
19® A B A
iVoici leur épitaphe :
H I C
S u e e o d e m m a r m o r e j a c e n t
HU JU S MO NA STERll
C o n d i t o r P e t r u s A b oll a r d u s
E t a b b a t i s s a p r im a H e l o ïs a
O l im STUDIIS y IN GEN IO , IN E ^ ^ T J S N UP T IIS
Et p oe n i t e n t Fà
H U NC CE T ERNA , U T SPERAMUS , FELICITATE
CONJUNCTI.
P e t r u s o b h t &i a p r i l i s 1142»
H e l o ï s a iy m a i i 1163.
ABARIS , ( Hiß. anc.') fon nom eft trop fameux
pour être omis, fon hiftoire eft trop peu
connue pour être rapportée; il appartient à la fable
& non à Fhiftoire. Porphire & Jamblique lui
attribuent une foule de prodiges. Il traverloit les
airs fur une flèche volante qu’il avoit reçue d’A pollon
, dont il étoit prêtre chez les Hyperboréens ;
il prédifoit les tempêtes & les tremblemens de
terre, il rendoit des oracles. Tout ce qu’on fait de
lu i, c’eft-qu’il étoit Scythe, qu’il vint à Athènes,
& que fon nom eft refté célèbre dans la Grèce,
comme celui d’un barbare éclairé. D ’ailleurs on
varie fur le temps ou il vivoit ; les uns l’ont placé
vers le temps du fiége de T ro y e , les autres l’ont
fait contemporain de Crcefus.
AB A S , (S chah. ) dit le grand, {Hiß. de Perfe.)
feptième roi de Perfe, de la race des Sophis, fuc-
téda en 1585 à Kodabendeh, l’un de fes frères. Ce
f ut un conquérant ; il prit ou reprit plufieurs provinces
fur les Turcs & fur les Tartares ; il fe rendit
maître le 2.5 avril 162,2. avec le fecours des
Anglois de Fille & de la ville d’Ormus, poffédées
par les Portugais depuis l’air 1507. Il fut enclin à
la cruauté ; mais les Perfans le révèrent comme le
jxftaurateur de l’état. Ce fut fous lui qu’Ifpahan
devint la capitale de la Perfe. Il mourut en 162.9
«iprès avoir régné environ 44 ans.
A bas I , ( SCHAH. ) ( Hiß. de Perfe. ) neuvième
roi de la race des Sophis, fuccéda en 1642 à fon
père Schah-Sefi ou Sofi, n’ayant alors que 13 ans.
Il fut éclairé, tolérant, favorable aux Chrétiens,
qu’il défendit de perfécuter & d’inquiéter pour leur
religion. La confcience àes hommes, difoit-il, relève
de Dieu feul. Le devoir da fouverain eß de faire rendre
la juflice à tous fes fujets , de quelque religion
qu’ils foient. Ses lumières ne purent le préferver
de la manie générale. Il voulut être conquérant. Il
n’avoit encore que 18 ans, lorfqffil reprit la ville
de Candahar cédée au Mogol fous le règne précédent.
Il fut la conferver malgré tous les efforts de
l’empereur du Mogol, qui vint plufieurs fois l’af-
fiéger avec trois cens mille hommes. Ab as II. voulut
aufti étendre fon empire du côté du Nord , &
l’hiftoire’ doit s’élever contre line telle entreprife,
pals ejie doit louer beaucoup la maniéré dont cettf
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entreprife fut conçue. Abas> avant de commencer
la guerre , voulut s’être affûré des fonds néceffai-
res pour la faire ; & il voulut que ces fonds, pris
fur les épargnes & fur le retranchement de fes dé-
penfes fuperflues, ne coûtaflent rien à fes peuples;
s’il pouvoit être permis d’être un conquérant, ce
ferait à ce feul prix. La mort le furprit à 37 ans ,
au milieu de fes projets, en 1666. Il eft au nombre
des viélimés illuftres du mal vénérien.
A BBADIE, ( Jacques ) ( Hiß. mod. ) célèbre
miniftre proteftant , naquit à Nay en Bearn , en
1654. Après avoir voyagé en différens pays, &
exercé-les fondions de fon miniftère à Berlin & à
Londres, il finit par être doyen de Killaloé en Irlande.
Il mourut en 1727 , à Sainte-Marybonne ,
près de Londres, âgé de 73 ans. Ses traités de la
vérité de la religion chrétienne ; de 4a divinité de J. C.
