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qui s’étoit retiré dans cette v ille, ne Vôuloit point fe
rendre;mais les bidaux lui faillirent au col par-derrière 3
Fabattirent & le tuèrent. Guillaume Guy art,, qui
en fait auffi mention fous les années 1298, 1302
& 1304, femble faire entendre qu’ils tiroient leur
origine des frontières d’Efpagne.
De Navarre & devers Efpagne
Reviennent bidaux à grans routes.
Il paroît par le même auteur , que ces foldats
portoient pour armes deux dards & une lance, &
un coutel à la ceinture. M. de Cafeneuve prétend
après Joan. Hocfemius , dans fes geftes des évêques
cîè Tongres, liv. I. chap. xxjv. que les bidaux
étoient ainfi appelles a bïnis dardis, de deux dards
qu’ils portoient. Ne pourroit-on point croire que
ce nom leur étoit donné à caufe du pays d’où ils
fortoient, des environs de la rivière de Bidajfoa?
Il eft certain du moins que les auteurs les appellent
plus ordinairement bidaux, bidaldi que bidarii; &
Hocfemius eft le feul qui leur ait donné ce fécond
nom latin , pour l’approcher davantage de fa prétendue
étymologie. Il paroît que les bidaux n’étoient
pas de fort bonnes troupes ; fouvent ils lâchoient
pied, 8c lancoient leurs dards en s’enfuyant. Bidaux
retraient, è’eft-à-dire ienfuyent & dards ruent,
dit le même poète que nous avons déjà cite ; & le
continuateur de Nangis rend à-peu-près le même
témoignage à leur bravoure à la bataille de Caf-
fe l, où il dit que lès bidaux s’étant mis à fuir félon
leur coutûme, Cauferent quelque défordre dans l’armée
françoife : ce qui fait voir que ces bidaux étaient
des troupes légères, plus propres à harceler l'ennemi
qu’à l’attendre de. pied-ferme. Ménage a
parlé de ces bidaux dans fon étymologie au mot
Pitaux. Mémoire de Vacad. tom. X. dans une note. ^ G )
BIDLOO , ( G odefroi) poète & médecin. On
a de lui des poéfies hollandoifes , publiées aLeydè
en 1719 , & une- Anatomia corporis hiimani-, dont
on connoît trois éditions de 1735 » de 1739 &/ de
1750. La première eft la plus eftiméç pour la
beauté de l’exécution. Né à Amfterdam en 1649,
mort à Leyde en 1713. Il étoit médecin du roi
d’Angleterre Guillaume III. y
BIENVEILLANCE , ( H if l. mod. ) terme ufité
dans les ftatuts & dans les chroniques.d’Angleterre,
pour fignifier un préfent volontaire que les fujets
font à leur fouvérain, chacun y contribue à proportion
de fa fortune. - " ;
La bienveillance prife dans ce fens , équivaut a
ce que les autres nations appellent fubfdïum charïtati-
yum, que les tenanciers payent quelquefois à leur
feigneur, le clergé aux évêques.
En Bran ce on appelle ce fecours don gratuit. Dans
les befoins de l’état , le clergé affemblé foit. ordinairement,
foitextraordinairement, accorde au roi
un don gratuit, indépendamment des décimés &
autres impofitions dout il eft chargé, 8c le recouvrement
de ces fouines eft reparti fur les provinces
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eccléfiaftiques. Dans les provinces d’états, outre les
fubfides ordinaires, à la tenue des états on accorde
aufli au roi un don gratuit plus ou moins fo r t ,
félon les çirçonftances. (G) '
BIEZ, (ÔUDARD d u ) (îiïft. de Fr.) maréchal
de France, a eu des momens de faveur &
de difgrace , qui répandent de l’incertitude fur
fon hiftoire 8c fur le jugement qu’on doit porter
de fa conduite. En 1544 , le roi d’Angleterre,
Henri V III, defcendu en Picardie, fit en perfonne
le fiège de Boulogne, défendu par Coucy-Vervin,
gendre du Maréchal du Bieç; en même temps le
duc de Norfolk faifoit celui de Montreuil, défendu
par le maréchal lui-même ; le dauphin qui
fut depuis Henri I I , marchoit au fecours de ces
| deux places ; le fiége de Montreuil fut levé a
mais Boulogne étoit pris lotfque le dauphin arriva
: ce prince en conçut tant de dépit, que,
lorfqu’il fut R o i, il fit trancher la tête à Vervin »
& le maréchal du Bie{ fut enveloppé dans cette
difgrace. François I ne lui avoit rien imputé, &
lui avoit laitie le commandement dans cette province,
où on s’ètoit propofé de reprendre Boulogne
l’année fuivante. C’eft fur-tout cette campagne
de 1545 , qui a été fort critiquée par Martin
du Bellay. !
