
la tente du roi avant qu’on fe fût apperçu de ce
meurtre. Il fut juge d’Ifraël, vers l’an du monde
2,679. p i f l A .)
APAMÉ , ( Hifl. d’Egypte, ) veuve de Magus,
ufurpatenr de la Cyrénaïque, dont le roi d’Egypte
lui avoit confié le gouvernement , avoit tout le
courage & tous les talens néceffaires pour affermir
un trône ufurpé. Après la mort de fon mari, elle
offrit fa fille en mariage à Démétrius, oncle d’Antigone
, roi de Macédoine. Ce prince, féduit par
l’appât d’une couronne, fe rendit dans la Cyrénaïque
, & la veuve, touchée des grâces de fa figure ,
garda pour elle l’époux qu’elle deftinoit à fa fille.
La jeune princeffe outragée intêreffi* en fa faveur
le peuple & les grands. Tous embraffèrent la caufe
'de la jèuneffe & de la beauté ; les conjurés rangés
fous fes ordres, entrent de nuit dans l*appartement
de fa mère qu’ils trouvent couchée avec fon nouvel
époux ; la fille furièufe enfonce le poignard
dans le fein de fon amant infidèle, & brigue le
cruel honneur de lui porter les premiers coups.
Apamé fut épargnée, Bc les conjurés, la renvoyèrent
à fon frère Antiochus. Elle vieillit dans fa cour,
chargée du mépris public, quoiqu’elle poffédât tous
les talens qui font naître l’eftime; mais il ne faut
qu’un moment de foibleffe pour ternir l’éclat de
mille vertus. ( T—n. )
( On ne dit ni de quel Antiochus cette Apamè
étoit foeur , ni dans quel temps elle vivoit, )
A PANAG E, f. m. ou.,'comme on difoit autrefois,
â p p e n n a g e , ( Hifl. rnod, ) terres que les'
fouverains donnent à leurs puînés pour leur partage
, lefqïielles font réverfibles à la couronne,
faute d'enfans mâles dans la branche à laquelle ces
terres ont été données. Ducange dit que dans la
baffe latinité on difoit apanere , apanamentum, &
apanagium , pour défigner une penfion ou un revenu
annuel qu’on donne aux cadets , au lieu de la
part qu’ils devraient avoir dans une feigjieurie ,
qui ne doit point, fuivant les loix & coutumes, fe
partager, mais refter indivife à l’aîné. Hoffman &
Monet dérivent ce mot du celtique ou allemand,
& difent qu’il fignifie exclurre & forclorre de quelque
droit ; ce qui arrive à ceux qui ont des apanages
, puifqu’ils font exclus de la fucceflion paternelle.
Antoine L o y fe l, cité par Ménage, croit que
le mot apanager vouloit dire autrefois donner des
armes ou plumes, & des moyens aux jeunes fei-
gneurs qu’on chaffoit de la maifon de leurs pères,
pour aller chercher fortune ailleurs, foit par la
guerre, foit par le mariage.
Nicod & Ménage dérivent ce mot du latin panis,
pain, qui fouvent comprend aufli tout l’aceeffoire
de la nibfiftance,
Quelques-uns penfent que les apanages, dans
leur première inffitution, ont été feulement des
penfions ou des payemens annuels d’une certaine
fomme d’argent.
- Les puînés d’Angleterre n’oijt point d’apanage
déterminé comme en France, mais feulement ce
qu’il plaît au roi de leur donner.
En France même , fous les rois de la première
& ceux de la fécondé race , le droit de primo-
géniture ou d’aîneffe, & celui d’apanage, étoient
inconnus ; les domaines étoient à peu près également
partagés entre tous les enfans.
■ Mais comme il en naiffoit de grands inconvé-
niens, on jugea dans la fuite qu’il valoit mieux
donner aux cadets ou puînés, des comtés, des duchés
, ou d’autres départemens, à condition de foi
& hommage, & de réverfion à la couronne à défaut
d’héritiers mâles, comme il eft arrivé à la
première & à la fécondé branche des ducs de
Bourgogne. A préfent même les princes apanagiftes
n’ont plus leurs apanages en fouveraineté : ils n’en
ont que la jouiffance utile & le revenu annuel.
Le duché d’Orléans eft l’apanage ordinaire des féconds
fils de France, à moins qu’il ne foit déjà
poffédé ,{Comme il l’eft actuellement, par un ancien
apanagifte.
