
toutes les maifons.de plaifance du prince, à-peu- ;
rès comme en France, le directeur général des
âtimens. Gner. moeurs & ufages des Turcs 9 tom, II,
(G ) ,
BQTHWEL, ( Jacques ( Hesburn, comte de) Hifl.. ttEcoffe. ) Voye^ Marie Stuart.
' BO V AD ÎL LA , (don François de) (Hijh
d’Efpagne.) C’eft le nom d’un commandant ef-
pagnol 3 décrié dans Thiftoire, pour avoir rendu
Ferdinand 8c Ifabelle ingrats envers Chriftophe
Colomb & fa famille. Cet homme ayant été nommé
gouverneur général dans les Indes occidentales ,
c’eft-à-dire dans l’Amérique , place qui du vivant
de Chriftophe Colomb n’auroit jamais dû être donnée
à d’autre qu’à lui, çommença, en arrivant à
Saint-Domingue 9 par fonimer Diégo Colomb ,
frère de Chriftophe, de lui remettre la citadelle de
cette Hle , dont il avoit la garde ; fur fon refus ,
BovadUla s’empara de la place par force , chargea
de fers les trois frères Colomb, Chriftophe, Diégo
8c Barthelemi ; & les renvoya en Efpagne avec les
pièces d’un procès criminel qu’il avoit commencé
à inftruire contre eux. Ferdinand & Ifabelle eurent
honte de traiter en criminel un homme auquel ils dévoient
l’empire du nouveau monde jils lui firent quelques
réparations, ils révoquèrent Boyadilla ; mais ils
envoyèrent à fa place un autre gouverneur, &
ce ne fut pas Colomb. Boyadilla périt dans ,1e
pacage, la flotte qui le ramenoit ayant fait naufrage;
vingt-un navires chargés . d’or coulèrent a
fond dans cette occafion. Ce défaftre arriva en
I;$02. - .
BOUCANIER, f. m. {Hifl. anc.) eft le nom
que l’on donne dans les Indes occidentales a certains
fauvages qui font fumer leur viande fur une
grille de bois de Bréfil placé à une certaine hauteur
du feu, qu’on appelle boucan.
De-là vient qu’on appelle boucans les petites
loges dans lefquell.es il font fumer leurs viandes,
& l’aâion de les préparer, boucaner.
On .prétend que la viande ainfi boucanée plaît
également aux yeux 8c au g oû t, qu’elle exhale
une odeur très-agréable; qu’elle eft d’une couleur
vermeille, 8c quelle fe conferveplufieurs mois dans
ipet état. .
Oexmelin, de qui nous tenonsces faits, ajoute
qu'il y a des habitans qui envoient dans ces lieux
leurs engagés lorfqu’ils- font malades, afin qu’en
mangeant de la viande boucanée, ils puiflent recouvrer
la fanté. fcii Éi blmh : . ï I
" Savary dit que les Efpagnols , qui ont de grands
établrffemens dans l’ile de Saint-Domingue, y ont
aufli leurs boucaniers, qu’ils appellent mataddres,ou
jnonteros , c’efbà-dire , chajfeurs : les Auglois appellent
les leurs cow-kïllers.
Il y a deux fortes de boucaniers ; le s . uns • ne
chaffent qu’aux boeufs, pour en-avoir le cuir
les autres aux fangliers, pour fe nourrir de leur
chail*,. , . &; , .
V o iç i, fuivant Oexmelin , la manière dont ils
font boucaner la viande : Lorfque les boucaniers
font revenus le foir de la chaffe, chacun écorche
le fanglier-qu’il a apporté, & en ôte les os; il
coupe la chair par aiguillettes longues d’une brafte
ou plus, félon qu’elles fe trouvent. Ils la mettent
fur des tables , la faupoudrent de fel fort menu , 8c
la laifîent ainfi jufqu’au lendemain, quelquefois
moins, félon qu’elle prend plus ou moins vite
fon fel. Après ils la mettent au boucan, qui con*>
fifte en vingt ou trente bâtons gros comme le.
poignet, & longs de fept à huit piés, rangés fur
des travers environ à demi-pied l’un de l’autre^
On y met la viande, 8c on fait force fumée def-
fous, où les boucaniers brûlent pour cela les peaux
des fangliers qu’ils tuent, avec leurs ofîemens : afin
de faire une fumée plus èpaifle. Cela vaut mieux
que du bois feul ; car le fel volatil qui eft contenu
dans la peau & dans les os de ces animaux, vient
s’y attacher, & donne à cette viande un goût fi
excellent, qu’on peut la manger au fortir de ce
boucan fans la faire cuire , quelque- déliçat,qu’on
fait. .
