
DISCOURS PRÉLIMINAIRE
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L’H I S T O I R E
*, I_ /Ë Public, dit M. de Fontenelle, ne fouffre pas volontiers qu’on lui dérobe rien
» de ce qu’il a une fois eu en fa polfeffion, peut-être même fa malignité en feroit--
» elle affligée, elle perdroit des lujets de s’exercer : il pourra bien méprifer, oublier
» ce qu’on lui donne de trop ; mais il veut en avoir le plaifîr; & fi ce trop entraîne
» la difgrace du relie, c’ell ce qui ne lui importe guères
C ’eft cette même raifon qui nous détermine à donner, & à donner dans l’Encyclopédie
, un nouveau diétionnaire hiltorique.
Nous l’avons dit hautement dans le profpeâus, & nous le répétons ic i, l’hiltoire
particulière, l’hiftoire proprement dite ne devoit point entrer dans l’Encyclopédie, &
elle n’étoit point entrée dans la première édition de cet ouvrage ; elle eft elle-même
plus vafte que l’Encyclopédie, & c’ell une entreprife à part.
Mais les Auteurs du Supplément de l'Encyclopédie ayant cru devoir admettre l'hiftoire
dans ce fupplément, & ayant même fait envifager l’omilfion (très-réfléchie) de cette
partie , comme une des principales caufes qui rendoient ce fupplément néceffaire, leur
exemple nous fait la lo i, d’après le principe de M. de Fontenelle, le Public ne veut
Tien perdre. .
On ne peut pas même dire, fans rellriélion , que l’hilloire ait été exclue de la première
édition de l’Encyclopédie ; il n’y avoit d’exclu que la biographie, parce qu’elle
n’a point de bornés ; on avoit envifagé l’hilloire comme une fcience qui a fes mots
techniques ; on avoit défini ces mots ; on avoit admis l’hiftoire des chofes ; on n’avoit
rejetté que celle des perfonnes. Le fupplément ayant admis après coup les perfonnes,
notre plan général eft tout tracé ; c’eft un diétionnaire mixte qu’il faut faire, c’ell à-dire ,
un diétionnaire hiftorique des chofes & des perfonnes.
La partie des chofes étant compofée d’articles allez courts, qui font plutôt des définitions
que des récits, nous reproduifons ici la plupart de ces articles avec les cor-
reétions convenables , tant par rapport au fond que par rapport au ftyle.
Mais quant à l’hiftoire des perfonnes, quant à la biographie, nous avons été longtemps
à chercher notre plan ; l’inconvénient de l’immenfîté nous paroiffoit toujours fans
remède.
, Tantôt, ne voyant dans l’Encyclopédie que le diétionnaire des fciences & des arts,
nous ne voulions parler que de ceux qui avoient cultivé ou protégé les fciences & les
arts.
Tantôt, confidérant un objet plus vafte , l’humanité, mais ne la confidérant que d’un
cô té , nous voulions ne parler que de ceux qui ont fait du bien aux hommes.
Tantôt enfin, augmentant encbre ce plan , & le bornant toujours, nous voulions ne
parler que des perfonnages extrêmement célèbres dans quelque genre que ce fût, &
c e principe , quoique nous ne l’adoptions pas fans dillinétion , fera pourtant celui dont
nous nous écarterons le moins.
, Mais comme nous travaillons ( car il faut l’avouer) fur un plan efifentiellement défeéiueux,