taches blanches ou roufîatres,& tantôt eft en larmes
bu en petits grumeaux compactes 8c folides, fem-
blables à de l'encens. On nous l'apporte d’Alexan- ;
drie èn Egypte. Diofcoride nous apprend que
c'eft, comme nous l’avons déjà dit, la liqueur qui
découle d un arbre du genre de la férule, & qui
naît dans cette partie de la Lybie, voifine du temple.
de Jupiter Ammon.
Olivier, d'après la confidération des.graines de
cette férule qu'il a été à portée de voir en Perfe,
penfe que c'eft une efpèce inconnue : elle fe trouve
aulli à l ’eft de la mer Cafpienne, dans les montagnes
voifines de-Samarkand & deBokara; mais
il paroît auffi qu'elle croît en Afrique, ainfi que
nous l’avons dit, & furtout dans le royaume de
Barca.
AMMONITES, genre de coquilles de la claffe
des univalves, dont les caractères font d'être en
fpirale difcoide, à tours contigus & tours appa-
rens, articulés par des futures finueufes; elles ont
auffi des cloifons tranfverfes, découpées dans leur
contour & percées par un tube marginal.
Ces coquilles ont de très-grands rapports avec
les nautüues, & fe trouvent dans le même amasj
mais elles en different en ce que les tours de leurs
{pires font tous vifibles, tandis que dans.les nau-
tilites ils font tous cachés dans le dernier. Au refte,
cette organi fation eft fort apparente dans les noyaux
de ces foffiles.
Les ammonites font regardés par certains orÿc-
tographes comme des coquilles pélafgiennes , c'eft-
à-dire, qui vivent dans le milieu des mers, pendant
qu'on les trouve fur les bords des mers anciennes.
Nous n’entrerons pas dans les détails des diffé-
rens genres qu’on en a recueillis : nous ne nous
attacherons par la fuite qu'à faire connoître les
différens gîtes où ces foffiles fe font trouvés en
France. -
On a eu tort d’indiquer, d'une manière vague
& générale, la chaîne des montagnes fecondaires,
qui s’étend depuis Larrgres jufqu'à Autun, comme
contenant une immenfe quantité de cornes d.'ammoni
ainfi que le maffif des craies. J’indiquerai par la
fuite ces gîtes avec plus de précilion : outre cela
je ferai voir que ;c eu dans les fchiftes argileux &
dans des argiles très - calcaires & fcrrugineufes
qu’on en rencontre le plus abondamment : on en
y oit auffi de pyriteufes, qui font devenues mines
de fer > 8c dans les noyaux de quelques autres,
les articulations fe réparent très-facilement.
Je crois devoir rapprocher dans cet article les
longues fuites d’obfervations que j'ai faites .en
France fur les ammonites. L'indication des premières
fe trouve dans la Notice fur la doctrine de
'Rouelle. , premier volume, page 4 17 , fous la dénomination
de fon feçond amas , qui compreooit les
cette notice, que j'avoiscommuniqué à ce célèbre
profelfeur, comme fon difciple, tous les détails
incéreffans qu'il nous expofoit dans fes leçons ; que
j'avois fuividès ce tems-là la marche & les limites
de cet amas fur une étendue de plus de quarante
lieues j que, luivant mes obfervations, les cornes
d‘ammon s’y trouvoient placées à une profondeur
moyenne dans certaines parties, &c même fur la
ligne qui féparoit l’ancienne terre du Morvan de la
nouvelle du Nivernois. J’ajoùte enfin que c'eft là
que l'on trouvait les cornes d*ammon, dépofées
contre le maffif du granit qui fe r a i t d'abord à
l'ancienne mer, dans le baffin de laquelle la nouvelle
bélemnites, les gryphites , les eprnes d'ammon,
les huîtres , les nautiÜtes, 8cç.,J’annonce dans J
terre qui renfermoit ces folhles avoit été
formée» Je concluois de ces remarques précifes,
que les naturaliftés,.,qui avoient décidé que la dif-
parution totale des/analogues des cornes d'ammon
& des bélemnit.^s dans l'Océan avoit pour caufe
l'habitude où éfoient ces animaux d'occuper dans
leurs gîtes des fonds des mers, & q ui, d'après
cette faulTe prétention, avoient nommé ces coquilles
pélafgiennes, n'étoient fondés par aucun
fait, 8c que la dépofition de leurs dépouilles dans
ce fécond amas prouvoit ihconteftablement le contraire.
