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puiffante , il faut de pareils refforts, des moines,
des meffagers inconnus qui meurent en route, des
caffettes myflérieufes 8c myflérieufement remifes
il efl bien difficile de favoir fi ce miniflre étoit
coupable, & de croire qu’il le fut. Mézeray dit qu’il
Vétoit affez , quand il n auroit\ point commis à?autre
crime , que d’avoir obfédè foin roi , & enlacé fa
perfonne ficrée, & fort efprit par fes artifices. C’efl
dire qu’il étoit coupable d’avoir fait fortune &
d’avoir plu. Les circonflances particulières d’ob-
fefîion qui auroient pu le conflituer véritablement
criminel, font entièrement inconnues.
, Un autre chambellan, nommé Jean de la Broffe,
maréchal de France , homme de qualité, fe diftin-
gua au fiège d’Orléans & à la bataille de Patay en
142.9, & mourut en 1433.
BROSSE, ( Jacques de ) architeéle de Marie
de Médicis, bâtit le Luxembourg, l’acqueduc d’Ar-
cueil & le portail de faint Gervais.
BROSSE, (Guy de la) médecin ordinaire de
Louis XIII, concourut avec Michel Bouvard, fon
premier médecin, trifaïeul de M. de Fourqueux
( voir l’article Bouvard ) à la fondation du jardin
royal des plantes, dont il fut le*premier intendant.
Il en donna une defcription en 163.6.
BROSSES, ( Charles de ) ( Hifi. litt. mod. )
premier préfident du parlement de Bourgogne,
affocié libre de l’académie des infcriptions 8c belles-
lettres de Paris, & membre de l’académie de Dijon,
fa patrie ; favant diftingué. On a de lui plufieurs
bons ouvrages ; des lettres curieufes fur la découverte
d'Herculanum ; une hifloire des navigations
aux terrés auflrales ; un traité du culte des dieux
fétiches, ou parallèle de l’ancienne idolâtrie avec
celle des peuples de Nigritie ; un traité de la formation
raéchanique des langues ; fur-tout l’hifloire de
la république romaine par Sallufle, en partie traduite,
en partie rétablie & compofée fur les frag-
mehs qui font refiés de cet auteur; divers mémoires
dans le recueil de l’académie des belles-
lettres, & dans celui de l’académie de Dijon. Toutes
ces produirions annoncent 8c beaucoup de con-
noiffances 8c beaucoup de lumières ; né à Dijon
en 1709. Mort à Paris le 7 mai 1777.
BROSSETTE , (Claude ) ( Hifi. litt. mod. )
commentateur de Boileau & de Regnier, à qui
Boileau difoit : Vous faitrez bien-tôt votre Boileau
mieux que moi. Il efl auteur de quelques autres
ouvrages cl’hifloire & de jurifprudence moins connus.
Il étoit ami à la fois de Rouffeau & de Voltaire;
& celui-ci lui écrivoit : « Vous reffemblez à
» Pomponius Atticus, courtifé à la fois par Céfar*
» & par Pompée
BROSSIER, ( Marthe ) fille d’un tifferand de
Romorentin, folle ou fourbe, qui fe difoit pofi
fédée, & que les capucins exorcisèrent ; quelques
médecins la déclarèrent aufli poffédée, les autres
fe contentèrent de là déclarer malade & ne la guérirent
pas ; ce qui refloit de prédicateurs ligueurs cé-
lébreit en chaire cette prophéteffe, dont ils avoient \
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envie de fe fervir pour troubler de nouveau l’état.
Le parlement prit le parti de la renvoyer à fon
père, avec défenfes delalaiffer fortir. Un abbé,de
la maifon de la Rochefoucauld, frère du cardinal,
» l’enleva, la conduifit à R om e o ù il efpéroit lui
faire joüer un rôle, mais le pape, prévenu par les
agens de la France, les renvoya l’un & l’autre. Ce
fut en 1599. qu’on donna cette ridicule fcène,
relie du fanatifme ligueur.
BROUE, ( Pierre de la) évêque de Mirepoix ;
un ‘des quatre appellans de la bulle unigenitus. On
a de lu i, ou fous fon nonf, quelques écrits janfé-
nifles. Mort en 1720. .
