
titre , fans lin trait aignorance & defuperftition remarquable
que préfente fou régné. Alyates faifoit
la guerre à Cyaxare*roi des Mèdes, les armées
étoient en préfence, & alloient en venir aux mains;
une éclipfe de foleil qui furvint, les fépara ; les
deux peuples , & les deux rois la prirent pour
un ligne de la colère célefte qui réprouvoit cette
guerre ; en conl'équence les Mèdes & les Lydiens fe
hâtèrent de faire la paix. Des préjugés qui porte-
roient les hommes à la paix feroient préférables
à des lumières qui laiffent fubfifter la guerre ; mais
il faut convenir qu’en général ce font les préjugés,
& non les lumières qui entretiennent la guerre.
Hérodote dit que f éclipfe dont il s’agit avoit été
prédite par Thalès le miléfien ; les Lydiens & les
Mèdes l’ignoroient donc, ou bien le prodige, ( car
une éclipfe en étoit un alors, ) les effrayoit d’autant
plus qu’il avoit été prédit, & que les peuples
n’avoient aucune idee des moyens de le prédire.
AMAIS ; ( Hijl. d’Egyp. ) Séfôftris partant pour
aller conquérir l’Àfte & l’Afrique, confia la régence
de fes états à fon frère Amais , lui déféra une puif-
fance illimitée, & n’exigea de lui que le ferment
de ne point porter le diadème, & de refpe&er fa
femme & fes concubines. Amaïs viola fon ferment
fur ces deux points. Le bruit de fa révolte hâta le
retour de Séfoflris "qui, trompé par une feinte fou-
miflion, ufa de clémence envers ce frère coupable.
Amaïs habile à diflimuler, méditoit l'horreur
d’un fratricide ; il invite à une fête le ro i, la reine
& leurs enfans : la profufion des vins provoqua
les convives au fogjmeil. Amais profitant de leur
affoupiffement, met le feu à la maifon du banquet,
Séfôftris fe fauve à travers les flammes : on raconte
qu’il étendit deux de fes enfans fiir le bois enflammé
, & qu’il s’en fit une planche pour fe fouftraire
aux flammes, avec le relie de fa famille. Amais,
pour fe dérober à une juffe vengeance, alla mendier
un afyle dans la Grèce. On prétend que ç’eft
fon avanture qui a donné lieu à la fabk de Danaüs,
( T—N- ) WÊ AM A L A R IC ,.( Hijl. des Goths. ) fils légitime
d’Alaric I I , étoit encore au berceau lorfque fon
père mourut. Son enfance l’exclut du trône ; & ce
fj.it fon frère , né d’une concubine, qui régna. Les
peuples obéiffoient à regret à un bâtard. Theodoric,
grand - père maternel $ Amalaric , profita de la
difpofition des efprits pour rétablir fon petit-fils
dans l’héritage de fon père. L’ufurpateur , abandonné
de ceijx qui l’avoient proclamé , rentra
dans la vie privée. Mais le jeune roi n’éut que
l’ombre du pouvoir ; ce fut Théodoric qui en eut
toute la réalité, Ce tuteur-habile eut befoin de toute
fa dextérité pour fe maintenir contre l’ambition de
Clovis qui afpiroit à régner fans rivaux dans les
Gaules. Ce prince, ennemi fecret clés Vifigoths,
& fouvent leur vainqueur, fut quelquefois arrêté
dans fes entreprifes contre eux par les prières de
fa fille Çlotilde, qu’il avoit donnée en mariage au
jeune Âmalaric.'Gette princeffefut mal rçcpmpeiîr.
fée de fon attachement pour fon époux ; la diver«*
fité>de religion fut de germe de leurs divifions do-
mefiiques. L’un avoit embraffé les erreurs de.l’A -
rianifme, & l’autre , élevée dans la religion de fes
pères , avoit perfévéré dans la pureté de la foi.
Amalaric lui fit|(effuyer toutes fortes d’outrages
pour la réfoudre à l’apoftafie ; fes duretés & fes violences
épuifèrent la patience de, la princeffe qui
envoya à Childebert un linge teint du fang forti
de fes plaies. Ce fut le lignai cl’ûne guerre fanglan-
te ; Çmldebert arma pour venger fa foeur & punir
Amante ; on en vint aux mains. Les Vifigoths furent
taillés en pièces, & leur roi Amalaric fut enveloppé
dans le carnage. D’autres rapportent qu’il
étoit prêt à s’embarquer pour l’Efpagne , l’orfqu’il
s’apperçut qu’il avoit oublié fes pierreries dans.
