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mes, intitulées Nuga, & dont Joachim du Bellay
difoit que le titre étoit le principal mérite.
F a u te j tiuim fc rib is nugarum nomme librum ; '
I n toto libro n il melius titu lo .
Le fécond Nicolas Bourbon eft beaucoup plus
célèbre que le premier. Connu feulement par des
poéfies latines, il fut de l’académie françoife, Angularité
dont il y a quelques exemples dans les premiers
temps de l’inftitution de l’académie ; une autre
Angularité eft qu’il fut reçu à l’académie quoi-
qu’oratorien, l’académie n’ayant confidéré la congrégation
de l’oratoire que comme un corps compofé
d’eccléfiaftiques féculiers. Parmi fes poéfies, on a
diflingué fon imprécation contre le parricide de
Henri IV. On connoit de lu i, en l’honneur du
même prince, ces deux vers fameux, placés fur la
porte de l’arfenal de Paris :
Æ tn a hcec Henrico Vulcania tela muùfirat x
T e la gigantez as debellatura furores.
Il avoit été ami de Balzac, il s’étoit depuis brouillé
avec lu i , & ils avoient écrit l’un contre l ’autre.
Balzac jugeant que chez Nicolas Bourbon, l’impé-
tuofité du poëte avoit fait difparoître la modéràtion
convenable à un prêtre & à un oratorien, lui ap-
pliquoit ces vers du quatrième livre de l’Enéide ,
où il mettok infanat pour ignares.
Heu ! vatum infante m entes! quid vota furentem,
Q u id delubra juvant f
- Nicolas Bourbon ne faifoit & ne goûtoit que des
Vers latins, il difoit que quand il lifoit dès vers
fiançois,- il croyoit boire de l’eau, & il n’aimoit
pas à boire de l’eau ; il mourut le 7 août 1644. Son
grand-roncle étoit mort après l’an 1^50.
BOURCHENU ou BOUCHENU de V albon-
NA1S. ( V o y e^ VALBONNAIS. )
BOURDALOUE, ( Louis ) jé fuite, le premier
modèle des bons prédicateurs en Europe, dit M. de
Voltaire. On l’appelloit le roi des prédicateurs & le
prédicateur des rois. Louis XIV voulut l’entendre tous
les ans', aimant mieux fes redites , difoit-il, que les
chofes -nouvelles des autres. Bourdaloue étoit aufli
vertueux qu’éloquent. On a dit que fa conduite
étoit la meilleure réfutation des lettres provinciales.
Nous avons rapporté à l’article Bojfuet la réponfe
que fit le père Bourdaloue à une femme de là cour
qui'lui demandoit fi elfe faifoit mal d’aller à la
comédie. Une lettre de Boileau nous apprend que
le père Bourdaloue ne prit pas bien d’abord les deux
couplets qui le ' regardent dans la chanfon faite à
Bâville, mais que le père Rapin l’obligea d’entendre
raillerie.
Si Bourdaloue , un peu révère»-
Nous dit : craignez la volupté,
Efcobar, lui dit-on , Qton père ,
Nous la permet pour la fauté*
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Contre c e dofteur authentique.
Si du jeûne il prend l’intérêt,
Bacchus le déclare hérétique
Et janfénifte qui pis eft.
On dit qu’à propos de ce vers de la fatyre Uf.
contre les femmes :
Ecolier, ou plutôt finge de Bourdaloue,
Il échappa au père Bourdaloue de dire : / Def*
préaux me- met dans fes fatyres, je le mettrai dans
mes fermons. Sur quoi M. d’Àlembert demande Ci
çauroit eté^ dans le fermon du pardon dès injures.
• Boileau étoit plein de refpeâ pour Bourdaloue ;
Je ns de fes fermons mes plus chcres délîces ;
Mais lui, de fon côté lifant mes vains caprices
Des cenfeurs de Trévoux n’èut point pour moi les yeux..,.
Enfin, apres Arnauld, ce fut l’illuftre en France,
Que j’admirai le plus & qui m'aima le mieux.
Il faut avouer que les fermons du père Bourda-
louc font beaucoup plus lus qu’aucun des ouvrages-
de M. Arnauld. Le père Bourdaloue, né à Bourges
en 1632, le 20 août, mourut à Paris, le 12 .mai 1704.
