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bord que par les janféniftes nommément par
M. Colbert, évêque de Montpellier en 1731. Elle
fut réimprimée avec des correâions en 1733 * Soit
que ces correâions augmentaffent les défauts du
liv re , foit toute autre raifon , il fut condamné à
Rome même en 1734-
La fécondé partie , contenant l’hiftoire du nouveau
teftament, parut en 175 3 , & excita beaucoup
plus d’orages que la première. Elle fit condamner
la première même par arrêt du parlement du 9
avril 1756. Benoît XIV condamna auffi les deux
parties en 1757. La forbonne & le parlement
exigèrent des rétraâations du père Berruyer. Les
jéfuites dèfavouèrent publiquement fon livre qu’on
croit qu’ils foutenoient & qu’ils prônoient en particulier.
Enfin la troifième partie , contenant la para-
phrafe des épitres des apôtres, parut au milieu Ses foudres qu’on lançoit de toutes parts fur les
deux premières , & ne fut pas plus épargnée ;
Benoît XIV la condamna , ainft que les précédentes
, par un bref du 17 février 1758 , & Clément
X m , fon fucceffeur, par un autre bref du
3 décembre fuivant ; la forbonne en publia une
cenfure en 1764. Il parut des apologies pour le
père Berruyer, foit de lu i, foit de fes partilans ;
l ’évêque de Solfions Fitz-Iames condamna & le
livre & les apologies ; & divers auteurs écriyirent
contre ce livre trop fameux.
Le nèreBerruyerètoit néeniôSi d’unefamilteno-
ble de Rouen jils ’étoit fait jéfuite à l’âge de 16 ans.
Il mourut à Paris dans la maifon-profeffe, le 18
février 1758, au milieu de tous les troubles que
caufoit fon livre & qui en augmentoient la célébrité.
BERS ARIENS ou BEVERARIENS, fub. m. pl.
( Hilloire moderne ) bas officiers de la cour de
Charlemagne. Quelques - uns prétendent que les
lerfariens etoient aufliles mêmes que ceux que les
anciens appelaient bejtiarii. Et ils entendent par
leveranens , ceux qui chaflbient le cafter. (A . R. )
BERTAUD. ( Jean ) ( Hift. litt. moi. ) C’eft
parce que Bertaud a été poète, qu’on fait qu’il a
été évêque ; il avoit été premier aumomer de Catherine
de Médicis, fecrétaire du cabinet & lecteur
de Henri III. I l fut confeiller d’état, abbe
d’Aunai en 1594, évêque de Séez en 1606. Il eft
aujourd'hui beaucoup plus ellime que Roniard,
fon contemporain , qui l’a été beaucoup dus que
lui. Il avoit certainement de la délicatefle dans
l’êfprit, on en peut juger par ces vers :
Quand je revis ce que j’ai tant aimé,
peu s'en fallut que mon feu rallumé
N’en fift l’amour en mon ame renaiftre ;
Et que mon coeur autrefois fon eaptif
Ne reflemblaft l’efclave fugitif
A qui le fort fait rencontrer fon maiftre»
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Tout le inonde connoît de lui cette ftrophe î
Félicité palTéê'
Qui ne peut revenir »
Tourment de ma penfée
Que n’ai-jé en te perdant perdu le fouvemï ï
^laquelle on peut ajouter celles-ci :■
Mon lie eft de mes larmes
Trempé toutes les nuits t
Et ne peuvent fes charmes,
Lors même que je dors , afloupir mes ennuisr
Si je fais quelque longe ,
J’en fuis épouvanté ,
Car mên\e fon me n fange
Exprime de mes maux la trifte vérité}
L’ingratitude paie
Ma fîdelle amitié :
La calomnie eflaie
A rendre mes tourmens indignes de pitié»
Il y a bien du naturel & dé la {implicite dans tontes-
ces complaintes. Bertaud rend ainfi ce vers £ay
meux :
Non îgnara mati miferis Juc'curere difcfc
Apprends en tes malheurs à plaindre ceux d’autrui*-
Ses fradiï&ions de faint Ambroife , fes fermons
fon oraifon funèbre de Henri IV , font oubliés-,
on ne fe fouviênt que de fes poéfies ; elles ont été
imprimées en 1620 in-’8°. Né à Caen en 1522^
Mort en 1611. On prétend qu’il eut quelque part
à la cônverfïôn de Henri IV .
