
guedoc ; mais cela n’eft pas exa’ft ; 1'aldefman des
Anglois répond au fcheepen ou échevin des Hol-
landois.
Les bourguemeflres font choifis parmi les éche-
vins, & ne font ordinairement en place que pour
un ou deux ans.
C ’eft aiiifi qu’on appelle les principaux magiftrats
des villes de Flandre, de Hollande & d’Allemagne :
ils font comme les maires & gouverneurs, ils
donnent des ordres pour le gouvernement, l’admis
nilration des finances, la juftice & la | police des
villes. Le pouvoir & les droits des bourguemeflres
ne font pas égaux par-tout : chaque ville a fes lois
& les ftatuts particuliers. ( A. R. )
BOURGUIGNONS, ( Hifl. de Fr. ) nom de
faéfion fous le règne malheureux de Charles V I ,
il défignoit le parti des ducs de Bourgogne, comme
les noms 8Armagna.es & d’Orléanais , défignoient
le parti des ducs d’Orléans & du connétable d’A rmagnac.',.
beau-père du duc d’Orléans Charles.
BOURIGNON, ( Antoinette ) ( Hifl. mod. )
vifionnaire, prophéteffe, illuminée*, qui n’étant
d’aucune religion , voulut en faire une, & fut per-
fécutée par toutes les autres ; on vit toujours , dit
B ay le , la main de'toutes les feéles contre, cette
fille 3 & la main de cette fille contre toutes les
feÔes ; elle écrivit beaucoup, & il n’eft rien refté
d’elle ; elle fit quelques dilciples dont un a écrit
fa vie. Un homme riche qui poffédoit l’ifte de
Nordftrand près du Holftein, la fit Ton héritière.
M. de Voltaire rapporte dans le chapitre du jan-
fénifme , que quand le P. Quefnel fut arrêté , on
trouva dans fes papiers un ancien contrat paffé entre
les janféniftçs & Antoinette Boürignon^ox lequel elle
leur vendoit fon ifle de Nordftrand où elle avoit
inutilement tenté de s’établir avec une feéle de
myftrques , & où les janféniftes ne s’établirent pas
davantage. Antoinette Bourignon, née à Lille en
i6 i6,mourut à Franeker en 1680, ayant été chaflee
tour-à-tour de tous les aziles qu’elle avoit voulu
choifir.
BOURLIE, Antoine de Guiscard,(#Ï7?. mod,')
plus connu fous le nom d’abbé de là Bourlie. « Un
jj abbé de la Bourlie, dit M. de Voltaire, paroît
jj tout-à-coup au milieu- des fanatiques des Çe-
j> vennes dans leurs retraites fauvages, & leur
m apporte de l’argent. & des armes»
jj C’étoit le fils du marquis de Guifcard , fous-
» gouverneur du, ro i, l’un dçs plus fages hommes
» du royaume. Le fils étoit bien indigne d’un tel
jj père : réfugié-en Hollande pour un crime, il va
» exciter les Cevennes à la révolte. Qn de vit
>■> quelque temps après paffer à Londres 3 où il fut
jj arrêté en 17 n » pour avoir trahi; le juiniftère
j> Anglois, après avoir trahi fon pays. Amené
jj devant le çonfeil, il prit fur la table un. de ces
j> longs canifs , ave.c lefquels on peut commettre
jj un meurtre, il en frappa le grand tréforier Harley,
f) on le conduifit en prifon, chargé de fers. Il
T J> prévint fon fupplice en fe donnant la mort lin-'
I jj même. » /
BOURREAU, f. ni. ( 1Hifl. anc. & mod.) le dernier
officier- de juftice, dont- le devoir eft d’exécuter
les criminels. La prononciation de la fen-
tence met le bourreau en poffeffion de la perfonne
condamnée. En Allemagne en n’a point pour le
bourreau la même averfion qu’en France. L ’exécuteur
eft le dernier des hommes aux yeux du peuple ;
aux yeux du philofophe, c’eft le tyran. (A . R.}
BOURSAULT, ( Edme ) ( HiJh Htt. mod. ) n’a-
voit point fait d’études, & ne favoit pas le latin,
& cependant Louis XIV ayant lu fon livre de la
■ véritable étude des fouverains, voulut Je donner pour
fous-précepteur au dauphin, & Thomas Corneille
le propofoit'pour l’académie françoife, difant qu’a-
près tout c’étoit l’académie françoife & non l’académie
. grecque ou latine. Il eut affaire à deux
formidables ennemis, Molière & Boileau , & on dit
qu’il fut l’aggrefteur envers Molière.' Il fit contre
lui la comédie intitulée : le portrait du peintre, &
Molière le joua fous fon propre nom dans l’inpromptu
de VerJailles-; Boileau le mit aufli dans la fatire
feptième parmi tous ces noms décriés :
Perrin & Pelle tie r ,
Eonnecorfe , Pradon , C o l le t e t , T it re v ille . .
