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moulin, ce qui la fait auiïi appeller croix de
moulin.
De Barres ; d’argent à la croix nillée ou nijlcc de
fable. (P l.: I fr. fig. iS} .) ,
NOBLESSE, f. f. On en diflingue de differentes
efpeces. , ' Noblesse ( haute) il n’efl pas aifé de définir
aujourd’hui fi ce.titre dont tant de gens fe parent,
confifte dans upe noblejje d'ancienne que l’origine
en foit inçonn.ue, ou dans des dignités aâuelbes qui
fupppfent, mais qui ne prouvent pas toujours
une véritable noblejje.
Le point le plus intéreflant n’eft pas cependant
de difcuter l’objet de la noblejje d’ancienneté ou
de dignité, mais les premières califes qui formèrent
la noblejje & la multiplièrent.
Il femble qu’on trouvera l’origine de la noblejp:
dans le fervice militaire. jLes peuples du nord
avoient une eflime toute particulière pour la valeur
militaire : comme par leurs conquêtes ils
c-herchoient la poffefîion d’un pays meilleur que
celui de leur naiflance ; qu’ils s’eflimoiept confi-
dérables à proportion du nombre des combat-
tans qu’ils pouvoient mettre fur pié , & qite
pour les diffinguer des payfans ou rotprjers, ils
appciipient nobles ceux qui avoient défendu leur
patrie avec courage, & qui avoient accru leur
domination par les guerres : pour récompenfe
de leurs fervices, dans le partage des terres con-
quifes, ils leur donnèrent des francs-fiefs, à condition
de continuer à rendre à leur patrie les mêmes
fervices qu’ils lui avoient déjà rendus.
C ’eft ainfi que Je corps de la noblejje Je forma
en Europe & devint’ très - nombreux ; mais ce
même corps diminua prodigieufement par les
guerres des croifades , & par l’extinéfion de pinceurs
familles : il fallut alors de nècqffité créer
de nouveaux nobles. Philippe-le-Hardi, imitant
l’exemple de PhiKppe-le-Bel fon prédéceffeur,
qui le premier flontja de? lettres" de noblejfe en
j j 7ç an feyeur de Raoul lÿrfévre , c’eft-à-dire,
l’argentier ou payeur de fa maifon, prit le parti
d’annoblir plufieurs roturiers. On employa la
même'refiburce en Angleterre. Enfin en Allemagne
ipèirie, Ji les empereurs n’euffent paj fait
de nouveaux gentilshommes, s il n y avoit de
pobles que ceux qui prouveroient la poffeffiou de
leurs châteaux & de leurs fiefe','ou du fervice militaire
drleurs ayeux , M temps de Frédéric JBar-
ieroiifr? , fans doute qu’on n’ei? trouvproif pas
beaucoup. JD . 7. ) .
N oblesse de haut parage , eft celle qui fe
tire d’une famille illpftre & ancienne. Voye{ le
roman dé'Garii)"& Guillaume Guyart. La Roque,
■ chav. ij. ( A j
Noblesse héréditaire , eft celle qui paffe du
père aux enfans & autres dêfcendans. La noblejfe
provenant des grands offices étoit héréditaire chez
les Romains, mai$ elle ne s’étendait pas au-delà 4es petits-enfans,
NOB
En France toute noblejje n’efl pas héréditaire ;
il y a des offices qui ne donnent qu’une noblejje
perfonnelle, d’autres qui donnent commencement
à la noblejje pour les defcendans ; mais il
faut que le père & l’ayeul aient rempli un de ces
offices pour donner la noblejje au petit-fils fans
qu’il foit pourvu d’un office femblable ; enfin il
y a des offices qui tranfmettent la noblejje au premier
degré.
Noblesse honoraire , çfl celle qui ne confiée
qu’à prendre le titre de noble, & à être
confidéré comme vivant noblement fans avoir la
noblejfe héréditaire : ce n’efl qu’une noblejje perfonnelle
, elle n’a même que les privilèges des
nobles , comme la noblejfe perfonnelle de .certains
officiers. Voyez la Roque, chap. xcïv.