A l'article amas de coquilles j'ai repris ces détails,
8c j’ ai remarqué au furplus que ce même amas fe
prolongeoit le long de la bordure orientale de la
craie apparente de la ci-devant province de Champagne
8c jufqu'aux environs de Mézières, où cet
affemblage de corps marins fe retrouvoit affei
abondant, & en nature, 8c en noyaux. Je puis
nommer, outre cela, plufieurs lieux où l'on voit
des cornes d’ammon dans l'intervalle du Morvan à
Mézières : tels font Chaourct , Fouchéres , Viïly-
en-Trode,Eclance, Soulaines , Sommevoire, Monf-
tier-en-Der, Vaffy & les environs de l’ancienne
abbaye de Trois-Fontaines.
Je dois dire, outra cela, qu’une grande partie
des foffiles de cet amas fe trouve, en févelie au milieu
d'un banc d'argile qui fépare le maffif de la
craie du tractas des couches coquillères dont je
viens de. parler. Enfin, ce même amas s'étend au
fud de Soulaines, dans le baffin de Bar-fur-Aube-,
en-,forte qu'il occupe dans cette contrée près de
cinq à fix lieues de largeur.
Je ne puis quitter les ammonites fans en indiquer
de nouveaux gîtes affeg fuiyis, 8c qui Cemblent
affeéter dans leur pofition les bords de l'ancienne
mer. C'eft ainfi que je les ai reconnus, i°. le long
de lalifière des fchiftes & des granits, département
de la Vendée, dans le voifinage de Fontenay ;
2°. le long d^s bords occidentaux de l'ancienne
terre des Vofges. C ’eft dans ces deux nouveaux
gîtes furtout que je. me fuis affûté, comme fur les
limités du Morvan, combien, étoit peu fondée la
prétention-fingulière des naturaliftes, qui diftin-
guoienf les foffiles en littoraux & en pélafgiens , &
qui mettoienc dans la fécondé claffe.les bélemnites
les cornes d’ammon.
Je
Je fuis le premier qui ai eu lieu d’obferver que
ces foffiles réfidoient exactement fur les rivages
de l'ancienne mer, puifque je les ai recueillis le
long des Vofges<, du Bas-Poitou 8c du Morvan.
C'eft dans l’étude des bords de l'ancienne 3c de la
nouvelle terre que j’ai faifi ces circonftances très-
décifives, & c'eft à la fuite de cette étude que
j'ai annoncé dans la Notice de la doctrine de Rouelle,
q u e , fuivant un point capital de cette doctrine,
les dépouilles des cornes d ammon occupoient la
ligne précife que fuivoient les bords de 1 ancienne
mer du Nivernois. ( Voye^* AMAS DE coquilles
& la Notice de Rouelle , premier volume.)
AMONT eft la partie d'une rivière qui eft op-
pofée à la partie kaval : on dit auffi le pays d’amont
& le pays d’ aval, pour indiquer d'un côte
les pays qui occupent les bords de la partie d'une
rivière fupérieure à une ville principale , 8c de
l’autre les pays qui régnent le long des bords de
la patrie inférieure à ce même polie. Ainfi, les
marchandifesqui viennent deCharenton naviguent
aval vers Paris, & viénnent du pays d amont; de
même les bateaux qui remontent de Rouen à Paris
naviguent amont, & viennent du pays daval. En
un mot, Y amont eft oppofé au cours d’une rivière,
& Yaval\t regarde & le fuit.
Si l’on confidère les angles faillans 8c rentrans ,
relativement à la marche des rivières qui ofcillent
dans leurs vallées, comme la Seine aux environs
.de Paris, ou la Charente entre Civrai 8c Angou-
lême, ainfi qu’ils font figurés dans différentes planches
de l'Atlas, on'trouvera que ces angles y ont
pris des formes très-remarquables. Ainfi la pointe
des angles faillans, non-feulement regarde la partie
A‘amont pendant que les flancs fe préfentent en
face de Y aval, 8c que fes revers s’offrent contre
Y amont} de même dans un plan incliné , fai liant
la face efearpée regarde la partie à’aval3 8c le revers
a fon afpeét contre Y amont. C'eft Y aval qui a
efearpé Je bord de la face , alongé par fes détours
la pointe de l'angle, & formé les dépôts qui ont
adoûci le revers.