Barcelone; il y retourne, & lorfqu’il voulut en
fortir avec fes tréfors, fes fojldats le dépouillèrent.
Il voulut fe réfugier dans une églife ; mais lorfqu’il
étoit prêt d’y entrer, il fut tué d’un coup de javelot
fan 5 26, après un règne de cinq ans. Ses fujets
fe retirèrent en Efpàgne avec leurs femmes & leurs
enfans. Tout le pays qu’ils avoient occupé dans les
Gaules fut partagé entre les Francs & les Goths
d’Italie. ( T—N. )
AMALARIUS-FORTUNM’U S, ( Hijl. Mod. )
archevêque de Trêves, l’un des plus illüftres prélats
du temps de Charlemagne, lui dédia un traité
du baptême, qui a été imprimé fous le nom & parmi
les oeuvres d’Alcuin. Amalarius fut ambaffadeur de
Charlemagne auprès de Michel Curopalate, empereur
d’Orient, fucceflëur de Niçéphore & deStau-
race.
Il mourut en 814.
Un, autre Amalarius , difiingué par le nom de
Symphofius, dlaçre, puis prêtre de l’églife de Metz,
enfuite abbé de Harnbac , contemporain du premier,
& qui m’a pas vécu au-delà de l’an 837, a
compofé up traité des offices Eccléjîafliques, ouvrage
encore précieux à ceux qui veulent s’inftruire des
antiquités de l’églife.
AMALASONTE , jHiffi des Goths , d’Ita*
lie. ) étoit fille de Théodoric, roi dçs Goths en
Italie, qui envoya en Méfie lui chercher un époux,
& le choix tomba fur Evaric .qui étoit comme elle
de l’illufire famille des Amales. Athalaric fut le fruit
de cette union. Après la mort prématurée de fon
époux, elle gouverna l’état pendant la minorité de
fon fils; & tant quelle fut chargée de l’adniiniftra-
tion des affaires, l’Italie n’éprouva ni troubles ni
revers. L’empire des Oftrogoths eût été. détruit
aufli-tôt que formé, fi des mains aufîi habiles n’en
enflent dirigé les rênes. La. lettre qu’elle écrivit à
l’empereur Juftinien, eft un monument qui atteffe
que les rois Oftrogoths vouloient bien reconnoître
dans les empereurs d’Orjent une fupériorité de rang,
mais non pas une fupériorité de jurifdiéÜon. Les
Oflrogoths, comme tous les peuples brigands, dont
la guerre étoit le métier & l’unique reffource, ne
plaçGiçnt jamais une fçmmç fur le trpnç, parce
Qu’ils n’avoient befoin d’un roi que pour marcher
à leur tête. Mais quoique les femmes fuffent exclues
de la puiffance fouveraine, elles gouvernoient
quelquefois fous le nom d’un prince ; on ne leur
refufoit que le titre, & on leur laiffoit l’exercice
de la puiffance. Amalafonte prit donc ‘ la tutelle-
de fon fils fans exciter aucun murmure ; & elle fut
obéie comme fi elle eût eu la plénitude du pouvoir
fouverain. Sa dextérité dans les négociations, fon
difeernement dans le choix de fes miniftres , lui
affignent un rang difiingué parmi ceux qui % font
montrés dignes de gouverner. La mort lui enleva
fon fils âgé de dix-huit ans. Ce coup, qui devoit
la faire rentrer dans la vie privée , l’affermit fur le
trône,elle ne put renoncer au plaifir de commander.
Elle crut éluder la rigueur de la loi qui l’excluoit
du trône, en y faifant affeoir un prince avec elle.
Ce prince fut Théodat. Il promit, dit-on, à fon
êpoufe de fe contenter du titre & des honneurs
de la royauté , & de lui abandonner l’adminiftra-
tion des affaires. Mais il étoit trop ambitieux pour
n’être pas infidèle à fes promeffes. Cette princeffe
prit foin de les lui rappeller ; - elle éclata en reproches
contre lui. Théodat, pour ne plus entendre
fes plaintes, la relégua dans une île du lac de
Bolsène. Ce fut là qu’elle s’occupa des moyens de
tirer vengeance de fon perfide époux. Juftinien lui
parut l’inftrument le plus propre à l’exécution de
les deffeins : elle l’intéreffa dans fa caufe par la pro-
meffe de le rendre maître ahfolu de toute lltalie.
