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guérir nêceflaire, fit. un figne, & les deux têtes
tombèrent à fies pieds.
Ce récit , tel qu’on vient de le voir 8c avec
toutes ces circonfiances qui répandent de l’intérêt
fur le comte àlAvogaro 8c fon fils, ne fè trouve
■ que dans l’auteur moderne des vies des hommes
i!lu (1res delà France ne peut fe concilier avec celui
•de Guichardin, & de l’abbé du Bos, félon lefquels
le père & les fils , car ils étoient deux, furent
exécutés féparément, à la vérité les deux fils en-
femble avec d’autres complices] ; mais enfin on
ne put pas dire : -
Oui nati coram me cemere lethttm
Fecifti , & patrios fad aß i futtere vulttis*
Immoler le fils, aux yeux du père, dit M. de
Belloy , eût été une barbarie digne de Louis XI ;
îl juge Avogare coupable, comme fujet de Louis
XII & s’étonne qu’on ait voulu le rendre intéref-
fant ; c’eût que tout malheureux l’e ft , c’eût que
dans les débats des princes & dans lès viciÛïitudes
de la guerre, les droits & les devoirs font fouvent
bien incertains ; au refie, M. de Belloy obferve
avec raifon, que ce n’eût jamais par des trahifons
que l’on doit férvir même fa patrie : pour lu i,
dans fa tragédie de Gaßon 8c Bayard, il charge
Avogare de crimes monftrueux qui ne font que
des fiétions. C ’eût le perfonnage odieux 8c criminel
de la pièce.
A U R A I , {H iß . de Fr. ) petite ville de Bretagne
, près de Vannes , fi tuée fur le golfe ou bras
de mer , connu fous le nom de Morbïan. Aurai eût
célèbre par la bataille du 29 Septembre 1364,
qui décida de la fiicceûfion de Bretagne entre la
maifon de Montfort & celle de Blois. Jean V affiûté
des capitaines Anglois, Chandos & Knolles, y
battit le comte de Blois, Charles , fon compétiteur,
qui avoit avec lui du Guefclin. Jean V en eut les
furnoms de Vaillant & de Conquérant. Du Guefclin
dans cette bataille, fut fait priûonnier par
Chandos.'
AURELE.,^ Voye{ Ma r c -A urële ân ton in , 5
le nom d’Aurele ne fe fépare point de celui de
Marc.
AURELIEN, ( Hiß. rom. ) né dans la contrée
qui féparoit le pays des Daces de la Macédoine,
monta à la puiûlance fouveraine , fans avoir d’autre
titre que fa valeur & fes talens pour la guerre ;
artifan de fa grandeur, il fit oublier que fes pères
n’étoient que de fimples cultivateurs qui vivoient
du produit de leur champ & du fruit de leur
travail. L’empire Romain penchoit vers fa ruine,
lorfqu’il fut cholûi pour le relever, l’an deux cent
foixante & onze de notre ère. Après avoir paûfé
par tous les dégrés de la milice, il fut proclamé
empereur par l’armée, qui depuis long-temps avoit
ufurpé le droit d’élire les maîtres du monde. Au-
'rélien avoit les talens d’un conquérant & la rudeûfe
d’un foldat ; U. pouvoit briller à la tête d’une
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armée; mais il Igftoroit l’art de gouverner; fatigué
du détail importun des affaires , il négligea
la police intérieure, pour ne s’occuper que du.
rétabliûTement.de la diûcïpline militaire. La foibleûTe-
& l’agitation des règnes précédens avoient jettè-
l’état dans la langueur. La licence introduite dans-
les armées y faifoit méconnoître la voix des chefs.
Aurèlien, qui étoit l’ouvrage de cette foldatefquè
inûolente, crut l’ennoblir en la faiûant rentrer dans
les bornes de fes devoirs. La févéritê devenue:
nécefl’aire, fut portée à l’excès ; le foldat étonné
de fes vengeances, fe fournit fans paroître en»
murmurer, parce qu’il étoit convaincu que ce général
étoit féul digne de marcher à fa tête. Dès que
l’ancienne difeipline eut été rétablie, Aurèlien fit dès-
préparatifs- pour une guerre étrangère ;. le fénat
propofa d’immoler une hécatombe pour rendre le
ciel propice à fes armes ; les foldats moins ûiiperû-
titieux, s’écrièrent que leur empereur étoit allez
purifiant pour vaincre, fans aûfocier les dieux à
l’honneur de fes vi&oires. Cette impiété eût du
moins un témoignage glorieux de la haute idée
que la milice s’étoit formée de fes talens, & qu’il
juftifia par la défaite des Barbares qui depuis longtemps
défoloient l’occident. Une femme, illufirè
par tous les talens qui forment les grands hommes,
prit alors lé titre de reine de l’orient, & voulut
en ufurper tous les privilèges ; c’étoit Zénobie r
reine de Palmyre, princeûfe qui réunifient toutes
les conrioiûfances qui font refpeéler les philofophes r
8c la valeur circonfpeéle qui fait les héros. Aurèlien
tourna fes armes contre cette illuftre ennemie,.
