
tinue le même auteur, » dans la vie de cet hom-
» me extraordinaire, je dirai, quelque chofe de
» fon extérieur : quoique d’une taille au-deffous
î> de la médiocre, il avoit la tête d’une groffeur
» démefurée , le nez extrêmement large oc écra-
» fé , le front applati, la barbe claire & entre-
» coupée par d’affreufes cicatrices ;fes yeux petits,
» qu’il ne pouvoit fixer , étoient comme fon corps
■s> toujours en mouvement : cette figure hideufe...
s> tout en lui fembloit dire au monde qu’il étoit
» fait pour en troubler la paix ». M. de Montefquieu
l’a peint avec cette touche vigoureufe & fublime,
qui n’appartient qu’à ce profond écrivain. « Ce
» prince dans fa maifon de bois ,-oii nous lë repré-
j> fente Prifcus, dit-il, maître de toute les nations
» barbares, & en quelque façon de toutes celles
37 qui étoient policées , étoit un des grands mo-
•» narques dont l’hiftoire ait jamais parlé. On
j> voyoità fa cour les ambaffadeurs des Romains
» d’orient & de ceux d’occident, qui venoient re-
v> cevoir fes loix, _ou implorer fa clémence ; tan-
» tôt il demandoit qu’on lui rendît les Huns tranf-
j> fuges, ou les efclaves Romains qui s’étoient
» évadés ; tantôt qu’on lui livrât quelque miniftre
>7 de l’empèrenr : il avoit mis fur l’empire d’orient
j) un tribut de deux mille cent livre d'or. Il rece-
» voit les appointcmens de général des ' armées
■37 romaines. Il étoit craint de fes | fujets, 8c il
57 ne paraît pas qu’il en fût haï : prodigieufement 5> fier, mais cependant rufé v ardent dans fa colère,
» mais fachant pardonner ou différer la punition,
» fuivant qu’il convenoit à fes intérêts, ne faifant
s» jamais la guerre, quand la paix lui pouvoit donner 3> affez d’avantage, fidèlement fervi des rois même
37 qui étoient fous fa dépendance, il avoit gardé pour
97 lui feul l’ancienne fimplicité des moeurs des 97 Huns. Du refie , on ne peut guère louer fur la
97 bravoure le chef d’une nation où les enfans
v entroient en fureur au récit des hauts faits
» d’armes de leurs pères, 8c où les pères verfoient 9) des larmes , parce qu’ils ne pouvoient pas imi-
39 ter leurs enfans »,
La vafie. monarchie dont Attila avoit été le
fondateur, fut divifée après fa mort. Perfuadé que
tout partage conduit un état à fa ruine inévitable
, il avoit nommé, pour lui fuccéder, Ellac,
l ’aîné de fes fils ; mais fes vues qui atteftoient
fa politique, furent furmontéeS par le cri de la
nature, qui mettant une parfaitf égalité entre les
enfans d’un père commun, femble leur donner
les mêmes ‘droits à fa fucceflion. Ellac avoit toutes
les qualités qui caraétérifent un général ; & ce
n’étoit que par celles-là que l’on devoit prétendre
à régner fur un peuple qui ne vivoit que dans
un camp , 8c ne fe plaifoit que dans un champ
de bataille. Mais il avoit un grand nombre de
frères qui tous s’étoient fignalés par des aâions
de la plus étonnante valeur ; ne pouvant fe réfoudre
à obéir , ils fe firent des partifans, 8c fe réunirent
pour demander une égalité de partage :
leurs prétentions réciproques plongèrent toûfel>
■ les, nations feptentrionales dans la plus horrible-'
; confufion.. Les rois tributaires ou fujets en profitèrent
pour recouvrer leur indépendance. Ar-
daric , roi des Gépides , fit entendre à Ellac 8c
à fes frères "qu’il ne prétendoit recevoir les loix
d’aucun d’eux. Sa fierté étoit indignée qu’on fe
difputâtfa conquête comme celle d’un vil bétail;
les autres rois des différentes nations, Scythes,
Sarmates 8c Germains, firent voir le même êf-
prit d’indépendance; ils réunirent leurs forces à
celles d’Ardaric, & tous enfemble allèrent combattre
Ellac qui fut affez généreux pour renoncer
à la fupériorité qu’il prétendoit fur fes
frères, 8c pour marcher leur égal contre l’ennemi
commun. Les rois rebelles eurent l’avantage dans
une grande bataille. Leur viâoire fut fcelléedu fang
de trente mille Huns & de celui d’Ellac, qui fit
des prodiges de valeur', 8c périt en digne fils
àAttila. Les Huns vaincus, abandonnèrent la Pan-;
nonie aux Gépides , & fe retirèrent vers Fern-j
boucbiire du. Danube. (T - v . )
ATTILIUS. Voye^ Regulus. ATTILUS , (Hiß. de Suède.') roi de Suède ; il
n’eft célèbre que par fon avarice. Il furchargea
fon peuple d’impôts, non pour entretenir le luxe
de fa cour, mais pour enfevelir dans des caveaux
la fubftance du pauvre. Il eut le fort des avares;
il vécut dans des alarmes continuelles , époufa
une femme prodigue , qui dé concert avec fon
fils Rolvo, roi de Dannèmarck, enleva lés tréfors 8c alla les difiiper dans les états de ce prince.'
