
que forte comme le réformateur du théâtre de fa
nation. Sa tragédie de Caton efl la première tragédie
anglaife écrite avec une élégance & une no-
bleffe foutenues ; ce qui n’empêcne pas qu’un fran-
çois n’y trouve encore bien des défauts. « La bar-
w barie de Shakefpeare, dit un auteur moderne,
J» fe fait encore un peu fentir dans la régularité
d'AddiJJon n. Il a auffi: des comédies célèbres. Def-
touches lui doit fon tambour nofhune. On put dire
de fon temps :
Anglois , vous favez vaincre, & chanter vos conquêtes.
C ’étoit le temps des grandes viftoires de l’Angleterre
, & c’étoit AddiJJon qui les célébroit : fon
-'poème à la louange de Guillaume ÜI en 1695 ,
qui lui valut une penfion de 300 livres flerlings;
ion poème fur la bataille d’Hochflet en 1704 &
plufieurs autres femblables font de beaux monu-
mens de la gloire de fa nation. Les François difent
qu’il n’y rend pas allez de juflice aux ennemis des
■ Anglois, nommément à Louis XIV. Il y a de lui
des morceaux de philofophie & de critique très-
eflimés dans le fpecfateur, dans le guardian ou curateur
, dans le tatler ou babillard de Richard Steele.
Comme en Angleterre les talens mènent aux
honneurs & aux emplois, AddiJJon fut fécretaire
-d’état; mais comme les lettres demandent un homme
tout entier , & foufirent difficilement le partage ,
AddiJJon fe démit de cette place en 1 7 1 7 , pour
çfe livrer entièrement aux lettres. Il mourut à Hol-
land-Houffe près de Kinfington, le 7 Juin 1719.
Il étoit né à Million dans le Wïltshire en 1672.
On dit, mais qu’importer qu’il n’aimoit pas M.
Pope & qu’il fe faifoit violence pour paroître le
ménager. Ses ouvrages ont été imprimés à Londres
en 1726 en 3 volumes in-12. Sa vie a été écrite
en anglois par Defmaifeaux.
ADÉLAÏDE efl le nom de plufieurs princeffes,
dont quelques-unes furent reines de France. Celle
qui eft diftinguée par le titre de Jointe , efl la fille
de Rodolphe, roi de Bourgogne, la femme de Lo-
thaire , roi cfftalie, puis de l’empereur Othon I ,
la mère de l’empereur Othon I I , l’ayeule de l’empereur
Othon I I I , née en 931 , morte le 16 décem- ;
bre 999. Saint Ûdilon a le premier écrit fa vie.
ADÉLINE, (Hifl. litt. modd) neveu d’Inas ,
roi des Saxons occidentaux, abbé de Malmesburi
en 671, enfuite premier évêque de Stirburn. Bède
& Cambden parlent de lui avec éloge ; nous n’en
parlons ici que parce qu’il fut, dit-on, le premier
des Anglois qui écrivit en latin & qui fît connoître
à fes compatriotes les règles de la poéfie latine.
ADELITES, et ALMOGANENS, A d e l i t t i
& A lmoganeni, f. m. pl. ( Hifl. mod.') Nom que
les Efpagnols donnent à certains peuples , qui par
le vol & le chant des oifeaux, par la rencontre des
bêtes fàuvages & de plufieurs autres chofes femblables
, devinoient à point nommé tout ce qui
devoir arriver de bien ou de mal à quelqu’un. Ils
confervent foigaeufement parmi eux des-fryres qui
traitent de cette efpèce de fcience, 011 ils trouvent
des règles pour toutes fortes de pronoflics & de
prédirions. Les devins font divifés en deux claffes,
l’une de chefs ou de maîtres , & l’autre de difciples
ou d’afpirans. On leur attribue encore une autre
forte de connoiffance, c’efl d’indiquer non-feulement
par où ont paffé des chevaux ou autres bêtes
de fomme, mais auffi le chemin qu’auront tenu un
ou plufieurs hommes, jufqu’à fpécifier la nature
ou la forme du terrein par où ils auront fait leur
route : fi c’efl une terre dure ou molle, couverte
de fable ou d’herbe , fi c’efl un grand chemin pavé
•ou fablé, ou quelque fentier détourné, s’ils pnt
paffé entre des roches, en forte qu’ils pouvaient
dire au jufle le nombre des paffans, & dans le be-
foin les fuivre à la pille. Laurent Valla, de qui
l’on a tiré ces particularités merveilleufes, a négligé
dé nous apprendre dans quelle province d’Efpagne
& dans quel temps vivoient ces devins. ( G. )
ADELSTAN. {Hiß. d’Angleterre J Ce'ne fut point
à l’éclat de fa naiffance, ce fut encore moins à la
légitimité de fes droits qu’Adelflan dut la couronne
d’Angleterre. Le feeptre paffa dans fes mains, parce
qu’alors il n’y en avoit point de plus dignes de le
porter. Comment concilier la barbarie qui régnoit
en Europe dans ce temps reculés , avec l’hommage
que les peuples rendoient aux vertus éminentes, aux
talens diflingués ? Car il faut avouer que ce furent
là les feuls titres du fucceffeur d’Edward ou Edouard
l’ancien ; & ces titres , q u i, dans des fiècles plus
éclairés, n’ont pu frayer à l’ambition la route de la
fouveraine puiffance, applanirent tous les obflacles
qui s’oppofoient à l’élévation $ Adelflan. Ce grand
prince n’étoit que le fils naturel d’Edouard, dont
le fils légitime eût dû, fuivant les loix&les ufages
établis, recueillir la fucceffion : mais cet héritier
préfomptif étoit encore dans l’enfance , & l’Angle-.
