vorifent les Importations , dont les progrès font
arrêtés par des importions accablantes. C’eft de-là
que plufieurs nations tirent le fer travaillé, le
plomb, le v if argent, du bled, de la laine , des
draps grofliers, des ferges, des toiles de lin, des
chevaux & des moutons. La puiflance de VAllemagne
efl toute renfermée en elle-même ; elle n’a
point, comme les autres royaumes, de poffeffions
dans des terres étrangères, c’eft ce qui donne des
entraves à fon commerce , 8c ce qui rend l’argent
plus rare ; cette difette d’efpèçes efl encore occa-
fionnée par le goût de la jeuneffe allemande pour
les voyages : ils vivent pauvres chez eux pour figurer
avec éclat chez l’étranger, où ils perdent la
fimplicité innocente de leurs moeurs. Dans les autres
royaumes, les capitales engloutiffent tout l’or des
provinces ; en Allemagne, il y a plus d’économie
dans la diftribution des richeflês, & cette égalité
qui lui donne moins d’éclat, efl ce qui entretient
fon embonpoint.
La puiflance d’un état efl relative à celle de fes
Voifins ; l’Allemagne contiguë à la Turquie d’Europe,
a pour remparts,. la Stirie , la Hongrie 8c la
Croatie. Les Ottomans , confidérables par leur
nombre, ne font point des ennemis dangereux ;
peu aguerris & mal difçiplinés, ils n’ont que l’im-
pétuofité de courage, qui s’éteint à mefure qu’ils ,
pénètrent dans les pays froids. La fiérilité de la
Servie & de la Bulgarie, leur refufe les fubfif-
tances néceflaires à de nombreufes armées. Ils ont
eu quelques fuccès dans plufieurs guerres v on doit
les attribuer au mépris qu’ils infpiroient : VAllemagne
ne leur a jamais oppofé que le quart de fes
forces, & c’étoient des troupes de rebut, mal payées
& mal difciplinées. La terreur qu’infpiroit le nom
T u r c , étoit un effet de la politique Autrichienne,
qui exagéroit leurs forces pour tirer de plus fortes
contributions : la religion a encore contribué à nourrir
ce préjugé ; les prêtres & lés moines ont tonné
dans la tribune facrée , pour armer l’Europe contre
ces peuples infidèles. L’Allemagne n’a rien à redouter
de l’Italie gouvernée par différens princes,
qui ne ^peuvent porter la guerre au dehors. La
Pologne, fans ceffe déchirée de fa&ions, ne figure
plus parmi les puiffances de l’Europe. Elle n’a. ni
la force ni l’amibtion de faire des conquêtes. Le
Danemarck , attentif à Conferver fès pofleflions ,
ne peut nuire à l’empire , & a befoin de fon fç-
cours contre la Suède. L’Angleterre , fatisfàite
d’être la dominatrice des mers, n’eft jaloufe que
d’étendre fes poffeflions dans.le nouvelhemifphère.
Les Hollandois , nés au milieu dès' eaux , Ont
tourné leur ambition du côté de l’Inde,. La Suède,
fous fes rois conquérans, a enlevé plufieurs provinces
d?Allemagne ; mais cette puiflance manque
d’hommes & d’argent pour foutenir une longue ]
guerre ; c’e fl un débordement qui fé diflipe.dans 1
les campagnes qu’il inonde. La France efl le !
feul état quipuifle attaquer avec fuccès l'Allemagne.
Mais h nature a fixé fes bornes, & l’expérience 1
lui a appris qu’elle ne peut les franchir impunie
ment.
Les avantages du corps germanique font com-f
penfés par beaucoup de maux politiques qui lé con-
fument au dedans. Le défaut d’harmonie avec le
fouverain , efl le germe de fa langueur & de fon
dépériffement. Il efl impoflible dans le phyfique
que plufieurs parfies réunies forment un feul corps ;
la mêmeimpoflibilité fe rencontre dans les corps
politiques : quand il y a plufieurs princes qui pré-
fident au deflin d’un état, on ne voit jamais plier
leurs forces fous une même volonté ; cette union
parfaite ne fe trouve que dans les monarchies, ou
dans les républiques , où le pouvoir fuprême efl concentré
dans une feule v ille , comme dans Rome ÿ,
Sparte, Athènes 8c Yenife : les jaloufies divifent 8c
détruifent les gouvernemens compofés de plufieurs
, états égaux en pouvoir. Il faut que le gouvernement
foit uniforme pour en affurer la profpérité'.'
