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fous un autre nom que le fun : en effet le paffe*
port étoit fous 1e nom de M. Voifin, depuis chan
celier, qui avoir été choifi d’abord pour cette com-
miffion ; ils lui apprirent le danger qu’il avoit couru
d’être enlevé par un parti, que le comte d’Alber-
male, commandant à Bruxelles > avoit difpofé fur
fa route dans cette vue. Ces éloges & ces avis
couvroienr une exagération perfide du defir 8c du
befoin qu’on fuppofoit aux François de faire la paix,
& le projet de mefurer la rigueur des conditions
fur ce befoin qu’on jugeoit extrême. On exigeoit
de Rouillé le plus profond fecret, tandis qu’Eugène
& Marlborough étoient mftruits de tout par Hein-
fius, penfionnaire de Hollande, qui était inffruit
lui-même par Buy s 8c Wanderdufïèn.
Les conférences furent transférées, fans objet
comme fans fuceès, du Moërdick- à Voërden, puis
à Boëdgrave, où elles fe tenoient fur l’eau dans
un yacht, toujours pour mieux garder ce fecret,
qu’Heinfms révéloit toujours à Marlborough.
Sur le compte que le préfident Rouillé avoit.
rendu au roi, de ces conférences, le marquis de
Torci, miniftre zélé, vertueux 8t intelligent, vint
lui-même négocier en Hollande avec le penfionnaire
Heinfius. Bientôt les conférences devinrent
générales. Eugène & Marlborough vinrent à la
Haie. Torci & Rouillé d'un côté; Eugène Marlborough
, Heinfius, Buy s 8c Wanderduffen , de
l’autre, traitèrent à fond tous ces objets, & la
paix n’en fut que phis difficile.
En 1710, le roi envoya en Hollande le maréchal
d’Huxelles & l’abbé de Polignac, pour conférer de
nouveau avec Buy s & Wanderduffen. Les conférences
le tinrent d’-abord dans un yacht près du
Moërdick, enfuite à Gertruydenberg. Le nom de
ce dernier lieu rappelle le dernier degré d’abaiffe-
pient & d’humiliation pour la France.
Par les articles 4 & 37 des préliminaires prepo-
fés aux conférences de la Haie, concernant la
çeffion que Philippe V devoir faire de toute la
monarchie d’Efpagne à l’archiduc Charles , il étoit
dit expreffément, qu’en cas de refittance de la part
de Philippe V , k m très-chrétien & les princes &
états fl'wulans prendraient de concert les mefures convenables
pour ajfurer l'entier effet de cette cLaufe ;
Louis XIV fe bornoit à demander une modification
©11 du moins une explication de ces articles ; il
demandoit qu’on n5obligeât pas un aïeul a faire la
guerre à fon petit-fils pour le détrôner ; Malho-
rough convenoit de la dureté de cette proposition
; il confentoit qu’on l’exprimât, s’il fe pouvoir,
-de manière que Louis XIV fût obligé d’exiger la
ceffion , fans cependant s’engager à faire la guerre
à Philippe V ep cas de refus ; Buy s alla plus loin
à Gertruydenberg, il eptreprit de juftifier les articles
tels qu’ils étoient, & trouvant une fi belle
©ccafion d’étaler fa confufe éloquence, il fe mit à
prouver longuement qu’il s’agiffoit de la part de
Philippe V , non d’une ceffion, mais d’une veri-
tablf reftitption ; que toutç la monarçhiç d’Efpagne
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appartenoit à l’archiduc feul ; qu’im monarque
équitable pouvoit employer fon autorité paternelle
pour empêcher fes enfans de retenir le bien d’autrui
, & s’ils manquoient de déférence pour fes
ordres, employer la contrainte pour les forcer
d’obéir.
Les événemens changèrent , on fe tourna du
côté de l’Angleterre, on la trouva plus difpofée à
la paix; les préliminaires furent fignés à Londres
au mois d’oéiobre 1711 ; il ne s’agîflbit plus que
de les faire adopter par les autres puiffances. Buy s
vint à Londres pour empêcher ou du moins retarder
la pacification ; il comptoit fur fon éloquence,
oc fes amis comptaient fur fes intrigues ,
il s’unit avec Marlborough & les Wighs, & avec
le comte de Galas, amhaffadeur de l’empereur à
Londres, pour renverfer,s’il fe pouvoit, le nouveau
miniffère ; ils s’attachèrent fur-tout à corrompre le
parlement pour qu’il s’oppofât à la paix. Ils parvinrent
à peine à l’emporter d’une voix dans la
chambre haute, que le règne de Guillaume & la
puillânee de Marlborough avaient remplie de Wighs,
& où huit dameftiques de la reine Anne, gagnés
à prix d argent, votèrent contre les intentions connues
de cette princeffe, mais le parti de la paix
l’emporta de cent vingt-fix voix dans la chambre
baffe.