Zénobie vainaie fuit réduite à s’enfermer dans f&
capitale, où elle fe vit bientôt aûfiêgée. Son ame r
toujours fupérieure à fa fortune, ne s’abaiûfa point
à implorer la clémence de fon ennemi ; elle luî
écrivit une lettre infultante, qui dévoiloit la fierté
d’une ame préparée à tous les revers; cette lettre
fut l’ouvrage du célèbre Longin à qui elle coûta:
la vie. Zénobie , âpres une défenfe opiniâtre, fentit
l’inutilité d’une plus longue réfiftance ; elle fortif-
fecrètement de Palmyre qui n’offroit plus que des.
ruines. Elle fe flattoit de trouver un afyle & des
vengeurs chez les Perfes,- ennemis comme elle des
Romains; mais elle fut arrêtée dans fa route, 8c
menée au vainqueur qui eut aûfez de modération*
pour ne pas déshonorer fa viâoire par la mort
d’une femme qui l’avoit inûulté ; mais il la ré-
ferva pour fervir d’ornement à fon triomphe ; il
lui demanda comment elle avoit eu l’audace d’in-1-
fulter un empereur Romain : » Je ne te reçonnois
» pour empereur , répondit-elle , que depuis que tu.
» m’as vaincue «. Aurèlien fatifait d’avoir humilié fa
fierté, lui aûfigna des terres fuffîfantes pour fubfifter
en perfonne privée.
Tandis qu’il rendoit à l’empire fôn ancienne
fplendeur , fes principaux officiers indignés de fes
cruautés, ne purent lui pardonner d’avoir fait'
mourir fon propre neveu, pour un égarement
paûfager. Ils formèrent une coujuration * 8c ils
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employèrent le-minifière d’un efclàve qui l’aiTaffina
dans la Thrace , entre Héraclée & Conûlantinople.
Ce prineè, pendant un règne de cinq ans 8c
trois mois, éloigna les Germains de l’Italie, qui
depuis im fiècle étoit devenu le théâtre de leurs
brigandages. La défaite des Suèves, des Marco*
mansy & des Sarmates délivra Milan de fes barbares
oppreûfieurs-, Rome, fous fon règne, fut revêtue
de murailles , 8c l’empire reprit fes premières
limites. Il fut le premier Romain qui ceignit <a
tête d’un diadème. Ce prince, craint 8c admiré des
barbares-, chéri des peuples qu’il protégeoit contre
la licence du foldat, n’eft point compté au nombre
des empereurs illuûlres & bienfaifans, parce que .
les années manquèrent à les vertus ; un règne
plus long eût étendu fa gloire & affiné la félicité
des peuples : il imprima une flétriûfirre à tous les
délateurs , qui font les fléaux des états & les
ennemis de la vertu. Les exaéleurs qui avoient
élevé leur fortune fur les ruines du public, rentrèrent
dans le néant. Il n’exerça point de perfé-
£lirions contre les chrétiens; & ceux qui: le rangent
parmi les ennemis de l’églife naiûfante , font
réfutés par Eüfèbe qui dit que le démon s’endormit
depuis Déeius jufqu’à Dioclétien. L’armée
dont il avoit été la terreur & l’idole, conferva
tant de refpeâ pour fa mémoire , qu’elle ne put
fe réfoudre à lui trouver un fucceûfieur parmi fés
chefs, dont la plupart étoient les complices dé fa
mort; Féleûion fut renvoyée au fénat , qui ne
voulut point accepter ce dangereux honneur; il
y eut un long interrègne, & l’empire refia fans
chef jnfqu’à l’éle&ion de Tacite. Il avoit fuccédé
a Quintellus Flavius, proclamé empereur par le
fénat ; mais ce Quintellus ne fut qu’un phantômè
qui s’évanouit à la première nouvelle qu Aurèlien
avoit été proclamé par l’armée, 8c dès qu’il apprit
qu’il avoit un compétiteur fi dangereux, il
fe fit ouvrir les veines pour fe fouftraire à la honte
d’être redevable de la vie à un rival. ( T-k . )
AURELIUS PROBUS, {Hifl. rom.') empereur
romain, eut le furnom de Probus, qui marquoit
fon intégrité & l’innocence de fes moeurs. Quoique
fils d’un payfan de Daliriatie, il eut toute l’éléva- •
tion des lentimens d’un prince né fous la pourpre,