On avoit compris qu’on attaqueroitjnutilement
Boulogne du côté de la terre, fi le port reftoit
libre, & que la place pût être ravitaillée & la gar-
nifon rafraîchie fans obftacle du côté de la mer ;
on étoit convenu de bâtir un fort pour dominer 8ç
gêner le port. Le maréchal du Biez fit, dit-on ,
d’abord une faute irréparable , celle de manquer
totalement l’objet ; on vouloit fermer aux enne^
mis l’entrée du port, & il avoit été décidé en
çonféquence que le fort feroit bâti précifément à
l’embouchure de la-Liane, à la pointe qui eft vis-
à-vis la tour d’Ôrdre. Le maréchal au contraire
choifit un endroit plus éloigné , nommé Outreau ,
qui laiftoit l’entrée'du port parfaitement libre. Il
fe fervit en fuite d’un ingénieur qui conçut & exécuta
mal fon plan, de forte que les travaux, après
avoir langui long-temps ^8c avoir coûté beaucoup,
finirent par être prefque inutiles, & qu’il faillibles
recommencer.
Tandis que du Bellay, que le roi avoit envoyé
pour examiner ces travaux,lui en rendoit ce compte,
le roi reçoit un autre courier du maréchal du Bieç,
qui lui annonce que dans huit jours, le fort fera
entièrement confirait; du Bellay étonné retourne
au camp de la part du roi, & preffe le maréchal
d’agir contre Boulogne,
Le maréchal répondit qu’il avoit des avis certains
que les vivres manquoient dans Boulogne,
& que les Anglois fe difpofoient à partir de Calais
pour marcher ali fecour^de cette place; que
fon intention étoit d’abandonner le fort d’.Qiitreau
de fe porter eritre Boulogne & Calais , pour
couper la communication entre ces deux places. ^
Sur cet ayis, il s’éiéta daus te çQjifeil un cri
’• général
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général d’improbation : « Comment pouvoit-on fe
» perfuader que la mer & le port de Boulogne,
» étant libres, & la garnifon pouvant à chaque
» inftant recevoir des rafraîchiflemens par cette
d voie ouverte, les Anglois aimaflent mieux ten*
t) ter là voie difficile & périlleufe d’une bataille,
» pour jetter des vivres dans cette place, où un
y feul navire en pouvoit porter plus que ne pour-
y roient faire mille chariots ? Comment pouvoit-
» on même penfer qu’avec cette facilité d’être fans
» cefle ravitaillé, Boulogne manquât de vivres ?
y D ’ailleurs que deviendraient ces travaux du fort
h d’Outreau, fi peu utiles, à la vérité, par leur ,
j» emplacement ; mais qui avoient tant coûté, 8c
>j dont enfin il falloit tirer quelque parti ? Il fal-
9» loit du moins ne fe pas priver par ce change-
» ment de porte très-inutile, des foldats que le 9> maréchal propofoit de laiffer dans le fort, & qui
» ne pourraient jamais en défendre les travaux, !
v s’ils étoient attaqués. »
Le maréchal ne répliqua rien ; mais il fuivit fon
projet, & décampa fans prendre avis de personne.
Toute cette conduite étoit très-fingulière, 8c du 1
Bellai ( c’eft toujours lui qui parle) ne cacha point
nu maréchal qu’elle étoit contraire aux intentions
du roi. Le roi lui-même avoua depuis à du Bellai,
qu’il ne comprenoit rien à la conduite du maréchal,
& qu’il le foupçonnoit d’avoir voulu faire
durer fon emploi.
Les nouveaux mouvemens du maréchal du Bieç
ÎiaroifTant annoncer une bataille prochaine, toute
a jeune noblefle, félon l’ufage, fe rendit au camp.
Il n’y eut point de bataille, parce qu’en effet
les Anglois ne fongèrent point à fortir de Calais, \
pour fecourir une place , qui fe fecouroit pour 1
ainfi-dire d’elle-même par la liberté de fon port, j
Tout le refte de la conduite du maréchal eft
jaon - feulement irréprochable , mais brillant &
heureux; il chaffa vigoureufement les Anglois de
la terre d’O y e , qui formoit pour eux comme une ;
efpèoe de camp retranché, ou de place forte im-
menfe, au milieu des terres; la pefte fit quelques
ravages dans fon fort d’Outreau, mais il le dé- ;
fendit bien contre les Anglois, il repouffa toutes :
leurs attaques, il remporta fur eux des avantages !
fignalés, Sc termina glorieufement la campagne 8c !
la guerre.