, BOURDHLLES, (Pierre de) { H iß . Ihr. mod.)
c eft le fameux Brantôme, àinfi nommé, parce que ,
quoique laïc & militaire, il poffédoit l’abbaye de
Brantôme. Ses mémoires imprimés en 10 volumes
m-12, font connus de tout le monde. Morten 1614 r
âgé de 87 ans , ayant vécu fous fept rois, François
I , Henri I I , François II, Charles IX, Henri III.
Henri IV, Louis XHL
Claude de Bourdeiixes , comte de Montrefor^
dont nous avons des mémoires, & qui mourut en
1663 , étoit petit-neveu de Brantôme. ..
BOURDELIN, ( Hiß. litt. mod. ) nom fameux
dans les académies des belles-lettres & des feiènees..
Claude- Bourdelin , mort le r c oétobre 16qq ,-
étoit entré en qualité de chymïfte dans l’académie
des feiences, au temps de l’inflitation.. C ’eft le premier
académicien dont M. de Fontenelle ait fait l’éloge.
Il eut deux fils, Claude & François. L’ainé fut -r
comme fon pere , de l’académie des, feiences-, &
M. de Fontenelle a fait fon éloge comme celui de
fon pere. Il étoit fi bienfaifant, que les gens- du
peuple difoient de lui : ce neß pas un médecin, c’cß
le MeJJle. En 1708, il fut fait premier médecin de
la duchefle de Bourgogne, à la place de M. Bour-
delot. u II fut toujours Te même, dit M. de Fontenelle;
» feulement il donna de plus grands fecours
» aux pauvres, parce que fa fortune étoit augment
é e » ..H mourut le 20 avril 1711. François, fon
frère , etoit de l’académie dés inferiptions & belles-
lettres ; fon éloge a été fait par M. de Boze ; il avoit
beaucoup voyagé, il étoit fort inftruit dans Les langues
étrangères, même dans les languesfavantes. Il
étoit né à Senlis le i j juillet i$68, Il mourut le 24
mariyiy.
B O U • Louis-Claude, fils & petit-fils dés deux Claude
Bourdelin, de l’académie des feiences, & neveu de
François, fut auffi de l’académie des feiences 5 il y.
fut reçu en 1725. Il étoit né le 18 .octobre. 1690.
En 17611 il fut nommé premier médecin de mef-^
dames. Il mourut en 1777.
BOURDELOT (Hiß. mod.) eft le nom d’un premier
médecin du grand Condé > &. du premier médecin
de madame la duchéfle de Bourgogne, auquel
fuccéda en 1708 Claude Bourdelin le fils.
B O U R D O N N A Y E , (B ernard-François
Mahé de la ) marin célébré., guerrier habile &
innocent perfécuté. Il prit Madras en 174^ i & ^
fon retour en France, il fut mis à la Baftille; on
lui fit fon procès, qui dura trois ans & demi ; fon
innocence fut vengée avec éclat par un arrêt folem-
nel, rendu aux' acclamations du public; on put lui
rendre la liberté, mais non pas la fanté, quune
captivité fi longue lui avoit enlevée. Il mourut en
1754; quelques-uns ont cru qu’il avoit été empoi-
fonné par Robert-François d’Amiens, qu il eut le
malheur d’avoir, à fon fervice.
. BOURG, (Hiß. anc. & mod.) ce mot vient du
mot allemand burg , v ille, forterefle & château ; il
eft fort ancien chez les Allemands, comme on peut
le voir dans Vegece, au IF* livre de re militari, caf-
tellum pdrvum quem burgum vocant, &c. Du temps
des empereurs Carlovingiéns, il n’y avoit en Allemagne
que fort peu de villes enfermées de murailles
; ce fut Henri l’Oifeleur qui commença à
bâtir plufieurs forterefles ou bourgs pour arrêter les
incurfions fréquentes des Huns ou Hongrois: pour
peupler ces nouveaux bourgs, on prenoit un neuvième
des hàbitans de la campagne, & l’on appel-
loit burger ou bourgeois, ceux qui demeuroient dans
les bourgs ou villes, pour les diftinguer des payfans.
Aujourd’hui par bourg, on entend un endroit plus
confidérable qu’un village, mais qui l’eft moins
qu’une ville." ( A. R. )
- BOURG, ( du ) (Hiß. de Fr.) Antoine du Bourgs
préfident au Parlement, fuccéda en 15 3 5, à Duprat,
dans la dignité de chanchelier. Il n’eut guères le
temps de développer fes talens ni d’établir fon crédit.
