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félon lui, font au nombre de 92. Fàvin en a donné'
deux volumes , fous le titre de Théâtre d*Honneur &
de Chevalerie. Ménénius publia lès DelicioeEqueJlrium
'Ordinum ; & André Mendo a-écrit r De Ordinibus
Militaribus. Beloy a traité de leur origine'; &Gelyot,
dansfonIndice Armorial, nous-en a donné les inffi-
tutions. A ceuxrlà, on peut ajoûter le P. Méneftrier,
fur la Chevalerie ancienne & moderne ; le Tréfior Militaire
de Michièli ; la Theologia Regolare deCaramuel ;
> Origines Equsfirium five Militarium Ordinum de Mi-
ræus ; & fur-tout, YHiJlone Chrônologiche dellorigine
de gV Ordini Militari s & & tutte le Relligioni Cavale-
refche de Juftiniani. L’édition la plus ample eff celle
de Venife en 1692, 2 voUn-folio^On peut voir auffi
le P. Honoré de Sainte-Marie , carme déchauffé ,
dans les Differtations Hifloriques & Critiques fur la
Chevalerie ancienne 6* moderne ; ouvrage qu’il a fait
à la follicitation de l’envoyé du duc de Parme, dont
lie Ibuverain, François, duc de Parme & de Plai-
fance ,, cherchoit à reffufciter l’ordre de Conllantin ,
dont il fe difoit Iechef. (. G y
Ç ’eft dans les loix du combat judiciaire ., que
l’illuftre auteur ' de üéfprit des Loix cherche l’origine
de la chevalerie. Le dèlir naturel de plaire
aux femmes', dit cet écrivain , produit la galanterie
, qui n’eft point l’àmour, mais le délicat,
le léger , lé perpétuel menlbnge de l’amour. Cet
efprit de galanterie dut prendre des forces, dit-il,
dans le temps de nos combats judiciaires. La loi des
Lombards ordonne aux juges de ces combats, de
faire ôter aux champions les armes enchantées qu’ils
pouvoient avoir. Cette opinion des armes enchantées
étoit alors fort enracinée, & dut tourner la-
tête à bien des gens. De -là, le fyftème merveilleux
de la chevalerie ; tous lès romans fe remplirent de
magiciens , d’enchantemens, de héros enchantés.
On faifoit courir le monde à ces hommes extraordi-
naires pour défendre la vertu & la beaute opprimée;
Car ils n’avoient en effet rien dé plus glorieux à
faire. De-là naquit la galanterie , dont là leâure des
romans avoit rempli toutes les têtes; & cet efprit -
fe perpétua encore par l’ufage des tournois. (O )
CHEVALIER. Signifie proprementuneperfonne
élevée ou par dignité'ou par attribution au-deffuS:
du rang de gentilhomme.,
L a chevalerie étoit autrefois lé premièr dègré'
"d’honneur dans lès armées ; on la donnoit avec beau- I
coup de cérémonies à ceux qui s’étoient diftingués '
par quelqu’exploit fignalé. On difoit autrefois, adouber
un chevalier , peur dire r adopter un chevalier
parce qu’il étoit réputé adopté , en quelque façon,-
fils dé.1 celui qui le faifoit chevalier..
On pratiquoit plufieurs cérémonies différentes"
pour la création d’un chevalier : lés principales,,
etoient lé fôufflet ,. & l’application d’une épée^ fur
Tépaule ; enfuite on liffceignoit le baudrier, l’êpée.'
& lès-éperons dorés, & les autres ornemens militaires
^ après quoi', étant' anné chevalier ,- on le con-
iàifëit en cérémonie à Téglife^- -
Les chevaliers portoient dès manteaux- d’honneirr^
fendus par la droite , rattachés d’une agraffe fur
Tépaule, afin d’avoir le bras libre pour combattre.
Vers le quinzième fiècle , il s’introduifit en France
des chevaliers es lo ix , comme il y en avoit en armes;
leurs manteaux & leurs qualités étoient très
différentes. On appelloit un chevalier d*armes, mefi-
fir e ou monseigneur ; & le chevalier de l o i , n’avoit
que le titre d e maître un tel. Les premiers portoient:
la cotte d’àrmes armoriée dé leur blafôn, & lès-
autres, une robe fourrée dé vaire, & le bonnet de
même.
