
meilleures éditions de VEuphormionCont celles d’Elze-
vir j 16 27, in- 12 , & de Leyde , 1674 , in-8°.
Cum nvtis variorum; celles de Y Argents font celles
de Leyde, 1630, in-12. Cum notis Varïorum ; &
de Ly on, 1664 & 1669, 2 vol. in-89. Il y en a
deux tradu&ions françoifes qu’on peut lire ; l’une
de l’abbé Joffe , chanoine de Chartres , 1732,
3 vol. in-12. l’autre de M. Savin , Paris 1776,
2 vol. in-8°.
On a encore de Barclay un livre de ' contro-
verfe eftimé , qui a pour titre : Pamnejîs ad feSla-
rios, & un autre intitulé : Icon animorum , Londres
1612 -, in-8°.
Barclay , quoiqu’il eût plaidé , ainfi que fon
père, la caiife dès rois contre les papes , & qu’en
conféquence quelques jéfuites & quelques Ultramontains
l’euffent, félon l’ufage, accufé d’héréfie,
fut attiré par le pape Paul V à Rome, où il mourut
dans l’aifance en 1621 , la même année que
ion adverfaire Bellarmin.
30 Robert, né à Edimbourg en 1648 , d’une
famille illuftre ; nous ignorons fi les deux précé-
dens Barclay étoient de la même famille. Celui-
ci eft particulièrement célèbre par les ouvrages
qu’il a publiés en faveur des Quakers dont il avoit
embraffé la fe&et L’nn de ces ouvrages eft l’ex-
pofition de leur doârine, l’autre en eft l’apologie.
Nous n’ajouterons rien à ce que M. de Voltaire
a écrit fur ces fanatiques paifibles & relpec-
tables dans fes quatre fameufes lettres ; mais les
dernières, phrafes de l'épitre dédicatoire de Rohm
Barclay , au roi Charles I I , quoiqu’elles conviennent
plus particulièrement à ce prince qu’à tout
autre , font toujours bonnes à mettre fous les
yeux des rois & des hommes puiffans , que le faux
zèle & le fanatifme tenteroient d’exciter à la per-
fécution.
» Tu as goûté, dit Barclay à Charles I I , fils
aîné de Charles I ; ( trop mal corrigé par le
malheur de fon père & par les fiens, ) « tu as.
»> goûté de la douceur & de l’amertume, de la
31
profpérité & de plus grands malheurs ; tu as
31
été chaffé des pays où tu règnes , tu as fenti
31 le poids de l’oppreflion , & tu dois favoir com-
31 bien l’oppreffeur eft déteftable devant Dieu &
31
devant les hommes : que fi après tant d’épreu-
•1
ves 8c de.bénédiétions ton coeur s’endurcifloit,
31
1
& Qublioit le Dieu qui s’eft fou venu de toi dans
3tes difgraces, ton crime en feroit plus grand,
» & ta condamnation plus terrible ; au lieu donc
31
d’écouter les flatteurs de ta cour , écoute la
j> yoix dé ta confidence , qui ne te flattera
■3i jamais. 11
On peut mettre à côté de cette épître l’adreffe
que préfentèrent les mêmes Quakers à Jacques H.
frère & fucceffeur de Charles I I , à fon avènement.
» Nous fommes venus, lui difoient-ils., témoi-
31
gner notre trifteffe pour la mort de notre bon
31
ami Charles & notre joie de te voir fait gou-
31
verneur. On nous a dit que tu n’es pas de l’é-.
» glife anglicane,'non plus que nous. Ainfi nous
» efpérons que tu nous accorderas la même liberté
11 que tu t’accordes à toi - même. »
Robert Barclay mourut en Ecoffe en 1690 , il
avoit été élevé en France.
BARCOCHEBAS , c’eft-à-dire, fils de V Etoile J
( Hifi. des Juifs.) Un de ces impoftéurs nés pour
la ruine des peuples qui ont le malheur de les
croire & de les fuivre , fe difoit le Meflie & l’étoile.
prédite par Balaam , Orietur jlella ex Jacob;
Il rebâtit Jérufalem , fortifia Bitter ou Béthoron,
& s’empara de plufieurs autres fortereffes de la Pa-
leftine, faifant par - tout un grand mafîacre de Romains
à titre de rebelles, & de chrétiens à titre de
Juifs. On eut de la peine à le réduire, & Rufiïs,
gouverneur de la Judée, ne put y réuflir. Adrien ,
tons l’empire duquel arriva cette fédition, envoya
contre Barcochebas, Julius Severus,. qui plus habile
ou plus heureux , força les Juifs dans Bitter après
un fiège de trois ans. Barcochebas y fut tué avec
ifes principaux feâateurs. On compte qu’il y eut
dans cette expédition cinq cent quatre-vingt mille
Juifs maffacrés , fans compter ceux qui périrent de
faim ou de maladie. La rèduffion de Bitter fe rapporte
à l’an 134, de J. C.
