
un recueil de tous les ouvrages de Balzac en 2 vol.
in-fol. avec une préface à fa louange , qui efi: de
l’abbé de Caffaigne , fon admirateur , fon ami &
fon confrère. Dans ce recueil on trouve, outre fes
lettres, divers ouvrages politiques & moraux , tels
que le Prince, le Socrate chrétien, Y Ariflippé. On y
trouve suffi des pièces de vers latins, qui' ont
obtenu quelque eftime. Tel fut Balzac dans les
lettres.
Quant à fon hiftoire perfonnelle , il naquit à
Angoulême en 1594, fon père étoit un gentilhomme
Languedocien. Le fils s’attacha d’abord au duc
d’Épernon, & enfuîte au cardinal de la Valette ,
fon fils ; ilrefta deux ans à Rome , où ce cardinal
l’employoit dans différentes affaires. A fon retour en
France, le cardinal de la Valette le fit connoître au
cardinal de Richelieu qui lui donna une penfion
de 2000 livres & un brevet de confeiller d’état &
hiftoriographe du roi. Il ne fè facrifia pas , comme
tant d’écrivains à fa réputation & à fa fortune ,
il voulut vivre pour lui-même, & défabufé de
la gloire , peut - être par les critiques injuftes -quil
avoit effiiyéès, il fe retira de bonne-heure à fa terre
de Balzac , fur le bord de la Charente , aux environs
d’Angoulême , il s’y fixa, & y mourut en
1654 ; il eil enterré à l’hôpital d’Angoulême'i
dont il étoit le bienfaiteur, 8c auquel il avoit laiffé
une fomme-de 12000 livres; il fonda auffi par
fon tefiament à l’académie frâriçoife , ië prix d’éloquence.
On le nomma le grand Epiflolier à eäufe
de fes lettres.
BANAJAS, (/fi/?, facr.) capitaine desj! gardes
de David & général des armées de Salomon, fit
périr, par l ’ordre de ce dernier, Adonias & Joab,
vers l’an 1014 avant J. C. Rois, liv. 3. chap. y.
B AN , ( Hiß. mod.) nom qu’on donnoit anciennement
en I-ïongrie aux gouverneurs des provinces
qui réle voient de ce royaume, telles que
la Dalmatie , la Croatie, la Servie. Selon Leun-
clavius, on n’accordoit ce titre qu’aux princes du
fang de la niailon de Hongrie; & encore aujourd’hui
, la dignité de ban de Croatie efi remplie par
un feigneur de la première diftinâion. Le pays
dans lequel efi fitué Temefwar, s’appelle encore
aujourd’hui le banat de Temefwar, auquel fens le
terme de banat équivaut à ceux de province ou
de gouvernement. Le ban avoit fous lui un vice-
gérent, lieutenant général , ou lieutenant de roi
au gouvernement, qu’on nommoit vice-bannus. On
croit que ces deux noms font dérivés des mots
ban 9 banio ou banno, dont on fe fervoit dans le
bas Empire pour fignifier une bannière ou un étendait
; parce que les habitans de ces provinces, en
temps de guerre, étoient obligés de fe ranger fous
la bannière ou l’étendart de leur gouverneur. Quelques
auteurs prétendent que les Turcs ont con-
fervé ce nom de ban, & que les gouverneurs à
qui ils le donnent, ont la même autorité que les
bleglerbegs. (G ) ;
B a n c d u r o i , C HiflY mod. ) tribunal
de juftice ou cour fouveraine en Angleterre.’
On l’appe.lle ainfi, parce qu’autrefois le roi y pré-
fidoit en perfonne fur un banc élevé, les juges
étant affis à fes piés fur des bancs ou fièges plus
bas.''C’eft dans cette cour que l’on plaide les caufes
de la couronne entre le roi & fes lu jets. Elle con-
noît auffi des crimes de haute trahifon & des complots
contre le gouvernement. Ce tribunal eft com-
pofé de quatre juges , dont le premier s’appelle
le lord chef de jujhee de la cour du banc du roi. Sa
jurifdiéüon efi générale, & s’étend par toute l’Angleterre;
il n’y en a point dans ce royaume déplus
indépendante, parce que la loi fuppofe que le
roi y préfide toujours. Il y a encore un autre tribunal
nommé le banc commun ou cour des communs
plaidoyers, qui efi la fécondé cour de juftice du
royaume, ou l’on porte les affaires communes &
ordinaires, c’eft-à-dire les procès de fujet à fujet-
On y juge toutes les affaires civiles, réelles &
perfonnelles, à la rigueur de la loi. Le premier
juge de cette cour fe 'nomme chef de la juftice des->
communs plaidoyers ou du banc commun. '■ On y
comptoit autrefois cinq, fix , fept, 8c jufqu à huit
juges ; leur nombre efi maintenant réduit à quatre ,
comme celui des juges du banc du roi. (G)
BANCHI ou BANQUI, (Séraphin) (Hift,
mod. de Fr.') c’efi le nom d’un dominicain de Florence,
qui étant à Lyon en 1593, y eut con-
noiffance du projet que Pierre Barrière, batelier
d’Orléans, avoit formé d’affaffiner Henri IV. Le
P. Banchi en avertit un gentilhomme de Lyon ,
nommé Brancaléon, qui partit à l’inftant de Lyon
pour en avertir Henri IV. Le P. Banchi lui avoit
fi bien défigné Pierre Barrière, que Brancaléon y
quoiqu’il ne l’eût jamais v u , le reconnut dans la
foule à Melun ; Barrière fut arrêté , avoua tout y
& fut puni. On dit dans les mémoires de Sully
que le P. Banchi fut le fecret de Barrière par la
voie delà confeffion; Banchi a cru devoir fe dif-
culper de ce fait dans divers ouvrages qu’il a publiés
fur l’attentat de Barrière.