Ainfi le plus grand vice du gouvernement de l’em-
pir'e, efl de n’être ni monarchique., ni puiflance
fédérative ; l’empereur efl fans ceffe attentif à étendre
fes prérogatives, & les autres princes veillent
fans ceflfé pour les reffraindre. Les villes împé’-
rîaîes, devenues riches par leur commerce, exci-;
tent la cupidité des princes indîgens qui ne peir-;
vent fe diflimuler que c’efl la liberté qui fait germer
les richefles & l’induftrie : la nobleffe, fière de fon
origine , prodigue le mépris au peuple qui fe croît
âuflî refpe&aMe qu’elle par fon opulence. La jaloufiè
féme encore la diviflon entre les princes féculiers
1 8c les princes eccléfiafliqueg-; les premiers voient
avec indignation lès minimes de l’autel jouir dit
droit de. préféance , quoiqu’ils foient bien inférieurs
en naiflance, 8c qu’ils ne puiffent tranfmettre leur
grandeur à leur famille; de leur côté les-princes
eccléfiaftiques fe plaignent fans ceffe des feculiers
qui ont uftirpé une portion de leurs revenus ; enfin
on voit par-tout des opprimés- 8c des oppreffeurs.
Le prétexte de la religion fomente des haines
naturelles 8c dîvifé dès coeurs qu’elle fe propofoit
d’unir ; le clergé catholique a été privé par les
princes, proteffans de quelques - uns dès-'domaines
qu’il poffédoit. Les prêtres dépouillés d’iine partie
de leurs biens , ne font pas difpofés à en aim-er les
raviflèurs ; le plus grand vice de ce gouvernement
efl le droit accordé a différens états dè l’empiré
de faire des alliances avec leurs voifins ; 'c’éft ouvrir
une entrée aux “étrangers ; c’efl rompre l’union
naturelle pour en faire une adoption nouvelle ;
c’eft confier au fort des armes la décifion des querelles
qui ne doivent être difciïtées- qu’au tribunal
dès loix ; enfin fans ces vices de conflitutiori, auxquels
XAllemagne efl attachée , elle pourroit vouloir
donner des loix à l’Europe entière, ou au moins
la tenir dans de continuelles frayeurs. ( M-y . )
( Mais auffi l’Europe feroit contre elle plus d’efforts;
car la politique proportionne naturellement fon activité
à fes dangers 8g à fes craintes. )
ALLEN ck A lleyn (Guillaume)-, ( H ï f mod\
controverfifte anglican, dont les ouvrages ont été
imprimés en 1707 in-folio, mais dont nous ne parlons
, que pour obferver que du temps de Cromwel
il parut en françois.xm traité politique qu’on annon-
çoit comme traduit de Guillaume Allen, mais qui
é toit, à ce qu’ort croit d’un gentilhomme' françois,
nommé M. de Marigny. Dans ce traité, on difoit
que tuer un tyran n e f pas un meurtre. Ce livre ,
dit-on, fut préfenté à Cromwel, qui le reçut avec
plaifir, 8c qui au lieu d’y voir une invitation à le
tuer , n’y vit qu’une apologie du meurtre de
Charles I , tant les pafîions 8c l’efprit de parti peuvent
aveugler les plus clairvoyans !
Il y eu aufli 1111 mathématicien angloiscélèbre,
qui fe nommoit Thomas Allen , mais dont les ouvrages
font perdus. Né en 1542, mort en 1632.
ALLUÇIUS ou A llutius, (Hiß. anc. ) prince
des Celtiberiens en Efpagne, eu connu, fi on ofe
le dire, par l’honneur qu’il eut d’être vaincu par
Scipion , 8c d’avoir donné lieu au trait fameux tant
célébré fous le titre de la continence de Scipion.
C ’étoit à ce prince Allucius qu’étoit fiancée cette
jeune 8c belle'fille que Scipion fit prifonnière, 8c
fur laquelle il eut la générofité de s’interdire tous
les droits de la vi&oire , quoiqu’il eût été touché de
fa beauté. Il la remit religieufement, 8c comme
un dépôt faeré au prince Allucius , en l’exhortant
feulement à être l’ami des Romains. Une pareille
conduite étoit bien propre à les faire aimer.
Scipion augmenta la dot de la fille , d’une fomme
que les parens de cette fille l’avoient obligé de recevoir
pour fa rançon. C’eft ainfi , dit Valère Maxime
, que fe comporta Scipion & juvenis & viElor
& ccelebs, 6» jeune & vainqueur, & célibataire. Cet
évènement arriva 210 ans avant J. C.
ALMAGRO( Diego ) , {Hiß. mod. ) C’eft un
de ces fameux vainqueurs de l’Amérique
Que le ciel fît fi grands fans les rendre meilleurs»
a dit l’auteur d’Alzire.