Il falloit être chevalier pour armer un chevalier y
ainfi, François I fut armé chevalier avant lia bataillé
1 de Marignan par le chevalier Bayard qu’on appelloit
le chevalier fa n s peur & fa n s reproche.,
- Cambden a décrit en peu de mots la façon dont,
on fait un chevalier en Angleterre : Qui equcflrem di-
gnitatem fufcipit, dit-il ,flexis genibusleviter in humero-
percutitur p.princeps fus verbis affatur. Sus vel,- fois
chevalier au nom de Dieu , firge y e l fis eques in
nomine Dei ; cela doit s’entendre des chevaliers-bacheliers
, qui font en Angleterre l’ordre de chevalerie
le plus bas-, quoiqu’il foit le plus ancien.
Souvent la création des chevaliers exigeoit pltis--
dé cérémonies, & en leur donnant chaquepièce de-
leur armure, on leur faifoit entendre que tout y
étoit myfférieux, & par-là on lès avertiffoit de leur
devoir. Chamberlain dit qu’en Angleterre, lorfqu’un
chevalier eff condamné à mort , on lui ôte fa ceinture
& fbn épée, on lui coupe fes épérons avec une
petite hache, on lui arrache fbn gantelet, & l’on
biffe fes armes. Pierre dé Belby dit que l’ancienne •
coutume en France pour la dégradation drun chevalier
9 étoit dèl’armer dé piè-en-cap, comme s’il eut
dû combattre , & dé lè faire monter'fur un échaf-
• faud, oit le Héraut le déclaroit traître , vilain & déloyal,
Après que le roi ou le grand-maître dè Tordre
avoit prononcé la condamnation, on jettoit le chevalier
, attaché à une cordé , fur le carreau oii
le conduifdit à l’églife en chantant le pfeaumè 108 ,
qui eff plein dè malédictions ; puis on Iê mettoiten
prifon, pour être puni félon les lois; La manière de
révoquer l’ordre dechevalèrie aujourd’hui en ufage,
eff de retirer à l’accufé , le collier ou la marque de
l’ordre, que l’on remet enfuite entre les mains du.
tréforièr dè cet ordres
La qualité de chevalier s’avilit avec le temps par
le grand nombre qu’on en fit. On prétend que Char-
lés V , o u , félon d’autres, Charles V I , en créa cinq
cents en un feul jour ; ce fut pour cette raifon qu’on
ihftitua dè nouveaux ordres de chevalerie, pour
dïfiiriguer les gens félon lèur mérite.
Chevalier, s’entend auffi d’une perfonneadmife*
dans quelqu’ordre , foit purement militaire, fcit
m ilita ir e r e lig ie u x tour enfemble, infiitué par"
quelque roi ou prince, avec certaines marques d’honneur
& .de diftinCtion..Tcls-font Les .chevaliers de la --
CHE
'Jarretière', te l’Eléphant, du Saint-EJpnt, de Malte;
&.C.C
hevalier errant , prétendu ordre de chevalerie
, dont tous les vieux romans parlent amplement.
- , j
C ’étoient des braves quiccmroient le monde pour
chercher des avantures, redrefler les torts, délivrer
des princeffes, & qui faififfoient toutes les occafions
de fignaler leur valeur.
Cette bravoure romanefque des anciens chevaliers
étoit autrefois la chimère des EfjJagnols, chez qui
ïl n’y avoit point de cavalier qui n eût fa dame, dont
il devoit mériter l’eftmic par quelqu aéhon héroïque.
Le duc d’Albe lui-même, tout grave & tout févere
qu’il étoit, avoit, dit-on, voué la- conquête du Portugal
à une jeune beauté. L'admirable, roman de
dom Quichotte eft une- critique fine & de cette
manie , & de celle des auteurs efpagnols à décrire
ies avantures incroyables des chevaliers errons.
Il ne faut pas croire cependant que les chevaliers
trrans fe vouaffent funplement à «ne dame qu’ils
refpe&oient ou qu’ils affeflionnoient : dans leur pre.
rnière origine, c’ètoit des gentilshommes’diftingués
qui s’étoient propofè la sûreté & la tranquillité publique^
ce. qui-a.rapport à l’état de la noblefle fous
la troifième race. Comme les anciens gouverneurs
de provinces avoient ufurpé leurs gouvernemens
en titre de duché pour les grandes provinces , & d e
comté pour de moindres, ce qui a formé les-grands
vaflaux de la couronne fdemêm'eles gentiTshommes
des provinces-voulurent ufurpet titre d’indépendance,
les domaines dont ils-étoient pourvus , ou
qu’ils avoient reçus de leurs pères. Alors ils firent
fortifier des châteaux dans détendue de leurs terres,
& là ils s’occupolent, comme des brigands , à voler-
& enlever les voyageurs dans les grands chemins ;
& quand ils ttouvoient des dames, ils regardoient
leur prife comme un double avantage. Ce défordre
donna lieu à d’autres gentilshommes dè détruire ces
brigandages : ils couraient donc lès campagnes pour
procurer aux voyageurs la sûreté' dés chemins.. Ils
prenoient même les châteaux dè ces brigands , ou
on prétendoit que les dames qu’ôn y-trouvoit étoient
enchantées , parce qu’elles n’en pouvoient fortir.