BROWN, ( Ulysse Maximilien de ) célèbre
général irlandois du dix-huitième fiècle , au fervice
de la maifon d’Autriche, émule des Maillebois,
des Belle-Ifle, & même du roi de Prude fur lequel
il eut un avantage, à la bataille de Lobofitz, le
premier ofîobre 1756; il fe diflingua dans les trois
guerres de 1733,de I74i»de 1755 ; il eut grande part
au gain de ïa bataille de Plaifance du 15 juin 1746.
Ce fut lui qui la même année fe rendit maître de
Gènes j, & qui pénétra en Provence. Ce fut lui
encore qui en 1756 délivra les troupes Saxonnes,
enfermées dans le camp de Pirna. BlefTé le 6 mai
1757 à la bataille de Prague, il en mourut à Prague
le 26 juin fuivant, comblé d’honneurs & de gloire.
B R U È R E , ( Charles le Clerc de la ) secrétaire d’ambafiade à Rome fous M. le duc de
Nivernois, auteur de l’opéra de Dardanus & de
quelques autres ; d’une comédie intitulée : les
Mécontens, dont on a dit quelle faifoit des fpec-
tateurs autant dateurs; enfin d’une hifloire un
peu fuperficielle de Charlemagne. En tout écrivain
éflimable, & par fes talens , & fur-tout par fes
moeurs. Mort à trente-nëuf ans en 1754.
BRUEYS & Pa la pr a t. ( Voyez Pa la pr a t. )
BRUHIER d’ABLAINCOURF, ( Jea n -Ja c ques
) ( Hifi. litt. mod. ) médecin, a traduit*
d’Hoffman .la médecine raifimhée ; le traité des fièvres,
les ob fer valions fur la-cure de la goutte 8c
du rhumatifme , la politique du médecin ; il a
compofé de lui-même un. mémoire qui a été pré-
fenté au roi fur la néceflité d’un réglement général
au fujet des enterremens & des differtations fur
l’incertitude des fignes de la mort, objets qui certainement
méritent une grande attention. Il y a
encore de lui quelques autres ouvrages de médecine,
il a travaillé long-temps au journal des
favans. Mort en 1756.
BRULART, ( voyez Püysieulx &. Sillery. ) ; BRUMOY, ( Pierre ) ( Hifi. litt. mod. ) jéfuite
célèbre, auteur du théâtre des Grecs, ouvrage qui,
malgré fes imperfeélions , & malgré la préférence
toujours donnée aux anciens fur lés modernes par
un préjugé qui fent le -collège, fuffiroit feul pour
l’illuflrer. Il a fait quelques tragédies, aufli de
collège, parmi lefquelles on difiingue le Jacrifice
ctlfaac où il y a des beautés. Abraham, au. moment
du facrifice, trouve Ifaac endormi ; il efl tenté de
le facrifier pendant fon fommeil , mais il rejette
cette idée. Non , dit-il.
Ifac meurt pout fon Dieu, faut-il donc qu’il l’ignore ?
Il y a aufli du P. Brumoy un poëme didaélique
latin, de arte vitrariâ, plein de beaux vers. Il a
continué l’hifioire de Véglife gallicane , des pères de
Longueval 8c de Fontenai, achevé les révolutions
d’EJpagne du père d’Orléans, & revu l’hifloire de
Rienfi du père du Cerceau. Mort en 1742.
BRUN, ( Antoine de) {Hifi. mod. ) d’une
famille ancienne de Franche-Comté, plénipotentiaire
pour le roi d’Efpagne au congrès de Munfler,
conclut la paix entre l’Efpagne 8c la Hollande. Le
père Bougeant, dans fon hifloire des traités de
Weflphalie, peint avantageufement ce négociateur
qui avoit d’ailleurs l’efprit cultivé par les lettres.
Ambaffadeur en Hollande, il mourut à la Haye
en 1654.
BRUN (Pierre le ) prêtre de l’oratoire, auteur
de l’hiftoire-eritique des pratiques fuperfliéufes,ouvrage
qui dans fon temps a paffé pour phiiofophique;
mais, dit M. de Voltaire, c’efl un médecin qui ne
' parle que de très-peu de maladies, 8c qui efl lui-
même malade.'Le père le Brun a encore écrit
favamment fur la liturgie & contre les fpeélacles.
Il avoit une grande érudition tant eccléfiaflique, que
profane. Né à Brignoles en Provence, l’an 1661,
mort le 6 janvier 172.9.
Il y a encore du nom de le Brun un avocat célèbre
( Denis ) auteur d’un traité de Va communauté,
& d’un traité des fuccejfions, tous deux très-cités
au palais ; & un poète obfcur ( Antoine-Louis )
dont on ne cite rien.