BERTHOLDE, BERNOLDE, ou BERNALDE,
( Hift. litt. mod. ) continuateur de la chronique
d'Hermannus contràclus. Comme il termine l’hif-
toire de fon temps à l’année 1100, on regarde cette
année comme c e lle de fa mort. Il étoit grand par-
tifan du pape Grégoire VII.
B E R T IN , ( sa in t ) ( Hift. mod.) premier
abbé de la fameufe abbaye qui porte fon nom , au
lieu de celui du gentilhomme qui donna pour; la
fonder fa teri£ de Sithieu en Artois. Saint Bertin
étoit neveu de fairit Orner, évêque de Thérouanne,
dont le nom eft refté à une autre ville de l’Artois.
L ’oncle & le neveu défrichèrent dans ces cantons
beaucoup de terres. Saint Bertin eft mort en 706.
BERTIUS, (Pierre) {Hift, litt. mod,) perfé-
cuté par les prôteftans pour avoir été de leur feéle
la plus tolérante , les arminiens , il fe fit catholique.
Tout ce qu’il a écrit fur les gomarifies &• les arminiens
, eft oublié ; mais les plus favans géographes
font quelque cas & quelque ufage de fes ouvrages
géographiques : Introduftio in univerfam geogra-
phiam , in-12. Theatrum geographioe veteris, 2 vol.
in-folio. Notitia epifeopatuum gallia, in-folio, Com-
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inentariorum renun germanicatum lihrl tres, in-12.
On a encore de lui un traité De aggeribus & von-
tibus, in-8°. fait à l’occafion de la fameufe digue
de la Rochelle. Né en Flandre en 1565. Morten
1629, l’année mêmeoii parut ce traité De aggeribus
& pontibus.
BERTRADE, ( de Montfort ) célèbre par
îês troubles qu’elle caufa en France lous le régne
de Philippe I. Ce prince ayant répudié Berthe de
Hollande, fa femme légitime, é poufa Cette Bertrade
de Montfort, l’ayant enlevée à Foulques-le-Réehin,
comte d’Anjou, fon mari. Les papes qui alors fe
jnêloient beaucoup des mariages & des amours des
rois, & qui, pour l’intérêt de l’autorité pontificale
plus que pour celui des moeurs, vouloient les
iorcer d’avoir des moeurs ^ prirent connoiffance de
cette affaire : le pape Urbain II excommunia Philippe
I vers l’an 1092. L’excommunication étoit
très-redoutée alors & très-redoutable, fur-tout par
l’influence qu’elle n’aüroit pas dû avoir , mais
qu’elle avoit fur les affaires temporelles. Philippe
cl Bertrade négocièrent y un légat du Saint-Siège ,
nommé Richard, convoqua pour cette affaire une
affemblée d’évêques à Baugenci. Le roi s’y rendit
avec Bertrade, mais on ne put y convenir des
conditions de l’abfolution de ce prince. D ’autres
négociations furent plus heureufes. & enfin Lambert,
évêque d’A rras, député du pape Pafchal II,
vint vers l’an 1104 apporter à Paris la main-levée
de l’excommunication, mais à une condition que
Philippe n’avoit pas réfolu de remplir & qu’il accepta
cependant ; c’étoit de ne plus voir Bertrade ;
il ' le promit folemnellement en préfence de plusieurs
prélats , mais , dit M. le préfident Hénault,
il ne tint pas fa promeffe : car nous lifons , dans un
cartulaire de faint Nicolas d’Angers, «qù’en 1106,
le 6 des ides d’oftobre, Bertrade fut à Angers avec
s> Philippe pour voir le Réchin fon premier mari,
35 que le Réchin les reçut magnifiquement, & que
37 Bertrade les fervit tous deux à table, apparem- 5> ment ( ajoute M. le Préfident Hainault ) que le
J? comte d’Anjou étoit d’accord de ce fécond ma-
35 riage » : auffi apprenons-nous de Suger dans la vie
de Louis-le-Gros, « que les deux fils de Bertrade
(Philippe comte de Mante & feigneurdeMehun,
cl Fleuri ) « furent déclarés capables de fuccéder à
37 la couronne , ce qui fait préfumer qu’à la fin e 3> pape approuva le mariage de Philippe I & de Berit
trade. Cette femme eut un douaire fur les do- 3>maines de la couronne , & ce douaire fut la terre
V- de Haute-Bruyère, dans le voifinage de Montfort
3t & dans le diocèfe de Chartres , où elle fonda un
35 prieuré, dans lequel elle mourut peu de temps
35 après, s’étant faite religieufe de Fontevrault entre
»les mains de Robert d’Àrbriffel. »
BERTRAND, ( Pierre ) ( Hift. de Fr. ) évêque
de Nevers, puis d’Autun, fameux pour avoir
plaidé avec Pierre Roger, archevêque de -Sens ,
contre Pierre de Cugnières, avocat du roi , la
caufe du clergé dans la grande çonteftation qui
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s’éleva pendant le règne de Philippe de Valois, fur
la diftinftion des deux puiffances 8l fur les bornes
de la jurifdiâion eccléfiaftique en matière temporelle.
