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donnoit d’àflez bons confeils; fur la conduite, qui
étoif âflez mauvaife, voulut le faire mourir \ Bafile-
le prévint ; & futjpar-là feul empereur en 867.
C’étoit le temps où fe formoit le fchifine, d’Orient.
Bafile fut d’abord contraire au fchifmatique Photius,
& favorable au patriarche Ignace ; mais Photius le
féduifit, en lui dreflant une généalogie , qui le
faifoit defcendre de parens illtîftres ; Bafile le rétablit
fur le trône pattiarchal. C’eft fous l’empire
de Bafile-'de Macédonien, que les Rufles embrassèrent
le Ghriftianifme & la doctrine de l’églife
Grecque. Il mourut en 886. Basile I I , réputé encore plus grand & meilleur,
ayant fait un nombre confidérable de prisonniers
fur les Bulgares, leur fit crever à tous
les deux yeu x, excepté à chaque centième, auxquels
il laiffa un oeil pour qu’ils puflent conduire
leurs compagnons à leur ro i, que ce fpe&acle fit
mourir de douleur. Bafile régna 50 ans, &■ mourut
en 1025. Il étoit né en 9^6. Il étoit fils de
l’empereur Romain le jeune, & fut fuccefleur de
Zimifcès, en 976. Basile, ( Saint ) furnommé le Grande un des
pères Grecs, évêque de- Géfarée en' Cappadoce ,
où il étoit né, en 329. L’hiftoire de fës travaux
apofioliques appartient à l’hiftoire de l’églife; mais
nous pouvons nous arrêter un moment à confi-
dérer en lui l’homme célèbre, qui appartient à
l’hiftoire générale. Il fut l’ami de Saint-Grégoire
de Nazianze. Cette amitié', qui les honora tous
deux, étoit née dans les écoles des philofophes
à Athènes , & fe nourrit dans la retraite ou ils
vécurent long-temps enfemble. C’eft-là que Saint-
Bafile écrivit, foit à Saint-Grégoire de Nazianze,
iorfqu’il étoit abfent, foit à plufieurs autres, des
lettres & des confeils fiir la vie folitaire , d’où
la plupart des religieux ont tiré leur règle, & où
les fondateurs des monaftères de l’occident même
ont puifé divers points de leurs conftitutions.
Bafile ayant été tiré de fon défert en 369, pour
monter fur le fiége de Céfarée, l’empereur Va-
lens voulut l’attirer à l’arianifme, & lui envoya
dans cette vue , Modefte , préfet d’O rient, qui
employa tour-à-tour, & fans rnccès, les promenés
& les menaces. La fermeté des réponfes de Bafile
le déconcerta. « Je n’ai jamais rencontré perfonne,
lui dit-il, qui m’ait ofé parler avec cette har-
5> dieffe. » Peut-être, répondit tranquilement Bafile,
11avez-vous jamais rencontré d’évêque. Saint-Bafile
mourut en 779. Dom Garnier & dom Prudent,
bénédi&ins, ont donné (en 1721 & années fui-
vantes) une très-belle édition de fes oeuvres en 3
volumes in-folio,, avec une verfion latine.
' Il y a un autre Saïnt-Bafile, évêque de Seleucie
en Ifaurie, qui fut dépofé en 4 5 1 , dans le concile
général de Chalcédoine , pour avoir foufcrit
le faux concile d’Ephèfe en faveur d’Eutiches ; ij
rentra dans la communion de l’églife : il eft re
connu pour faint, & fes homélies font dans la bi; I
bliothèque des pères, * *
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BASIN ou Bazin. Voyez Bezons.
BASNAGE. ( Hift. litt, mod.') Le nom de Baf-
nage eft célèbre dans la controverfe & dans les
lettres. Pour ne parler que de ceux qui ont le plus
illuftré ce nom, nous nous bornons :
• 19. A Henri Basnage du Fraquenài , avocat
à Rouen, auteur d’un Commentaire , très-confulté &
très-cité, fur la coutume de Normandie, 6c d’un
Traité des hypotheques. Né lé 16 octobre 1615 ,
mort le 20 ©Sobre 1695.
