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àeurs qui recherchoient la proteâion ou l’alliance
de 1 une ou de 1 autre. C’étoit, à leur g ré, le plus
bel hommage qu’on leur pût rendre; & celle qui
•recevoit le plus üambaßades, croyoit remporter fur
fa rivale.
A Athènes , les ambaßadeurs des princes & des
états étrangers montaient dans la tribune dès orateurs
, pour expofer leur commiflion & pour fe
faire mieux entendre du peuple : à Rome ils
étaient introduits au fénat , auquel ils expor
ten t leurs ordres. Chez nous, les ambaßadeurs sa -
dreffent immédiatement & uniquement au roi.
Le nom d Ambaßadeur, dit Cicéron, eft facré
& inviolable : Non modo inter fociorum jura , fed
etïam inter hoflium tela incolume verjdtur. In Ver.
orat. VI. Nous lifons que David fit la guerre aux
Ammonites, pour venger l’injure faite à fes ambaffadeurs.
Lw. II. des rois, ckap. x. Alexandre fit
paffer au fil de l’épée les habitans de T y r , pour
avoir infulte fes arnbaßadeurs. La jeuneffe de Rome
ayant outragé les. ambaßadeurs de Vallonné, fut
livrée entre leurs mains pour être punie a difcrétion.
Les ambaßadeurs des rois ne doivent point aller
aux noces , aux enterremens, ni aux affemblées
publiques & folennelles, à moins que leur maître
n y ait intérêt : ils ne doivent point aufli porter
» Pas niême de leurs proches , parce
qu’ils repréfentent la perfonne de leur prince , à
qui il efi de leur devoir de fe conformer en
tout.
En France, le nonce du pape a la préféance
fur tous les autres ambaßadeurs, & porte la parole
en leur nom, lorfqu’il s’agit de complimenter le
roi.
Dans toutes les autres cours de l’Europe Vambaf-
fadeur de France a le pas fur celui d’Efpagne,
comme cette couronne le reconnut publiquement
au mois de Mai 1662, dans l’audience que le roi
Louis XIV donna a Vambaßadeur d’Efpagne , qui
en préfence de^ vingt - fept autres, tant ambaßa-,
deurs qu’envoyés des princes, protefta que le roi
fon maître, ne difputeroit jamais le pas à la France.
Çe fut en réparation de l’infulte faite à Londres
l’année précédente, par le baron de Batteville,
ambaßadeur d’Efpagne, au comte d’Efirades ambaß
fadeur de France : on frappa à cette occafion une
médaille ( G ).
AMÉNOPHIS, ( Hiß. <TEgypte. ) fils de Ramsès
, roi d’Egypte, fut élevé fur fon trône qu’il
fouilla par fes cruautés. L’hifioire nous le repréfente
comme un tyran féroce, qui ne marche
qu’environné de bourreaux & de viéfimes , qu’il
immole à fes caprices & à fes foupçons. Les Egyptiens
, accablés par ce maître impitoyable, fe révoltèrent
, ils appelèrent à leur fecours le roi
d’Ethiopie, qui les délivra de ce monfire. Quelques
uns croyent quAménophis efi le Pharaon de
Moïfe. ( T-n, )
A M E S T R I S , ( Hiß. de Perfe. ) femme de
Xercès, roi de Perfe, à laquelle l’hifioire impute
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les atrocités les plus abominables & les plus dégoûtantes.
On dit que s’étant fait livrer par fon
mari, fa belle-foeur , qu’elle croyoit fa rivale &
qui ne l’étoit pas, elle lui fit couper les mamelles,
la langue, le nez, les oreilles & les lèvres, & les fit
jetter aux chiens , en préfence de cette malheu-
reufe femme, qui, vivante encore, fe vit ainft
dévorer par parties. On dit que pour remercier
les dieux d’avoir réufli dans une vengeance cruelle
& injufte , elle leur offrit en facrifice quatorze
enfans des meilleures familles de Perfe , qu’elle fit
enterrer tous vivans.
Que ces faits foient au moins une leçon & un avis
centre le defpotifme.
AMICLÈS , ( Hiß. de Lacédémone. ) troifièrfie
roi de Lacédémone, n’efi connu que- pour avoir
été le fondateur d’une ville de Laconie, à laquelle
il donna fen nom , comme fon ayeul Lacédémon
avoit donné le fien à tout le pays de fa domination.