BARCOS, ( Martin de ) neveu, par fa mère,’
de l’abbé de faint Cyran, du Verger deHauranne,
& fon fuccèffeur dans cette abbaye en 1644 ,
étudia la théologie à Louvain fous Janfénius, &
eut lui même pour difciple un des fils de M. Arnauld
d’Andilly. C ’eft un des faints 8c des do&eurs du
Janfénifme , & on fait que les' faints de ce parti
ont mieux réufli dans le monde que ceux du parti
oppofé, la raifon en eft que les premiers ont été
perfécutés & les féconds perfécuteurs. Les écrits
polémiques de M. l’abbé de Barcos font oubliés
pour la plupart ; on fait qu’il eut part avec M. Arnauld
, le do&eur, au livre de la fréquente communion
, livre qui, n’a pas été heureufement combattu
par celui du père Pichon. Dans la préface
du livre de la fréquente communion, l’abbé de Barcos
avoit inféré, & , dit-on-, fans l’aveu de M. Arnauld
la propofition fuivante :
« Saint Pierre & Saint Paul font deux chefs de.
11 l’églife romaine, qui n’en font qu’un, 11
Cette propofition fut cenfuréé par ia Sorbonne;
Le père Annat fit honorer l’abbé de Barcos d’une
lettre de cachet qui l’exiloit à Boulogne, l’abbé de
Barcos ne jugea pas à propos de s’y rendre , il fe
cacha, il attendit, 8c quand on l’eut oublié, il
revint tranquillement dans fon abbaye où il mourut
en 1678, âgé de 78 ans **
BARDE ou Baird, ( Hifi, littér.) c’eft ainfi
qu’on nommoit les poètes & les chantres de la
guerre, parmi les Gaulois, les Bretons, les Germains
, & dont nous pouvons, fans aucune efpèce,
de confufion , réunir l’hiftoire avec celle des
Scaldes, qui étoient proprement les poètes de la
Scandinavie.
On ne connoît pas aujourd’huile véritable feus
B A R
du mot baird, parce que c’eft un terme radical,
qui n’a , par conféquent, point de racine, comme
beaucoup d’autres monofyllabes dans-le celtique
& le tudefque. Il faut dire ici que c’eft une ab-
furdité très-grande de la part des etymologiftes-, de
vouloir qu’il dérive de Bardus, ce phantôme de
ro i, qu’on fait régner dans la Gaule, en un tems
où la Gaule n’obéiffoit encore à aucun roi. C ’eft
vraifemblablement par une pure conje&ure., que
Sulpitius, en expliquant ce vers de-la Pharfale.
Plurima fecuri fudifiis carmina Bardi•
àffure que baird fignifioit en celtique un chantre,
Les bardes , avant que d’être corrompus par
l ’efprit de flatterie , & avant que de s’être trop
multipliés par l’amour de l’oiuveté, ont rendu
de temps en temps de grands fervices à leur patrie
, en composant des odes ou des chanfons
guerrières, qui répandoient Je feu de l’héroïfme
dans l’ame des combattans. On ne fauroit fe former
une meilleure idée de ces odes , qu’en les
comparant à celles de Tyrtée, dont il nous refte
heureufement quelques fragmens précieux, parmi
les ruines de la littérature grecque. Les bardes
n’avoient pas l’élégance 8c la fublimité de Tyrtée ;
mais ils avoient quelquefois fa force avec plus de
rifdeffe. Et voilà à quoi il falloit s’en tenir dans
le 'jugement qu’on a porté en Angleterre , touchant
les poèmes du barde Oflian , fils de Fingal,
que des enthoufiaftes ont ofé placer entre Homère
oc Virgile , & cela dans un temps où beaucoup
de favans accufoient encore les ouvrages de cet
Ecoflois d’avoir été fuppofés , foit par James
Macpherfon, qui les a traduits du celtique, foit
par quelqu’autre. Il eft vrai que ces foupçons fe
font dilîipés, & que les étrangers ont témoigné
8c témoignent encore de l’empreffement à traduire
ces poèmes en leur langue ; nous avons
même fous les yeux une traduétion Allemande
de l’an 1769 ; mais cela ne fauroit en «augmenter
le mérite, aux yeux de .ceux qui jugent des poètes
en philefophes. Au refte, fi Oflian a vécu dans
le cinquième fiècle de notre è re , ce qui eft pour
le moins aufli probable que de le faire vivre dans
le troifième, il a pu être plus inftruit qu’on ne
le croit communément ; car c’eft une obfervation
confiante à l’égard des Bretons , que de tous les barbares
fubjugués, ils furent les premiers à prendre
l’habit, les moeurs & les ufages des Romains, &
cela meme, dit Tacite, dans la vie d’Agricola ,
fit une partie de leur fervitude; mais cette fer-
vitude ne dura point. Si du temps de Juvenal,
on trouvoit déjà dans la grande Bretagne des hommes
qui y prenoient des leçons de rhétorique,
pourquoi ne nous fesoit-il point permis de fup-
pofer aufli,. qu’on y trouvoit des hommes qui
prenoient des leçons de poéfie?