Bourfault fit contre Boileau la fatire des fatires , &
Boileau mit encore dans le lutrin ce feul vers :
L ’ amas toujours entier des écrits de Bourfault.
Mais ni Boileau.ni Molière lui-même ne purent
. rendre ridicule l’auteur.d’Efope tant à la ville qu’à
la cour, & même du Mercure Galant. Bourfault
\ étoit d’ailleurs un honnête homme, & un homme
fans fiel, comme, Boileau l’éprouva , lorfqu’étant
allé aux eaux de Bourbon pour fa fan té , il y vit
accourir Bourfault, alors receveur de la gabelle à
Montluçon, qui venoit lui offrir fa bourfe É| fes
fervices, & lui donner toutes les marques de la
plus finçère eftime. Boileau fut touché de ce
procédé » il jura une éternelle amitié à Bourfault ;
il ôta fon nom & de fa fatire feptième & du vers du
Lutrin, il y fubftitua Perrault, & s’étant auffi.
réconcilié dans la fuite, au moins pour un temps,
avec Perrault, il mit à fa place Haynault à qui le
vers du Lutrin eft refté, & qui n’en a pas moins
fait deux fonnets fameux dans, le temps & encore
bons aujourd’hui à plufieurs égards , l’un fur l’avorton,
l’autre contre Colbert. Les,lettres de-Bourfault
eurent beaucoup de réputation de fon temps',
& font encore connues en province. Il y a de
Bourfault divers romans ; il fit pendant quelque
temps une gazette en vers qui lui valut , une peu-»
fiondedeux mifie francs , car elle amufoit la cour ;
quelques plaifanferies qu’il y mit fur les capucins
& même en général fur les francifcains , firent
fupprimer la gazette la penfion ; car fe conféfe
leur de la reine étoit un cordelier Efpagnol. Il y a
fur la comédie d'Efope à la ville une anecdote qui
n’eft pas indifférente. Une cabale ayant empêché
le fuccès des premières repréfentations, l’auteur
ne fit à fa pièce d’autre changement que d’y ajouter
une fable de plus, celle'afo dogue & du boeuf9
avec cette moralité adreffée au parterre :
A tant d’ honnêtes gens qui font devant vos y e u x ,
t a i l le z la lib erté d’applaudir fans mélange ,
E t ne reflfemblez pas à ce dogue e n v ieu x ,
Q u i ne veut pas manger , ni fouffrir que l ’on mange.
Cette application fut fort applaudie, & la pièce eut <
quarante-trois repréfentations. Cet exemple femble
prouver qu’on pourroit impunément convertir en-le
çons piquantes & utiles pour le parterre, les fadeurs
qu’on lui dît par routine dans le couplet
final de tous les divertiffemens, ainfi que dans les
difeours de clôture & de rentrée, & qui ne font
applaudis auffi que par routine. On a le théâtre de
Bourfault en 3 volumes in-12. Il étoit né en 16.38,
à Muffy-L’Evêque ; il mourut en 1701' à Montluçon.
BOURSE, {Hifl. mod.') manière de compter,
ou efipèce de monnoie de compte fort ufitée dans
le levant, .finguliérement à Conftantinople.
La bourfe eft une femme de cent vîfigt livres fter-
lings, ou de cinq cens écus. Ce terme vient de ce
que le tréfor du grand feigneur eft gardé dans le
ferrail dans des bourfes de cuir, qui contiennent
chacune cette femme.
Cette manière décompter des Turcs leur vient des
Grecs, qui l’avoient prife des Romains, dont les
empereurs la firent paffer à Conftantinople, comme
il paroît par la lettre de Conftantin à Cécilien,
évêque de Carthage, citée par Eufebe & Nicé-
phore , où on lit ce qui fuit : « Ayant réfclu de don-
jj ner quelques fecours en argent aux mimiftres de
jj la religion catholique en Afrique, dans- les pro-
;> vinces de Numidie & de Mauritanie , j’ai écrit à
jj Yefus , notre tréforier général en Afrique, & lui
jj ai donné ordre de vous délivrer trois mille folles,-»
c’eft-à-dire bourfes : car , comme le remarque M. de
Fleury, ce que nous appelions bourfe, les Latins
l’appellent follis, par où ils entendent une femme de
deux cens cinquante deniers d’argent, ce qui revient
à cinq cens livres de notre monnoie.