Cependant Henri II, à fon avènement, éloigna de
la cour le maréchal du Bie^, quoique ce prince eût
été armé chevalier de la main du maréchal. Il le dé-’
pouilla de la dignité de maréchal de France ; mais du
Bie^ y fut rétabli dans la fuite. M. deThou ditqueie
maréchal du Bieç fut condamné à une prifon perpétuelle,
& privé du collier de l’ordre; il fortit j
de prifon & mourut de douleur quelque temps
après ; d’autres difent même que du Bie% avoit
été condamné à mort, que la prifon perpétuelle
ne fut qu’une commutation de peine. Quoi qu’il en
foit, le fils de Coucy-Vervin, le petit-fils du mar
Hifloïre. Tom. L Deuxième Parta
B I G tfi7
rêchal, fit réhabiliter la mémoire de fon père 8c
de fon ayeul maternel , par des lettres - patentes
qu’il obtint de Henri III, 8c qui furent enregistrées
au parlement le 1 oftobre 1575.
Pour lavoir ce qu’il faut penfer du récit de
Martin du Bellay, dans ce qu’il contient de contraire
jjflg maréchal du Bie% , il faudrait mieux
connoître les intérêts 8c les intrigues du temps.
M. de Belloy a très-bien défendu le beau-père 8c
1e gendre dans un excellent mémoire fur la maifon
de Coucy. ( Voir l’article C o u c y daus ce Dictionnaire.
)
BIGNON , ( Hijl. de Fr. ) deux perfonnages
ont particuliérement illuftré ce nom ; l’un eft le
fameux avocat-général, Jérôme , favant dès l’enfance
, élevé par un père favant ; à dix ans il publia
fa Chorographie, ou defeription de la Terre-
Sainte ; à treize, fes Antiquités Romaines 8c fon
traité de VEleélion des Papes; à dix-neuf, fon traité
de T Excellence 'des rois & au royaume de France ;
a*vingt deux, fes formules de Marculphe 8c les lavantes
notes qui les accompagnent. Les Scaliger,
les Cafaubon, les -Grotius , les Pithou , les de
Thou, les le Fèvre, les du Perron-, les Sainte-
Marthe, les Sirmond, fe faifoient honneur d’entretenir
correfpondance avec cet enfant merveilleux,
qui fouvent les inftruifoit. Henri IV l’avoit
placé en qualité d’enfant d’honneur auprès du
dauphin, qui fut bien-tôt après le roi Louis XIII.
Mais c’étoit par l’éloquence plus encore que par
l'érudition, c’étoit dans la magiftrature, plus encore
que dans les lettres, qu’il étoit réfervé au
jeune Bignon , d’être à jamais illuftré. Il fut pourvu
en 1620, d’une charge d’avocat-général au grand
confeil, puis au parlement en 1626. Il fut auflî
confeiller d’état, 8c employé dans plufieurs négociations
importantes , au-dedans du royaume
oc au-dehors. Le cardinal de Richelieu, pour con-
foler les honnêtes gens 8c les' gens de lettres, de
la mort violente de M. de Thou, 8c pour faire
fa paix avec eux , mit M. Bignon à la tête de la
bibliothèque du roi. Jérôme Bignon fut le modèle
des favans 8c des • orateurs de fon temps , 8c la
gloire du parquet, après l’avoir été du barreau.
Cependant nous avons les harangues de Démof-
thène, 8c les oraifons de Cicéron , 8c on demande
ce qui nous refte des plaidoyers fi vantés
des Signons 8c des Talons. Rien que la tradition
de reflet qu’ils produifirent, de l’admiration qu’ils
causèrent, tradition confignée dans les mémoires
du temps. Quand nous voyons un homme, tel
que le cardinal de Retz, dire : « Talon , avocat-
» général, fit une des plus belles déclamations
5» qui fe foient jamais faites en ce genre. Je n’ai
» jamais rien oui ni lu de plus éloquent; il ac-
» compagna fes paroles de tout ce qui leur put
» donner de la force, jufqu’à invoquer les mânes
» de Henri le Grand : il recommanda la France en
” général à Saint-Louis, un genou en terre. Vous
» VOUS imaginez peut-être que vous auriez ri à