20. A fes deux fils; favoir : Jacques Basnage de Beauval , auteur d’une Hifloire de Téglife ,
hiftoire proteftante , mais dont les catholiques
même font cas ; d’une Hiftoire des Juifs , auflï efti-
mée , & de plufieurs autres ouvrages, tels que
la République des Hébreux; les Antiquités Judaïques;
les Annales des Provinces-Unies , depuis la paix de
Munfler; YHiftoire de Üancien & du nouveau tefta-
ment, &c. 20, HenrtBASNAGE de Beauval , auteur
de Y Hiftoire des ouvrages des favans, ' qui fort
comme de fuite aux Nouvelles de la république des
lettres de Bayle. Ilavoit fait en 1684 un Traité de
la tolérance, ouvrage convenable àu temps, & qui
n’empêcha pas qüe l’année fuivante, il ne fut
obligé de s’expatrier pour caufe de religion.
Henri mourut à la Haye en 1710. Mais Jacques
vivoit encore lorfqu’en 1716 ou 17 17 , l’abbé du
Bois., -depuis cardinal, vint négocier en Hollande.“
Jacques Bafnage , quoique très-attaché à fa religion,
pour laquelle il ne ceua d’écrire toute fa v ie , ai-
moit toujours fa patrie qui 1 avoit rejetté, & M. le
Régent chargea l’abbé du Bois de fe conduire en
'tout par les avis de Jacques Bafnage qui par les
fervices qu’il rendit er cette occafion à la France ,
obtint la reftitution des biens que fa famille y avoit
laiffés, lorfque la révocation de l’édit de Nantes
l’avoit obligée d’en fo^tir. Il mourut en 1723,. Il
étoit né à Rouen en 1653, & fon frère en 1656.
Leur ayeul, Benjamin Bafnage, étoit confidérê
dans fa communion, ainfi que Samuel Bafnage de
Flottemanviile, fon petit-fils, & leur coufin-ger-
main, auteur de quelques ouvrages de controverfe
& d’une critique des annales de Baronius.
BASSELIN , (O l ivier) {Hift. litt. mod. )
Cët homme, qui, étoit un fimple foulon de la petite
ville de Vire en Normandie , pafle pour l’inventeur
du vaudeville, forte de chanfon, appel-
lée autrefois vau de vire, parce qu’on s’afTembloit
dans le vau ou dans la- vallée de Vire pour les
chanter en danfant, & Bajfelin étoit l’auteur de
ces chanfonsv. Basselin, (Robert) eft aufli le nom d’un
profefleur de philofophie au collège de Graflins ,
qui, vers le milieu de ce fiècle-ci, ( le dix-huitième
) prétendit avoir trouvé la quadrature du
cercle, & qui eft prefque le feul exemple d’un
homme entendant la queftion qui ait prétendu
avoir fait cette découverte. Il le perfuada même
à quelques-uns de fes confrères, nommément à un
autre profefleur de philofophie, au collège de Mon;
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taigu, nommé Moreau, qui fit des vers latins à
fa louange fur cette découverte.
BASSI. Voyez Politien. BASSOMPIÈRRE , ( F rançois de) ( Hift.'de
Fr. ) l’un des hommes les plus brillans & les plus
aimables des règnes de Henri IV & de Louis XIII,
colonel-général des fuifles, & maréchal de France,
naquit en Lorraine , l’an 1570 , d’une ancienne &
illuftré maifon. S’étant attaché, à la France, il s’y
diftingua par fes fervices militaires à la guerre, & dans
les ambaflades , il réuflit par fon feul mérite & fans
rechercher la faveur des miniftres. Il n’étoitpoint ami
du duc de Sully. Lorfqu’à ia mort de Henri IV le duc
de Sully fe mit en marche pour aller aulouvre, nous
» le rencontrâmes , dit Bajfompierre , fuivi de
» quelques quarante chevaux ; lequel étant proche
» de nous , commença, d’une façon épleurée, à
» nous dire : Mejfieurs , f i le fervice que vous aviez
j> voué au roi, qu’à notre grand malheur nous venons de
» perdre, vous eft aujji avant en l’ame , qu’ il le doit
» être à tous les bons François , jurez tous préfente-
v ment de conferver la même fidélité que vous lui
» avez rendue, au roi fon fils & fuccejfeur, & que
j» vous employerez votre fang & votre vie pour venger
»> fa mort. — Monfieur , lui répondis-je, c’eft nous
j> qui faifons faire ce ferment aux autres, & nous n’a-
V) vons pas befoin d’exhortateur en une chofe , à quoi
» nous fommes f i obligés. Je ne fais fi ma réponfe
« le furprit, ou s’il fe repentit d’être venu fi avant
»> hojs de fon tfort. Il partit en même-temps, &
j) nous tourna le vifâge, & alla s’enfermer dans la 9) baftille «.