BRUNEHAUT, {voyez Bocace. )
BRUNETTO LATINI ( Hifi. litt. mod. ) poète,
hiflorien, philofophe Florentin , connu fur - tout
pour avoir été le maîtrét du Dante. Mort à Florence
en 1295.
BRUNO (Saint) {Hifi. mod.) né à Cologne vers
l’an 1040 , fondateur de l’ordre aes Chartreux qu’il
inflitua, félon dom Mabillon , en 1084 , mort le
dimanche 6 oélobre 1101 , canonise en 1514 , par
le pape Léon X.
BRUNUS ( Jordanus ) nommé en Italie Gior-
dano Bruni, né à Noie dans le royaume de Naples,
dominicain apoflat, cal vinifie à Genève , mais ennemi
de Calvin & de Bèze, luthérien en Aile- .
magne, auteur de plufieurs ouvrages fanatiques,
inintelligibles & rares, fut tenté , après avoir erré ■
dans l’Europe , de revoir enfin fa patrie ; l’inqui- ;
fition l’y attendoit, il fut brûlé v if à Rome en 1600.
BRUS , (voyez Bailleul. )
BRUSQUET, bouffon des cours de François I ,
& de fes fucceffeurs, dont Brantôme fait beaucoup
de contes affez infipides, qui lui ont paru plaifans.
BRNÜSWICK, ( Hifi. mod. ) voyez Est.
BRUTUS, ( Hifi. Rom. )
Ce nom feul cft l’arrêt de la mort des tyrans.
D XV U 703
Le premier chaffa Tarquin, 8c mourut de la main
d’Arons, fils de ce Tarquin , en perçant lui-même
fon meurtrier, invicem fe occiierunt.
Il vit couler fon fan g dans le fang-des tyrans,
Avec plaifir alors il vit fa dernière heure.
Il avoit condamné fes propres fils à la mort,
parce qu’ils avoient confpiré en faveur des Tar-
quins, il les avoit vus exécuter devant lu i, emi-
. nente animo patrio inter publicce pana miniflerium, dit
Tite-Live.
Le dernier tua Céfar qui l’aimoit en père & qui
peut-être étoit le fien ; il ne vit que la liberté, il
mourut pour elle. Défait à la bataille de Philippes ,
ilaéfefpéra de la liberté romaine, il fe donna la
mort 8c fut nommé avec Caflius , le dernier romain.
(t Brutus 8c Caflius , dit M. de Montefquieu,
» fe tuèrent avec une précipitation qui n’efl pas
» excufable, & l’on ne peut lire cet endroit de
» leur v ie , Tans avoir pitié de la république qui
» fut ainfi abandonnée ».
Ce regret efl d’un homme à qui la république
n’efl pas moins chère qu’à Brutus, mais Montefquieu
l’aimoit en fage, Brutus en floïcien un peu
farouche. Rouffeau a dit de lui :
Toujours cés fages "hagards ,
Maigres , hideux & blafards ,
Sont fouillés de quelque opprobtej
Et du premier des Céfars
L’affaflin fut homme fobre.
Horace rapporte avec com plaifance le caîem-
bourg qu’un certain Perfius, ennemi d’un Rupilius
rex fait à Brutus fur la manière dont ceux de fon
nom en ufbient avec les rois :
Fer magnos Brute, deos, te
Oro , qui reges confueris tollere, cur non
Hune regem jugulas ? 0perum hoc , mihï crede , tuorum efi.
BRUYÈRE, (Jean de la) {Hifi. litt. mod.)
auteur du livre immortel des caractères, dont Boi*
leau a dit en faifant parler l’auteur.
Tout efprit orgueilleux , qui s’aime J
Par mes leçons fe voit guéri ,
Et dans mon livre fi chéri
Apprend à fe haïr foi-même»
Cet ouvrage efl un des plus beaux monumens de
l’efprit françois fous le règne de Louis XIV. L’éditeur
des maximes & rèfièxions morales, extraites
,de IcC Bruyère en ij8i , a préfenté dans une notice
fur la perfonne 8c les écrits de cet auteur, des
idées nouvelles fur l’art avec lequel la Bruyère fait
varier fes tours,fes couleurs & fes mouvemens;
c’efl dans cette variété néceflaire particulièrement
à un ouvrage de ce genre qu’il fait con fite