
5 M B A R
il enlevoit les convois ennemis, il reprenoit ceux
qui avoient été enlevés aux François , étoit fans
ceffe en aélion, fe troiivoit toujours à point nommé
par-tout où il pouvoit être néceflaire ou-utile ;
la France n’avoit point de marin que les ennemis
craignilTent tant de rencontrer, & qu’ils rencontraient
fi fouvent. On voulut à la cour Voir cet
homme utile ; mais un homme qui ne fait qu etre
utile, n’eft pas fort agréable à la cour. Le chevalier
de Forbin l’y amena en 1691 \Jean Barth fe fen-
toit de fa première éducation, il ne favoit ni lire
ni écrire', que fon nom ; il avoit le ton, les manières,
le langage d’un pêcheur & d’un matelot.
On difoît à, la cour : allons voir l’ours. Il y parut,
dit- on , avec un habit de drap d’o r , double de
drap d’argent, jufqu’à la culotte, ce quil eut
foin de faire remarquer à Louis XIV & à toute
la cour, parce qu’il favoit qu’on le taxoit davarice
, & qu’il crut démentir ce reproche par ce
trait de magnificence. L’abbé Ladvocat cite pour
garant de cette anecdote, M. de Ligny , un des
.gendres de Jean Barth. Au refie, ce mélangé de
manières ridicules, de moeurs demi-fàuvages, d exploits
brillans & de fervices fignales, ne le rendoit
que plus digne d’attention, 8c Meurs excitoit beaucoup
de curiofité. Jean Barth fut anobli en 1694 j
perfonne ne l’avoit mieux mérite-: ce fut dans la
guerre de 1672, & lùr-tout dans celle de 1688,
que Jean Barth acquit & mérita toute fa gloire.
I l mourut âgé de 51 ans, le 27 avril 1702, & la
marine françoife fe refientit de fa perte dans la
grande guerre dé la fuccefiion d’Efpagne. Il - eft,
enterré à Dunkerque, fa patrie. On a fa vie imprimée
en un volume in-12.
BARTHE, (Paul de la) Voyez Thermes.
BARTHELEMI, (Saint) {H if. fainte) un des
douze apôtres ; c’eft tout ce qu on en fait.^ Eufebe
dit qu’il prêcha l’évangile dans les Indes : n ét©it-ce
pas l’Éthiopie?
Ujque coloratis amnts devexus çb Indis.
On dit qu’il fut écorché v if en Arménie ; c’efi
une tradition populaire fans fondement.
Bàrthelemi des Ma r t ir s , dominicain, précepteur
de dom Antoine, prieur de Crato, né à
Lisbonne en 15 14 , fut fait archevêque de Brague
en 155p. II. s’en démit dans la fuite, & ferti du
cloître, il rentra dans le cloître, où il mourut
en 1590. Ce font les plus dignes d’être évêques-,
qui redoutent le plus de l’être; tant que Bàrthelemi
le fut, il difoit que fa vie n’étoit pas à lui, mais
à fon troupeau , & cette maxime étoit la règle
de fa conduite. « Je fuis , difoit-il encore, le pre-
» mier médecin de 1400 hôpitaux ; ce fontL les pa-
j> roiffes de mon diocèfe.» Beau mot-, foit qu’on
l ’entende au fpirituel ou au temporel. Barthelemt-
des Martirs fe diftingua au concile de Trente, par
fa do&rine', & fur-tout par fon ardeur à follicitér
la réforme du clergé. Un jour on agitoit- devant
B A R
lui la queftion , fi les cardinaux dévoient être compris
dans la réforme propofée ; quelques prélats
trop refpe&ueux difoient, que les très-ïllufires cardinaux
, (ils n’avoient peint encore le titre d'éminence
) n’avoient pas befoin de réforme. Oh ! reprit
l’archevêque de Brague , les1 tres-illujlres cardinaux
ont fur-tout befoin d’une très-illufire réforme.
Ce vertueux & courageux prélat étoit l’ami particulier
de Saint-Charles Borromée. Ses ouvrages
ont été recueillis en 1744, à Rome, en deux
volumes in-folio ,* on fait cas fur-tout , de fon
traité intitulé : Stimulus P a forum. M. le Maître de
Sacy a écrit la vie de Bàrthelemi des Martirs. Tous
ceux que Meilleurs de Port-Royal ont célébrés ou
décriés dans leurs. ouvrages, font refiés fameux en
bonne ou en mauvaife part. Ces auteurs-là gra-
voient pour la poftérité.
