
étoit un avocat du Mans, qui a beaucoup écrit fur
la coutume du Maine. Il écrivoit vers le milieu
du dix-feprième liècle.
BOECE, ( A nicius - Manlius T orquatus-
Severinus Boetius) {Hifi. Rom.) fénateur romain,
confui en 487, puis en 510 & 511 , minifire de
Théodoric, roi des Oftrogoths , devint fupeét à
ce prince, parce que le. lénat étoit accufé d’entretenir
des intelligences fecrètes avec l’empereur
g re c , Juftin , dit le Bouvier. Arrêté avec fon
beau-père Symmaque , pour cette confpiration
réelle ou fuppofée, Boëce eut la tête tranchée à
Pavie le 23 o&obre 524. Ce fut dans fa prifon
qu’il compofa fon fameux ouvrage , De la confiola-
tion de la philofophie, dont il y a de nombreufes éditions
& différentes traductions. On a de lui des
ouvrages théologiques moins recherchés. Il eft , dit-
on , le premier des Latins qui ait appliqué à la
théologie , la philofophie d’Ariftote.
BOEMOND ( Hijl. mod. ) fils de Robert Guif-
card , duc de la Pouille & dé la Calabre ( Voyeç
Varticle ANNE COMNÈNE.)
BOERHAAVE, ( Herman ) un des plus grands
noms qu’on puiffe citer dans la Médecine, dans
la Chimie & dans la Botanique, profeffeur à Léÿde
dans ces trois fciences & occupant fur ces trois
objets , trois chaires différentes , les rempliffant
avec un zèle, un talent , un fuçcès inconnus
aux plus habiles profeffeurs chargés d’unfeul objet.
« Tous les états de l’europe , dit M. de Fonte-
nelle , » lui fournilîoient des difciples, l’Allemagne
a? principalement, & même l’Angleterre, toute
» fière qu’elle eft, & avec juftice, de l’etat flo-
riffant où les fciences font chez elle. » On faifoit
garder fes places chez lui comme au fpeétacle,
pour s’aflurer d’entendre fes leçons. Il étoit encore
plus l’ami & le médecin de fes difciples, que leur
maître, & fa gloire s’accroît de celle de plufieurs ,
de fes élèves, parmi lefquels on coiftpte auffi de
grands noms. Il enfeigna encore les mathématiques,
& il étoit profondément inftruit de beaucoup d’au- ]
très fciences qu’il n’enfeignoit pas. « Il y a des :
efprits, dit M. de Fontenelle , à qui tout ce qui
s> peut-être fu convient, & qu’une grande facilite
» de, compréhenfion, une mémoire heureufe, une
» leéhire continuelle, mettent en état d’appren-
*9 dre tout. Peut-être ne feront - ils guères qu’ap-
99 prendre, que lavoir ce qui a été fu par d’autres;
97 mais ils fauront eux feuls ce qui a été fu par
97 un grand nombre d’autres , féparément, & il
37 ne leur arrivera pas, comme à ceux du càrac-
37 tère oppofé, d’être d’un côté de grands hommes,
77 & de l’autre des enfans ».
M. Boërhaave n’étoit fûrement pas le feul auquel
■ M. de Fontenelle penfât en écrivant ceci.
Ce n’étoit pas feulement à des élèves particuliers
que les leçons d’un maître tel que Boërhaave
dévoient être réfervées , c’étoit à l’univers qu’elles
étoient dues, c’étoit l’univers qu’il falleit inftruire,
& c’eft ce que M, jBoërhaave ? fit avec un éclat ^
& un fuccès qui femblent augmenter tous les
jours , ce ne font pas feulement les gens du métier
& les élèves dans chaque fcience qui s’inftrui-
fent dans fes lnflitutions de médecine, dans fes
aphorifmes devenus auffi célèbres que ceux d’Hip-
poCrate, dans fes lnflitutions de chimie, dans fon
traité De la nature du feu ; les gens du monde &
les ignorans les lifent avec plaifir & avec fruit.
Les lnflitutions de médecine & les aphorifmes fe répandirent
de fon vivant même jufqu’en Turquie ,
où le muphti prit la peine de les traduire
en arabe, comme autrefois l’europe s’empreffoic
de traduire dans toutes fes langues les ouvrages des
médecins arabes. Le pape Benoît XIII, fit conful-
ter Boerhaave fur fa fanté, les fouverains qui fe
trouvoient de fon temps en Hollande , le czar
Pierre I. & le duc de Lorraine Léopold, depuis
grand duc de Tofcane, ne manquèrent pas de le
vifiter. Un mandarin de la Chine, lui écrivit avec
cette feule adreffe : A l’illufire Boërhaave s médecin
en Europe, la lettre lui fut rendue.