Banchi fut nommé à l’évêché d’Àngoulême, il
s’en démit en 1608 pour vivre & mourir au couvent
des dominicains de la rue Sairit Jacques à
Paris. •
BANDARA , ( Gonzales ) pauvre favetie*
portugais, qui fit des prophéties & des vers. Nous
n’en parlons ici que parce qu’il efi toujours utile
de rappeller aux hommes leurs folies & leurs fot-
tifes, fur-tout en ce qui concerne la fuperftition.
Le faint office fit paroître en 1541 » Bandara , re*
vêtu d’un fan-benito, dans un Auto-da-Fè ,• mais
comme heureufement il n’étoit qu’imbécille, il ne
fut pas brûlé, & mourut tranquille en 1556. Mais
le peuple crut toujours à fes prophéties, & en vit
toujours l’accomplifTement d’autant plus clairement
qu’elles étoient inintelligibles. Lorfqu’en
1640, la maifon de Bragance enleva le Portugal
à Philippe IV , on trouva que cette révolution aVo#
été annoncée dans les prophéties de Bandara»
BANDELLO ou BANDELLA ou BÀNDÉLLI,
(M a tth ieu ) (Hift. mod. ) dominicain, d’une famille
milanoile, attachée au parti de la France, &
qui avoit perdu fes biens, lorfqu’après la bataille
de Pavie, le Milanois étoit refté au pouvoir de
Charles-Quint. Ce Bandello fuivit en France Céfar
Frégofe attaché auffi au parti François, il fut fait
évêque d’Agen en 1550, 8c au lieu d’inftruétions
paftorales, il compofa un recueil de nouvelles galantes
, dans le goût de celles de Bocace, 8c prefque
auffi célèbres, dont il y a eu beaucoup d’éditions
en divers temps & en divers lieux. La meilleure
efi celle de Londres, 1740, 4 vol. in-40. Belle-
forêt a traduit en françois une partie de ces nouvelles.
On a encore de Matthieu Bandello deux
petits poèmes, l’un à la louange de Lucrèce de
Gonzague, l’autre fur les Pâques.
Vincent Bandello, fon oncle, général de l’ordre
de Saint Dominique, fit contre l’immaculée conception,
quelques ouvrages de dominicain, devenus
rares comme tous les ouvrages qui n’ont pas
mérité dé devenir communs. L’oncle mourut en
1506. On ignore la date de la mort du neveu. ;;
BANDERET, f. m. (Hijl. mod. Art. milit.)
c’eft le titre qu’on donne à Berne aux quatre chefs
de la milice de ce canton Suiffe. {A . R.')
BANDURI, (dom Anselme) (/fi/, litt. mod.)