Bajfompierre faifoit ombrage au connétable de
Luynes , qui lui difoit : Je vous fervirai auprès du
roi, mais ne faites pas tant les doux yeux d fa
tnajefté.
Les fervices de Bajfompierre lui ayant procuré le
bâton de maréchal de France en 1622, il difputa
en 1627, au ducd’Angoulême, le commandement
de l’armée, qui faifoit le fiège de la Rochelle ; le
roi Louis XIII en prit le commandement, retint
auprès de lui le duc d’Angoulême, & donna une
armée féparée à commander au maréchal de Baf-
fompierre. Il étoit difficile qu’un homme aimable,
aimé des femmes & les aimant, comme le maréchal
de Bajfompierre, ne fut pas entraîné par elles
dans les intrigues de la cour de Louis XIII ; plus
difficile qu’un coeur généreux comme le maréchal
de Bajfompierre , ne s’indignât pas du defpotifme
& de la violence du cardinal de Richelieu ; plus
difficile encore que ce miniftre , ennemi de tout
éclat & de toute gloire, ne prît point d’ombrage
de celle de BaJJompierre. Le mariage du duc d’O rléans
Gafton , avec Marguerite de Lorraine , conclu
contre le gré de la cour en 1631 , fu t , pour
le cardinal, une heureufe occafion de vengeances
contre fes ennemis. Tous ceux qui avoient eu
part à cette affaire , ou qui en furent foupçonnés,
éprouvèrent la rigueur d’un gouvernement qui ne
favoit qu’irriter & que punir, La princefle de
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Conti, Louife de Lorraine, fut exilée ; Bajfompierre
qu’elle aimoit, qu’elle avoit époufé fecrète-
ment, & dont elle avoit eu un fils, nommé de la
Tour, fut mis à la baftille. La princefle de Conti
en mourut de douleur. C ’eft le fujet d’une élégie
de Malleville, où il dit :
Lorfque le beau Daphnis , la gloire des fidelles,
Perdit la liberté qu’il ôtoit aux plus belles.
Bajfompierre ayant été averti qu’il devoit être arrêté
, brûla, dit-on, plus de fix mille lettres qui
auroient pu nuire à la réputation des plus belles &
des plus grandes dames de la cour. Il avoit fait
une promefle de mariage à Marie de Balfac d’En-
tragues, foeur de la marquife de Verneuil, & il
en avoit eu un fils, qui mourut évêque de Saintes ;
en conféquence, mademoifelle d’Entragues fe fai-
foit appeller madame de Bajfompierre, & plaida
huit ans contre lui au parlement de Rouen pour fe
faire reconnoître. Le rencontrant un jour, elle lui
dit : Monfieur, vous devriez bien me faire rendre les
honneurs de maréchale de France. — Eh ! mademoifelle,
répondit-il, pourquoi prenez-vous un nom de
guerre ? Piquée de cette réponfe, elle lui dit avec
colère : Vous êtes le plus fot homme de la cour. —■
Quoi ! dit-il, fans vous avoir époufée !
Sa détention à la baftille dura douze ans ; il fut
en tirer parti en homme d’efprit & de courage ;
laleâure & le travail remplirent tous fes momens;
c’eft-là qu’il fit fes mémoires , qui font curieux &
agréables. On a encore de lui une relation de fes
ambaflades r & des remarques fur l’hiftoire de
Louis XIII par du Pleix. Bajfompierre parloit avec
la plus gr-ande facilité toutes les langues en ufage
dans l’europe, & Richelieu qui étoit jaloux de tout,
lui envioit encore cet avantage. Il ne fortit de la
baftille qu’après la mort du cardinal de Richelieu.
On fit à ce fujet le quatrain que voici :
Enfin , dans l’arrière faifon,
La fortune d’Armand s’accorde avec la mienne,
France , je fors de ma prifon ,
Quand fon ame fort de la tienne.
Ces vers déjà très-recherchés dans leur tournure,’
ont encore une recherche particulière dont on ne
s’apperçoit pas d’abord, c’eft que le troifième vers :
France , je fors de ma prifon ,
eft l’anagramme de François de Bajfompierre, avec
le changemeut d’une feule lettre , à la vérité allez
importante, car c’eft la première lettre du nom ■
au lieu d’un b on trouve un n dans le vers.
Bajfompierre étoit devenu fort gros à la baftille ;
on dit que la reine lui ayant fait la plaifanterie de
lui demander quand il accoucherait, il répondit
quand j ’aurai trouvé une fâge femme. *
Lorfque Bajfompierre avoit. été mis à la baftille,
on l’ayoit forcé de vendre fa charge de colonel