Depuis on a fait, par galanterie’, ce qui d’abord
s’étoir fait par nêceflité. Voilà qu’elle fut l’origine
des chevaliers trrans, fur lefqueis nous avons tant
de romans..
Chevalier-maréchal’, eff un officier du palais
des rois d’Angleterre ,.qui prend connoiffancé
des délits qui fe commettent dans l’enceinte du palais
où deiamaifon royale, & desaftes.ou contrats-
qu’on y pafle, lorfquë quelqti’un dè la maifon y eft
intérefîé. Chevaliers de la Province , ou Chevaliers
du Parlement, re font «n Angleterre deux gentilshommes
riches & de réputation v qui font élus en
vertu d’un ordre du roi, in pleno comitatu, par ceux
des bourgeois de-’ chaque province’ qui paient qua-
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rente fehelinspar an de taxe fur la valeur de leurs
terres, pour être les reprefentans de cette province
dans le parlement.
Il étoit néceffaire autrefois, que ces chevaliers des
provinces fuffent milites gladio cinEli, & meme 1 or-
dre du ro i, pour les élire, eff encore conçu en ces
termes ; mais aujourd’hui l’ufage autorife l’éleélion
de fimples écuyers pour remplir cette charge.
Chaque chevalier dejprovince, ou membre de 13.
chambre des communes, doit avoir au moins cinq
cent livres fterlings de rente : à la rigueur, c eu à la
province qu’ils repréfentent à payer tous leurs frais ,
mais aujourd’hui il arrive rarement qu’on 1 exigea
Voyei Parlement. {G) •
CHEVELÉ , èe , adj. fe dit d’une tête dont les
cheveux font d’un autre émail que la tête.
Le Gendre , à.Paris , d’azur , à la fafee d’argent ;
accompagnée de trois têtes de femmes , chevelées
d’or.
CHEVILLÉ, adj. fe dit du cerf relativement à fes
ramures, ou cors dont on fpecifie le. nombre chevillé
de tant dè corsé
V o g t , en Suabe-, d’or au demi-bois, de cerf,
chevillé de cinq dagues ou cors de fable,- tournés
en cercle.
CHEVRON , f. m. une des pièces Honorables de-:
Vécu compofée de deux bandes plâtres, afïemblees-
en-haut par la tête, & Couvrant en en-bas en former
d’angle ou de compas à demi-ouvert.
Quand il y a plufieurs chevrons dans un é’cü , i l f
fe pofent toujours l’un au-delïus de 1 autre,. & on
en exprime-le »ombre.
Quand il r fy en a qu’un;, on dit feulement', au
chevron, &c.
Vaubecourt , de-gueules, au-chevron d’or ( Pl. Ih-
fië- JOS-i
Griot, d’azur, au chevron d’argent, accompagné-
dè trois’ champignons d’or. (P/. VIII.fig. 431. f
Pour plufieurs
Du- Pleffis Richelieu , d’argent, à trois chevrons1
dé gueules pofés- l’un fur l’autre. (PL IV. fig. 196. )
Chevron abaissé , eff celui dont la tête ou- la
pointe iè termine au centre de l’écu^
Chevron Alaisé , on Alésé, celui dontl’extrêr
mité des branches ne touche point les bords de l’écü*
Kerven, en Bretagne, d’azur, au chevron alaifé
d’or, la pointe furmontée d’une croifette de même1,.
& accompagnée de trois coquilles d’argent»-^ P tanche
IV. fig. 207. )
Chevron brisé ou éclaté , celui dont la pointé
paroîtfendue par en-haut, fans que lès branches foient-
entièrement détachées. Voye{ les armes deBaugieT,
ibid. fig. 204. ’ - - . Chevron CHàrgé d ’un autre , Celui' qui eff
eompofé de deux émaux, la bordure dès branches*
étant d’un émaiL& l’entre-deux -d’un autre' émail