Il fut père d’Hyacinte, tué d’un coup de palet^
par un de fes compagnons. Amicles fut fi touché
de fa mort, que pour perpétuer fa mémoire, il
inflitua des jeux funèbres qui devinrent la plus grande
folemnité de Lacédémone. Il récompenfa les orateurs
& les poètes qui célébrèrent les vertus de
fon fils. Les poètes reconnoiffans, publièrent que
Zéphyre , jaloux de la préférence qu’Apollon don-
noit à ce prince aimable, ayoit dirigé avec fon
haleine le palet dont il avoit été frappé. Us ajou-
■ -toient que îe dieu affligé de la mort de fon favori,
l’avoit métamorphofé en une fleur blanche qui
porte encore aujourd’hui fon nom. Cette fleur efi
marquée d’une efpèce de couronne rouge qui retrace
la bleffure de celui dont elle emprunte fon
nom. ( T—n. )
> ( On ne peut pas trop dire que ce foit là de l’hif-
toire, mais enfin le nom d’'Amicles fubfifte dans celui
de la ville à’Amicles. )
AMICT , f. m. ( Hiß. mod. ) du latin amiElus,
venant du verbe amicire, v êtir, couvrir ; c’eft un
des fix ornemens que porte le prêtre à l’autel : il
confifle en une pièce quarrée de toile blanche, à
deux coins de laquelle font attachés deux,rubans
ou cordons :on le pafîe à l ’entour du cou , 'difent
les anciens rituels , ne ind'e ad linguam tranféat men-
dacium, & on fait enfuite revenir les bouts fur la
poitrine & fur le. coeur ; enfin on l’arrête en nouant
les rubans derrière le dos. Dans prefque toutes
l«s eglifes , les prêtres féculiers le portent fous
1 aube ; dans d’autres, & en particulier dans celle-
de Paris, cette coutume n’a lieu qu’en été. Pendant
1 hiver Yamicl fert à couvrir la tête, & forme une
efpèce de capuceou decamail, qu’ils laiffenttomber
fur les épaulés, depuis la préface jufqu’après
la communion. Les réguliers en couvrent en tout
temps leur capuchon. La rubrique porte qu’on
ne doit point mettre d’aube fans amiél. (G . \
AM IDA , f. m. ( Hiß. mod. ) faux dieu adoré
par les Japonois. Il a plufieurs temples dans
1 empire du Japon, dont le principal efi à Jede.
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Sa fia tue, compofée d’un corps d’homme avec une j
tète de chien, comme 1’Anubis des anciens, efi 1
monté fur un cheval a fept têtes. Proche de la
ville de Méaco , on voit un autre temple dédié à
cette idole, qui efi repréfentée fous la figure d’un
jeune homme portant fur fa tête une couronne
environnée de rayons d’or. Il efi accompagné de
mille autres idoles qui font rangées aux deux côtés
de ce temple. Les Japonois ont une fi grande confiance
dans leur idole Amida, qu’ils fe perfuadent
qu’ils jouiront d’un bonheur éternel, pourvu qu’ils
puiffent fouvent invoquer ou prononcer fon/nom.
Ils croient même qu’il Juffit, pour fe fauver, de
répéter fréquemment les paroles fuivantes : Na-
mi, Amida, buth, e’eft-à-dire , heureux Amida, fau-
veç-nous. On garde une des figures de cette idole à
Rome, dans le cabinet de Kircher, comme on le
peut voir dans le Muß. Coll. Rom. Soc. défit, Amfi.
16 78 .(0 .)
AMILCAR, fils de Magon. ( Hiß. des Carthaginois.
y Plufieurs généraux Carthaginois ont illuf-
tré le nom (Y Amilcar. Le, premier étoit fils de
Magon, général célèbre , qui perfectionna l’art militaire,
en établiïïant la fubordination dans les armées.
Amilcar formé par les leçons de fon père,
fut l’héritier des fes talens. On l’éleva au commandement
des armées pour chaffer les Grecs de
la Sicile. Ses intelligences avec Anaxilas , roi ou-
tyran de Rhège, lui promettoient de brillans fuc-
cès. Ce prince l’éblouit par la magnificence de
fes préfens, & lui donna fes enfans pour gage
de fa fidélité. Amilcar affuré de fon fecours, mit
à la voile, & fa flotte, en brtant des ports , fut
difperfée par la tempête. Les foldats regardant ce
malheur comme un avertiffement célefie, tombèrent
dans l’abbattement. Pour lui, s’élevant au-
deffus des terreurs fuperftitieufes, il n’en fut que
plus ardent à pourfuivre fon entreprife, Dès qu’il
eut fait fon débarquement, il mit le fiège devant
Himère. Gèlon, tyran de Syracufe, marcha au
fecours de cette ville ; & voulant ménager le fang
de fes fujets, il employa la rufe pour triompher
d’un ennemi fupérieur en nombre. Informé par
unelettre interceptée , qu’Amilcar préparoit un facrifice
à Neptune, & qu’une troupe de cavalerie
Selmontoife devoit le joindre le lendemain, il envoya
la lettre par un Courier de confiance, & retint
celui qui devoit la remettre, de forte qu’^-
milcar ne put foupçonner qu’il étoit découvert.
