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de fon martyre 6* de celui de fés trenie-heuf compagnons
> le tout tiré des procès - verbaux drejfés pour
Leur canonifation. Le décret de cette canonifation
eft du pape Benoît X IV , du 21 Septembre 1742.
En allant de Madère à 111e de Palme , il fut pris
par des corfaires, qui, dit-on, le firent périr avec
fes compagnons,le 15 juillet 1570./
Un autre jéfuite, millionnaire , nommé aufli !
A zevedo ( Louis) prêcha la foi en Ethiopie, &
traduifit, d it-ori, en langue Ethiopienne le nou- ;
veau tcftament , un catéchifme & une gram- j
maire.
AZINCOURT, {Hifi.de Fr.) petit village de
Picardie , près de Blangy , fameux par la viâoire ' |
que le roi d’Angleterre Henri V , y remporta fur
les François le 25 oélobre 1415. Henri V qui
à peine avoit une armée , & qui n’avoit point
de vivres, ne pouveit échapper ; l’armée françoife
étoit poftée de manière qu’il étoit impoffible aux
Anglois de paflèr outre fans livrer bataille. Il
fàlloit s’en tenir là & attendre que les Anglois
avec le peu de monde qui leur reftoit, attaquaf-
fènt dans ce pofle une armée de quarante mille
hommes , fraîche, pourvue de tout , avantageu-
fement campée. Les Anglois s’établirent dans un
terrein étroit, flanqué de deux bois ; ils vonloient
qu’on fuppofât ces deux bois remplis de troupes
qu’on ne pouvoit v o ir , mais qu’en effet ils n’a-
voient pas ; cette position étoit excellente pour
cacher leur foiblèffe , & il y avoit du talent à
l'avoir choifie.
Les Anglois, moins découragés qn’aflbiblis, trou-
voieht encore une dernière efpérance dans le fou-
venir des batailles de Crécy & de Poitiers dont
ils voyoient revenir toutes les circonftances ; elles
revinrent, en effet, jufqu’an bout ; i ’impétuofité
françoife perdit tout, à fon ordinaire , par l’impatience
de vaincre. Tous les princes du fang qui
étoient en France voulurent aflifter à cette bataille,
excepté les ducs de B erry, & de Bourgogne
( Jean ) il paroît que le dauphin' ( Louis ) fut nommé
pour commander l’armée. Henri V l’envoya
défier à un combat fingulier ; ce jeune-prince eut
la modération de ne rien répondre, il efpéroit répondre
avec avantage dans la bataillé ; Charles VI
même vouloit s’y trouver, le vieux duc de Be rry
s’y oppofà '. fa i vu -Poitiers -, dit-il. Ce nom retint
Je roi & le dauphin, & l’armée fut commandée
pafr le connétable d’Albret. Il envoya défier à fon
tour Henri V à une bataille générale, •& lui en
indiqua le jour. Henri parut recevoir la propofition
avec joie & renvoya le héraut comblé de préfens.
Quelques hifloriens Anglois difent que les François
fe permirent, avant la bataille , des bravades
qui les couvrirent de confufion après l’évènement;
ils tir oient, dit-on, au fort, ou jouoient aux dez
lesprifonniers quiis dévoient faire ; ils -leur avoient
préparé des logemens , & le dauphin même ou le
connétable avoit .çn-voyé demander à- Henri V
quelle femme U^mptoit donner pour fa rançon.
a z 1 Remarquons à ce fujet que les hiftorlenS vulgaires
adaptent toujours les mêmes circonftances à tous
les faits femblables, 8c qu’on retrouve ces fortes
de bravades dans les relations de toutes les batailles
, où le petit nombre a triomphé delà multitude.