En 1538 , le roi.François I , étant ailé vifiter la
ville de Laon, la foule du peuple qui s’empreftbit
pour le voir, fut fi grande, que le chancelier du
Bourg3 qui étoit à fa fuite, fut renverfé de fa mule,
foulé aux pieds & cruellement écrafé.
Son neveu, Anne du Bourg , Tun des membres
les plus diftingués du Parlement de Paris., homme
inflèxible f& vertueux, fut une des plus illuftres
viétimes de la perfécution iriquifitoriale fous le court
& malheureux règne de François II.
Il avoit été arrêté avec plufieurs autres membres
du parlement dans cette orageufe & funefte féance
où le roi Henri I I , arrivé fans être attendu , ne
parut laiflèr la liberté des fuffrages que pour la
punir. Son procès, fufpendu par la prompte mort
de Henri I I , fut continué fous François IL' Anne :
du Bourg voulut rçcufer le préfident Minard > fans j
b o U <f8?
■ doute à eaufe de fon zèle inquifiteftr ; Minard qui fs
faifoit Un plaifir & un honneur d’envoyer un hérétique
au bûcher, refufa de s’abftenir : Dieu faura
t’y forcer, lui dit du Bourg, menace innocente peut-
être , mais très-imprudente ; Minard fut aflaffiné en
fortant du palais, à fix heures du foir, le vendredi
12 décembre 1559; quelques-uns difent le 18. C ’eft:
à l’occafion de ce meurtre que fut rendue Y ordonnance
minarde, portant que l’audience de relevée
finiroit à quatre heures du foir , depuis la faint
Martin jufqu’à pâques. L’accompliflement de la r>ré-
diéfiqn de du Bourg ayant donné de violens foupçoiis
de complicité contre ce magiftrat, hâta fa condamnation
, il fut pendu & brûlé en Greve le 22 décembre
1559, par une violence indigne de la religion , à
laquelle on prétendoit le facrifter. Il mourut en héros
de parti, & comme l’aftaftinat de Minard avoit
précipité la perte de du Bourg, le fup.plice de du
Bourg détermina la conjuration d’Amboife.
Ce qui prouve bien qu alors toutes les liaifcmS
tenoient aux intérêts de ieéle Si de parti, c’eft que
l’éleâeur Palatin fut le plus ardent folliciteur de la
grâce de du Bourgs confeiller au parlement. De tels
protecteurs nuifent quelquefois, en annonçant dans
les protégés le deflein de fe fendre redoutables.
Les du Bourg étoient d’une noble & ancienne
famille ; établie principalement dans le Vivarais.
Le maréchal-comte du Bourg, qui gagna, le
26 août 1709; le combat de Rumersheim , qui fut
fait maréchal dé France en 1,724, & mourut en
172,5 , n’étoit pas de cette famille. Il fe nommoit
Eléonore-Marie du ‘Maine.
BOURGOGNE. ( Hifi. mod. ) Il faut diftinguer
les deux royaumes de Bourgogne, le duché & le
comté. Ils tirent tous leur nom des anciens Bur-
gundions .ou Bourguignons, peuples; qu’on croit
originaires. de Germanie , & qui fondèrent dans les
Gaules, yers l’an 413 ou 414, un grand & puiftant
royaume, qui fut détruit l’an 534 par les fils de
Clovis, Il coniprenoit ce qu’on appelle aujourd’hui
le duché de Bourgogne, la Franche-Comté, la Provence
; lé Dauphiné., le Lyonnois, la Savoie.
Voilà le premier royaume de Bourgogne.
Le fécond fut fondé fur les ruines du premier ,
vers le milieu' du neuvième fiècle., par Bofon ,
beau-frere de Charles-le-Chauve. ( Voyè^ Boson. j
Ce fécond royaume de Bourgogne fut fubdivifé en
Bourgogne cisjurane & Bourgogne transjurane. La
cisjurane ou royaume d’Arles ou de Provence,
occupé par Louis , fils de Bofon , s’étendoit depuis
Lyon jufqu’à la mer, entre le Rhône & les Alpes,
comprenant aufli le Lyonnois & le Dauphiné. La
transjurane occupée par Raoul, fils de Conrad,
autre ufurpateur , comprenoit la Savoie & le pays
des Suifles. Ces deux royaumes réunis dans la
fuite , formèrent le royaume d’Arles qui dura 177
ans.L
e duché de Bourgogne , feul pays qui ait retenu
le nom de Bourgogne, ne fit point partie du
fécond royaume de Bourgogne, Il fut poffédé pair.