; terre fubjuguée en partie par les Danois, menacée
par les Northumbres, agitée par la divifion des
citoyens & par les faélieux qui ne cherchoient que
[ l’occafion de rallumer les feux mal éteints de la
guerre civile, avoit befoin d’un prince aélif, connu
par fa valeur, & dont les triomphes paffés infpi-
raffent à la nation la plus entière confiance, & aux
ennemis de l’état la plus grande terreur. C’étoit par
ces motifs que le fage Edouard, craignant d’ailleurs
les maux que produit ordinairement une minorité,
s’étoit déterminé à préférer fon fils naturel \à fon
fils légitime. L’évènement juflifia cette conduite
in jufle en apparence. A peine Adelflan fut monté
fur le trône, que les Danois recommencèrent leurs
hoflilités. Ces anciens oppreffeurs de l’Angleterre
fe rendirent alors d’autant plus redoutables, qu’ils
s’étoient fecrétement ligués avec Alfred, l’un des
plus puiflans feigneurs anglois, jeune , ambitieux,
q ui, mécontent du choix qu’avoit fait Edouard,
ne craignit point de confpirer contre fon fouve-
rain , & mourut, par permijflon divine , difent les
écrivains de ce temps, pour avoir porté l’impiété
jufqu’à jurer aux pieds du pape Jean , qu’il n’étoit
point coupable du crime dont on 1 accufoît. Déli- |
vrè des complots d-Alfred , Adelflan fe hata d aller j
à la rencontre de fes ennemis ; il les joignit dans ;
le Northumberland, les combattit, remporta la ;
viftoire, les difperfa & fubjugua les Northumbres :
mais à l’inquiètudè naturelle des habitans de cette
province, jugeant qu’ils ne porteraient jamais que
forcément le joug anglois', il en donna le gouvernement,
avec le titre de ro i, à Sithrio, feigneur
danois, qu’il crut s’attacher encore davantage , en
lui faifant époufer fa foeur Editha. Sithrio ne trompa
point les efpérances &'Adelflan; mais il mourut
un an après ; & fes deux fils, Anlaf & Goodfrid ,
nés d’un premier mariage, perfuadès, ou feignant
de l’être, qu’ils avoient des droits à la fouverainete,
s’en emparèrent, fans daigner meme demander le
confentement ÿAdelflan. Le roi d Angleterre irrité
marcha contre eux, les renverfa du trône & les
força de s’éloigner. Anlaf fe retira d’abord en Irlande
; il fe joignit enfuite à quelques^ pirates danois
, & , ne pouvant régner, il fe mit a eciimer
les mers. Goodfrid s’enfuit en Ecoffe auprès de
Conftantin, qui y régnoit alors , & qui, ne voulant
point le livrer aux Anglois ,1 avertit & protégea
là fuite. Goodfrid n ayant plus ni feeptre m
reffource , fit auffi le métier de pirate & mourut
peu de temps après. Conftantin meritoit l’eftime
d’Adelflan pour avoir refufé de trahir un prince
malheureux ; mais foit que le roi d Angleterre
manquât de généralité, foit qu’il ne cherchât qu un
prétexte , il entra en Ecoffe à main armée, ravagea
ce royaume, 8c n’accorda la paix qu aux plus
dures conditions. Auffi-tôt que Conftantin crut
pouvoir fe venger, il fe ligua avec Anlaf qmin-
leftoit la mer fuivi d’un nombre très-confidérable
dé pirates danois : il fe ligua auffi. avec quelques
princes gallois, & tous ces confédérés firent Inopinément
une irruption en Angleterre. Adelflan ne
jeune prince fur un petit navire fans voiles , fans
cordages, à la merci des flots, qui bientôt l’engloutirent.