A11 jour marqué , le connétable quitte fon pofte ,
defcend dans le défilé avec fa gendarmerie; dès-
lors'les François ont perdu tous les avantages du
nombre & de la pofition ; des terres naturellement
graffçs, & détrempées alors par d’abondantes pluies*
rendent leur marche pefante & irrégulière ; le
front de la troupe angloife, paliffadé avec foin ,
brife encore l’impétuofité de leur choc, tandis que
les archers anglois, armés à la légère, & libres dans
leurs évolutions , tirent fur eux à coup sûr, tantôt
en face, à l’abri des paliffades , tantôt en flanc du
fond des bois où ils fe retirent des deux côtés ,
nouvel avantage qu’ils tirent de leur pofition. Au
contraire l’étroit défilé dans lequel les François fe
trouvent engagés rompt tout ordre dans leur marche
8t tout concert dans leurs mouvemens. Bientôt
ne pouvant plus ni fuir ni fe défendre , ils ne font
que tomber fous la hache , comme des troupeaux ;
les Anglois eurent même les mouvemens affez
libres pour faire des prifonniers & pour les choifir J
ils en firent un grand nombre ; mais lerfque par
les progrès naturels de la viâoire ils furent for-
tis du défilé & entrés dans la plaine * ils y trouvèrent
l’arrière - garde françoife redoutable à leur
petit nombre , ils virent des chevaliers qui fe
ralhoient, des gentilshommes du voifinage qui
raffembloient leurs payfans ; ils craignirent que la
bataille ne recommençât, & que fi les prifonniers
venoient à être délivrés & à fe rejoindre à leurs
1 compagnons , ce fécond danger ne devînt plus
grand que lé premier. Dans cette extrémité ,
Henri V donna l ’ordre affreux ( fût-il même né-
ceffaire ) d’égorger tous les prifonniers. Lorfqu’il
eut reconnu que les François ne fengeoient qu’à
la retraite, il fit cefler ce carnage.
La bataille d'Aftnceurt, comme celles de Crécy
& de Poitiers , ne fu t , de la part des François,
qu’une grande déroute & la dcroute avoit commencé
avec la bataille ; e’eft ce qu’avoit paru prévoir
un officier gallois, nommé David G aut,
que Henri V avoit envoyé reeonnoître l’armée
françoife 8c en obferver les difpofitions , Henri
lui demandant à combien d’hommes à-peu-près il
croyoit qu’elle pût monter : n Sire, lui répondit
froidement ce capitaine , je ne me fuis pas trop
amufé à les compter ; tout ce que j ’ai cru voir
en général^ c'ef que quand nous en aurons tué beaucoup
& fait beaucoup de prifonniers , la déroute fera encore
très-forte. *
C e fut la troifième bataille confidérable perdue
par les François contre? les Anglois , dans les
mêmes conjonéhires , par les mêmes caules, avec
la même fupériorité de nombre de la part des
vaincus, avec la même certitude de vaincre,
en s’aliénant feulement de combattre. Edouard
a z 1 Ï I Ï , le prince noir , Henri V dévoient tomber
dans nos fers ; ce fut Je roi Jean, qui tomba dans
ceux des Anglois à Poitiers. Philippe de Valois
n’échappa qu’avec peine à Crécy ; rien ne put
échapper à A^incourt, 8c fi l’avis du duc de Berry
n’avoit pas prévalu , la mort ou la captivité du
roi 8c du dauphin eût comblé les défaftres de
la France. Si , à ces trois fùneftes journées ,
nous joignons celle de Courtrai, perdue par les
François contre les Flamands , en 1302, 8c quelques
autres échecs reçus, foit avant, foit depuis
ces époques, toujours par la même précipitation ,
nous trouverons que cette nation doit toujours
être en garde contre fa valeur , 8c que fon tré-
for le plus rare eft un général prudent. Peut-être
aufli trouverons-nous qu’elle a un peu trop négligé
les exemples del’hiftoire 8c les leçons de l’expérience.
Les Anglois n’en avoient pas mieux profité ;
c’étoit pour la troifième fois que leur imprudence
les livroit fans afyle 8c fans reflburces, au milieu
d’un pays ennemi, à des forces fupériêures qui
dévoient infailliblement les accabler. Ils avoient,
comme les François, répété toujours les mêmes
fautes, 8c de plus ils avoient efpéré les mêmes
fautes de la part de l’ennemi. On ne fait ce qui
doit étonner le plus, ou qu’une telle efpérance
ait pu .être conçue , ou qu’elle ait pu être remplie. A
la bataille d’Açincourt,pre{que tous les princes du fang
de France furent tues ou pris ; le comte de Nevers
& le. duc de Brabant, frères du duc de Bourgogne
, plus fidèles à leur patrie , moururent
pour e lle, ainfi que le duc d’A lençon, 8c Louis
de Bourbon, de la branche de Préaux. Le duc
de Bourgogne , dans un mouvement d’indignation
& de douleur de la mort de fes frères, envoya
trop tard, un défi à Henri V , qui répondit que
les deux princes avoient été affaflinés, pendant la
bataille , par les François mêmes ; c’étoit fans
doute une défaite , 8c l’on ne voit pas qu’elle
eût le. moindre fondement. Philippe, comte de
Charolois, fils du duc de Bourgogne, fut inconfô-
lable de la défenfe que le duc lui avoit faite d’aller
partager le fort des autres princes du fang dans
cette bataille ; il en pleura de dépit, 8c cinquante
ans après il enparloit encore avec amertume. Le
duc d’Orléans, le comte d’E u, dernier prince de la
branche d’Artois., le comte de Richemont , de la
maifon de Bretagne, le comte de Vendôme , le
duc de Bourbon furent pris ; ce dernier mourut à
Londres , après dix - huit ans de captivité.