Le roi fut favorable aux eccléfiaftiques, &
ce fut l’autorité féculière qui l’emporta, jBertrand y
pour fa viétoire éphémère , fut fait cardinal en
1331. Mais de cette fameufe querelle naquit Vappel
comme d'abus, dont l’effet a été de reftreindre
confidérablement la jurifdi&ion ecclefiaftique. Bertrand
mourut à Avignon en 1348. Son ouvrage
pour la défenfe du clergé a été imprimé à Paris
en 1493, in-4°. on le trouve auffi dans le Recueil
des libertés dé iéglife gallicane , L y o n , 1770, 3
vol. in-40. On a encore de Bertrand un Traité qui
a rapport au même fujet : De origine & ufu juiift-
diüionum , imprimé à Venife en 1584, in-folio.
C’étoit un favant canonifte, & qui avoit pro-
feffé le droit avec éclat dans plusieurs villes du
royaume.
BERTRAND eft auffi le nom d’un avocat de
Nantes, mort en 1752, dont on a des Poéfies
diverfes, & d’un médecin mort la même année,
dont on a line Relation hiftorique de la pefte de Mar-
feille & des Dijfertations fur Voir maritime.
BERTRANDI, (Jean) cardinal, premier garde
desfceaux de France en titre d’office, après les avoir
eus quelque temps par commiffion. Bertrandi étoit
créature delà ducheffe de Valentinois, Diane de
Poitiers, qui fit ôter les fceaux au chancelier Olivier
pour les lui donner ; après la mort de Henri I I,
en 1559, les fceaux furent rendus au chancelier,
& Bertrandi envoyé à Rome ; ce ne fut pas pour
long-temps. Tous deux moururent en 1560.
BÉRULLE, ( Pierre , cardinal de ) ( Hift. de Fr. )
naquit le 4 février 1.575, ail château de Sérilly,
près de Troyes en' Champagne, de Claude de
Bérulle, confeiller au parlement de Paris, & de
Louife Séguier, fille de M. Séguier, préfident à
mortier, oc tante du chancelier de ce nom. Il fit
fes études aux jéfuites de Paris. Deftiné par fes
parens à la magiftrature , il préféra l’état eccléfiaftique.
Bientôt fa do&rine & fa piété l’annoncèrent
à l’églife comme un digne défenfeur contre
l’héréfie. Il parut avec éclat à la conférence de
Fontainebleau en 1609, où le cardinal du Perron
eut tant d’avantage fur du Pleffis-Mornai. Il fe
diftingua de même dans quelques autres conférences
théblogiques qu’il eut par ordre de Henri IV avec
divers.miniftres prôteftans. On lui offrit des évêchés
, il les refuia, ainfi que la place de précepteur
du dauphin ; il ne paroiffoit à la cour que lorfque
fes talens & fes lumières l’y faifoient appeller
malgré lui. »
En 1704, le roi demanda quelques carmélites à
l’Efpagne, pour répandre en France l’efprit de
fainte Thérêfe , M. de Bérulle fut chargé de'les
aller chercher ; & par fes foins les carmélites furent
établies en France l’année fuivante. Madame de
Bérulle , fa mère, y prit l’habit à l’âge de cinquante-
fept ans, M, de Bérulle en 1611 fonda l’oratoire