( M. de Sa c y . )
ATTUAIRES, f. m. ( Hiß. mod. ) peuples qui
faifoient partie de l’ancienpeuple François; ils habitoient
le Laonnois. Les Salies ou Saliens faifoient
une autre partie du même peuple.
A T Y S , ( Hifl.„anc. ) un des fils de Cræfus,’
jeune homme dé grande efpérance , commanda
quelque temps, les armées de fon père. Cræfus qui
n’avoit pas craint pour lui les dangers dt la guerre,
craignit un fonge dans, lequel il vit fon fils menacé
de périr par le fer, il le rappelle à fa cour , le
marie & l’enferme dans fon palais fans lui permettre
d’en fortir, à peu près comme le jeune homme
delà fable de l’horofcope, dans La Fontaine. On
propofa pour amufér le jeune prince une chaffe de
fanglier, 8c il fit lui-même tant d’infiance auprès
du roi pour qu’il lui permît d’y aller, que Cræfus
fe rendit, en prenant feulement la précaution de
le confier aux foins d’Adrafte fon gouverneur qu’il
chargea de veiller -fur lui & d’écarter de lui tout
danger; Àdrafte par un coup mal adroit 8c malheureux,
perça le prince d’un javelot qu’il îançoit
au fanglier. Atys mourut, Adrafte inconfolable fe
tua fur fon tombeau. Cette avanture eft rapportée
par Hérodote, {far conféquent elle eft cenfée appartenir
à l’hiftoire,
A Y A L O S , (grande maifon d’Efpagne), établie à
Naples,.&. dont étoient le marquis de refcaire $ç
le marquis du Guaft, généraux de Charles-Quint. ( Voyez les articles Guast et Pescaire. ) A V A R eS , f. m.-pl. (Hift. ) Les Avares, peuple
Tartare, ont été quelquefois confondus avec
fes Huns , parce qu’ils habitoient les mêmes régions
& avoiént jés mêmes moeurs & les mêmes ufages.
Le titre de*Topa , qu’on donnoit au chef de,la famille
royale, lignifioit maître de la terre. Ce n’efi que
vers l’an 260 de J. C. qu’ils commencent’ à fe
faire connôître par leurs guerres civiles. Ce peuple
ne devint confidérabie qu’au commencement du
cinquième fiècle, fous le règne de Tou-lun, qui
rangea fous fon obéiffiance un grand nombre de
hordes Tartares, & qui fe vit fouverain de toutes
les contrées qui font entre la Corée 8c la riviere
d ’Ili; une partie de la Sibérie 8c de la Tartane le
reconnut pour fouverain ; il pouffa fes conquêtes
jufqu’aux frontières de l’Europe. Il prit alors le titre
de khan, qui èft devenu celui de tous les princes
du Turkeftan. Ses fujets étoient les plus ignorans
& les plus greffiers de toute là Tartarie. L’art d’é-i
crire & de compter leur étoit entièrement inconnu.
Ils fe fer voient de crotes de chèvres, difpofées
d’une certaine façon, pour exprimer leurs penfèes.
Leur averfion pour les arts étoit fi forte que, quoiqu’ils
euffent des .relations intimes avec les Chinois
, ils relièrent conftamment- enfevelis dans la
Barbarie. Tou-lun, fatisfait d’avoir des fujets obéif-
fans , dédaigna dej les éclairer : il fimplifia feulement
l’art de lire 8c de calculer. Il fubftitua aux
crotes de chèvres des tailles & des incifions fur le
bois.
