
cara&ères très-recomoiffablés ; mais il faut apprendre
cet alphabet & à lire dans ce livre. D’un
autre cô té , combien de gens, parce qu’ils fup-
pofjnt que la Nature a fait quelque chofe, devinent
fans lire & fans parcourir les divers feuillets
de ce livre !
Je n’ ai cité jufqu’à préfent que la dernière &
la plus moderne des additions faites au globe par
les dépôts de la mer. Cette addition la plus moderne
fe trouve en conféquence placée fur tous
les autres"maflifs, foit qu’ils appartiennent à de
femblables dépôts fous-marins, foit que jufqu’à
préfent on les ait confidérés comme des mânes
fans aucunes couches diftinêtes.
Parmi les additions plus anciennes, je placerai
donc le maffif qui eft organifé par couches, dont
un grand nombre fe trouvent inclinées à l’horizon,
où la fubftance calcaire offre un grain plus fin,
plus fondu & plus infiltré que la fubftance calcaire
des derniers maflifs, où les amas de coquilles qui
s*y trouvent, offrent des familles différentes de
celles qu’on rencontre dans les maflifs les plus
modernes.
Je renvoie aux diverfes coupes des terrains du
globe que renferme notre Atlas, pour achever de
donner une idée de ces additions, qui y figurent
fous la dénomination de nouvelle & de moyenne
terre calcaire. On les y verra placées fur l’ancienne
terre graniteufe que je ne comprends pas
dans les additions, mais que je conftdère comme
un noyau fort ancien, au-delà duquel aucunes ob-
fervations décifives ne me permettent pas de rien
fuppofer. Voye^ C o u p e ..
En rappelant maintenant, fuivant Tordre de
leur affemblage, les différens maflifs qui ont pour
bafe Y ancienne terre , on reconnoît aifément que
là moyenne terre, foit fchifteufe,, foit calcaire, y a
été ajoutée la première immédiatement dans plusieurs
parties de la furface du globe> que, bien
poftérieurement, la nouvelle terre a été fuperpofée
à cette moyenne terre, ou bien même a été formée
par une fuite de dépôts établis- fans aucune
maffe intermédiaire , le long des limites de Y ancienne
terre. Comme tous ces phénomènes fe montrent
dans un très-grand nombre de circonftances
fem b la b le so n ne peut faire aucune difficulté
d’admettre les conféquences générales que j’en
tire ici. Je les développerai encore plus en détail
aux articles Ancienne terre, Moyenne terre , Nouvelle
terre, en les confidérant comme autant de
maflifs qui attellent les additions faites au globe
de la terre. Pour en donner une première id é e ,
je crois devoir renvoyer les lecteurs qui prennent
uelque intérêt à ces confidérationsà la Notice
è-Rouelle & à celle de Buffon, tom. i , ainfi
qu’à l'article Analyse du globe.
Je dois ajouter ici que Tordre de la difpofition
des différens maflifs dont il a été queftion précédemment,
étant bien faifi, il fera plus facile, nop-
feulement de recueillit lers. faits de txiênje date que
nous préfentera THiftoire de la terre, mais encore
de les rapprocher d’une manière claire & inftrtic-
tive. Ainn en prenant pour bafe toutes ces confi-
dérations, il feroit très-curieux de tracer les limites
de l’ancienne terre graniteufe partout où
elle eft à découvert j enfuite celles de la moyenne
dëpofée fur le premier noyau ou à côté » enfin ,
l’enceinte de la nouvelle dans toute la ligne où
elle coïncide avec l’ancienne & la moyenne. Une
pareille carte offriroit toutes les fortes d’organifa-
tions qui fe montrent à la fuperficie du globe,
ainfi que la fuite des époques auxquelles il .convient
de les rapporter, d’après ce principe incon-
teftable, que les maflifs qui fervent de bafe aux
autres, font d’un âge antérieur à celui des dépôts
établis fur ces bafes. Voyei É poques.
AD E L , royaume d’Afrique, fur la côte d’Ajan,
près la pointe de Guardafui. Il eft borné au nord
par le détroit de Babet-Mandel & TAbyffinie 5 au
fud, par le royaume d’Adéa , & à l’orient par la
mer des Indes; Ses principales villes font Adel,
Auçagurel & Barbara, toutes places de commerce.
