
viij D I S C O U R S , Ùc.
meuble de Blafon ; nous avons iupprimé ces fortes de récits fans fflotîfêe fans prétexte,
nous les avons renvoyés à l’hiftoire, où eft leur véritable place , & où nous pourrons
les employer , s’il y a lieu.
Nous avons mis à contribution les divers auteurs héraldiques, tant anciens que modernes,
fur-tout la Colombière & le père Méneftrier , dont on avoit déjà fait un grand
ufage dans l’Encyclopédie & dans le fupplément ; nous avons tiré des traits curieux & des
obfervations très-juftes d’un grand travail fur le Blafon, qu’un militaire fort inftruit de ces
matières, auxquelles fa nailfance lui donne un motif & lui fait un devoir particulier de
s’intéreffer, .a bien voulu nous communiquer, fans nous permettre d’autre marque de
reconnoiffance que cet aveu, & en nous défendant- expreflement de le nommer ôt de le
défigner.
La nature des chofes & la variété des opinions nous ont fouvent fait incliner vers
le doute ; on ne nous trouvera peut-être que trop éloignés du ton' affirmatif de quelques
héraldiftes fur divers points , tels que les proportions des pièces de l’écu , honorables; ou
autres , foit entre elles, foit par comparaifon avec l’étendue du champ ; fur les diifé-
rens emplois réguliers ou irréguliers qu’on en peut faire ; fur leurs dénominations memes ;
no,us avons cru reconnoître qu’en général il n’y a dans le Blafon quun tres-petit nombre
de principes fixes & inconteftables. - 1
Cette rareté même de principes nous laifïè peu de chofes à dire fur 1 ordre dans lequel
les divers articles doivent être lus , pour faire de ce dictionnaire un traité. Le Blafon à
peu de règles’ & elles font contenues dans uri petit nombre d’articles, elles fe trouvent
même prefque toutes raffemblées dans les feuls articles Blafon & blafonner.
Le premier fur tout traite en particulier, & fous autant de titres différées ;
i°. De l’origine du Blafon & de fon étymologie.
2°. Des émaux,
5°. Des pièces honorables.
4°. De la pofïtion des pièces honorables, -
y°. Des partitions ou divifions de l’écu. 6°. Dés répartitions ou fubdivifions.
y°. Des parties du corps humain employées dans le Blafon.
8°.' Des châteaux & tours.
9°. Des animaux & de leurs parties employées dans le Blafon,
Io°. Des inftrumens de guerre.
I I “. Des arbres , fleurs & fnjits,
12°. Des aftres...
i f . D e s 1 meubles d’armoiries proprement dits,
14“. De la pofition des pièces & meubles.
Cet article Blafon eft donc à lui feul le traité que nous cherchons Sc contient le précis
des règles qui conftituent l’art héraldique. De plus chacun des objets traités dans cet
article , peut être vu à fon article particulier > & ils indiqueront tous les autres articles à
confulter, & l’ordre dans lequel ils doivent être confultés. .‘Par exemple, 1 e trdité\des
émaux , foit dans cet article Blafon, foit à fort article propre, indiquera les deux métaux
, les cinq couleurs, les deux fourur'es que le Blafon emploie , leurs ufages, leurs
alliances, leurs oppofïtions, leur ordre 5 de même , le traité des partitions & répartitions
de Vécu donnera la lifte de toutes les formes-que lecu peut recevoir, indiquera Comment
elles naiffent les unes des autres, & dans quel ordre chaque article doit être lu..
De même encore le traité des pièces honorables & de leur poftion nommera toutes ces
pièces , même celles qui ne font pas reconnues pour telles’ par tous les héraldiftes, & indiquera
leur.ordre. • • . : • ' - ; "• ' ' *>
Quant à la multitude des pièces , & meubles ( non « diftingués par le titre d’hdrt&rables )
que-les trois règnes de la nature peuvent fournir au Blafon, (car il admet tout ou peut
tout admettre) on fënt bien qu’il nty. a- aucun ordre :à obferver à cet égard. ; . ... - u.. ' 5nî . vil - . f ... - BLASON,
b l a s o n .
A b a i s s é , ÉE , ;adj. fe dit de l’aigle, lorfque
fes ailes paroiffent pliées, de maniéré que les extrémités
.ou pointés tendent vers le bas de 1 ecu,
car ordinairement elles font etendues en haut : les
ailes abaiffées de cet oifeau s’expriment par ces mots :
au vol abaiffé. ( Voye{ pi. VI. fig. 301. ) - Abaissé , ée , 4e dit aufli du chevron, du pal,
de la bande , de la fafce , de quelques autres pièces
& de quelques meubles de l’écu , pofes dans une
fituation plus baffe qu’à l’ordinaire. v Abaissé , fe dit encore du ch e f, lorfqu’il fe
trouve fous un autre chef, qu’on a par conceftion ,
ou par état. * ' . ' .