Par ce fort des princes du fang, on peut juger
de la perte dés François. Ce fut Comme à Crécy
8c à Poitiers, fur la nobïeffe que tomba principalement
cette perte de dix mille François dont
le champ de bataille fut couvert , il y en avoit
huit mille de gentilshommes, formant l’élite de
ce grand 8c redoutable corps de la gendarmerie
françoife ; le connétable d’Albret fut du nombre
des morts, ainfi que le maréchal de Heilly , l’amiral
Jacques de Châtillon - Dampierre, Jean de
a z o Montaigu , archevêque de Sens & chancelier de
France , frère du miniftre Montaigu, décapité en
1409. Ce prélat, dit un auteur du temps , fut peu
plaint, parce que ce riétoit pas fon office. Le maréchal
de Boucicaut fut du nombre des prifonniers,
qui montoient à quatorze mille, & dont une partie
trop confidérable fut égorgée de fang-froid, comme
nous l’avons raconté.
Il eft bien peu vraifemblable que cette bataille
n’ait coûté aux Anglois que quarante hommes
, comme le. prétendent quelques-uns de
leurs auteurs, puifque le ducd’Y orckyfut tué à côté
du roi d’Angleterre, ainfi que David Gaut & le
duc de Suffolck ; que le duc de Gloceftre, frère
du roi d’Angleterre, fut renverfé d’un coup de
maffue & que le roi d’Angleterre lui - même
courut rifqué de la vie à plufieurs reprifes. Le
duc d’Alençon d’uu coup d’épée abattit fa couronné,
un autre chevalier avec fa hache d’armes , lui eût
fendu la tête , fi le cafque n’eût affoiblî le coup.
Il falloit que la bataille à’Afmcourt reffemblât en
tout à celles de Crécy & de Poitiers; elle leur ref-
fembla encore par fes fuites beaucoup moins
fùneftes à la France qu’on' n’avoit lieu de fe
craindre. Henri V qui n’avoit combattu que pour
s’ouvrir la route de Calais , fembla ne pas chercher
d’autre fruit de fa viétoire, & n’étoit pas
en état apparemment d’-en recueillir d’autre, il retourna
en Angleterre , & conclut une trê v e ,
d’après laquelle deux ans fe paffèrent fans qu’on
vît reparoître en France aucunes troupes angloifes
Ôt il ne tint pas au vainqueur riAfincourt que ce
malheureux royaume ne reipirât.
AZOLINI, Azzolini , ou Azolin , ( Decio )
(Hift. moi. )--Lorfque Chriftine, après avoir abdiqué
la couronne de Suède, vint s’établir à Rome
le pape Alexandre VII lui donna pour gouverner
fes affaires le cardinal Aqolini , homme aimable
6 habile, u Ce cardinal qui prit pour elle, dit
» M. d’Alembert, un goût que la médifancè ou
» la calomnie n’a pas épargné, rétablit le déran-
” gement qui fe trouvoit alors dans les finances
» de Chriftine, tant par fes profufions, que par
» lepeud’exaâitudedelaSuèdeàluipayer la pen-
» fion dont on étoit convenu. Ce cardinal Aro-
” Uni refta fon ami & fon confident jufqu a fa mort
» Aufli difoit-on, qu’il n’y avoit que trois hommes
» qui euffent arraché l’eftime de la reine le
» prince de Coudé , par fon courage , le car-
» dînai de Retz, par fon efprit, & le cardinal
» Aqolini, par fes complaifances.»
Les complaifances ne lui furent pas infru£hieu-
fes , Chriftine le nomma fon légataire -univerfel
mais il ne jouit pas long-temps de ce legs • il
mourut deux mois après Chriftine , la nuit’ du
7 au 8 Juin 1689. Son neveu recueillit cette riche ’
lucceflion ; « ainfi,dit un autre hiftorien de Chriftine
» un petit gentilhomme de la Marche d’Ancône de-
» vint par un caprice Gngulier delà fortune, héritier
« d une reine , fille du grand Giftave.»