& de Part de fe connoitre foi-même , ont réuni les
Auftrages des Catholiques & des Proteftans. Le traité
de la vérité !de la religion réformée n’a dû plaire
qu’aux proteftans ; le triomphe de la providence & de
la religion dans Vouverture des fept fceaux, par le fils
de Dieu, ouvrage du même auteur, a déplu également
aux gens fenfés de toutes les communions,
& a paru plus digne de Jurieu que $ Abbadie.
On a encore de c et auteur quelques autres ouvrages
; un volume de fermons peu connu ; un
écrit intitulé défenfe de la nation Britannique, contre
l'auteur de l’avis important aux réfugiés , ce livre
$ Abbadie eft affez rare. Enfin les car altères du chrétien
& du chnfli api fine.
Abbadie avoit pour la profe une mémoire qu’on
n’a guères que pour les vers ; il retenoit fes ouvrages
dans fa tête, & ne les écrivoit qu’au moment
de les faire imprimer* Cette méthode nous en a
fait perdre quelques-uns de lui ; & il eft étonnant
qu’elle ne nous en ait pas fait perdre davantage.
AB BAS, ( Hiß, des Arabes, ) premier calife Ab-
baffide, defeendoit d’un autre Abbas, coufin de
Mahomet, qui avoit donné fon nom à cette race,
avant qu’elle fut parvenue au califat. Les califes
Ommiades s’étoient rendus odieux par leurs cruautés
; ils furent détrônés par les Abbafîides, qui ne
furent pas d’abord moins cruels. Les Mufulmans
exaltent beaucoup cependant la douceur & la généralité
â’Abbas ,om expofa publiquement la tête
de Mervan. I I , dernier calife Ommiade, dans fa
propre capitale, & dont le fameux général Mollem
fit paffer au fil de l’épée jufqu’à fix cens mille
hommes dans différens^pmbats, livrés pour la
caufp des Abbiflîdes. I#i|araît que les hiftoriens
n’attribiîent à Abbas ni les viâoires remportées -,
ni les atrocités çommifes fous fon nom. Il mourut
Fan 136 de l’hégirç , qui étoit la cinquième
année de Ion règne.
ABBASSIDES, ( Hiß. des califes. ) les Abbaffi-
des font cette race de califes, fucceffeurs 4’Abbas.
Ils defcendoient tous comme nous l’avons dit,
d’un autre Abbas, coufin de Mahomet, qui donna
fon nom à çette race. Ils occupèrent le califat perç*
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gant l’efpace de 524 ans, St donnèrent *7 califes;
c’eft fous cette race que l’Arabie tut quelque temps
la patrie des lettres & des fciences.
ABBAUCAS , ( Hifl. anc. ) philofophe , dont
on ne fait qu’un trait , rapporté par Lucien , c’eft
que dans un incendie il aima mieux fauver fôn
ami que fa femme & fes deux enfans , dont un périt
dans les flammes. Quand on lui demanda la rai-
ion de cette préférence : On refait, dit-il, un enfant,
refait-on un ami ?
ABBON. Deux moines de ce nom , ont mérité
d'être connus , au moins des favans ; l’un , moine
de faint Germain-desTrés , à la fin du neuvième
fiècle, a écrit en vers latins, tels qu’on en faifoit
alors, Fhiftoire du fiége de Paris par les Normands,
fiége dont il avoit eu le malheur d’être le témoin
oculaire. On trouve cette hiftoire dans les recueils
des hiftoriens de France ; & il en exifte une traduction
françoife. L’autre , moine, puis abbé de
Fleury , dans le dixième fiècle , très-favant pour
fon temps, grand & heureux défenfeur des moires
, dans un fiècle où les moines étoient les feuls
favans , eut parmi les évêques même des ennemis
à combattre. Ce fut à cette occafion qu’il compofa
fon apologie, ouvrage qu’il dédia aux rais Hugues
Capet & Robert. Il adreffa aux mêmes princes un
recueil de canons fur la matière la plus importante
, les devoirs refpeâifs des rois & des fujets.
Il fut employé par le roi Robert dans des négociations
alors intéreffantes. Le pape Grégoire V me-
naçoit de mettre le royaume de France en interdit
: Abbon fufpendit Forage. Réformateur du mo-
naftère de la Réole, dépendant de celui de Fleury,
il fut tué à la Réole, l’an 1004, dans une fédition.
On a publié en 1687 le recueil de fes lettres in-fol.
imprimé fur les manufcrits de Pierre Pithou. On y
a joint fes canons & fon apologie.