BARTHIUS, (G aspard) ( Hiß. litt, mod.y
né à Cuftrin en 1587, mort à Leipfiek en 1658»
Il étoit un peu du nombre de cès favans a qui
M. de Voltaire fait dire dans le Temple du goût»
. Le goût n’eft r ien nous avons l’habitude
De rédiger au long, de- point en point ,
Ce qu’on penfa ; màis -nous ne penfons point.
Beaucoup moins étonnant que Baratier , il mérita
cependant une place parmi les enfans précoces. A
douze ans il avoit traduit les pfeaumes en vers
latins ; à feize, il étoit auteur cTune Differtation
eftimée & pour l’érudition & pour la critique, fur
la manière de lire les auteurs latins, tant anciens
que modernes. On fait cas des recherches contenues
dans fon gros livre intitulé : Adverfaria. On
a de lui des Commentaires fur Stace & fur Clan dien.
Il a traduit en latin, avec décence, des morceaux
de l’Arétin. - 1
BARTHOLE, un des plus grands noms dans
la jurifprudence Romaine, né à Safio - Feryato,
dans la Marche d’Ancone, en 1313 , mort à Pé-
roufe, en 1355 ou 135'S. Ses oeuvres font en 10
volumes in-folio.
BARTHOLIN. C’eft le nom de trois médecins
danois du dix-feptiéme fiècle, père, fils & petir-
fils, & d’un jurilconfulte, frère de ce dernier, qui
tous ont fait des ouvrages. Le fils du premier &
le père des deux derniers, a fait un traité de ufu
flagrorum in re venereâ, Francfort, 1670, in-12.
Le jurilconfulte a beaucoup écrit fur les Lombards
& fur les Danois ; de Holgero dano ; de Longobardis
de origine equeßris ordinis Daneborgtci,' antiquitates
Danica. *
BARTOLI, (D aniel) jéfuite Italien, & dont
tous les ouvrages font en italien, à fait une histoire
de fa compagnie en 6 vol. in-fol. qui a été
traduite en latin par le P. Giannini. L’original a
été imprimé à Rome, en 1650. 8c années fui-
vantes; la traduâion à Lyôn, en ï666 , & années
füivaifies.
BARTON , ( Élisabeth) ( Hiß. d Anglet.}
cette fille eut raifon d’étre indignée de Finjufiice
B A R
de Henri VIII envers Catherine d’Amgen ; mais
elle eut tort d’avoir des vifiojis 8c de faire des
prophéties.; elle eut tort fur tout d’annoncer la
mort à Henri V III, s’il époufoit Anne de Boulen,
&L Henri VIII eut beaucoup plus de tort de la
faire mourir elle-même, parce que des foux ne
font pas des criminels : morte en 1534.-
BARUCH, { H i f . f a i n t e ) prophète, difciple y
fecrétaire 8c fuCcefieur de Jérémie. On fait quelle
étoit l’admitation de la Fontaine pour 1 éloquence
de ce prophète , que Racine lui avoit fait lire. ,
Racine vraifemblablement ne'l’admiroitpas moins;
H en a traduit plufieurs morceaux dans Athalie.
Sc dans des coeurs d'Êfi/ier.
' Ton Dieu n’eft. plus irrité.
Réjouis-toiy Sion , fors de lapoufllère,
Quitte les vêtemens de ta captivité
Et re pi-ends ta fplendeur premirèe.
Bàruch. chap. 5 , ver J 1 &
Quelle Jérufalem nouvelle
Sort du fond du défert ;, brillante de clartés ,
Et porte fur le front une marque immortelle ?
Peuples de la terre , chantés. >
Jérufalem renaît plus charmante & plus belle.
D’où lui viennent de tous côtés
Ces enfans qu’en fon fem e lle n'a point portés ?
Lève , Jérufalem, lève ta tête altièrè.
Ibid. verf. 3 &
Moi I | | pourroîs trahir le Dieu que j’aime !
J’ adorerois un Dieu fans force & fans vertu ,
Refte d’un tronc par les vents abbatu
Qui ne peut Ce fauver lui-même !