Il eft difficile de dire aujourd’hui ce que c’eft
qu’une épître dédicatoire, & quand cette efpèce
d’hommage avoit un objet, cet objet n’étoit paè
noble. Les dédicaces de Boërhaave font nobles &
tendres. Il dédie, la féconde édition de fes Injlitu-
tïons de médecine, à fon beau-père, « il le remer-
» cie, dit M. de Fontenelle, très-tendrement &
9) dans les termes les plus vifs de s’être privé- de
99 fa fille unique pour la lui donner en mariage.
■ » C ’étoit au bout de trois ans que venoit ce remer-
» ciement, & qu’il faifoit publiquement à fa femme
. » une déclaration d’amour ». Il dédia fon cours
de chimie à fon frère Jacques Boërhaave pafteur »
comme fon père , d’une églife, en Hollande. Ce
frère avoit été deftiné par leur père à la médecine;
& Herman Boërhaave l’avoit. été à l’état de pafteur.
Ils firent entr’eux, dit M. de Fontenelle, un
échange de deftination. Mais de l’éducation qu’a-
voit reçue Herman , en conféquence de cette première
deftination , il lui étoit refté une grande
coHnoiffance du Grec, de l’Hébreu, du Chaldéen,
de tout ce qui concerne la critique, tant de l’ancien
que du nouveau teftament, & les auteurs
eecléfiaftiques tant anciens que modernes ; . en
un mot , il étoit un affez favant Théologien ;
mais il ne trouvoit pas que les théologiens euffent
gagné à être devenus favans , ni la religion à
être enfeignée par des doéleurs. Il vouloir faire
un aéle public fur cette queftion : Pourquoi le chrif-
tianifne prêché autrefois par des ignorons, avoit fait
tant de progrès 3 & en faifoit aujourd’hui f i peu $
prêché par des favans.
Boërhaave étoit pieux & fut accufé de fpinofifme,
ces fortes de méprifes font d’autant moins rares
qu’elles font le plus fouvent volontaires. Il eft
curieux d’examiner à quelle occafion Ce reproche
fut fait à Boërhaave, écoutons fur ce point le fage
Fontenelle.
» U voyageoit dans une barque , où il prit
„ part à une converfation qui rouloit fur le fpino-
>9 fifme. Un inconnu plus orthodoxe qu'habile,
>9 attaqua fi mal c e fy ftêm e , que M .Boërhaave
» lui demanda s’il avoit lu Spinofa. Il fut obligé
jj d’avouer que non, mais il ne pardonna pas à
>9 M. Boërhaave. Il n’y avoit rien de plus aifé
jj que de donner pour un zélé & ardent défenfeur
>9 de Spinofa celui qui demandoit feulement que
jj l’on connût Spinofa quand on l’attaquoit, auffi
»9 le mauvais raifonneur de la barque n’y manqua-
99 t-il pas : le public non - feulement très-fufeepti-
>9 ble, mais avide de mauvaifes impreflions, le
99 féconda bien, & en peu de temps M. Boërhaave
»9 fut déclaré Spinofifte.... Après cette avanture,
99 il fe réfolut à n’être déformais théologien qu’au-
99 tant qu’il le falloit pour être bon chrétien , il
99 fe donna entièrement à la médecine 99.
Voilà donc à quelle avanture nous fommes
redevables d’avoir eu dans M. Boërhaave, le premier
médecin du monde. Les calomnies fur l’article
de la religion ne produifent pas toujours un
fi heureux effet. ■
Herman Boërhaave étoit né le dernier Décembre
1668 à Voorhout, petit village près de Leyde,
dont Jacques Boërhaave, fon père , étoit pafteur.
Il mourut à Leyde, le 23 feptembre 1738. On lui
érigea dans l’églife de Saint-Pierre de cette ville,
un monument avec cette infeription : Salutifero
Boerhaavïi genio facrum.
M. Schultens a fait fon oraifon funèbre par ordre
de l’univerfité de Leyde , & M. de Fontenelle
, fon éloge hiftorique , parce qu’il étoit
de l’académie des fciences de Paris, où il avoit
été reçu affocié - étranger en 1731. Il étoit auffi
de la fociété r royale de Londres.
Boërhaave, né fans fortune, laiffa environ quatre
millions de bien ; comme il eft fûr qu’il ne l’a-
voit acquis que par des moyens légitimes & glorieux
, tant de richeffe eft feulement une nouvelle
preuve de fa réputation , de fes fervices & de fes
fuccès. M. de Fontenelle explique fort bien comment
il n’y a pas eu de la faute de Boërhaave. à
devenir f i riche.