On ne laiffe pas d’appeller aufli improprement
apanage, le domaine même de l’héritier préfomp-
tif de la couronne ; tel qu’eft en France le Dauphiné
; en Angleterre la principauté de Galles ; en
Efpagne celle des Afturies.: en Portugal celle du
Bréfil, &c. '
On appelle aufli apanage, en quelques coutumes
la portion qui eft donnée à un des enfans, pour
lui tenir lieu de tout ce qu’il pourrait prétendre à
la fucceflion.
Paul Emile a,remarqué que les apanages font une
invention que les rois ont rapportée des voyages
; d’outre-mer. ( G-H. )
APION, grammairien célèbre , qui profeflbit à
Rome , fous l’empire de Tibère. Il étoit d’Oafis en
Egypte ; il avoit fait un livre des antiquités d’Egypte,
où il maltraitoit beaucoup les Juifs ; il fit encore
contre eux un autre ouvrage , niais qui n’eft connu,
non plus que les antiquités d’Egypte , que par la
célèbre réponfe de Jofeph à Apion. Ce même Apion
mérita, par fà haine déclarée contre les Juifs, d’être
le chef de l’ambaflade que les habitans d’Alexandrie
envoyèrent à Caligula, pour fe plaindre des
Juifs qui habitoient dans leur ville. Tibère appelloit
Apion, Cymbalum mundi, . le regardant apparemment
comme un déclamateur.
A PO L LIN A IR E , ( Sidoine. ) Voye^ Sidoine.
APOLLONIUS eft aufli le nom de plufieurs
écrivains , philofophes, fophiftes, &c. parmi lef-,
, quels nous diftinguerons :
| i°. A pollonius de Perge en Pamphilie, dit le
< grand géomètre. Il vivoit vers l’an 244 avant J. C,
: fous le règne de Ptolomée Evergètes. Son ouvrage
le plus célèbre eft le traité des fe&ions coniques ;
' il n’a pas manqué d’éditeurs , traducteurs & commentateurs.
L’illuftre M. Halley en a donné une
magnifique & excellente édition grecque & latine,
Pappus fart connoître plufieurs autres ouvrages
$ Apollonius de Perge»
4°. Apollonius de Rhodes, connu par un
poème en quatre livres fur l’expédition des Argonautes
, ouvrage dont Longin & Quintilien ont
jugé diveifanent; il vivoit vers l’an 232 avant
Jéfus-Chrift, fous le règne du même Ptolomée
Evergètes.
39. Apollonius d’Alabanda, dont Cicéron prit
des leçons de grec & à Rome, & en Afie, &
qui vivoit environ 84 ans avant J. C.
4°. Apollonius de T y r , hiftorien grec dont il
ne refte rien , contemporain du grand Pompée,
environ 60 ans ayant J. C.
5°. Mais le plus célèbre de tous ceux qui ont
porté ce nom , eft Apollonius de Tyanes ; c’é-
toit un philofophe Pythagoricien , que les Payens
ont voulu oppofer à J. C. & à qui Philoftrate ,
auteur de fa v ie , traduite par Vigénère, attribue
divers miracles, qui ont été réfutés par Eusèbe &
par M. Dupin. Apollonius étoit né à Tyanes en
Cappadoce, vers le temps, de la naiflance de J. C .
dont M. Godeau & beaucoup d’autres l’ont appelle
le finge. Il étoit tellement attaché à la doârine de
Pythagore , qu’il ne portoit point même de fou-
liers & qu’il ne s’habilloit que de toile, pour ne
rien tirer des animaux. Nous ne toucherons point
à fes miracles, c’eft matière théologique ; nous nous
contenterons de remarquer certains traits finguliers
de fa vie , & certains mots mémorables qu’on lui
attribue. Dans fon noviciat de pythagorifme, il -:
paffa cinq ans entiers fans parler, oc quand il :
commença d’enfeigner & de pratiquer des myftè-
res fecrets, il ne vouloit d’abord pour difciples &
pour initiés, que des hommes qui euflènt paffé au
moins quatre ans fans parler. En général , il fai-
foit un grand cas du filence. Etant allé à Rome du
temps de Néron, pour voir, dit-il, de près quel animal
c’étoit qu’un tyran, il entendit Néron chanter
en plein théâtre dans les jeux publics; Tigellin,
flatteur & complaifant de Néron, lui demanda ce
qu’il penfoit de ce prince & de fon chant : J ’en
penfe, lui dit - i l , beaucoup plus favorablement que
vous.; vous le juge% digne de chanter, & moi de fe
taire.