Son défintéreffement donna un nouveau poids à
fes follicitations ; elle ne demanda pour récompenfe
u’un établiflement convenable à la dignité'de la
lie & de la*mère d’un roi. Juftinien lui accord;?
plus qu’elle ne demandoit. Mais Théodat infiruit
par la voix publique, du traité d'Amalafonte avec
Juftinien, prévint, par la mort d’Amalafonte ,
l’exécution de fes complots. Cette princeffe , plus
admirée que chérie, trouva des vengeurs après fa
morts ; les Oftrogoths , qui refpeâoient en elle le
fang du fondateur de leur empire, fe rangèrent du
parti de Juftinien, qui pourfuivoit la vengeance de
là mort ; & cette défeaion facilita à fes généraux la
conquête de l’Italie & de la Sicile. Amalafonte mourut
l’an 535. ( T—N. )
AMALEC , ( Hijl. jainte. ) fils d’Eliphaz, &
petit-fils d’Efaii, fut le père & le chef des Amalé-
cites, peuple de l’Idumee,
AMALRIC ( A r n a u d ) {Hijl. mod.) général
de l’ordre de Cîteaux j inquifiteur & grand perfécu-
teur des Albigeois , grand ami du pape Innocent
I I I , fondateur de l’inquifition , étoit rempli
de l’efprit des croifades, il vouloit qu’on eût fans
ceffe les armes à la main contre les hérétiques &
les infidèles ; il réunit les princes d’Efpagne contre
les Maures ; ceux-ci furent vaincus dans une bataille
donnée en 1212 , dont Amalrïc, témoin oculaire
, a donné une relation. Il fut archevêque de
Narbonne; il mourut en 1225,
ÀMALTHÉE ( Hifloirc anc. ). C ’eft le nom de
la fibylle de Cumes. Elle préfenta au roi de Rome,
Tarquin le fuperbe, neuf livres fibyllins, c’eft-
à-dire remplis de prédirions des fibylles, fur le
deftin de Rome, elle lui en demanda trois cents
écus, Tarquin la dédaigna; elle alla brûler trois
de ces livres ; elle revint quelque temps après :
il ne m’en refte plus que fix , dit-elle , les voulez-
vous? Tarquin en demanda le prix, le même,
dit-elle, elle fut encore éconduite ; elle en brûla
trois autres , & demanda le même prix des trois
qui lui reftoient. Cette audace frappa Tarquin,
il regretta la perte des fix autres livres ; il craignit
de perdre encore les trois feuls qui reftaffent, &
ayant confulté les augures, il donna la fomme
demandée ; il fit enfermer ces livres dans un coffre
de pierre fous une des voûtes du capitole. On en
confia la garde à des magiftrats choifis, qui furent
chargés de les confulter dans les cas extraordinaires
& dans les temps difficiles. Ces magiftrats
furent dabord au nombre de deux, puis^de dix;
ils étoient au nombre de quinze du temps* de
Sylla. Ces livres périrent dans l’incendie du capitole
, l’année d’avant la di&ature de Sylla ; on
envoya, en vertu d’un arrêt du fénat, des députés
dans les principales villes de la Grèce & de l’Italie,
pour raffembler tout ce qu’on pourroit trouver
de vers fibyllins échappés à l’injure des temps.
On en trouva mille, qui furent gardés de nouveau
avec le plus grand foin , jufqu’à ce qu’enfin
dans la décadence de l’empire, ils furent brûlés
par le fameux Stilicon , beau-père de l’empereur
Honoriiis. Ce qu’on a voiilu publier depuis , de
vers fibyllins', paroît être fuppofé. Les premiers
chrétiens en fabriquèrent un grand nombre qui
contenoient des prédirions fur Jéfus-Chrift, réputées
faites dans les temps les plus reculés. C ’eft ce
qu’on appelle fraude pieufe. Le troifième vers du
-premier couplet de la profe dies irai, met les prédirions
des fibylles à côté de celles de David;
tejle David cutn Jibyllâ , on a changé ce vers
dans les nouveaux bréviaires, il fubfifte dans les
anciens.
AMALTHÉO ou Amalthée Baptiste ( J érôme , Jean- & Corneille j{Hijl. mod.) étoient trois
frères qui cultivoient la poéfie latine en Italie au
1# fiècle ; & que Muret mettoit au-deffus de
tous les autres poètes latins de l’Italie modferne.
C’eft dans leurs poéfies, publiées en 1689, à Amf-
terdam ,par Grævius, que fe trouve cette épigramme
connue fur deux enfans d’une rare beauté, quoique
tous deux privés d’un oeil.
Lumine Acon dextro , capta ejl Léonilla JïmJlre ,
E t poterat fora â v ncere uterque Deos.
. Petrve puer 3 lumen quod habes concédé forori •
. Sic tu cacus Amor , Jic erit ilia Venus.
Il nous femble qu’on a feit l’application de ces
vers à une mère & à un hls qui étoient dans le