Après que le prince Eugène, qui efpéroit être
plus heureux que Buy s , fut auffi venu à Londres,
faire un dernier effort inutile contre la paix; après
que la Hollande eut murmuré, réfifté encore quelque
temps, enfin fe voyant deffimée de l’appui de
l'Angleterre, elle fentit fa foibleffe & s’humilia tellement
à fon tour, que l’abbé, depuis cardinal de
Polignac, plénipotentiaire pour la France à Utrecht
avec le maréchal d’Huxelles 8c Ménager, écrivoit:
» nous prenons la figure que les Hollandois avoient
» à Gertruydenberg, & ils prennent la nôtre. C ’eff
» une revanche eomplette.
Enfin la paix fut fignée à Utrecht en 1713 ; %
Raffad 8c à Bade en 1714.
B YNG , (Jea n ) (ZJi/?. m&d.') célèbre & malheureux
amiral anglois, fils d’un autre amiral célèbre,
fut condamné à être fufilié, (ce qui fut
exécuté le 14 mars 17 5 7 ) pour avoir perdu le 10.
mai 1756, contre Pefcadre françoife commandée
par le marquis de la Galiffonniere, un combat naval
d’où dépendait l’expédition de Mahon.
» En caufant ainfi, dit un auteur, dont les plai-
fànteries ont un grand fens 8c portent coup, ils
» abordèrent à Portsmouth , une multitude de
» peuple couvroit le rivage > & regardoit attentif
n vernent un affez gros homme qui étoit à genoux,
» les yeux bandés, fur le tillac d’un des vâiffeaux
» de la flotte ; quatre foldats poffés vis-à-vis de
r> cet homme lui tirèrent chacun trois balles dans
» le crâne le plus paifiblement du monde, & toute
« l’affemblée s’en retourna extrêmement fatisfaite,
» Qu’eft-ce donc que tout ceci ? dit Candide, 8c
» quel démon exeree par-tout fon empire ? Il de*
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b» manda qui étoit ce gros homme qu’on venoit de
*> tuer en cérémonie. C’eft un amiral, lui répon-
w dit-on. Et pourquoi tuer cet amiral ? C ’efi, lui
s» dit-on, parce qu’il n’a pas fait tuer affez de
» monde, il a livré un combat à un amiral fran-
». çois, & on a trouvé qu’il n’étoit pas affez près
» de lui. Mais, dit Candide, l’amiral françois étoit
* auffi loin de l’amiral- anglois que celui-ci l’étoit
” de l’autre ? Cela eff inconteflable , lui répliqua-
» t-on. Mais dans ce pays-ci, il eff bon de tuer
» de temps en temps un amiral pour encourager
» les autres.
Il n’efl pas quefiion ici de raifonner contre une
piaifanüerie, 8c d’obferver férieufement que celui
qui eff chargé d’attaquer & d’empêcher une expédition,
eff obligé d’approcher de plus près., que
celui pour qui, échapper feulement feroit une victoire;
au refte, il nous femble que les anglois eux-
mêmes conciamnent aujourd’hui leur exceffivefè- I
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vérité envers cet amiral, qui dans plufieurs occasions
avoit Signalé fon courage & fon zèle, & qui
n’effpas convaincu d’en avoir manqué dans celle-là.
BYSANTINE, ( Hifl. lut. mod. ) nom que l’on
a donné à un corps d’hiffoire dé Conffantinople ,
imprimé au louvre dans le courant du dix-feptième
fiecle : il eff compofe de différens auteurs grecs,
éclaircis, commentés8cpubliés fucceflivementpar
differens^ favans. Les premiers parurent en 164$,
BZOylUS,enpolonoisBzowzki, (Abraham) ( Hifl. litt. mod. ) Dominicain polonois, continuateur
de Baronius. Sa continuation eff en 9 volumes
in-folit, & s’étend depuis 1198, jufqu’en 1572.
Mais il n’a vu que les dominicains, oc il a bien
moins écrit les annales de l’églife , que celles de
l’ordre de S. Dominique. Il mourut à Rome en
1637.