Gelon choifit un nombre de cavaliers égal à celui
que l’ennemi attendoit. Ils furent reçus comme des
alliés que Selmonte lui envoyoit, & au milieu du
* facrifice , ils s’élancèrent fur les Carthaginois fans
défenfe, qui tous furent égorgés. Amilcar échappa,
non fans peine,, à ce carnage, il fe retira dans fon
camp, & voulut tirer vengeance de} cette humiliation.
Tandis que fon armée combat devant Himère
avec furie , il efi étonné par de funeftes préfages,
&. ne voulant ppint furvivre à une défaite , il
offre un facrifice à Saturne, & fe précipite au mi-
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fieu des flammes. Son fils Gifcon fut puni de fon
malheur. Carthage le retrancha du nombre de les
citoyens. Cette illüftre banni ne parut fenlible
qu’à la honte dont fa patrie fe couvroit, en pun’11-
fant injuftement le fils de fon bienfaiteur. Il fe retira
à Selmonte , où il languit dans la misère. Les
Carthaginois fe repentirent de» l’injuftice de leur
arrêt. La mémoire d'Amilcar fut rétablie; ils affûtèrent
qu’il avoit été prendre place parmi les
dieux. Ils lui déférèrent les honneurs divins ; ils
lui érigèrent, des autels dans leur v ille, & dans
tons les lieux où ils fondèrent des colonies.
{ T - n . ) , , ^
A m i l c a r R h o d a n e fut envoyé par les carthaginois
auprès d’Alexandre, pour pénétrer les
delleins de ce conquérant qui , après, la prife de
T y r , menaçoit d’envahir l’Afrique & l’Afie. Amilcar,
fouple & artificieux, s’introduifit dans la faveur
d’Epheflion , qui lui procura une audience
de fon maître. Il fut reçu comme un fugitif que
les faftions avoient obligé de quitter fa patrie ,
; & qui venoit chercher la gloire & la fortune fous
les drapeaux des Macédoniens. Alexandre, charmé
de fon éloquence & de fon enjouement, 1 admit
dans fa familiarité ; & dés-lors il fut à portée
de découvrir aux Carthaginois tous les projets du
roi conquérant. Il fe fervoit de tablettes de bois
fur lefquelles il gravoit ce qu’il vouloit faire fa-
voir à Carthage ; il étendoit enfuite deffus une
couche de cire .fur laquelle il imprimoit des cho-
fes indifférentes aux Macédoniens dont il trômpoit
la confiance. Il paroît qu’après avoir trahi fon bienfaiteur,
il devint infidèle à fa patrie, puifqu’à fon
retour à Carthage il fut condamné à perdre la tête.
( T-n ) . B H
A m i l c a r . On voit paroître un nouvel Amilcar
fous le règne d’Agathocle , dont il fut l’ami ou
plutôt-le complice. Juftin prétend qu’il lui prêta
cinq mille Africains pour être les exécuteurs des
cruautés qu’il exerça contre les principaux citoyens
de Syracufe. Les fervices rendus au tyran par ce
Carthaginois, ne défarmèrent point fa haine contre
Carthage, & les Carthaginois eurent lieu de
foupçonner qu’il y avoit entre Amilcar & Aga-
thocle une intelligence fecrète. Ce foupçon fut encore
fortifié par les çourfes qu’Agathocle fit fur
les terres de la république. Amdçar qui pouvoir
les réprimer , fut le témoin de ces hoffilités qui
relièrent impunies. Les Siciliens gémiffant fous la
tyrannie d’Agathocle , l’accufèrent à Carthage de
lavorifer leur opprefixon. Le fénat, convaincu de la
jullice de leur plainte, crut devoir arrêter l ’ambition
d’un général qui ne ménageoit un tyran que pour s’en
faire un appui, & pour opprimer comme lui la
liberté de fa nation ; mais comme il avoit fous
fes ordres toutes les forces de la république, on
craignit de s’expofer à fon reffentiment. bon procès
fut inftruit en fecret , & les juges donnèrent
lepr fiifffages dans une urne fur laquelle on ap-
pofa un fceau qui ne devoit - être levé qu’au re