BOETIE, ( Etienne de la ) confeiller au parlement
de Bordeaux , auteur à 16 ans, poète latin,
poète françois, profateur, tradudeur, &c. ne mérite
d’être nommé que parce qu’il étoit l’ami de
Montagne, & que c’eft de lui que Montagne a
dit : Je l’aimois parce que crétoit lui, parce que c’ étoit
moi, &c. Mort en 1563, à 32 ans.
1 BOETIUS , ( Hector ) ( Hijl. litt. mod. )
Ecoffois du feizième fiècle, auteur d’une hiftoire
latine d’Ecoffe , loué par Erafme.
BOFFRAND, ( Germain ) archite&e fameux,
neveu de Quinault, élève de Hardouin Manfard,
auteur d’un bon livre d’archite&ure , connu fous
le noiri à'Architellure de Bojfrand, Paris, 1745,
in-fol. avec figures ; il y fait l’application des principes
de fon art à fes propres ouvrages , dont il
donne les plans, profils , & élévations ? & dont
lèS plus confidérables fontles décorations intérieures
de l’hôtel de Soubife à Paris ; les pertes du
petit Luxembourg & de l’hôtel de Villars ; le portail
de la Mercy ; le grand bâtiment des enfans
trouvés ,. rue Neuve Notre-Dame; le puits de Bi-
cêtre ; divers palais & hôtels à Paris & en Lorraine
; les ponts de Sens & de Montereau. On
trouve dans le même livre un mémoire eftimé ,
contenant la defeription de ce qui a été pratiqué
pour fondre d’un feul jet la ftatue équeftre de
Louis XIV. Né à Nantes en 1667, mort à Paris
en 1753 » doyen de l’académie d’architeâure.
BO GDAN, ( Hijl. de Pologne. ) feigneur MoL
dave, étoit bâtard d’un vaivede de Moldavie. Son.
père étoit mort fans enfans légitimes, il difputa
la fouveràineté au vaivode Alexandre, fournit la
province , & contraignit fon rival à chercher un
afyle à la cour de Pologne. Cafimir IV fit partir
auffi-tôt une armée pour rétablir fon vaffal dans
fes états : Bogdan s’enfuit ; mais dès que la retraite
des Polonois eut laiffé un champ libre à fa vengeance
, il reparut à la tête d’une' troupe de brigands.
Alexandre fe retira en Podolie ; maisl’ufur-
pateur ne demeura pas tranquille dans fa conquête.
Attaqué par les Polonois, il battit en retraite
; prêt a tomber entre leurs mains, il demanda
la paix, l’obtint & la figna. Le même jour
l’armée Polonoife reprit fa route par un chemin
étroit où elle pouvoit être taillée en pièces. Bogdan
trouva cette circonftance favorable à fa .vengeance;
la foi du traité., la crainte d’un parjure,
rien ne l’arrêta ; il fe préparoit à fondre fur les
Polonois ; mais ceux-ci, avertis par un transfuge,
fe tinrent fur leurs gardes, le reçurent avec intrépidité,
& remportèrent une victoire que leur
fituation ne permettoit pas d’efpérer.
Cependant Alexandre étoit mort, & fon fils ,
encore enfant, lui avoit fuccédé. La foibleffe de
ce rival ranima le courage de Bogdan ; il fe montra
encore les armes à la main. Le roi de Pologne ,
las de facrifier fes troupes pour la défenfe d’un
vaffal, propofa à Bogdan de gouverner la Moldavie
pendant la minorité du jeune- Alexandre. Bogdan
accepta l’adminiftration ; on fent affez quel
ufage il efpéroit en faire ; mais un Moldave nommé
Pierre, qui prétendoit auffi à la tutelle, l’affaf-
fina l’an «453. Alexandre étoit complice de ce
forfait ; il en fut la viétime. Pierre empoifonna
fon pupille & s’empara de la Moldavie. ( M. d e
Sac y.)
BOHADE, f. f. ( Hijl. mod. ) c’eft un droit de
corvée qui appartient aux feigneurs dans quelques
provinces ; leurs vaffauxfont, en vertu de ce droit,
obligés de leur fournir deux boeufs ou une cha-
rette, pour aller pour eux au vin , ou en leurs
vignobles , dans le temps de la vendange ( A . R. )
BOHÊME. ( Hijl. anc. & mod. ) La Bohême, qui
paffe pour le pays le plus élevé de toute l’europe,
parce que plufieurs rivières en fortent, & que pas
une n’y entre , paroît avoir tiré fon nom des