Almagro né dans une telle abje&ion qu’il ne
connoiffoit pas même fon père, devint illuftre
par fa valeur 8c fameux par fa cruauté ; il accompagna
en 1525 François Pizarre à la conquête du
Pérou, il prit Cuzco , 8c c’eft à lui principalement
qu’on impute la *mort d Atabalipa , dernier
roi dn Pérou , qui fut arrêté par trähifon dans
une entrevue , puis étranglé contre la foi donnée;
en 153 3 - Almagro pénétra jufqu’au C h ily , figna-
l'ant toujours par - tout 8c la même valeur & la
même cruauté..S’étant brouillé avec Pizarre, il le
fit aflafliner. Ce crime ne refîa pas impuni. Vaca
de Caflro, vice - roi du Pérou , fit la guerre à
Almagro, le vainquit, le prit 8c le fit décapiter en
1542.
ALMAMON okA lmamoun. {Voye^A bdalla
A lmamon. )
ALMANSOR. {Hiß. mod. ) Le nom efl pins
eéièpre que les perfonnages qui l’ont porté. On
diflingue trois- princes Mahométans de ce nom,
connC îm-toat par les guerres continuelles qu’ils
firent aux chrétiens.
Le premier étoit roi de Cordoue, il prit Barcelone
, il mourut l’an 1002.
Le fécond , ! e nommoit Jofeph, étoit roi de
Maroc, les chrétiens eurent de l’avantage fur lui;
il fut défait en 1158 par les Efpagnols.
Le troifième étoit fon fils , il fe nommoit
Jacob; il fut un conquérant affez heureux, il fe
rendit maître de Maroc, de Fez, de Tremecen,
de Tunis, 8c portant la guerre en Efpagne , il gagna
la bataille d’Alarcos en Caftille. Le pape Innocent
III lui adreffaun bref en 1199 pour le. rachat des
efclaves chrétiens.
ALMÉIDA ( Fr a n ç o i s ) , ( H iß » m o d .) gentil
homme Portugais, fut le premier gouverneur des
Indes orientales , depuis que les Portugais y eurent
pénétré en doublant le cap de Bonne-Efpérance ;
le roi Emmanuel l’y envoya en 1505. Il fe diflingita
dans cette expédition par fa valeur 8c fa bonne
conduite. Il défit en 1508 l’armée navale de Camp-
fbn, fultan d’Egypte , qui cherchoit à traverfer
l’entrepr-ife des Portugais.
ALMELOVEEN. {Hiß. mod. ) Il y a deux
Hollandois célèbres de ce nom.
i°. Thomas Janffon d’Almeloveen , connu par fon
Hortus Mïilabariens , c’eft-à-dire par la defeription
des plantes du Malabar , Amflerdam, 1678,1/2. vol»
in-fol. auxquels ils faut joindre Flora Malabarica ?
1696 in-fol.
2°. Théodore, de la même famille, profeffeur en
hifloire, en langue grecque 8c en médecine à Harde-
w ic k , mort à Amflerdam , en 1742. On a dé lui
quelques ouvrages de littératute , publiés en différens
temps à Amflerdam, tels que de vitis Sté~
phanorum , Plagiariorum Syllàbus. Faßi Confula-
res. &c.
ALMOHADES. ( Hiß. mod.) nom de la quatrième
race des rois de Fez 8c de Maroc.
ALP-ARSLAN ( Hiß. Mod. ) fécond fultan de
la dynaftie des Sel glucides , fut un affez grand
conquérant dans l’A fie , pour avoir mérité cette
épitaphe qu’on lit fur fon tombeau à Meru dans le
Khorafan, où il mourut en 1072 : Vous tous
qui ave^vu la grandeur d’Alp-Arflan élevée jufquaux-
-cieux, venei à M eru, vous la,verregenfevelie feu s la-
pouffieré,.- <
ALPAIDE, femme ou concubine de Pépin de
Hériflal, qui répudia, dit-On, Pleéirude , fa femme
légitime , pour époufer cette Alpaïde , femme célèbre
par fa beauté. Il en eut Charles-Martel, 8c
ce Clûldebrand , prince inconnu , dont il a plu an
fieur de Sainte-Garde , aumônier dn ro i, de faire
le héros d’un poème épique, 8c à quelques généa-
logifles de faite la tige de la troifième race de nos-
rois..
Quelques auteurs modernes traitent de bâtard* "
Charles-Martel & Childebrand, ce qui n’eft peut-
être pas trop d’accord avec les ufages de ce temps-
là., qui permettoieut le divorce, 8c regardoient.