leur laiffa ni le temps, ni la liberté de pourfuivre
le cours de leurs dévaftations ; il raffembla toutes
fes forces, rencontra les ennemis dans le Northumberland,
6c remponafûr eux une viâoireéclatante,
que les anciennes chroniques attribuent à la valeur
de Turketal, chancelier d’Angleterre ; car on fait
que dans ce temps il n’y avoit point de place éminente
, civile ou ecciéfiaftique , qui obligeât de renoncer
au métier des armes. La défaite de Conf-
tantin , & 1 humiliation des princes gallois, laiffè-
rent jouir Adelflan d'uné tranquillité qui ne fut
plus troublée. Les Danois craignirent fa valeur &
refpeélèrent fa puiffance. Il ne fongeoit qu’a rendte
fes fujets heureux, & ’ fes vues euffent été remplies
, s’il eût eu affez de temps pour exécuter les
projets que fa fageffe avoit médités; un évènement
cruel, un crime affreux que fa jaloufe mé-
' fiance, irritée par l’impofture de.’quelques dénonciateurs
lui fit commettre , l’empêcha de fuivre le
plan qu’il s’étoit fait. On lui perfuada qu’Edwin,
ton frère , confpiroit contre lui ; & fur les rapports
infidèles des détraéleurs d’Edwjn, il fit expol'er ce
Adelßan ne tarda point à reconnoitre
linnocence de fon frère, & fut déchiré de remords:
il crut les appaifer par les largeffes qu’il fit aux
monaftères. Maislefouvenir.du malheureux Edwin
le pourfûivant toujours, il ne put fe pardonner
l’excès de fa barbarie : il mourut accable de chagrin,
de honte & de remords, quoiqu’il fe fut
d’ailleurs couvert de gloire : il defiroit la mort qui
exauça fes voeux en 941 , il étoit âge de 46 ans,
& en avoit régné 16. On ignore s il fut marie,
mais on fait qu il n’eut point d'enfans , & qu il lama
à Edmond & Edred, qui lui Succédèrent, de grands
exemples à imiter. ( L. C. )
( On voit que parmi ces exemples il y en a quelques
uns qu’il efl; bon de ne pas fuivre. )
ADELUS , ou ADILSE , {Hifl. de Suède & de
Danemarck ) roi de Suède. Il étoit fils d’Othar , qui
périt dans un combat contre les Danois. Ces barbares
lui refusèrent les honneurs de la fépulture.
Les Suédois indignés de l’outrage qu’on avoit fait
aux mânes de leur prince , fe hâtèrent de placer fa
couronne fur la tête de fon filsen 560; ils l’excitèrent
à venger la mort de fon père ; le jeune prince
équippa une flotte , & fe mit en route, pour chercher
celle de Jarméric, roi de Danemarck : il la
rencontra bientôt ; le combat dura trois jours ; la
mer fut couverte de cadavres & de débris^ de vaif-
feaux : cependant la vi&oire demeura indécife. On
négocia en pleine mer. La paix fut conclue ; &
pour la mieux cimenter, Jarméric époufa Swavilda,
loeiir d'Adelus. Peu de temps après, ce prince l’ao-
eufa d’adultère , & la fit fouler aux pieds des chevaux.
Tous les anciens hifloriens fe réunifient
pour attefter fon innocence. Adelus réfolut de venger
fa foeur, & defeendit fur les côtes de Danemarck
avec une puiflante armée. Le peuple ne
s’oppofa point à fa marche triomphante : Jarméric
étoit odieux ; la compaffion qu’avoit infpirée la
mort de Swavilda, redoubloit encore la haine publique.
Le peuple regardoit Adelus plutôt comme
jin libérateur, que comme un ennemi. Jarméric,
abandonné par les fujets, fe retira ayec fes gardes
dans un château que fa politique fombre & défiante
l’avoit engagé à faire bâtir , pour fe défendre contre
eux. La place fut emportée : Jarméric fut coupé par
morceaux. Adelus réunit au Gotland laScanie,le Holland
, & là Beklingie , qu’il venoit de conquérir.
Il laiffa cependant la couronne de Danemarck au
jeune Broder, fils de Jarméric, exigea de lui un
tribut, & repaffa en Suède. Il voulut offrir aux
dieux un facrifice folemnel, pour leur rendre grâces
du fuccès de fes armes. Mais on prétend qu’en faifant
le tour du temple d’Upfaî, fon cheval s’abattit,
& qu’il mourut dé cette chûte. (M. de Sa c y.')
ADER, (G uillaume) médecin de Touloufe,
au commencement du dix-feptième fiècle, efl connu
par un ouvrage imprimé en 1621 fous ce titre:
" De oegrotis & mçrbis evangelïcïs ; ’’ des malades oQ
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