Noblesse illustre , efl celle qui tient le premier
rang ou degré d’honneur , comme font les
princes du fang ; elle efl encore au-deffus de ce
que l’on appelle la haute-noblejfe. Voyeç Loyfeau ,
traité des Ordres , ch, yj. n. p.
Noblesse immédiate, en Allemagne, efl celle
des feigneurs qui ont des fiefs roouvans directement
de l’empire, & qui jouiffent des mêmes
prérogatives que les villes libres : ils prennent
l’inveftiture en la même forme; mais ils n’ont pas ,
comme ces villes, le droit d’archives.
Le corps de la noblejfe immédiate efl divifé etl
quatre provinces & en quinze cantons ; favoir, la
Souabe, qui contient cinq cantons ; ,1a Franconie ,
qui en contient fix ; la province du Rhin, qui en
contient trpis, §c l’Alfaçe , qui ne fait qu’un
canton."
Cette noblejfe immédiate efl la principale noblejfe
d’Allemagne, parce que c’eft l’empereur qui là
conféré immédiatement. Ceux que les éle&eurs
annohJiffent, ne .font nobles que dans leurs états,
à moins-que leur noblejfe ne foit confirmée par
l’empereur. Voyez la .Roque, cf clxxij.
Noblesse immémoriale , ou irréprochable,
efl celle dont on ne connoît point lç commencement,
& qui remoiate jufqu’au temps de
l’établifiement des fiefs ; c’éft pourquoi on l’appelle
aufîi féodale ; on l’appelle irréprochable parce
qu’elle efl À couvert de tout reproche ou foupççn
d’annobliffement. Voyez la R,oque, préface.
Noblesse inféodée ou féodale , efl icelle qui
tire fon ojigine de la poffeffioji ancienne de quelque
fief.
Noblesse de laine , eft la fécondé claffe de
la noblejfe. Dans ia ville de Florence on diflingue
deux forces de noblejfe pour le gouvernement ;
favoir la noblejfe de foie .& la noblejfe de laine. Là
première efl plus relevée & plus qualifiée que la
leçon de. Il y 3 apparence que ces différentes dé-?
nominations viennent de la différence des habits.
Cette diftinâion de deux fortes de noblejfe fe faiç
à l’égard du gouvernement de la ville. Voyez Iq
traité de la Noblejfe par la Roque , chap, exij^
& clxvj.
NOB
Noblesse libérale, efl celle que l’on a accordée
à ceux qui pouffés d’un beau zèle ont
dépenfé leur bien pour la défenfe de la patrie.
Voye^ la préface de la Roque.
Noblesse de lettres , efl celle qui efl accordée
aux gens de lettres , & aux gradués & o fficiers
de juaicature. On l’appelle aufîi noblejfe littéraire.
Voyez ci-après Noblesse littéraire.
Noblesse par lettres , efl celle qui provient
de lettres d’annobliffement accordées par le prince.
M. d’Hozier dans l’hifloire d’Amanzé, rapporte
une charte d’annobliffement du 24 Juin 1008,
mais cette charte efl fufpecle.
D ’autres prétendent que les premières lettres
d’annoblîffement furent données en 1095 par Philippe
I. à Eudes le Maire, dit Chalo S. Mars.
On fait encore mention de quelques autres lettres
de noblejfe données par Philippe Augufte.
Mais il eft plus certain qu’elles commencèrent
fous Philippe III. car il fe voit un annobliffement
de ce temps qu’il accorda à Raoul 1’orfévre.
Ses fucceffeurs en accordèrent aufîi quelques-
uns ; mais ils devinrent plus fréquens fous Philippe
de Valois, & il en accorda • dès-lors moyennant
finance & fans finance ; car la charte de
noblejfe de Guillaume de Dormans en 13 3 <7, fait
mention qu’elle fut donnée fans finance, & en
13 ƒ4, Jean de Rheims paya trente écus d’or ; un
autre en 1355 en paya quatre-vingt.
Dans la fuite il y a eu des annobliffemens
créés par édit, 8c dont la finance a été réglée ;
mais ils ont toujours été fuivis de lettres particulières
pour chaque perfonne qui devoit profiter
de la grâce portée par l’édit.
Charles IX créa douze nobles en 1564 ; il en
créa encore trente par édit de 1568.