ABBOT. 11 y a aufli deux perfonnages de ce
nom qui méritent d?être connus ; Robert à qui le
livre latin de la fouveraine puijfance des rois contre
Bellàrmin & Suarez, publié en 1619, in-40. à Londres,
valut l’évêché de Salisbtiry, que lui donna
le roi Jacques I , dont la théologie fe trouva conforme
à la fienne ; & George qui fut archevêque
de Cantorbery, mais qui perdit la faveur du même
roi, pour s’être oppelé au mariage du prince de
Galles ( depuis Charles I. ) avec l’infante d’Efpa-
gne. Perfécuté par le due de Buckingham , il fut
tufpendu des fondions de la prtmatie, & mourut
en fimple particulier , en 1633 , au château de
Croydtn ; Robert étoit mort en. 1618. On a encore
de ce Robert plufieurs ouvrages de contra-
verfe , entr’autres une réponfe à l’apologie du père
Garnet, jéfuite, au fujet de la confpiration des
poudres ; ôn a aufti de George , outre des quef
tions théologiques &. des fermons, une hijtoire du
maffacre de la Valteline, imprimée à la fin des a&es
de l’églife Anglicane de Jean Fox, Londres, i6yi ,
in-folio. ; une Géographie affez. eftimêe pour le
temps ; un traité de la vifbilité perpétuelle de U. y raie
A B Ö t j i
égBfe, in-4*. Ces trais ouvrages font en anglois,
ainfi que les fermons.
A B D A L L A , ( Hiß. des califes. ) oncle de cct
Abbas , dont on vient de parler, le premier des
califes Abbafîides , contribua beaucoup, par fc-s
vi&oires , à mettre fcn neveu fur le rrcne. Il
exerça fur la race infortunée des Ommiades , des
cruautés égales à celles du général Modem, dont
nous venons aufti de parler à l’article d’ABBAS, é’c
fupérieures peut-être à celles qu’on avoit tant reprochées
aux Ommiades. Pour récompenfe de ces
viâoires & de ces cruautés , Abdalla eut le gouvernement
de la Syrie, où ce barbare, pour fe
dédommager de n’avoir plus à combattre & à vaincra,
repaiffeit fes regards du fpeéîacle des tortures
& des fupplices de tous fes ennemis. Après la mort
d’Abbas qu’il avoit fait regner , il voulut régner
lu i-même; il prétendit qu’Abbas s’étoit engagé,
par ferment à le nommer fon fucceffeur ; en con-
féquence il refufa de reconnoître pour calife for»
autre neveu, Abougiàfar-AImanforfrère d’Abbas
; il leva ouvertement l’étendard de la révolte r
mais vaincu par Moflem, il alla chercher un afyls
à Bafra, où il vécut long-temps dans l’obfcurité *
paroi fiant avoir renoncé à fes vaftes efpérances.
Soit que fon neveu crût n’avoir plus rien à craindre
de fa part, foit qu’il crût au contraire ne pouvoir
s’affurer de lui, qu’en le tenant fous fes yeux
& fous fa main, il employa toute forte de moyens
pour l’engager à venir à la. cour. Abdalla y fut
très-accueilü , mais il périt quelque temps apres
avec fes femmes, fes eunuqnés & fes efclaves ,
enfeveli fous les ruines de fon palais qui s’écroula,
tout-à coup. On a prétendu qu’Almanfor ltii avoit
fait bâtir ce palais ; que les tondemens étoient de
fe l, & que quand Abdalla y fut logé, on y fit couler,
par des canaux fecrets, des eaux qui minèrent
l’édifice. Rien n’a plus Fair d’une fable. Abdalla
mourut, felcn les uns, l’an 754 de J. C.
félon les autres, l’an de l’hégire 145, qui tomberait
à l’an 767.. Abdalla , ( Hiß. des Arabes. ) fils de Mota-
teb & père de Mahomet le prophète. Ce dernier
titre eft le feul qu’il ait pour être connu. C’étoîr
dans la vérité un efclave & un conduéleur de chameaux,
dont on ne fait rien de plus ; mais les
Mahométans , pour relever l’origine du fils, ont
falfifié Fhiftoire du père. Ils en font, pour la beauté
un Aftolfe ou un Joconde ,. pour qui toutes leg
femmes mouraient d’amour, même dans fa vieil-
leffe. Il avoit 75 ans, ou, félon quelques auteurs *
87 , lorfqu’il époufa h plus belle & la phis ver-
tueufe femme de fa tribu , car ce fut la mère de
Mahomet , elle fe'nommoir Amena,. La premier®
nuit de fes nôces, cent belles & jeunes filles moururent
de défefpoir &. de jaîoufie, de fon bonheur«
Une reine de Syrie avoit demandé Abdalla en
mariage. Ces. fables ne font pas Fhiftoire : mais
le motif qui les fait- inventer, 11’eft pas étranger *
Fhiftoire de l’dprit humain*