La bourfe d3or chez les Turcs eft de quinze mille
fequins , ou de trois mille écus ; & ce font celles
que les fultans généreux diftribuent à leurs favoris
.& aux fultanes. (A . R .)
BOURSIER, (Laurent-meilleurs écrivains janfénifles F, rcaen mçooti'sa)b rèugne d&es np’loofyfeén fe plus perfonne depuis qu’il n’eft plus emplus
copnanr%u l edse sj éofuuivterasg oesu dpea r leurs flatteurs; le M. l’abbé Bourfier, doâeur exclu de forbonne, pour janfériifme eft le traité de l}action de Dieu fur les -créatures ou
ffiflbire. Tom. I. Deuxième Part,
de la prémotion phyfique. Un auteur janfénifte a
dit : Bourfier fiemblable à Vaigle s’élève en haut, &
trempe fa plume dans le foin de Dieu. Cette phrafe eft
fans doute d’une emphafe ridicule ; mais ne faut-il pas
auffi avoir acquis toute l’autorité de M. de Voltaire #
pour pouvoir fe permettre dans un livre grave ,
les plaifanteries fuivantes ?
« On ne voit pas trop comment Dieu peut fervir
de cornet à M. Bourfier.
jj Voilà la première fois qu’on ait comparé Dieu
jj à la bouteille à l’encre, jj
M. Bourfier né à Ecouen en .1679, mourut* à
Paris le 17 février 1749.'
BOURVALAIS, ( Hifl. mod.') financier trop
fameux, Paul Poiffon étoit Ton nom, mais il n’eft:
connu que fous celui de Bourvalais ; il étoit fils
d’un payfan Breton & fut d’abord laquais de M.
Tévenin , fermier-général. Les malheurs de l’état
lui procurèrent une fortune rapide & immenfe
dont il jouit avec éclat depuis 1700 jufqu’en 1716 ,;
c’eft-à-dire , pendant les temps les plus dêfaftreux :
dans une difpute qu’il eut alors avec Tévenin,
celui-ci lui reprocha d’avoir été fon laquais ; f i tu:
avois été le mien , lui répliqua Bourvalais, tu le._
ferais encore.
Dans une vie de Philippe d’ Orléans, régent, tome
premier , édition de 1736, pages 166 & 167 , on
rapporte le fait fuivant :
Un maître des poftes de Verdun avoit imaginé
le projet d’une nouvelle taxe. Bouivalais , par qui
paffoient tous ces projets , goûta celui-ci', & s’obligea
par écrit de payer dix ou douze mille francs
à l’inventeur pour fon droit d’avis, en cas que le
projet paffât au confeil; le projet agréé, l’inventeur
fe préfente , mais fans le billet, qu’il dit avoir
égaré, il eft éconduit; il avoit un frère militaire
qui prit fur lui de forcer Bourvalais au payement ;
il parvint, peut-être en épiant le moment , juf-
qu’à Bourvalais, qu’il trouva feul dans fon cabinet,
& lui préfentant un piftolet, il fe fit payer toute
la femme en o r ; il obligea enfuite Bourvalais de
le reconduire jufqu’à la porte , fans crier ni parler,
& il rejoignit fon frère qui l’attendoit à quelques
pas, & auquel il remit la femme. Auflitôt
que Bourvalais fe vit hors de la portée du piftolet,
i l cria ail voleur, le militaire échappa ; mais fon
frère fut pris & pendu , comme inftigateur &
complice d’un vol fait avec violence. Louis XIV
réfuta conftamment fa grâce aux follicitations de
Madame , qui avoit à fon fervice une foeur ou une
nièce de ce malheureux. L’exemple étoit peut-être
néceffaire ; il ne fuffit pas d’avoir droit au fond ; nul
n’a le droit de demander même juftice le piftolet
; à la main ; mais on peut croire que cette aventure
n’aida pas le public à pardonner à Bourvalais
fa fcandaleufe fortune ; car enfin il devoit la femme,
& le défaut de repréfentation du billet n’étoit pas
une raifon de refiifer le payement ; il pouvoit fe
faire donner une quittance qui eût fait mention du
billet a d ir é& qui eût éteint l’obligation ; & voyant