Apollonius fe piquoit de franchife avec les rois
6c les grands , & elle lui réuflit tantôt bien , tantôt
mal. Vefpafien étoit plein de refpeél pour lu i,
Domitien le mit en prifon & menaça fa vie. En
Afie on lui montroit l’image du roi des Parthes,
pour qu’il rendît à ce vain fimulacre les adorations
accoutumées , il n’en voulut rien faire. » Celui que
vous adorez , dit-il aux Parthes, fera trop heu-
55 reux s’il mérite que je l’eftime & que je le loue ».
Sur cela M. de Tillemônt trouve qu’il avoit une
vanité digne d’un démon. Son propos paroît cependant
affez fenfé ; il eft vrai qu’on n’a peut-être pas
le droit de dire de foi-meme ce que Cicéron dit de
Caton dans Rome fauvée: ~
Méritez,-que Caton vous aime & vous admire.
Mais il eft certain qu’il n’eft pas toujours en
notre pouvoir d’eftimer ce que nous fommes forcés
de refpeâer. Il tint encore, à ce qu’il nous
femble, un fort ton propos à un roi de Babyîone,
qui fe défiant des dangers de fon état, lui deman-
cîoit un moyen de régner sûrement. Aye^, lui dit-
il , beaucoup d’amis & peu de confia cm. Un eunuque
.ayant été furpris avec une concubine de ce même
roi, il confulta encore Apollonius fur la manière
dont il devoit punir le coupable: en lui laiffant la-
vie , dit Apollonius ; & comme ce tyran d’Afie avoit
peine à comprendre cette doélrine de pure clémence,
Apollonius, par une forte de condefcendance pour
les préjugés defpotiques du roi , lui préfenta une
idée de châtiment ; fon amour, lui dit-il, fera fon
fupplice. Apollonius étoit de fon temps un des hommes
qui avoit le plus .voyagé, & le plus vu
d’hommes & d’erreurs. Les lumières qu’il avoit
acquifes dans fes voyages, le firent aifémentpaffer
pour magicien , & il le voulut bien : il fit une
étude profonde de ce qu’on appelloit de fon temps
la magie, & fe piquoit d’habileté dans cette vaine
fcience. IL eut aufli le tort de fe laiffer rendre des
honneurs divins; mais il paroît qu'il fut irréprochable
dans fes moeurs, & que fi les payens en
général l’ont trop exalté, quelques Chrétiens l’ont
peut-être aufli trop décrié ; M. de Tillemônt,dans le
lavant article qu’il a fait A'Apollonius de Tyanes ;
parle trop de démons & de magie. Ce philofophe,
ou cet impofteur mourut, à ce qu’on croit, dans
une extrême vieilleffe, à la fin de l’an 96 de notre
ère.
APOLLONIUS, (Hifl. des Juifs.') gouverneur
de Syrie & lieutenant des armées d’Antiochus
Epiphanes , fit des maux épouvantables aux Juifs ; '
il leva une puiffante armée pour les exterminer.
Mais Judas Machabée, avec une poignée de monde,
le défit, le tua de fa main, & lui prit fon épée
dont il fe fervit dans la fuite en mémoire d’une fl
glorieufe action.
Un autre A p o l l o n iu s , général des troupes de
Démétrius, & gouverneur de la Célé-Syrie, fut
défait par Jonathan , 148 ans avant Jéfus - Chrift.
{ A R.)
APPIEN, ( Hifl. litt. anc. ) hiftorien grec , né
à Alexandrie, qui vivoit fous Trajan, Adrien &
Antonin P ie , auteur d’une hifloire romaine , dont
nous n’avons que des parties. Il n’y fuivoit pas
cet ennuyeux plan chronologique auquel tant d’hif-
toriens ont ,cru devoir s’aflujettir dans tous les
détails de leur narration ; il. traitoit à part des
différentes guerres contre les différentes nations,
puifqu’enfin l’hiftoire romaine n’eft prefque que
l’hrftoire de ces guerres que Rome a faites qu aux
autres nations ou à elle-même. La meilleure édition
d’Appien eft celle d’Amfterdam , 1670, 2 vol.
in-8°.
APPION. Voye£ A p io n .
APRIÈS, {Hifl. d'Egypte.) fils de Pfamnis, fut
fon héritier au trône d’Egypte. L’aurore de fon