& qui en feroit digne ; également propre aux exercices
de la guerre 8c de la paix, il fut auûfi grand
à la tête des armées, -que dans les détails deTad-
miniftration. Florianus, frère de l’empereur Tacite,
s’étoit fâifi de l’empire comme d’un héritage ; mais
à la première nouvelle qvCAurélius' avoit été proclamé
empereur, il fe fit ouvrir les veines pour
*ie pas furvivré à fa dégradation. Sa mort labia
fon rival, poûTeûfeur tranquille du pouvoir. Les
Gaules, envahies 8c dévafiéespar les Barbares ,
furent délivrées de leurs opprefieurs ; & le calme
dont elles jouirent fut le fruit des viétoires tSAu-
rèlius. Il fe tranfporta enfuite dans l’orient, où il
diûfipa la révolte de Saturninus, qui s’étoit fait
proclamer empereur; tous les petits tyrans qui. i
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défoloient l’empire, furent vaincus & punis-. Lei
Sarmates qui faifoientla guerre, moins par un fen-
timent de gloire, que par l’avidité du butin', furent
taillés eft pièces, & réduits à l’impuifîance de
troubler leurs voifins toute la terre alloit jouir
de la paix acqnife par fes armes, lorûqu’une parole
imprudente la replongea dans les Calamités. Aurélius
fè félicitant du bonheur dont fes peuplés alloient
jouir , dut l’indifcrèrion de dire que puifqu’il n’y
âvôit plus de guerre, il falloir licencier l’armée
qui furchârgeoit le cultivateur ; les foldats s’aûfem-
blèrerft tumulftiairement, & le mafiacrèrent dans
le lieu même de fa naiûfancé : fon règne fut de fix
ans. ( T ~ n . )
AURELIUS V IC TO R , (SeXtus) CHiJIAh.anc.)
ce nom efi connu pour être celui d’un hifiorien
romain, dont il ne nous refte qu’un abrégé d’une
Hijloire romaine aujourd’hui perdue. Quelques critiques
croyent que cet abrégé n’eft pas de lui r
quoiqu’il porte, fon nom , & que cet abrégé ,
ouvrage d’une main étrangère , a eu com me beaucoup
d’autres , le tort de faire perdre l’hifioirè
originale, qui étoit $ Aurélius Vihor. Quant à là
perfonne de cet hifiorien , c’efi une queftion entre
lès: favans s’il ne faut pas en reconnoître deux ,
tous deux hifioriens, tous deux nés dans la pauvreté
, tous deux élevés aux plus hautes dignités-
de l’empire ; il paraît cependant que l’opinion la
plus établie n’en reconneît qu’un feul , qui fur
préfet de la féconde pannonie en 3.61, & qui fut
conful avec l’empereur Valentinien, en 369.
AURËNG - ZEB , empereur du Mogol, contemporain
de Louis X IV , régna quarante-fept ans-
& en vécut près de cent, & ce ne fut pas pour avoir
honoré fes parens , car il détrôna fon père & le
l'aifia mourir en prifon ; il fit étrangler fes frères
pour n’avoir point de concurrens au trône; la
peine de ces violences criminelles fut de craindre
fans celle de la part de fes fils , le traitement qu’i l
avoit fait à fon père-, & d’être toujours combattu
entre la tendreûfe que la nature lui infpiroit pour
eux 8c les défiances que la politique & fa confidence
lui donnoient. Il efi au rang des grands
rois, parce qu’il fut un uûurpateur 8c un conquér
rant heureux. Il conquit le Décan, Vifiapour y
Golconde 8c Carnate. Il eut quelquefois le propos
ail moins d’un bon roi. Quand fies eourtifians lui
reprochoient un excès de travail 8c l’exhortoient
à ménager fia fianté, il les traitoit de flatteurs, &,
.fi c’étoient fies minifires qui lui donnoient ce con-
fieil, il le croyoit intéreûlé : « Ma fanté 1 difioit-il,
n n’en dois-je pas le facrifice à mon peuple ? Ne;
» lui dois - je pas l’emploi de tous mes momens ? n
Il citoit fouvent un vers de Sadi , dont- le fens efi :
Rois , ceffez d’être rois , ou régnez pat vous-mêmes.
Il commença de régner en 1660. Il mourut le 4
mars 1707. C’eft l’Augufie du Mogol ; il parvint à