né à Ragufe , fe fit bénèdiftin à Naples, connut
à Florence dom Bernard de Montfauçon, auquel
il fut utile , qui lui fut utile à-fon tour, & qui
l’attira à Paris dans la maifon de Saint Germain-
des-Prés. En 1715 il eut une place d’académicien
honoraire étranger dans l’académie des belles-lettres
; il étoit très-favànt dans les antiquités grecq
u e s , & très-verfé dans la fcience des médailles,
comme le prouvent fes deux grands ouvrages ,
l’un intitulé ‘. Imperium Orientale, qui efi une efpèce
de corps complet des antiquités de Conftantinople ,
17 1 1 , 2 volumes in-fol. l'autre qui a paru en 1718
auffi en 2 vol. in-fel. 8c qui efi une collection de
toutes les médailles des empereurs romains,. depuis
Trajan Dèce, concurrent de l’empereur Philippe
, jufqu’au dernier Paléologue, e’eft-à-dire,
jufqii’à laprife de Confiantinople. Imperium Orientale
fut très-vivement 8c très-mal attaqué par un
favant qui ne l’avoit pas lu & qui favoit feulement
qu’on y avoit relevé plufieurs méprifes dans lef-
quelles il étoit tombé ; ce favant étoit Cafimir
Oudin, d’abord religieux prémontré à Paris, &
réfugié depuis en Hollande, où il embraffa le cal-
vinifme 8c devint fous-bibliothécaire de Leyde. Son
écrit fut inféré avec de grands éloges dans les
volumes 7 & 8 de l’hiftoire critique de Samuel
Maflbn ; ce favant, fi favant, qu’on avoir en vue
dans le Commentaire du do&eur Mathanaf us, fur le
chef-d'oeuvre d'un inconnu.
Le P. Banduri avoit le titre de bibliothécaire du
grand duc de Tofcane , & il le fut véritablement
de M. le duc d’Orléans en 172,4. Il fut l’ami, le
maître, le bienfaiteur de M. de la Barre, qui fut
depuis, fon confrère, dans l’académie des belles-
lettres. Dom Banduri mourut le 14 janvier 1743.
BANIER , (J ean) f É M de Suède) l’un de
ce s fameux généraux iuédois qui s’illufirèrent dans
la guerre de trente ans, & qui, après avoir fervi
avec éclat fous Guftavé-Adolphe, foutinrent, après
fa mort, la gloire des armes fuédoifes ; il remporta
de grands avantages fur les Saxons & les
Impériaux. Il aimoit a faire une guerre fyfiéma-
tique & à pouvoir fe rendre rai fon de fes fnccès ;
il ne donnoit rien au hafard. On a recueilli de
lui divers principes fur fon art qu’on a fus par la
converfation. Il ne vouloir point dans fon armée
de volontaires de qualité : n II faut avoir pour
j? eux, difoit-il, des ménagemens trop contraires
» à la difeipline ; au lieu de prendre des foldats
» l’exemple de l’obéiffanee 8c de l’exaâirude, ils
» leur donnent celui de la négligence 8c de Fin—
» fubordination ; « Banier s’étoit .rendu abfolu-
ment indépendant de fa cour pour les opérations
militaires ; il ne concevoit pas quort voulût commander
les armées, à condition d’obéir aveuglé*
ment à un miniflre aveugle ou à fes commis ;
« favez-vous', difoit-il, pourquoi je bats toujours
j> Galas 8c Picolomini ; ce n’efi pas que j’aye plus
» de talent qu’eux; mais je fais toujours ce que
» je ferai, & ils ignorent toujours ce qu’on leur
» fera faire. »
Il croyoit que l’habitude du fervice fuppléoit
avantageufement le talent, 8c qu’un vieil officier
fans efprit, valoit mieux par la force feule de la
routine & de l’expérience, qu’un nouvel officier
plus habile ; en cqnféquence on ne cônnoiffoit point
dans fes années ce qu’on appelle un pajfc-droit.-
Jamais général ne fut plus avare du fang des
foldats; « c’efi à eux de le prodiguer, difoit-il, â
» nous de le ménager. » Il n’aimoir point les fièges,
& ne .fe faifoit jamais une peine de les lever s'ils
devenoient meurtriers ou trop difficiles; jamais il
n’accordoit à fes foldats le pillage d’aucune ville:
Cefl vouloir les perdre, difoit-il , un foldat enrichi
ne fl plus propre au f e r v i c e c ’eft un bourgeois.
Indépendamment de cette raifon, il y en a peut-
être une qui devroit être plus forte pour interdire
le pillage, c’efi que c’eft un trop grand outrage
fait à l ’humanité, un trop affreux déchaînement
de tous les vices 8c de tous les crimes : mais,
comme difoit Charles le Téméraire : tels fruits
porte l'arbre de la guerre ; auffi cet arbre n’eft-il bon
qu’à couper. Banier faifoit autant qu’il pouvoir,
de l’honneur feul, le reffort de fon armée ; les
grâces , les diftinfiions, difoit-il, doivent fuffire
aux officiers, 8c leur eftime aux foldats. On dit
que dans lés derniers temps l’amour lui fit négliger
fes devoirs & fa gloire ; il avoit eu d’abord
une femme qu’il avoit beaucoup aimée & cui
vivoit avec lui dans les camps, fa feule patrie ; il
la perdit, il fut affligé, mais non pas inconfolabîe ;
car en conduifant à Erford le convoi de fa femme,
il vit par hafard une jeune princeffe de Bade pour