’on nomme cofiières, ne font point propres
à l’établiffeinent des fucreries : on les deftine,
îorfque leurs pentes ne font pâs trop rapides, aux
plantations de café, de cacao, de manioc, & pour
l’ordinaire on y fème des légumes.
Les détroits par lefquels les vaiffeaux font obligés
de paffer, entre les Antilles & les îles qui font
au nord de Saint-Domingue, fe nomment débou-
quemens : ce font des paffages où les courans portent
de l’intérieur du golfe dans l'Océan atlantique.
Les principaux font ceux de Krooked, de
Mogane, des Caïques, des îles Turques, de Ba-
hama.
On a remarqué dans ces îles, ce que l’on a
éprouvé partout ailleurs : c’eft que les pluies ont
beaucoup diminué dans les Antilles, dépuis qu’on
a coupé & défriché un grand nombre de forêts ; en
forte qu’ il ne règne plus dans les terres la même
humidité qui y régnoit autrefois, & qui étoit.lï fu-
nefte aux premiers habitans qui s’y font établis.
ARCTIQUE (Océan glacial). Cette portion
du globe terreftre eft renfermée dans le cercle
polaire boréal. Les terres de l’Europe , celles de
l’Afie, depuis la Nouvelle-Zemble jufqu’ à S^ala-
ginskoi-NoJf; celles de l’Amérique au deffus de la
baie de Baffi i , auxquelles on doit joindre le Spitç-
berg ou l'ancien Groenland, & la partie feptentrio-
Bale & indéterminée du nouveau, forment enfemble
une enceinte de côtes, dont les plus éloignées du
centre ou du pôle ne defeendent pas au deffous du
foixante-dixième parallèle, & dont quelques-unes
même s’élèvent jufqu’au quatre-vingt-unième. Ainfî
X Océan glacial arftique fe trouve refierté dans des limites
fort étroites} il ne communique avec VOcéan
Géographie-Phyjique. Tome II,
atlantique que par le canal que laiffent entrfelles
les côtes de la Lapponie & celles du Nouveau-
Groenland, & qui eft embarraffé par les îles du
Spielberg & de Y ÎJlande ; & avec Je grand Océan,
que par le feul détroit de Bering, qui fépare l’Afie
orientale de l ’Amérique occidentale & feptentrio*.
nale. On peut donc juger par ces détails que nous
ont offerts les voyages les plus modernes qui ont
été tentés & fui vis dans ces parages, que Y Océan
glacial arftique occupe autour du pôle une étendue,
fort peu confîdérable & remarquable : auflï nous y
bornons-nous comme fur des faits bien conftatés. ■
ARCTIQUES (Plateaux). L aKolyma eft la plus,
orientale de toutes les rivières qui fe jettent dans
la mer Glaciale : au-delà eft un trajet fans bois,
qui termine le petit pays où peuvent habiter les
caftors, les écureuils, & tous les" animaux à qui
les arbres font néceffaires pour vivre. Il n'exiiie
de forêts au nord qu'à la latitude de 68 à 70 degrés.
A peine les buiflons & les brôuffailles peuvent
ils y croître, c'eft-à-dire, qu’on y trouve la
même température qu’on rencontre à d’autres latitudes
moins éloignées de l’équateur, -& même
fous la ligne} mais, à des hauteurs confidérables
au deffus du niveau de la mer, on n’y voit que
peu de brôuffailles ou des bois rabougris. Ces
plateaux arftiqües font en conféquence la trifte retraite
des oifeaux de mer, & offrent une bruyère '
nue , des landes & des marais fans aucune verdure
: on y trouve auflï quelques montagnes &
quelques rochers ,mais fecs & arides, au-delà du
fleuve Anadyr, q ui, à la latitude de 6y degrés ,
tombe dans la mer de Kamtzchatka. Le refte du
pays compris entre cette rivière & la mer Glaciale
peut être confidéré comme une fuite des plateaux
arftiqües : toute la.fuperfide de la terre ne préfente
aucune produ&ion qui puiffe y attirer & ÿ
faire vivre des animaux, & furtout un feul arbre.
A r c t iq u e s (Peuples). Je comprends fous c è
nom les Lappons, les Samoïèdes , les Tfchutski,
les Koriaques, les Efquimaux.
Au cercle polaire arftique commence le Fin-
mark, terre étroite qui règne le long des rivages
v e rsl’e ft, 8c tourne vers la Mer-Blanche} c'eft
une province plate, bornée par une chaîne de
montagnes couvertes de neiges. Les habitans quittent
leurs cabanes l ’h iver, & y reviennent l'été*
Au milieu de cette faifon, les Lappons des montagnes
y viennent pêcher & s'y établir : quelques-
uns d’eux, vivant au bord de la mer, ont pour cetre
raifon été appelés Soe-Lappons. A ce pays commence
une autre race d’ hommes : leur ftature eft
de quatre à quatre pieds & demi} leurs cheveux
font courts, noirs 8c rudes} ils ont les yeux étroits ,
l’iris noir, la tête groffe , les os des joues fàillans',
une large bouche, les lèvres épaiffes, là peau ba-
fanée & les jambes comme les fufeaux } ils grimpent
aux rochers comme les chèvres j &.aux, arbres
A a a a a