Les chevaliers & commandeurs de, Malte, qui
ont un chef dans leurs armoiries , Vabaijfent fous
celui de la Religion.; ,
Antoine de Paulo , élu grand-maître de l’ordre
de Malte.le 10 mars 1623 , mort le 10 juin 1636,
ayant bien mérité de l’ordre & fait plufieurs éta-
bliffemens utiles , le chapitre général tenu en 1635
accorda , en reconnoiffance , à tous les aînés mâles
de cette maifon de Paulo, originaire de Gènes , établie
à Touloufe , le privilège de porter dans leurs
armes un chef de la Religion, qui eft de gueules à
la croix d’argent, avec les attributs de l’ordre pour
ornemens extérieurs de leur écu.
En conféquence lès. aînés de la famille de Paulo,
quoique mariés, portent d’azur à une gerbe de bled
d’or & un paon rotiantde même fur la gerbe ; au chef 1
çoufu de gueules ^chargé de trois étoiles d’argent : ce
chef abaiffé fous’ un chef des armoiries de la Religion
, de gueules à la croix d’argent 3 l’écu fommé
d’une couronne de marquis, & accolé d’un chapelet
entrelacé dans une croix à huit pointes derrière les
armes.
La famille de Mellet de Fargues, en Auvergne, |
dont il y a eu. plufieurs chevaliers de Malte , porte
d’azur à trois étoiles d’argent, au chef d’or. Les chevaliers
& commandeurs de ce nom abaiffent ce chef
fous celui de la Religion.
De même , François de Boczoffél Mongontier,
chevalier de Malte, commandeur , puis bailli, cité
dans la première édition de l’Encyclopédie , por-
toit d’or au chef échiquetè d’argent & d’azur de deux
tires , abaifje fous le chef des armoiries de Iffi Religion.
On peut voir à la planche IJ, figure. 109, un exemple
d’un chef abaiffé, & à la planché 111. figure 124 ,
un exemple de trois pals a.baiffés.
ABAISSEMENT , ou ABATEMENT , f. m,
C ’eft , du ce feroit quelque çhofe d’ajouté l’écu ,
pour en diminuer la valeur , & comme .difent les
héraldiftes , la dignité ,On confervant la "mémoire
de quelque .aétion déshonorante, de quelque tache
Infamante'. '
fîifoire. Tom. I, ■
Les abaïffemens , ou abatemens font ^a matière
d’une conteftation entre les héraldiftes ; les uns les
rejettent comme chimériques & comme contradictoires
avec l’idée d’armoiries : les armes , difent-ils ,
étant dès marques de nobleffe & d’honneur, on
ne peut y mêler aucune marque infamante, fans
quelles ceffent d’être dés armes. Comment, difent-
ils , pourroit-on , ou déterminer , ou forcer quelqu’un
à porter des armes qui le flétriroient ? Il faut
ou laiffer ces armes fans altération , ou les fuppri-
mer tout-à-fait, comme on en ufe dans le cas du
crime de lèfe-majefté , où on renverfe entièrement
l’écu pour marque d’une entière dégradation.
Les hiftoriens ont rapporté le jugement de faint
Louis contre les d’Avefnes ; Marguerite, comteffe de
Flandre , avoit eu-deux maris, Bouchard d’Avefnes,
& Guillaume de Dampierre. Elle avoit des enfans des
deux lits ; ceux du fécond prétendoient exclure ceux
du premier ; ils avoient, difoient-ils, découvert que
Bouchard d’Avefnes étoit engagé dans les ordres
avant fon mariage , que par conséquent ce mariage
étoit nul les d’A vefnes, fmon bâtards , du
moins inhabiles à fuccéder. Les d’Avefnes croÿoient
voir: Marguerite incliner pour les Dampierre ; ils
cherchèrent un juge plus jufte que leur mère , &
s’adrefîerent à Louis. Mezerai rapporte que toutes
les parties ayant comparu devant le roi, Louis demanda
d’abord à la mère qui elle défiroit avoir
pour héritiers , ou des d’Avefnes ou des Dampierre«
Les enfans légitimes , répondit-elle , doivent avoir la
préférence. Sur ce mot l’aîné des d’Avefnes, s’écria
tout en colère : Eh quoi l ferois-je tenu pour bâtard
de la plus riche P .... qui vive ? Louis , le plus refpeétueux
de tous les fils, fcandalifé d’un tel outrage ,
feit à une mère, ordonna, pour punir d’Avefties,
ou plutôt pour lui donner une leçon , que, du lion
de fable en champ d’or qu’il portoit, il retrançhe-
roit la langue & les griffes , pour marque, dit Mezerai
, qu'il ne devoit avoir ni paroles , ni armes contrç
\ fia mère. ,
C ’eft ainft , difent certains héraldiftes, que Yabaifi.
I fement peut, fe faire tout au plus par la nippreflion
î de quelques caraftères, ou honorables , où indif-
| fér.ens , mais jamais par l’introdu&ion d’aucun figne
j diffamant, & alors 1'abaiffement n’ayant rien d’ap-
| parent, n’a rien de réel.
1 D’autres auteurs héraldiques foutiennent la réa-
| lîté de Yabaijfement ; ils en citent plufieurs exem-
I pies, ils en prefcrivent même la forme,
j U abaiffement fe fait, difent-ils, ou par réverfion, ou
j par diminution,
I Par réverfion , en tournant l’écu du haut en bas,
| ou en enfermant dans le premier écuffon un fécond
I écuffon renverfé. J Par diminution, .en dégradant une partie par