Henri III en créa mille par édit du mois de
Juin 1576, par des déclarations des 20 Janvier
& 10 Septembre 15 77.
Il y eut une autre création de nobles par édit
de Juin 1588 , vérifiée au parlement de Rouen.
On en créa vingt'par édit du 20 Oftobre 1592,-
& vingt autres par edit du 23 Novembre fuivant
pour des perfonnes tant taillables que non taillâmes
; dix par édit d’O&obre 1594» & encore en
Mars 1610.
En 1643 on en créa deux en chaque généralité
pour l’avénement de Louis XIV à la couronne.
Le 4 décembre 1645 , il fut créé cinquante nobles
en Normandie, avec permifîion de trafiquer
leur vie durant, à condition que leurs enfans de-
meureroient dans des villes franches , & fervi-
roient le roi au premier arrière ban.
En 1660 Louis XIV créa deux nobles dans
chaque généralité.
En 1696 il créa cinq cent nobles dans le royaume.
On obtenoit des lettres de noblejfe pour deux
mille écus. Il créa encore deux cens nobles par
édit du mois de mai 1702, & cent autres par
édit de décembre 1711,
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On a fouvent donné des lettres de noblejfe pour
récompenfe de fervices ; mais à moins qu’ils ne
foient fjpécifiés, on y a peu d’égard, vu qu’il y a
eu de ces lettres où cette énonciation étoit devenue
dé ftyle ; on laiffoit même le nom de la
perfonne en blanc, de forte que c’étoit une noblejfe
au porteur.
Les divers befoins de l’état ont ainfi réduit les
miniftres à chercher des reffources dans l’avidité
que les hommes ont pour les honneurs.
Il y a même eu des édits qui ont obligé des
gens riches & aifés de prendre des lettres de noblejfe
, moyennant finance ; de ce nombre fut Richard
Graindorge , fameux marchand de boeufs,
du pays d’Ange en Normandie , qui fut obligé
en r 577 d’accepter des lettres de noblejfe, pour
lefquelles on lui fit payer trente mille livres. La
Roque en fon traité de la Noblejfe, ch. xxj. dit en
avoir vu les contraintes.entre les mains de Charles
Graindorge fièur du Rocher, fon petit-fils.
Ce n?efl pas feulement en France que la noblejfe
eft ainfi devenue vénale. Au mois d’oéto-
bre 1750 9 on publia à Milan, par ordre de la
cour de Vienne, une efpèce de tarif qui fixe le
prix auquel on pourra fe procurer les titres de
prince, duc, marquis, comte, & les fimples lettres
de noblejfe ou de naturalifatioit. Voyez le Mercure
de France, décembre 17 5 0 ,pag. 184.
Les annobliffemens accordés à prix d’argent,
ont été fujets à plufieurs révolutions. Les anno-
blis ont été obligés en divers temps de prendre
des lettres de confirmation , moyennant une
finance.
On voit aufîi dès 1588 dés lettres de rétablie
fement de noblejfe enfuite d’une révocation qui
avoit été faite.
Henri IV par l’édit du mois de janvier 1398,’
révoqua tous les annobliffemens qui avoient été
faits à prix d’argent.
Il les rétablit enfuite par édit du mois de
mars 1606.
\ Louis XIII par édit du mois de novembre 1640,'
révoqua tous ceux qui avoient été faits depuis
trente ans.
Les lettres de noblejfe accordées depuis 1630,”
furent aufîi révoquées par édit du mois d’août 1664.
Enfin par édit du mois d’août 1715 , Louis XIV
fupprima tous les annobliffemens par lettres &
privilèges de noblejfe attribués depuis le premier
janvier 1689, aux offices, foit militaires, foit de
juftice ou finance.
Pour jouir pleinement des privilèges de la noble jfe,
il faut faire enregiftrer fes lettres au parlement ,
en la chambre des comptes & en la cour des aides.
Voyez la Roque, ch. xxj. Brillon , au mot An-
noblijfement.
Noblesse Littéraire ou Spirituelle , eft
une qualification que l’on donne à la noblejfe ,
accordée aux gens de lettres pour récompenfe
de leurs talens. Voyez la préface de la Roque.