Dans une île fituée au milieu du lit d’une rivière
, les dépôc-s fe forment fur la partie d’aval, &
c ’eft par-là qu’elle prend fes accroiffemens, au
lieu qu’elle fe détruit par la tête qui eft oppofée
au courant d’amont.
Les changemens qui font arrivés & qui arrivent
aux croupes d ’une vallée font dus à l'aCtion à*aval,
\amont n’en ayant aucune.
Les promontoires, en conféquence, ont leur
afpeét vers Y aval, en forte que le navigateur qui
remonte vers Y amont rencontre continuellement
les têtes des promontoires. ( Voye^ Prom on t
o ir e s , A ngoülêm e, Av a l , A ngles sa il l
a n t 8c RENTRANS. )
AMOUR. Ce fleuve prend fa fource dans les
montagnes de. Kentaiham, dont les- habit-ans lui
Géographie-Phyjtque. Tome 11.
donnent le nom à! O non. Il coule d’abord a peu
près vers le nord-eft : fon cours continue dans la
même direction jufqu'à la latitude de y2 degrés
& demi, qui eft le point le plus feptentrional qu il
atteigne. Là les Tongouths l’appellent Amour ,
& les Chinois Sagaalien-Oula , c’eft-a-dire , . la
rivière de la montagne noire. Il y a grande apparence
que les.Chinois lui ont donne ce nom
par rapport aux forêts de chênes qui couvrent
les montagnes voifines, car ils appellent cet arbre
le bois noir.
Là le fleuve eft navigable 8c porte des bateaux
de moyenne grandeur; auffi a-t-il déjà reçu-les
eaux d'un grand nombre de torrens qui tombent
des montagnes de l'eft & du nord, ainfi que celles
d’une rivière confidérable qui vient du fud-oueft,
8c fe nomme YArgoum , rivière dont 1 embouchure
eft à cent quatre-vingts milles de Nert-
chinsh. Les Ruffes ont bâti plufieurs fortereflfes
depuis Nertchinsh jufqu’ au aeffous de l’embouchure
de l'Argoum,
Depuis la latitude de 52 degrés 8c demi juf-
qir’ à celle de 47 & demi, le fleuve Amour cou rt.
prefque directement au fud-eft, 8l fe trouve groffi
par plufieurs rivières, dont les unes affluent dé
l’oueft , 8t les autres de l’ eft.
L'un de ces affkfens, le Tchoukir, a fon ori4-
gine de l’autre côté des montagnes, d'où fortent
l’Olekma & l’Aidan, qui l’un & l’autre fe jettent
dans la Lena. Le Tchoukir coule vers le
fud, & , joignant le Silempid qui paffe près de
l'Oud, court vers l'oueft 8c fe jette dans l’Amour.
Je remarque ici que l’Oud porte fes eaux dans la
mer d'Okhotsk.
Toutes ces rivières font navigables pour des
bateaux, affez, près de leurs fources.
Le pays que traverfe le fleuve Amour eft très-
chargé de montagnes, au milieu defquelles il y a
; des vallées & des plaines très-étendues & fertiles.
; Outre cela, ces rivières ont cela de-remarquable",
! que tous leurs bords offrent une retraite afifurée
aux Yakouts 8c aux Tongouths, lorfque ces tribus,
ayant des fujets de mécontentement, abandonnent
les pâturages des environs de l'Olekma,
de la Lena, de la Vilouye & de l'Oud. Au-delà
de l'Amour ils jouiffent de la prote&ioft.des Chinois.
D’ailleurs, ils y ont bâti plufieurs places fortes.
Comme ces Tartares font fort nombreux, ils
peuvent être confidérés, relativement aux froif-
tières de l’empire de !a Chine, comme une garde
avancée qu'il ne croira pas devoir dédaigner. C'eft
par ces motifs qu'en 1787 plus de fix mille Yakouts
quittèrent les diftriCls d’Oieknaa, de la Lena, 8cc.
pouf fë retirer fur le territoire de la Chine, emmenant
leurs troupeaux & emportant tout ce qui
leur appartetioit d’ailleurs.
Nous devons c-onchire de toutes ces obferva-
tions, qûe par la fuite les voyageurs qui vifiteront
ces contrées pourront découvrir , dans cette partie
ii du globe , un peuple nouveau , qui fera formé
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