Quoiqu’il ne pleuve que très-peu dans ce pays, il
ne laiffe pas d’offrir beaucoup de productions,
particuliérement dans les plaines , qui font arrofées
par plufieurs rivières. C ’eft là auflî où eft la race
des moutons dont nous avons parié à l’article Acli-
mater y & dont la queue pèfe environ vingt livres.
ADERSBACH. On trouve près de ce village,
fitué dans le voifinage de Trautenau en Bohême ,
fur les confins de la Siléfie, un maffif de rochers
finguliers, dont les deffeins feront placés dans
notre Atlas : cette chaîne a quatre milles d’étendue.
On découvre de très-loin une forêt de rochers
diftribués au milieu d’une plaine immenfe.
Amefure qu’on en approche , leurs dimenfions
apparentes augmentent, & le nombre de ces
grouppes devient plus confidérable. Chacun de;s
piliers eft ifolé, & au milieu d’eux on en aperçoit
qui ont depuis cent & cent cinquante jufqu’à
deux cents pieds de hauteur} leur forme générale
eft conique & fort peu régulière : ils font
tellement rapprochés, qu’ un homme peut paffer
, difficilement dans les vides qui les féparent. Ils
occupent d’abord un efpâce de trois milles d’Allemagne
de circonférence, & leurs intervalles
ouvrent une efpèce de labyrinthe dont il feroit
difficile de fe tirer fans guide.
La fubftance de ces rochers eft un grès filiceux
très-tendre, & prefque friable lorfqu’il eft imbibé
d’eau c’eft une forte de pierre à filtrer qui attire
puiffamment l’humidité de l’air. L’eau des
pluies, ainfi que les rofées & -les brouillards, pénètrent
très-facilement fon tiffu ;• & lorfqu’il eft
enfuite frappé des rayons du foleil, l'eau dont il
eft imbibé, fuinte de toutes parts, & entraîne avec
elle des particules de la fubftance des rochers :
de U vient .que les. fehtiers tortueux qui fergententf
autour de ces maffes ifolées, font pour la
plupart occupés par des ruiffeaux dont l’eau eft
très-limpide, parce qu’elle découle comme d’une
maffe de pierres à filtrer , & que le fable qu’elle
charie, fe dépofe immédiatement fous la forme de
gravier. . ~
Lorfque l’eau courante fort du pied des piliers
coniques , Ton peut pour lors diftinguer les traînées
de fables qu’elle charie : outre cela, de petites
fources débouchent du lit des ruiffeaux, &
les effets qu’elles produifent au milieu des fables,
font infiniment Variés.
Il eft très-probable que ces grouppes de rochers
coniques ifolés formoient autrefois le noyau
d’une montagne que les eaux fouterraines ont dé-
compoféej de manière que les rochers mis à nu,
& expofés à l’a&ion combinée de l’eau & de la
gelée, ont pris un tiffu tendre &fpongieux. Cette
dégradation eft fi prompte, qu’elle s’opère pour
ainfi dire fous les yeux des obfervateurs, pour peu
qu’ils foient en état d’en fuivre les effets. Il réfulte
de là un comblement dans les fentiers, qu il eft
facile de reconnoître & d’apprécier au bout de
huit à dix ans. Partout où l’eau coule le long des
plans inclinés qu’offrent les cônes depuis leurs
fommets jufqu’à leurs bafes, elle dépofe des fédi-
mens fi abondans, que les obfervateurs qui parcourent
les fentiers, entrent jufqu’ à mi-jambe
dans les amas de fables accumulés.
Les eaux même ont attaqué par la bafe quelques
uns de ces rochers coniques, de telle manière
que leur maffe entière, toute énorme qu’ elle
eft, demeure en équilibre fur un pivot qui a tout
au plus un pied cuoè de folidité.
Si Ton compare ces cônes entr’eux , ils annoncent
tous des caractères correspondais d’ une origine
commune j car les couches dont ils font com-
pofés, font voir un parallélifme entr’elles & à
l’horizon fi confiant, qu’on en peut conclure in-
conteftablement une ancienne continuité entre les
couches de tous les cônes.