Gallia caujfidocis docuit faeunda Britannosi
B A R '5’4 J
On eft très-étonné, lorfqu’on lit dans l’hiftoire
de la Suède, du Dannemarck, & fur-tout dans
celle de l’Irlande, à quel dégré de puiffance 8c de
confidération les fcaldes 8c les bardes y étoient
infenfiblement parvemis. On leur avoit accordé
, beaucoup de privilèges, & ils en avoient ufurpé
beaucoup d’autres. Enfin, ils s’étoient exceflive-
. ment multipliés. La troifième partie de toute la
nation lrlàndoife, dit M. Keating ( G en. Hifi; of.
Irland. part. IL ) , s’arroge le titre de barde, &
il fe peut qu’il n’y eût point d’autre moyen pour
fe délivrer du tribut qu’il falloit leur payer, que de
fe déclarer membre de leur corps; car dans ce
pays-là, ils formoient effectivement un corps, dont
les chefs étoient nommés filea ou allamhredan, &
en langue Cambro-Bretonne, ben-bairdhe, ce qui
fignifie à peu près mot pour mot, do Sieurs en poéfie.
Ces ben-bairdhe dirigeoient chacun trente bardes,
inférieurs en qualité & en mérite, 8c poffédoient
des terres qui leur avoient, été données pour prix
de leurs chanfons, dans des occafions éclatantes,
comme les batailles & les combats, où par le
pouvoir de leur enthoufiafine,. on n’avoit vu ni
fuyards, ni poltrons, ni aucun exemple de quelque
mort ignominieufe. Ces terres ou ces fiefs
etoient exempts de toute efpèce d’impofition, 8c ,
dans les guerres nationales , on les refpeâoit
comme des afyles ; ce qui prouve que la religion
étoit plus mêlée qu’on ne le penfe dans tout cela ;
8c quoiqu’il ne foit parlé ni de culte, ni de dogme
dans les poéfies d’Oflian, cela n’empêche pas que
les bardes n’aient été en quelque forte des prêtres;
aufli Ammien Marcellin {Lib. X V . ) paroît-il les
aflocier, aumoins^dans la Gaule, aux Eubages 8c
aux Druides , dont ils portoient vraifemblablement
l’habit, fur lequel on ne fauroit fe former
une notion plus précife, qu’en confultant les ef-
tampes de la magnifique édition de Jule-Céfar,
par M. Clarke , oc le monument trouvé à Paris
dans l’églife de Notre-Dame. On croit cependant que
le bardocucullus, efpèce de vêtement fort greffier
8c fort commode, étoit le plus généralement en
ufage parmi eux, 8c il en a même confèrvé le
nom , à ce que foupçonne Picard. (Celtopoedia
liv. IV. )
• Les bardes de l’Irlande avoient, indépendamment
de la pofleffion des terres, dont nous venons de
’parler, le droit de fe faire nourrir pendant fix
mois aux frais du public, ils alloient fe loger où ils
le jugeoient à propos, 8c mettoient les habitans
à-contribution dans toute l’étendue de File, depuis
la rivière <YAllhallou , jufqu’à l’extrémité op-
pofée.
On conçoit maintenant pourquoi cette efpèce
de rimeurs fe multiplia prefque à l’infini; il y
avoit tant de prérogatives attachées à leur état ,
8c cet état favorifoit tellement la pareffe, qu’il
n’eft point furprenant que beaucoup d’hommes
l’aient embraffé pour vivre fans rien faire, finon
des vers, dont la plus grande partie a dû être un