L’équipage des boucaniers, félon le même au-
teur, eft une meute de vingt-cinq à trente chiens,
avec un bon fufil, dont la monture eft différente
des fiifils ordinaires, & qu’on nomme fufils de
boucaniers. Leur poudre, qui eft excellente , & qu’ils
tirent de Cherbourg , fe nomme aufli poudre de
boucaniers. Ils font ordinairement deux enfemble,
& s’appellent l’un l’autre matelot. Ils ont des va-*
lets qu’ils appellent engagés, qu’ils obligent à les
fervir pour trois ans , & auxquels, ce terme expiré »
ils donnent pour récompenle un fufil, deux livres
de poudre & fix livres de plomb , & qu’ils pren*
nent quelquefois pour camarades. En certaines
occafions ces boucaniers fe joignent aux troupes
réglées dans les colonies, 8c fervent aux expédi*
fions militaires ; car i f y en a parmi toutes les
nations européennes qui ont des établiffemens en
Amérique. (G )
BOUCHE fignifie, dans les cours des princes,
ce qui regarde leur boire & leur manger, &. le lieu
où on l’apprête ; de-là les officiers de bouche, les
chefs de la bouche, ( A . R. )
Bouche-en-cour, {Hifl. mod.) e’eft le terme
dont on fe fert pour fignifier le privilège d’être
nourri à la cour aux dépens du roi. Ce privilège
ne s’étend quelquefois qu’à la fourniture du „pain
8c du vin. Cette coutume étoit en ufage anciennement
chez les feigneurs, de même que chez les
rois. (G )
Bouche , ( Hpnoré ) ( Hiß. litt. mod. ) doâeur
en théologie, auteur d’une hiftoire de Provence
en deux vol, in-folio, Né à Aix en 1598, mort en
BOUCHER, (Jean) {Hiß. de Fr.) curé de
faint Benoît, fameux ligueur, connu par fes ein-
1 portemens fanatiques contre les rois Henri III 8c,
Henri IV. Ce fu t , dit-on, dans une chambre qu’il
avoit au collège de Fortet, que fe tint (en 1585)
■ " ............... ' la
t i première afîemblée des ligueurs. Ses fermons
étoient des fatyres violentes contre les deux rois,
8c des Invitations aux peuples de fe foulever
contre eux; pour entrainer ceux mêmes qui n’al-
loient point au fermon , il joignoit aux reffources
de la chaire celles de l’imprimerie; les libelles les
plus féditieux de ce temps-là font de Boucher ; il
eft l’auteur du traité, de juflâ Henriei III abdica-
tione, où abufant contre ce prince de fes foibleffes
pour fes mignons, & de la réputation qu’on lui
donne dans ce vers du temps:
Valois qui les dames n’aime , &c.
Il prétend que la haine de Henri III pour le
cardinal de Guife venoit des refus qu’il en avoit
-effuyés dans fa jeuneffe. La fureur de Boucher fut
plus grande encore contre Henri IV , même, &
peut-être fur-tout après fon abjuration ; il publia en
1594 fes Sermons de lajimülèe converfion & nullité
de la prétendue abfolution de Henri de Bourbon,
f rince de Béarn. Ils furent brûlés par le bourreau ;
la même année, Paris ayant ouvert fes portés à
Henri IV le- 22. mars , Boucher qui n’étoit point
compris dans l’amniftie, fe fauva de la ville à la
fuite des Efpagnols, & fe retira fous leur protection
en Flandre, où il eut bientôt une belle occafion
de fignaler fon zèle par Xapologie de Jean
Châtel, qu’il publia fous le nom de François de
Vérone en 1595. Il furvécut fi long-temps non
feulement aux troubles, mais même à l’elprit de
la ligue, qu’entraîné par d’autres évènemens &
d’autres idées, il rougit, dit-on, 8c fe repentit de
fes anciens excès qui n’occupoient plus perfonne.
Il mourut en 1644, chanoine 8c doyen dé Tournai,
Boucher avoit été reéteur de l’univerfité 8c prieur
de Sorbonne.
BOUCHER d’A R G IS ,(A ntoine-Gaspard)
( Hifl. litt. mod.) avocat, auteur de plufieurs livres
de jurifprudence eftimés, eft fur-tout connu par
fes articles de jurifprudence inférés dans l’Encyclopédie.
Né en 1708 , avocat en 1727, confeiller
au confeil fouverain de Dombes en 1753.