BieuximpuifTans, dieux foutds, tous ceux qui vous implorent
Ne feront jamais entendus. ;
Que les démons, & ceux qui les adorent
Soient à jamais détruits & confondus,
Chap. (S.-
BASCHI ou BACHI, f. m. {H if. tnod.) chez
les Turcs, joint à un mot qui le précède, figni-
fie le chef ou le premier d’un corps d’officiers du
ferrai!. Ainfi bogangi bachi fignifie le chef des fauconniers,
& bofiangi bachi le chef des jardiniers,
ou fur-intendant des jardins du grand feigneur.
{ A . R .)
B a f c h i - c a p o u - o g l a n i , npm qu’on donne à l’eunuque
qui commande aux portiers Île l’appartement
des fultanes; b a f e h i lignifiant chef, capou,
porte, & o g l a n , officier ou valet, R lC AU T , d e
i-empire Ottoman. (G)
Baschi , ( Matthieu ) ( Hif. mod. ) fondateur
des capucins. Il étoit frère mineur ou cor-
delier au couvent de Monte-Falconi. Saint-François
lui apparut avec fon véritable habit, tel qu’il
l’avoit porté vivant-; le lendemain Bafehi fe pré-,
fenta devant le .pape avec le •yéritable habit d,e
b a r m
Saint-François, Ge pape,.qui étoit Clément V i l ,
& qui .devoit avoir d’autres affaires „.donna pourtant
une affez grande attention à celle-ci. Les cor-
deliers, qui prétendoient bien avoir toujours porte
l’habit de Saint-François, mirent Bafehi en prifon ;
mais il fe fauva, & fut élu général par ceux qui
voulurent embraffer fa réforme, elle fût approuvée
par Clément V I I , en 15-28 ; mais l’oppofition des
cordeliers prolongea la querelle qui continua
long-temps après la mort de Bafehi,. arrivée à
Venife'en 155■ %. Le.pape Èaul V décida, en^ 1608,
que les capucins étoient véritablement frères-min
e u r s quoiqu’ils'n’èujfent peint été établis• du temps
de Saint François. Ces derniers mots rallumèrent
plus que jamais la querelle, que le pape Urbain VIII
termina enfin en 1627; par une bulle qui donne aux
capucins le titre de vrais-enfans de Saint François.
Il y a eü depuis les capucins, des r é c o l le t s d e s
pi.cpus. Ils font tous francifcains , avec la différence
connue, de barbe feins pièce , pièce fans barbe,
barbe & pièce, ni barbe ni pièce. De plus, le pape
Clément XIV , ( Ganganelli ) qui a y oit été eor-
delier, à changé l’habit des cordeliers, fous prétexte
de le rappeller à la. forme originaire. Le-,
quel de tous ces habits étoit celui de Saint-François?
qui le fait •? ; qiï’ùfiporte ? il s’agit d’imir
ter fii vertu, 3c non de porter fon habit.
Quid ? fi qui.s vitltu tqrvo férus , ac pede nudo ,
■ Exiguceque toges funulst textore Catonem ,
yirtûtemne rçprefentet morefque Catonis ?
Revenons aux capucins. Leur utilité éçclêfiaftî-
que & jnonafiique n’eft pas de notre reffort ; mais
une juffice que nous ne devons pas leur refufer,
c’eft que, par-tout où ils font établis, ils fe rendent
de la plus grande utilité dans les incendies ,
par les fecours qu’il y portent avec autant de zèle
que de courage , & que plufieurs d’entr’eux .ont
mérité la couronne civique , en expofant leur vie
. dans ces occaftons., pour fauver la vie & la fortune
des citoyens ; combien de gens qui ofent les
appeller inutiles , n’auroient pas ce genre d’uti-
lité-là !
BASILE, {H if. du Bas - Empire ) .c’efi le nom
de deux .empereurs d’Orient, tous deux réputés
de bons 3c de grands princes.
Le premier nommé Bafile le Macédonien, de
fimple foldat, échappé des fers des Bulgares, avec
une befaçe & un bâton , devint empereur de
Conftantinople. Il avoit le talent de dreffer des chevaux
, 8c ce talent le conduifit à l’empire ; il plut
à l’empereur Michel, qui le fit fon premier écuyer,
ce qui étoit jufte, puifqu’il fe connoiffoit en chevaux;
il le fit .enfuite grand cliambellan, ce qui
n’étoit plus qu’une affaire de faveur ; enfin il l’af-
focia à l’empire , après que Bafile eut affafiinô
Bardas, beau-frère de l’empereur , qu’il regardoit
çomm'e un obftacle à fon élévation. Michel s’étant
enfuite dégoûté .de Bafile ? parce qu’il lui