■ Lorfqu’on pénètre dans cette forêt de rochers ]
coniques , on y trouve les fites les plus variés, &
les traces des torrens qui ont entraîné des arbres
& des fragmens de rochers dans des vallons profonds
, au milieu defquels ils font enfevelis.
On peut dire que les rochers d’Adersbach font
le fquelette d’une montagne pleine & entière ; &
lorfqu’on pénètre bien avant dans l’intérieur des
grouppes, & qu’on parvient à la partie de la montagne
qui eft encore une maffe continue couverte
de terre végétale & de forêts, on aperçoit aifément
que fa deftruCtion commence à s’opérer plus ou
moins fenfiblémetit dans ces contrées, & il faut
avouer que cette circonftance rend plus intéref-
fant le fpeCtacle qui a précédé j car on peut voir
dans ce même lieu tous les degrés fuccëffifs de dégradation
dont une montagne de cette nature peut
être fufceptible dans une excavation profonde qui
n’a ni toit ni voûte. La température Cependant eft
à peu prés uniforme , & ne varie que très-peu
d’une faifon à l’autre ; car on y éprouve en été la
fraîcheur la plus agréable, & on ne s’y aperçoit
que foiblement du froid en hiver. II y a , vers les
limites des grouppes de ces rochers coniques, un
écho remarquable : il répète fept fyllabes jufqu’ a
trois fois fans confondre les fons 5 le centre de ces
fons eft à une petite diftance des côtés du grand
cône dans lequel eft le principal foyer des fons
réfléchis. Les mots prononcés à voix baffe font
répétés diftin&ement à la diftance requife; mais
lorfqu’on s’avance ou qu’on recule de quelques
pas, la voix la plus forte ne produit aucun écho.
Si nous revenons aux formes coniques des rochers
ifolés qui nous ont occupés dans cet article,
nous y trouverons un effet des eaux opéré fur différens
points d’ un maffif de grès : o r , il nous pa-
roît que l'opération de la Nature, qui.a précédé
ces dégradations multipliées, a commencé pat
une infinité de fentes perpendiculaires & de déifications
qui ont ifolé tous les centres des cônes
que l’ eau a continué par la fuite à dégrader & à
détruire, comme nous les obfervons maintenant :
ici les nuances du travail de la Nature s’obfervent
d’ une manière très-inftru&ive j ce qu’elle n’ offre
pas partout.
M. Gmelin dit avoir vu en Sibérie plufieurs
maffes de rochers femblables à celles des environs
d’Adersbach, Nous devons rappeler ici cette ob-
fervation, comme nous offrant un objet de rapprochement
très-important.
ADIGET, fleuve d’une fort grande importance >
tant par l’étendue de fon cours, que par lés con-*
trées intéreffantes qu’il arrofe. C'eft pour préfen*
ter comme il convient tous ces beaux détails de
géographie - phyfiqu®, que je diviferai en trois
parties ce que je me propofe d’ en dire dans cet
article. La première renfermera l’hydrographie de
ce fleuve, avec l’ indication de toutes les rivières
àffluentes contenues dans fon baffin j la fécondé
offrira Thiftoire naturelle lithologique de fon baffin
î enfin, la troifième préfèntera une difcuffion
fuccinte & rapide fur les différens États où fe
trouvent les matériaux roulés qui ont été tranf-
portés dans les parties de la vallée-golfe de ce fleuv
e , & furtout dépofés dans les contours de fes
anciéns rivages où la mer a éprouvé les plus fortes
ofcillations. C ’eft au moyen de ces mouvemens
que les débris des montagnes du Tirol ont été
- non-feulement polis üc arrondis, mais encore diftribués
dans les pofitions variées où nous lés trouvons,
depuis la Ckiufa & Roveredo, jufquaux
environs de Véronne & du lac de Garde.
I. àdige. Je commence par fon hydrographie.
On peut eonfidér.er la fource ou plutôt la tête de
' Y Adige comme formée par deux fyftèmes de ruiffeaux
; d’abord ceux du baffin de Mùnfter, qui fe
i réunifient à Clurens avec ceux du grand baflîn de
la Ta'ufers; Les ruiffeaux du baffin de Munfter ont
V i