BOUCHERAT, (Louis) {Hifl. de France)
'chancelier de France , fucceftèur du chancelier le
Tellier. Sa devife eft remarquable; on fait que
celle de Louis XIV étoit le foleil, avec ces mots,
clairs ou non : nec pluribus impar. Celle du chancelier
étoit un coq , avec ces mots beaucoup plus
clairs : Sol reperit vigilem. Le chancelier Boucherai,
étant maître des requêtes , avoit été du confeil
établi en 1667 pour la réformation de là juftice,
& dont la fameufe ordonnance de 1667 fut l’ouvrage.
Il mourut en 1699. Il étoit fils d’un maître
des comptes, homme e-mmé.
BOUCHET , ( Jean. ) {Hifl. litt. mod. ) procureur
à Poitiers, auteur des Annales d’Aquitaine,
8c. dé quelques autres ouvrages qui méritent moins
d’être cités. Né en 1476., mort en 1550.
Hifloirè. Tom. I. Deuxieme P a r t ,
BOUCHET. ( Henri du , ) confeUler au parlement
de Paris, a laiffé fa bibliothèque aux chanoines
réguliers de faint V iâ o r , à condition qu’elle
feroit publique. Mort en 1654.
BO UC ICAUT, (Jean leMeingre de) {fflflé
de France. ) c’eft le nom de deux maréchaux de
France, père & fils , l’un fous les rois Jean 8c
Charles V , l’autre fous Charles VI. Le premier eft
nommé parmi les feigneurs françois qui conclurent
le traité deBretigny, le 8 mai 1360.
En 1364 , il reprit Mantes 8c Meulan fur le
roi de Navarre, Charles-le-Mauvais. Il mourut à
Dijon, le 15 mars 1367.
Le fécond, beaucoup plus célèbre encore , fut
armé chevalier par le roi Charles V I , la veille du
jour de la bataille de Rofebèque, en 1382, où il combattit
auprès de la perfonne du Roi. En 1396, il
fut fait prifonnier à la bataille de Nicopolis 8c ne
revint en France qü’en 1399.
Les Génois, qui ne pouvoient fouffrir ni le
joug , ni la liberté, ayant iouffert tour- à - tour tous
les maux de la tyrannie 8c de l’anarchie , de Tarif-
tocratie & de là démocratie , ayant pris pour
maîtres tous leurs principaux citoyens, 8c plufieurs
fouverains de l’Europe, s’étoient donnés à Charles
VI. Leur premier traité avec la France eft de 1592.
Il n’étoit que l ’ouvrage des nobles ; mais en
1396, tous les ordres de l’état réunis, conférèrent
à Charles V I , 8c à fes fucceffeurs, l’autorité fou-
rveraine, 8c lui prêtèrent ferment de fidélité. Antoine
Adorne , alors duc ou doge populaire de Gènes ,
en fut fait gouverneur pour le roi. Le maréchal de
Boucicaut, à fon retour de la Grèce , y fut envoyé.'
En arrivant à Gènes, il y trouva partout des traces
effrayantes de l’anarchie, qui l’avoit défolée. Tout
”y préfentoit l’image de la deftruéfion : des nobles
humiliés 8c bannis ; une populace infolente, livrée
aux plus grands excès ; des voleurs 8c des affaflins
impunis, qui rempliffoient la ville de meurtres 8c.
d’incendies ; des marchands effrayés , qui fe reffer-
roient dans l’intérieur de leur maifons ; le commerce
anéanti; toutes les boutiques, toutes les banques,
tous les bureaux fermés ; des bourgeois puiflans qui
fe faifoient la guerre de rue en rue ; des tours
élevées dans tous les palais ; des citoyens affiégés
par d’autres citoyens ; des faéfions mal étouffées 8c
toujours prêtes à fe ranimer , 8cc. La vigilance 8c
la fermeté du maréchal arrêtèrent tous ces défor-
dres ; il fe fit apporter les armes, il défendit les
affemblées, il fit trancher la tête aux plus faâieux ,
il punit avec plus dé rigueur ceux qui avoient
commis de plus grands crimes ; des compagnies
exaâement entretenues firent la garde dans toutes
les* places ; deux châteaux élevés, l’un à l’entrée-
du port,qu’on nomma laDarfe, l’autre dans la ville ,
qu’on appella le Châtelet, continrent les habitans ;
les Génois fe firent pendant dix ans l’effort d’être
heureux 8c tranquilles ; mais en 1409, ils fe jettent
fur les François 8c les maffacrent ; le maréchal de
i Boucicaut éçhappe avec peine à leur fureur ; ils.
Q<m