Les Avares ne figurent dans l’hiftoire que fous
l’empire de Juftinien, qui leur ordonna de lui envoyer
des ambaffadeurs. On fut étonné de voir
arriver à Conftantinople des hommes hideux, qui
paroifloiènt moins propres à négocier qu’àinfpirer
de l’horreur. Leurs cheveux flottans étoient treffés
avec des rubans, & étoient. la feule différence qu’on
remarquât entr’eux & les autres Huns. Ils furent
reçus avec les honneurs qu’on fe croyoit obligé de
rendre à une nation belliqueufe qui avoit la réputation
d’être invincible, 8c dont l’alliance promettait
de grands avantages aux Romains. Ils confen-
tirent à faire Une guerre perpétuelle aux Barbares
qui infeftoient les' provincés de l’empire, 8c fur
leur parole on leur accorda des établiftemens dans
une contrée fertile, avec un fubfide annuel : les
Avares ^fortifiés du fecours des Romains, attaquèrent
fucceflivement tous les peuples Tartares
qui habitoient le nord de la Circaflie , qu’ils fatiguèrent
par des incurfions multipliées. Juftinien,
pour les récompenfer , ‘leur offrit des établiffemens
dans la Pannonie, mais il ne vôuloient pas abandonner
la Scythie; 8c rebutés d’eflùyer des refus
fur d’autres demandes qu’ils firent, ils fe déclarèrent
contre les Romains. Alors la nation fe partagea.
Une partie fe fixa dans les montages de la
Circaflie , 8c l’autre s’établit dans la Pannonie.
Ceux-ci firent des incurfions jufques dans les Gaules
i où ils fe rendirent odieux par leurs brigandages
, fous le nom de Huns, fous le règne de Clovis
premier. Les autres, difperfés dans la Circaflie-, y
portèrent leur langue 8c leurs moeurs, qui n’avoient
aucune conformité avec celles de leurs voifins.
Leurs bourgades, qui ne font qu’un aflemblage de
tentes, font fituées fur des montagnes ; chaque
canton a ion chef, dont aucun n’a un pouvoir
arbitraire. C ’eft cette efpèce de gouvernement qui
fait la féliçité des peuples fauvages : leurs moeurs
antiques fe font confervées chez leurs defcendans
qui fe nourriffent de leur bétail dans une terre
avare de fes produéïions-; mais bornés dans leurs
defirs, ils n’inquiètent que rarement leurs voifins.
Ils fe fervent indiftinéfement d’armes à feu, d’arcs,
de flèches 8c de fabres. En 172,7-, ils fe fournirent
aux Ruffes qui feùls pouvoient les protéger. Leur
chef, qui les fit confentîr à cette révolution, fe
flattait qu’en prenant de tels proteâeurs il réduirait
fous fon obéiffance les autres hordes indépendantes.
La famille de cet ambitieux gouvernoit
depuis long-temps les Avares , & un de fes ancêtres
avoit été rétabli dans la fouveraineté de fon
pays par un des fils dé Gengis-Kan.
Les Avares de Pannonie menacèrent d’exercer
de nouveaux ravages fi l’on n’augmentoit les fub-
fides ; quoiqu’on leur fît un refus injurieux, il n’en
eft pas moins vrai, que leurs menaces déceloient
la confiance qu’ils avoient dans leurs forces. Dans
l’invafion qu’ils firent en Auftrafie, ils firent paraître
des fpeâres qui mirent le défordré dans l’armée
françoife ; ce qui prouve qu’ils étoient d’adroits
impofteurs, ou que les François étoient
d’une crédulité imbécile: au refte tous les Tartares
adonnés comme ils Fétoient, à la magie, pouvoient
avoir des fecrets qui étonnaffent ceux auxquels
ils étoient inconnus. Les Romains vécurent
en paix avec les Avares, lorfque Tibère, qui
avoit éprouvé leur valeur, fut parvenu à l’empire.
Mais les barbares cherchant à ftirprendre les
Romains, firent conftruire fur la Save un pont qui
leur ouvroit un paftage dans, les provinces de l’empire.
En vain ils proteftèrent qu’ils n’avoient que
des vues pacifiques, Tibère exigea des fermens
pour gages de leurs promeftes; Le khan tira fon
épée en difant : » Je veux périr avec toute ma nation,
» je veux que la voûte du ciel nous écrafe, que les
77 montagnes 8c les forêts tombent fur nos têtes,qüe
>7 là Save nous engloutiffe feus fes eaux, fi nous
» avons l’intention de porter la guerre dans l’em-
»pire. « Enfin, pour mieux tromperies Romains, il
ufa de la formule de leurs fermens 8c jura fur
l’evangile ; il en fut perfide ayec plus d’éclat. Il
fit pafler le pont à fon armée, 8c Tibère étonné
de leur progrès, n’en arrêta le cours qu en leur
accordant un fubfide annuel dont ils reçurent trois
années d’avance. Plus ils obtenoienr, plus ilsofpient
exiger. Dès que Maurice eut été élevé à l’empire,
ils demandèrent une augmentation de vingt
mille livres d’or que Fçmpereur, mal affermi, a’ofk